GATHIE FALK Sa vie et son œuvre par Michelle Jacques 1 Table des matières 03 Bi
GATHIE FALK Sa vie et son œuvre par Michelle Jacques 1 Table des matières 03 Biographie 31 Œuvres phares 65 Importance et questions essentielles 82 Style et technique 98 Où voir 107 Notes 112 Glossaire 125 Sources et ressources 133 À propos de l'auteure 134 Copyright et mentions GATHIE FALK Sa vie et son œuvre par Michelle Jacques 2 Comptant parmi les artistes vivantes les plus renommées du Canada, Gathie Falk (née en 1928) imprègne des qualités du sublime les objets ordinaires et les rituels du quotidien. Après des débuts modestes au Manitoba, elle devient une figure de proue de la communauté artistique de Vancouver et connaît la reconnaissance internationale pour ses tableaux et ses sculptures céramiques de même que pour ses installations et ses performances avant-gardistes. À plus de quatre- vingt-dix ans, Falk continue de produire et d’exposer régulièrement, jouissant d’un succès critique et populaire pour des œuvres qui sont restées fidèles à sa vision enjouée, réfléchie et résolument personnelle. GATHIE FALK Sa vie et son œuvre par Michelle Jacques 3 GAUCHE : Les parents de Gathie Falk, Agatha et Cornelius Falk, Russie, v.1914, photographe inconnu. DROITE : A. C. (Alfred Crocker) Leighton, Canadian Pacific to Canada (Canadien Pacifique vers le Canada), v.1920, lithographie, 101,5 x 63,5 cm, Bibliothèque de l’Université de la Colombie-Britannique, Vancouver. Le Chemin de fer Canadien Pacifique a joué un rôle essentiel dans la promotion de l’immigration dans les Prairies. ENFANCE ET ADOLESCENCE Bien que nomades et marquées par la perte et la pauvreté, les premières années de Gathie Falk sont également empreintes d’art, d’esprit de communauté et de foi religieuse. Elle naît le 31 janvier 1928 à Alexander, une petite ville du territoire visé par le Traité no 2, un peu à l’ouest de Brandon, dans le sud du Manitoba. Ses parents, Cornelius et Agatha Falk, sont des mennonites germanophones ayant immigré au Canada avec leurs deux fils, en 1926, pour échapper à la persécution communiste en Russie. Trois ans après leur fuite, un grand nombre des mennonites restés sur place ont été forcés à l’exil en Sibérie ou tués. La famille Falk possédait des propriétés et une entreprise en Russie, ce qui aurait dû faciliter l’acquisition de terres dans les Prairies à l’époque, grâce à un accord conclu entre le gouvernement canadien et les dirigeants de la communauté mennonite de Russie. En 1872, l’année après la signature des Traités nos 1 et 2, le gouvernement fédéral a adopté la Loi des terres fédérales, visant à encourager la colonisation agricole des Prairies. Cependant, Cornelius Falk a sciemment renoncé à l’occasion de posséder des terres au Canada. Ce musicien doué, qui jouait du violon, chantait et dirigeait des chorales, s’est aussi fait proposer d’enseigner la musique dans un collège aux États-Unis, offre qu’il également refusée. Il a plutôt choisi de travailler pour d’autres agriculteurs dans son pays d’adoption. Cette décision de Cornelius Falk, de mener une existence moins matérialiste et plus spirituelle, entraîne des difficultés extrêmes pour sa famille quand il meurt des suites d’une pneumonie en novembre 1928, moins d’un an après la naissance de sa fille et à peine deux ans après son arrivée au Canada. C’est après le décès de son père que l’enfance de Gathie Falk prend une tournure nomade. Sa mère, qui dépend du soutien de la communauté pour loger, vêtir et habiller sa famille, sollicite de l’aide là où elle peut en trouver et déplace Gathie et ses frères aînés Jack et Gordon, d’une communauté mennonite à l’autre, au Manitoba, en Ontario et en Saskatchewan. Grandir dans la pauvreté commande de développer sa débrouillardise et d’apprendre à faire du neuf avec du vieux. Ainsi, même si le foyer dans lequel Falk grandit n’est pas porté sur l’art, il est assurément astucieux et créatif. Dans ses mémoires, Apples, etc., publiées en 2018, Falk raconte comment, toute- petite, elle fabriquait les robes de sa première poupée avec des ciseaux, du GATHIE FALK Sa vie et son œuvre par Michelle Jacques 4 tissu et de la ficelle. Elle décrit aussi comment elle suppliait sa mère et l’un de ses frères de lui dessiner des formes humaines et combien son regard critique était assez aiguisé alors, malgré son jeune âge, pour reconnaître les défauts de leurs tentatives artistiques1. GAUCHE : Gathie Falk dans une robe de sa conception cousue par sa mère, Winnipeg, v.1940, photographe inconnu. DROITE : L’avenue Portage, Winnipeg, Manitoba, années 1930-1940, carte postale. Lorsque Falk est adolescente, sa famille vit à Winnipeg, ses frères sont déscolarisés et aident à subvenir aux besoins de la famille. Bonne élève, elle