1 Initiation au latin du français Philippe Cibois janvier 2011 Raisons de cette
1 Initiation au latin du français Philippe Cibois janvier 2011 Raisons de cette initiation et pédagogie Malgré les efforts de renouvellement de l’enseignement du latin, on constate que si 23% des collégiens choisissent l’option latin en 5e, ils ne sont plus que 5% au lycée1 Dès le collège les élèves veulent fuir l’option facultative et les enseignants les plus motivés sont bien conscients que malgré leurs efforts (visites, voyages, activités ludiques), ils n’arrivent pas à motiver l’enseignement du latin. En effet, la connaissance de l’antiquité, qui est l’aspect qui intéresse le plus les élèves, relève de l’histoire ancienne, la mythologie relève de l’histoire littéraire ou de l’histoire de l’art alors que les enseignants pensent avec raison que l’essentiel de l’apprentissage doit porter sur l’aspect linguistique lui-même. Mais quel doit être l’objectif d’un apprentissage du latin ? Pour ce qui est de la lecture des textes anciens, on sait que c’est une illusion ; pour ce qui est de la gymnastique de l’esprit, qu’elle est le fruit de tout apprentissage sérieux et qu’il s’agit d’une motivation inventée au 19e siècle pour redonner un sens à un enseignement dévalorisé par la Révolution. Le principe fondamental mis en en application ici est que l’initiation au latin faite au collège ne doit pas être tournée vers l’antiquité mais vers le présent : - d’une manière fondamentale, le latin est présent dans le français : non seulement par l’étymologie mais aussi par la structure même de la langue. Si peu de traces du système des cas subsistent (mais le système des pronoms comme je, me, moi, permet de faire le lien avec le nominatif et l’accusatif), le système des conjugaisons, assez bien conservé, permet de comprendre comment, par l’ancien français on passe du latin au français actuel. - beaucoup de textes latins doivent encore être connus aujourd’hui dans la mesure où la tradition chrétienne a tellement imprégné les modes de vie, la culture et les arts qu’il devrait être normal qu’un élève cultivé puisse mettre en rapport un tableau représentant l’Annonciation, la phrase de l’évangile de Luc Ave gratia plena et le fait que ce texte serve de base au « Je vous salue Marie ». Puisque le Nouveau Testament fait partie des textes fondateurs à étudier au collège, il est possible de l’étudier en latin puisque c’est en cette langue qu’il a été connu dans la civilisation médiévale et utilisé dans le culte catholique jusqu’à une époque récente. Il est aujourd’hui possible d’expliquer les textes de la tradition chrétienne d’une manière qui soit exacte et respectueuse des croyants et des incroyants. - enfin le latin est présent dans le français par les centaines d’expressions latines utilisées encore aujourd’hui. Certaines sont très fréquentes comme dans la première liste ci-dessous : A contrario, ad hoc, ad hominem, ad libitum, ad patres, a fortiori, alea jacta est, alter ego, a posteriori, a priori, ave caesar morituri te salutant, casus belli, cogito ergo sum, cujus regio ejus religio, curriculum vitae, cursus honorum, de facto, de jure, delirium tremens, de profundis, dura lex sed lex, errare humanum est, et cetera, ex aequo, ex voto, fac simile, fluctuat nec mergitur, grosso modo, habeas corpus, hic et nunc, honoris causa, in extenso, in 1 5e et moyenne lycée 2008 pour l’ensemble public et privé (RERS 2009) 2 extremis, in vino veritas, ipso facto, manu militari, mea culpa, missi dominici, modus vivendi, mutatis mutandis, nota bene, numerus clausus, panem et circenses, pater noster, pater familias, pax romana, post meridiem, post mortem, post scriptum, quo vadis, sine qua non, statu quo, stricto sensu, sui generis, tu quoque fili, urbi et orbi, vade mecum, veni vidi vici, verba volant scripta manent, vice versa, vox populi vox dei. Voici un soixantaine d’expressions latines connues des adultes francophones cultivés soit du fait qu’elles soient entrées complètement dans la langue française (a priori), soit pour des raisons historiques (fluctuat nec mergitur), soit pour des raisons religieuses (pater noster), de droit (de facto/de jure), soit parce qu’elles sont des expressions usuelles abrégées à l’écrit (etc., ex aeq.) ou sont devenues proverbiales (vox populi vox dei). Ces expressions utilisent environ 120 mots différents : certaines de ces expressions sont connues des élèves (ex aequo, et cetera sous la forme etc.) et d’autres peuvent être trouvées par eux. Il s’agit ensuite de passer de leur contexte d’utilisation à leur compréhension puis à leur structure. En y ajoutant une deuxième liste d’expressions moins fréquentes mais attestées à l’écrit, on forme ainsi un corpus d’étude précis. Ces expressions ne sont pas supposées connues d’élèves de 5e mais à connaitre. Les expressions de cette liste sont issues de