Bertrand Merlier « Vocabulaire de la perception de l’espace dans les musiques é

Bertrand Merlier « Vocabulaire de la perception de l’espace dans les musiques électroacoustiques composées ou spatialisées en pentaphonie » EMS08 Electroacoacoustic Music Studies Network International Conference 3-7 juin 2008 (Paris) - INA-GRM et Université Paris-Sorbonne (MINT-OMF) 3-7 June 2008 (Paris) - INA-GRM and University Paris-Sorbonne (MINT-OMF) http://www.ems-network.org B. Merlier / GETEME 1/5 27/04/09 VOCABULAIRE DE LA PERCEPTION DE L’ESPACE DANS LES MUSIQUES ÉLECTROACOUSTIQUES COMPOSÉES OU SPATIALISÉES EN PENTAPHONIE Bertrand Merlier Université Lumière Lyon 2 Département Musique / Faculté LESLA 18, quai Claude Bernard 69365 LYON CEDEX 07 Bertrand.Merlier@univ-lyon2.fr GETEME (Groupe d’Étude sur l’Espace dans les Musiques Électroacoustiques) http://geteme.free.fr geteme@free.fr RÉSUMÉ L’objectif de la présente recherche est de préciser ou d’élaborer un vocabulaire (un ensemble de mots spécialisés) susceptible de décrire la perception de l’espace en musiques électroacoustiques (multiphoniques). Afin de mener à bien cette étude, il a fallu élaborer une batterie de tests, des procédures d’écoute et de collecte des mots décrivant l’écoute spatiale, puis organiser le dépouillement et le tri des mots. Les descriptions sonores se recoupent rapidement, les mots coïncident avec les mêmes situations d’écoute. Un consensus semble apparaître, laissant entrevoir : 5 types de spatialités et 2 types de mobilités, ainsi que toute une panoplie d’adjectifs permettant de décrire ou de caractériser la spatialité ou la mobilité. Mots-clés : taxinomie, terminologie, description de l’espace, perception de l’espace, musicologie de l’espace. 1. LA MUSICOLOGIE DE L’ESPACE La présente recherche s’inscrit dans le prolongement des travaux déjà réalisés par Thélème Contemporain (Association de Création et de Diffusion en Informatique Musicale, http://tc2.free.fr) et par le GETEME ((Groupe d’Étude sur l’Espace dans les Musiques Électroacoustiques, http://geteme.free.fr). La collecte des mots en usage et la publication de l’ouvrage : « Vocabulaire de l’espace en musiques électroacoustiques » aux éditions Delatour a permis de fixer le vocabulaire en usage en matière de spatialisation des musiques électroacoustiques ou de l’espace du son. Il regroupe 390 mots et 1200 définitions, sur environ 220 pages. L’étape présente consiste à affiner ce vocabulaire et notamment à faire le lien entre les « mots » et le « sonore ». La fixation des œuvres électroacoustiques mises en espace sur un support multicanal dans un standard grand public (DTS 5.1) ouvre la voie à la musicologie de l’espace ! Elle permet de fixer l’espace et ainsi de décrire les phénomènes spatiaux entendus. Analyser un discours d’espace ou comparer deux mises en espace devient possible ! Deux approches s’avèrent possibles, suivant que l’on se place du point de vue de l’émetteur (le compositeur) ou de celui du récepteur (l’auditeur). Le présent article aborde la question de la description de la perception de l’espace en musiques électroacoustiques fixées sur un support pentaphonique. Les paragraphes suivants décrivent la procédure de test et le choix des exemples sonores, puis le dépouillement et le tri des mots. 2. TESTS D’ÉCOUTES DE MUSIQUES COMPOSÉES OU SPATIALISÉES EN PENTAPHONIE 2.1. Description de la procédure L’écoute se déroule dans une salle de taille moyenne (50 à 100 m2) à l’acoustique neutre, équipée d’une chaîne HiFi 5.1 susceptible de lire des CD encodés en DTS 5.1. Un groupe d’une douzaine de personnes environ est assis au centre de la salle. La collecte de vocabulaire caractérisant l’écoute de l’espace « composé » se déroule de la façon suivante : B. Merlier / GETEME 2/5 27/04/09 a) écoute d’un extrait d’une minute environ ; b) réflexion individuelle (non influencée), dont le résultat est impérativement écrit sur papier par les auditeurs ; c) lecture des notes écrites ; d) débat collectif, essais de clarification et recherche d’un éventuel consensus (non obligatoire : des divergences peuvent subsister) ; e) éventuelle ré-écoute de l’extrait ; f) assortie d’éventuels commentaires ou affinage des mots ; g) exemple suivant. À la fin du test, les notes écrites par les auditeurs et décrivant chaque exemple sont collectées. Cette prise de notes individuelles écrites (étape b) permet de garantir une information stable dans le temps, ne se modifiant pas au fil des discours et non influencée par les voisins. La note de synthèse collective (étapes c, d, e et f) est rédigée par nos soins. Le débat collectif et la ré-écoute (étapes c, d, e et f) permettent un affinage du vocabulaire. C’est aussi l’occasion d’une action didactique : décrire des phénomènes psychoacoustiques méconnus, apprendre des mots (ou des concepts) nouveaux. 