DOSSIERS PÉDAGOGIQUES COLLECTIONS DU MUSÉE PRÉSENTE LA COULEUR LE CENTRE POMPID
DOSSIERS PÉDAGOGIQUES COLLECTIONS DU MUSÉE PRÉSENTE LA COULEUR LE CENTRE POMPIDOU MOBILE FERNAND LÉGER (1881-1955), Les Grands Plongeurs noirs, 1944 © Adagp, Paris 3 Dossier pédagogique / Collections du Musée L’EXPOSITION - LES ARTISTES ET LEURS ŒUVRES I. Couleurs primaires, noir et blanc František Kupka (1871-1957), La Gamme jaune, 1907 Pablo Picasso (1881-1973), Femme en bleu, 1944 Henri Matisse (1869-1954), Nature morte au magnolia, 1941 Jean Dubuffet (1901-1985), Papa gymnastique, 1972 II. Couleurs en liberté Fernand Léger (1881-1955), Les Grands Plongeurs noirs, 1944 Alexander Calder (1898-1976), Deux vols d’oiseaux, 1954 Niki de Saint Phalle (1930-2002), L ’Aveugle dans la prairie, 1974 III. Couleurs en jeu Georges Braque (1882-1963), L ’Estaque (Le Port de la Ciotat), octobre-novembre, 1906 Josef Albers (1888-1976), Affectionate (Homage to the Square), 1954 Yaacov Agam (1928), Double métamorphose III - Contrepoint et enchaînement, 1968-69 IV. La couleur en mouvement Sonia Delaunay (1885-1979), Rythme, 1938 Bruce Nauman (1941), Art Make Up, 1967-68 Olafur Eliasson (1967), Your concentric welcome, 2004 V. La couleur seule Yves Klein (1928-1962), Monochrome orange, 1955 TEXTES ET RESSOURCES UN MONDE EN COULEUR Le Centre Pompidou et la couleur BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE 4 Dossier pédagogique / Collections du Musée UN MONDE EN COULEUR Un arc-en-ciel, une étoffe, une boîte de pastel à l’huile, un oiseau exotique, une affiche publicitaire, un film en technicolor, la cou leur embellit toute chose et nous fascine. En art, elle a toujours été employée, pour donner vie aux formes, exprimer des symboles, une sensibilité. Que l’on songe aux statues grecques, qui, contrairement à ce que l’on a cru pendant longtemps, n’étaient pas blanches avec de grands yeux vides, mais recouvertes de couleurs vives. Au Moyen- Âge, la couleur incarne une symbolique complexe, liée à la spiri tualité. Le bleu en particulier devient le symbole des valeurs de la Chrétienté. À la Renaissance, elle est érigée au rang de joyaux par des maîtres tels que Le Titien : l’historien de l’art Erwin Panofsky dit de ses couleurs que « nous pouvons les apprécier [...] comme nous pouvons apprécier des pierres précieuses ». Puis, à partir de la fin du 19e, la couleur accélère sa conquête de l’autonomie par rap port au réel et les artistes l’utilisent désormais librement, non plus en fonction de l’objet à représenter, mais pour répondre à des pro blèmes de composition. Il faut « se rappeler, disait Maurice Denis, peintre proche de Gauguin, qu’un tableau - avant d’être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote - est essen tiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Les peintres du 20e siècle s’en sont souvenus, et en premier lieu les Fauves (autour de 1905) qui construisent leur toile en fonction de leur émotion et de la réactivité des couleurs entre elles, par exemple dans le petit tableau de Georges Braque intitulé L’Estaque, d’oc tobre-novembre 1906*. De même pour les Futuristes italiens, dans les années 10, qui prônent l’éclairage électrique pour réveiller les paysages, ou encore pour Sonia Delaunay* qui les peint en mouve ment, les couleurs surgissent de la toile en créant des chocs chro matiques. Enfin, pour les tenants de l’abstraction, elles sont ce qui conduit les peintres à des mondes nouveaux, sans objet, d’harmo nie ou de rythme, sans fin et, tel Yves Klein*, à des traversées de l’espace. En écho à ces développements en peinture, les sculpteurs, tel Calder*, introduisent la couleur dans leurs réalisations. Affranchie du réel, elle devient un élément de construction majeur. Elle se fait chatoyante sur les célèbres Nanas et autres sculptures de Niki de Saint Phalle*. Aujourd’hui, la couleur s’invite dans toutes les formes de la créa tion, comme en témoignent les films de Bruce Nauman* qui peint successivement son corps en blanc, en rose, en vert et en noir... , ou l’installation d’Olafur Eliasson* composée de disques colorés et d’un faisceau de lumière. Dans le prolongement des recherches menées conjointement par les scientifiques et les artistes tout au long de l’histoire, ces créateurs utilisent la couleur dans le cadre d’expéri mentations, sur la fonction de l’artiste chez le premier, sur l’esthé tique des phénomènes naturels pour le second. C’est cette omniprésence de la couleur dans l’art moderne et contemporain que présente l’exposition du Centre Pompidou mobile. * Œuvres présentées dans l’exposition La Couleur. Le Centre Pompidou et la couleur L’histoire du lien entre le Centre Pompidou et la couleur commence dès le projet de construction du bâtiment dans le quartier de Beaubourg. À l’origine de cette