contextes spécifiques (historiques, littéraires, scientifiques, juridiques, religieux) dont certaines peuvent faire l’objet d’approfondissements ou de commentaires. a quia, ab origine, ab ovo, ab urbe condita, aperto libro, ad augusta per angusta, ad intra, ad extra, ad locum, ad majorem dei gloriam, ad personam, ad nauseam, ad nutum, ad valorem, ad vitam aeternam, agnus dei, alma mater, a minima, anno domini, ante meridiem, a silentio, a tergo, audaces fortuna juvat, aude sapere, aurea mediocritas, auri sacra fames, ave maria, bis repetita placent, bona fide, captatio benevolentiae, carpe diem, castigat ridendo mores, causa sui, cave canem, cedant arma togae, ceteris paribus, coram populo, corpus christi, cum grano salis, de commodo et incommodo, delenda est carthago, de minimis non curat praetor, deo gratias, deus ex machina, de visu, dies irae, dignus est intrare, diminutio capitis, doctus cum libro, do ut des, ecce homo, ejusdem farinae, et alii, ex abrupto, ex cathedra, exempli gratia, post factum, ex libris, ex nihilo, ex officio, ex post, extra muros, felix culpa, festina lente, fiat lux, homo homini lupus, horresco referens, id est (i. e.), in absentia, in adjecto, in articulo mortis, in cauda venenum, in fine, in folio, in memoriam, in saecula saeculorum, in situ, in utero, in vitro, in vivo, ite missa est, index nominum, index rerum, intra muros, intuitu personae, jus gentium, libido sciendi, loco citato, mare nostrum, mater dolorosa, memento mori, mens sana in corpore sano, minus habens, mirabile dictu, modus operandi, more geometrico, motu proprio, nec plus ultra, ne varietur, nihil obstat, nolens volens, noli me tangere, non aedificandi, non possumus, non sequitur, nulla dies sine linea, opere citato, o tempora o mores, pacta sunt servanda, per capita, perinde ac cadaver, persona non grata, pretium doloris, primum movens, primum non nocere, primus inter pares, pro domo, pro forma, pro patria, prorata temporis, quousque tandem, rebus sic stantibus, recto tono, requiescat in pace, res nullius, salve regina, sic transit gloria mundi, sine die, sine ira et studio, si vis pacem para bellum, stabat mater, summum jus summa injuria, sursum corda, tabula rasa, tantum ergo, te deum, terminus ad quem, terminus a quo, terra incognita, testis unus testis nullus, timeo danaos et dona ferentes, translatio studiorum, ultima ratio, vade retro satanas, vae victis, vanitas vanitatum, vis comica, vox clamantis in deserto, vulgum pecus, vulnerant omnes ultima necat. Partir d’un corpus restreint (mais qui peut encore s’accroitre) comme base d’apprentissage, a l’immense avantage de cerner ce qui relève d’une initiation et ce qui peut être ignoré. Par 3 exemple, mais ce sera l’objet de la leçon 8 ou 9, il sera nécessaire de parler de l’adjectif verbal (delenda est carthago, pacta sunt servanda) et du gérondif (modus operandi, castigat ridendo mores) mais, pour les formes passives, seules des formes de la 3e personne seront envisagées (mergitur, non sequitur, ne varietur). Partir comme base d’un corpus permet de se donner comme objectif de rendre rapidement accessible à la traduction des expressions nouvelles. On a ainsi un univers limité, simple mais exact qui permet à l’élève de maitriser un savoir et de se l’approprier. Faire une initiation au latin, c’est faire en sorte que l’élève comprenne la structure d’un texte latin, et pour cela la terminologie traditionnelle n’est peut-être pas, au moins dans un premier temps, la meilleur manière d’y parvenir. Par exemple les noms des cas mettent sur un pied d’égalité le nominatif et les autres cas. Être sujet d’une phrase n’est pas comparable à être complément d’attribution : le mot sujet est le thème de la phrase et, dans les expressions étudiées, il peut être présent sans être sujet d’un verbe. Le nominatif est le cas non marqué, la forme ordinaire alors que les autres cas (j’ignore le vocatif dans un premier temps du fait de sa rareté), sont des compléments et seront nommés comme tels, soit par exemple pour la leçon 1 complément du nom pour le génitif, ou complément du verbe pour l’accusatif (c’est tout à fait sciemment que j’évite le terme de complément d’objet direct car je fais l’hypothèse qu’utiliser ce terme risque plutôt de renvoyer à des inhibitions d’apprentissage). Ce qui est important, c’est que dès la première leçon, l’élève découvre la structure des cas pour trois d’entre eux et qu’il les pratique. On découvrira dans la suite quelques innovations terminologiques comme le fait, en s’inspirant des classes d’adjectifs, de ne distinguer que deux classes de noms (et quelques mots hors classe), ce qui permet de prendre uploads/s3/ initiationlatindufrancais-pdf.pdf
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- Publié le Mar 17, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
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