possède un talent créatif évident et, à treize ans, son enseignante à l’école secondaire la recommande aux cours d’art du samedi matin. Falk se souvient d’avoir pris l’autobus pour se rendre au centre-ville, dans « un bâtiment municipal sur la rue Vaughan avec un musée au sous-sol [le Musée manitobain de l’homme et de la nature], un auditorium au rez-de-chaussée et un musée au dernier étage [le Winnipeg Museum of Fine Arts (Aujourd’hui, le Musée des beaux-arts de Winnipeg)]2 ». GAUCHE : Diorama d’un wapiti pendant la période du rut dans le parc national du Mont-Riding, galerie Parklands, Musée du Manitoba, Winnipeg. DROITE : Paul Gauguin, Arearea, 1892, huile sur toile, 74,5 x 93,5 cm, Musée d’Orsay, Paris. Là-bas, sa formation élémentaire comprend le dessin d’animaux empaillés exposés dans le musée d’histoire naturelle et des cours d’histoire de l’art articulés autour de reproductions de tableaux impressionnistes et GATHIE FALK Sa vie et son œuvre par Michelle Jacques 5 Club mennonite pour filles, Gathie Falk est assise au bout de la première rangée, à droite, Winnipeg, 1944, photographe inconnu. postimpressionnistes. Falk se souvient de l’image qui lui coupe l’envie de suivre ces cours une fois pour toutes : celle d’un tableau de Paul Gauguin (1848-1903), où se trouve un chien de couleur orange rougeâtre. La palette irréaliste de l’œuvre ne concorde en rien avec son désir d’adolescente pour une interprétation artistique pragmatique. VERS L’OUEST EN QUÊTE DE TRAVAIL À ce moment de sa vie et malgré ses talents, Falk n’envisage pas de devenir une artiste. Comme ses parents, elle aime la musique, surtout la chanson. C’est environ à l’époque où elle renonce à ses cours d’art parascolaires qu’elle est reconnue pour ses habiletés vocales dans la chorale de son église, en même temps qu’elle s’investit dans un club mennonite pour filles. Elle commence des cours de chant et un mécène anonyme finance sa formation théorique et en direction d’orchestre. Falk rêve d’une carrière en musique, mais en 1944, ses espoirs sont anéantis. Elle a seize ans, vient juste de terminer sa neuvième année et sa famille apprend qu’elle doit rembourser sa dette envers le Canadien Pacifique pour son passage en transatlantique de la Russie au Canada. Comme ses deux frères ont déjà quitté la maison et que sa mère a une santé fragile et ne parle pas anglais, c’est à Falk qu’incombe la responsabilité de quitter l’école pour trouver un emploi à temps plein. À l’été 1944, après un faux départ comme nounou, Falk trouve un emploi à l’usine de transformation de Macdonalds Consolidated, un grossiste alimentaire. Elle y travaille tout le reste du temps qu’elle passe à Winnipeg, emballant des aliments qui sont ensuite vendus dans des supermarchés. Pour rompre la monotonie des longues heures à travailler dans l’entrepôt, Falk entraîne ses collègues à chanter ensemble. Pendant qu’elles « remplissent des sacs en cellophane de raisins secs, dattes, cassonade, pois, haricots et rosettes en chocolat », les femmes entonnent des chansons remplies d’espoir, d’amour et d’allégresse3. Falk est bouleversée de devoir quitter l’école : c’est une bonne élève et pour elle, l’éducation est un moyen d’accéder à une vie plus confortable et épanouie. Par chance, un an après son entrée sur le marché du travail, elle découvre qu’elle peut terminer son cours secondaire par correspondance. Pour concilier travail et études, elle laisse tomber ses cours de musique, mais continue de chanter avec la chorale de l’église. GATHIE FALK Sa vie et son œuvre par Michelle Jacques 6 Ernie H. Reksten, Vancouver : vue du nord sur la rue Granville, 1958, photographie, Archives de la ville de Vancouver. Cette image de la rue Granville montre le centre-ville de Vancouver à l’époque où Falk était une jeune femme. Gathie Falk (la première à droite) avec des collègues dans une usine de transformation de Winnipeg, v.1945, photographe inconnu. En 1946, alors que Falk a dix-huit ans, elle déménage en Colombie-Britannique avec sa mère, son frère Gordon et sa femme Edith, pour rejoindre son autre frère Jack et sa femme Vera, qui se sont installés à Vancouver après la Seconde Guerre mondiale. Au début, la situation de Falk et sa mère est instable puisqu’elles logent chez des cousins de cette dernière, dans le salon de leur maison de Yarrow, une petite communauté mennonite. Bientôt, elles louent une chambre à l’adresse voisine. Dans ce milieu rural, Falk cueille des petits fruits et travaille dans une usine de transformation de volaille pour subvenir à ses besoins et à uploads/s3/ gathie-falk-sa-vie-et-son-oeuvre-par-michelle-jacques.pdf
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- Publié le Sep 18, 2021
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