initiative, le Président Pompidou organise une consultation auprès de quelques artistes tels que Vasarely ou Agam* « afin de sus citer de leur part des observations et des avis sur la co loration générale à donner au bâtiment et à son environ nement » (Henri Domerg, chargé de mission au secrétariat général de la Présidence de la République, note de dé cembre 1971). Les solutions envisagées sont tout d’abord le mariage d’un marron et d’un bleu clair, couleurs de la terre et du ciel. Mais, sur la proposition de l’artiste Jean Dewasne et en accord avec les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, ce sont finalement les couleurs vives qui sont re tenues et intégrées à la maquette définitive en 1973. Ces couleurs sont surtout visibles sur la façade est du bâtiment où elles permettent d’identifier la fonction des différents tuyaux : bleu pour l’air, vert pour l’eau, jaune pour l’électri cité et rouge pour tous les éléments de circulation comme les ascenseurs, monte-charges et escaliers mécaniques.1 Le Centre Pompidou mobile présente, lui aussi, une archi tecture hautement colorée. Réalisée par l’architecte Patrick Bouchain, ce nouveau Centre Pompidou se compose de trois chapiteaux inspirés des arts forains, un accueil et deux espaces d’exposition identifiables par leur couleur. Dans le sillage de cette histoire entre le Centre Pompidou et la couleur, la première exposition du Centre Pompidou mo bile célèbre justement cet élément primordial dans l’art des 20e et 21e siècles et permet de présenter une sélection de quatorze œuvres parmi les plus grands chefs-d’œuvre des collections. Le commissaire en est Emma Lavigne, conser vateur du Musée national d’art moderne. 1. Pour plus de précisions sur l’architecture du Centre Pompidou, voir le dossier pédagogique consacré à l’architecture du Centre Pompidou 5 Dossier pédagogique / Collections du Musée L’EXPOSITION - LES ARTISTES ET LEURS ŒUVRES I. Couleurs primaires, noir et blanc Camaïeux de jaune ou de bleu, éclats de rouge ou contraste du noir et du blanc, l’emploi des couleurs de base témoigne d’une radicalité que les artistes appellent de leurs vœux, dans un but scientifique, esthétique, poétique ou parfois même un brin provocateur. FRANTIŠEK KUPKA (1871-1957) La Gamme jaune, 1907 Huile sur toile, 79x79 cm Don d’Eugénie Kupka, 1963 - AM 4165 P Ce tableau est-il un portrait ? Et, le cas échéant, qui représente-t-il ? On y voit en effet un personnage bien mystérieux. Avec son livre refermé sur un doigt, sa tête calée dans un coussin, il semble s’être assoupi après une bonne lecture. Mais ses yeux sont grand ouverts, et, plus étrange encore, ils sont entièrement remplis de bleu, contrastant avec le reste de la toile qui baigne dans un camaïeu de jaunes. Serait-ce un portrait de Baudelaire − une photo prise par Nadar en 1855 montre le poète dans une position proche et avec le même air songeur − que le peintre admirait beaucoup ? Plusieurs éléments du tableau renvoient en tout cas à un thème cher aux deux hommes ainsi qu’aux avant-gardes artistiques et littéraires de la fin du 19e siècle, les correspondances entre les sons et les couleurs. De même que pour Baudelaire « les parfums, les cou leurs et les sons se répondent », ici la couleur jaune est celle du rêve éveillé qu’est la littérature (allusion à travers le livre refermé) mais aussi celle d’une mu sique évoquée par le titre, « gamme jaune ». Mais ce tableau est-il réellement un portrait ? Ne se rait-il pas plutôt l’occasion pour le peintre d’isoler une couleur pour se concentrer sur ses infimes varia tions, parcourant son spectre chromatique, du vert à l’orangé, tel un pianiste qui s’exerce au passage d’une note à l’autre en faisant ses gammes ? Comme il le fera plus tard dans ses premières toiles abstraites, Kupka construit son tableau par la couleur avec une minutie quasi scientifique. Sur les pas de Gauguin qui, en 1889, avait peint un Christ Jaune sur un fond en par tie jaune, Kupka radicalise la recherche et s’achemine vers une peinture qui, après les couleurs, s’attaquera à la décomposition des formes. Voir Le Christ Jaune de Paul Gauguin, Albright-Knox Art Gallery, Buffalo Photo Jean-Claude Planchet Service audiovisuel du Centre Pompidou (Dist. RMN-GP) © Adagp, Paris Pour en savoir plus sur František Kupka, consulter le dossier pédagogique Naissance de l’art abstrait Kupka est originaire d’Opocno, une petite ville de Bohême orientale, aujourd’hui en République Tchèque. Il s’initie à l’art en suivant des cours de dessin dans une école d’art locale, puis intègre en 1889 l’Académie des Beaux-arts de Prague. Là, il uploads/s3/ dossier-pedagogique-versionmatisse-13-06-11.pdf
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- Publié le Mai 13, 2022
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