2.2. Choix des exemples sonores Titre repérage exact CD Bayle : Arc, pour Gérard Grisey idx 1 ≥ 1’40 [24] Bouttier : Pianosphère idx 2 à 0’00 [24] Duchenne : D’après une brèche à 0’00 [24] Merlier : Ourania (mvt.1) idx 7 [24] Favre : Soufre noir à 0’00 [24] Risset : Resonant SoundScapes idx 10 début [24] Risset : Resonant SoundScapes idx 12 [24] Orti / Sens : Ne pas arrêter - never idx 2 en stéréo idx 2 en 5.1 [26] Merlier : Fragulos idx 1 ou 6 inédit Swedish Radio : Jingle de pub idx 9 [17] Mendelsohn ou Strauss idx 10 ou 11 [17] Swedish Radio : Histoire sonore idx 12 [17] Merlier : Les chevaux de Ladoga [25] Merlier : Sillage [25] Eagles : Hotel California menu idx 5 ≥ 1’20 [27] Tableau 1 : liste des exemples sonores Les extraits durent entre 30 et 60 secondes environ. Note : les références exactes des œuvres et CD (références entre crochets en colonne 3) sont données à la fin de cet article. Il a déjà été précisé que les tests portaient sur la perception de l’espace dans des musiques composées ou spatialisées en 5.1 et non pas sur l’espace acoustique en général. Les exemples sonores ont été en premier lieu choisis dans les deux CD en DTS 5.1 édités par Thélème Contemporain en 2000 et 2004. D’autres CD ou DVD ont été retenus, afin d’élargir le choix à d’autres esthétiques et d’autres procédés technologiques. Les procédés de mise en espace sont très divers : composition multiphonique, spatialisation de sources stéréophoniques par le biais de dispositifs ou logiciels, réduction sur 5 canaux d’une œuvre octophonique, prise de son instrumentale pentaphonique, duo ou trio instrumental mis en espace sur 5 canaux, etc. Les critères de « fabrication de la mise en espace » n’ont pas fait partie du choix des œuvres. Les œuvres ont été sélectionnées parce qu’elles suscitaient des effets perceptifs différents. Le tableau 1 recense cette liste d’exemples. 2.3. Les séances d’écoute Plusieurs séances de tests d’écoute ont eu lieu entre 2005 et 2007 devant des publics assez variés, musi- calement avertis, généralement non spécialistes de l’espace : instrumentistes, compositeurs, acousticiens, preneurs de son, étudiants… • au CNSM de Lyon ; • au Département Musique / Université Lyon 2 ; • au Conservatoire Fédéral de Musique de Genève ; • à l’ENM de Villeurbanne ; • et autres séances privées… 3. L’EXPLOITATION DES RESULTATS DES TESTS D’ÉCOUTE 3.1. Recopie et nettoyage des mots ; Regroupement des mots par « familles » Les mots présentant des similitudes sont regroupés. Les « familles » reçoivent ensuite un intitulé (noms de famille ou titre de rubrique) représentant au mieux leur contenu. Il n’y a pour l’instant aucune suppression de mots, pas (ou fort peu) de ré-écriture. Quelques ajouts de mots antonymes sont faits : lorsqu’un adjectif apparaît et que son contraire évident n’a pas été cité. Il n’y a pas non plus de tentative de normalisation du vocabulaire collecté. Nous nous contentons pour l’instant d’observations, assorties d’une ébauche de classification et de formalisation. B. Merlier / GETEME 3/5 27/04/09 3.2. Première analyse des mots collectés Ce vocabulaire collecté se compose de noms et d’adjectifs. Cette distinction banale va prendre toute son importance dans les lignes qui suivent. a) Les noms Les noms décrivent : • soit un état spatial ou une situation spatiale ; nous appellerons « spatialité » ce caractère spatial (voir encadré ci-dessous) ; • soit un « objet d’espace », un phénomène d’espace, une action ou le résultat d’une action ; que nous appellerons « spatialisation ». spatialisation spatialité action de s. fait, résultat caractère spatial Il apparaît rapidement qu’il faut distinguer le régime statique (l’état plus ou moins stable) et le régime dynamique (l’évolution, le mouvement). Ce qui revient à faire une distinction entre : spatialité ou situation spatiale changement de spatialité ou de situation perceptive spatialisation ou « objet d’espace » déplacement d’un « objet d’espace » Ces mots se rapportent : • soit à la perception spatiale du lieu de diffusion ; • soit à la perception spatiale du dispositif de diffusion ; • soit à la perception de la « spatialité » ; • soit à la perception de la spatialisation (occurrences très fréquentes). La spatialité nous semble être assimilable à la perception du résultat de la spatialisation (action de spatialiser) ou à la perception d’un choix esthétique (qui serait une sorte d’« action intellectuelle ». Exemple : faire entendre l’enregistrement d’un « paysage sonore » engendre une spatialité particulière. b) Les adjectifs ou qualificatifs Les adjectifs apportent des précisions sur les mots ; donc sur les familles. Ils caractérisent la spatialité, la spatialisation, le mouvement, la distance, uploads/s3/ perception-de-l-espace.pdf

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