Un demi-siècle de peinture : 1900-1950 Author(s): Pierre Francastel Source: Rev

Un demi-siècle de peinture : 1900-1950 Author(s): Pierre Francastel Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger , 1954, T. 144 (1954), pp. 58-74 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41085881 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger This content downloaded from 222.93.149.226 on Wed, 24 Aug 2022 08:41:37 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Un demi-siècle de peinture : 1 900-1950 On a vu se développer, depuis un demi-siècle, deux phénomènes d'égale importance : la peinture s'est transformée profondément dans ses moyens et dans ses buts ; elle a pris une place de plus en plus grande dans les préoccupations du public. Il faut remonter très loin en arrière dans le passé pour trouver une époque où les problèmes d'esthétique aient occupé à ce point l'attention d'une si large audience. Les polémiques provoquées par le Cubisme sont sorties du cercle des gens cultivés. La politique même s'est emparée des conflits de l'art dégénéré et du réalisme. On assiste aujourd'hui à des développements dus à l'approfondis- sement général de la conscience plastique, aussi bien parmi les artistes que parmi les esthéticiens et les philosophes. Nous traver- sons une période qui, dans l'avenir, apparaîtra comme aussi curieuse d'art, et spécialement de peinture, que la Contre-Réforme ou le Quattrocento. Consciente du fait que, dans tous les domaines^ de nouveaux systèmes d'objectivation s'élaborent, notre époque s'intéresse autant, pour sa part, à la signification mentale et à l'utilisation pédagogique ou sociale de la peinture qu'à sa valeur purement artistique. Toutefois, cette curiosité générale n'a de valeur que dans la mesure où notre temps aura créé des formes vivantes capables d'être confrontées dans l'avenir avec les grandes œuvres du passé. Il paraît donc nécessaire, si l'on veut dégager la portée philosophique et sociale de la peinture actuelle, de dresser d'abord un bilan de l'œuvre créatrice du dernier demi-siècle. Une étude qui embrasserait, en quelques pages, tous les arts serait for- cément des plus superficielles et vague. On ne considérera donc ici que les arts de la couleur et du dessin. Comme l'œuvre créatrice contemporaine s'est, dans une certaine mesure, définie par opposition à des formes antérieures, il paraît This content downloaded from 222.93.149.226 on Wed, 24 Aug 2022 08:41:37 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms P. FRANCASTE!. - PEINTURE 1900-1950 59 nécessaire de rappeler, en premier lieu, la place cupent deux grands courants qui ont contribué à du public et à répandre dans diverses mesures le ture parmi des couches nombreuses de la popu l'Académisme et de l'Impressionnisme. Je n'aurai les placer sur le même plan au point de vue de le tive ni absolue. Mais ils se partagent la faveur de tèles et dans le monde entier. On ne saurait, certes, tirer argument du fait que l'Académisme a un vaste public pour le considérer comme une forme valable de l'art d'aujourd'hui. Dans tous les domaines de la pensée et de l'ac- tion, on constate de même la survie prolongée de formules qui ne traduisent pas des valeurs susceptibles d'accroissement. En un cer- tain sens, cette vie, cependant, est nécessaire. Une société qui renoncerait brusquement à renonciation de toutes ses valeurs tra- ditionnelles ne progresserait pas, elle se dépouillerait soudain de tous ses modes de communication suffisamment vulgarisés pour qu'ils soient immédiatement accessibles à la masse. Une évolution et un progrès ne sont concevables que par rapport à des formules arrêtées. Cependant, il ne saurait sortir rien de valable de la répétition de formes qui ne correspondent plus aux instances vitales du monde, et ce serait faire injure aux masses que de considérer qu'elles ne sont pas capables de s'initier à des formes d'expression vivantes. A moins d'admettre qu'il existe des réalités essentielles et que le but de toutes les activités humaines soit seulement d'en donner un reflet aussi positivement exact que possible, il faut avouer qu'il n'y a d'œuvre valide que celle qui exprime - pour une époque et un milieu donné - un effort d'adaptation original de l'homme au milieu qu'il transforme dans l'instant même où il en prend con- naissance. La signification de l'Académisme dans le monde actuel est donc double : il a un aspect historique et il occupe des positions encore importantes dans la société. Ce ne sont pas les traditionnels Salons parisiens qui lui conservent le moindre prestige. Ce n'est pas davantage une critique essoufflée et nostalgique qui invoque le bon vieux temps et n'a plus d'écho parmi les jeunes. Mais on ne saurait nier que les galeries d'art de la province - voire celles des capitales - débitent des images de ce style à des prix relative- ment modestes, en quantités industrielles, et maintiennent ainsi This content downloaded from 222.93.149.226 on Wed, 24 Aug 2022 08:41:37 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms €0 REVUE PHILOSOPHIQUE un très vaste public dans la familiarité d'u pable par ailleurs de produire désormai par la technique ou par l'inspiration. Ce n clients petits bourgeois qui soutiennen ce sont des pays entiers : qu'il s'agisse de pulaire défenseurs de l'Académisme parce français leur a légué les monuments les p histoire, ou des États-Unis d'Amérique des sphères d'avant-garde - de se décou historique et qui se rattachent sentim style colonial, premier témoin de leur in cas, le succès du classicisme répond à un. ver des ancêtres, de rattacher une pol gloires classées, il ne traduit nullement l' de création dans l'actuel. Tous les académi rence dans le passé. Quant à l'Impressionnisme, son succès d pas été moins significatif que la survie te démiques - ou si l'on veut de ces form feste le caractère sacro-saint de l'humanis qu'aient été les luttes provoquées à l'origin cette manière de peindre a aujourd'hui ca s'en convaincre, il n'est que d'aller un dim levard Raspail ou de feuilleter le catalo bon marché de n'importe quel pays. L'I la partie aussi bien en ce qui concerne les C'est au nom des Bonnard ou des Vuilla d'hui condamnation contre les peintres d qui « lit » un Sisley ou un Cézanne. Il suff tion quelconque d'Impressionnistes pour dérables de public. Même les groupes qui à l'égard de certaines formules techniq acceptent sa leçon lorsqu'ils réclament sujets descriptifs et anecdotiques emprun tique de la nature. A vrai dire, le succès universel de l'Impr seulement de ce qu'il s'est déjà classé a riques, mais de ce qu'il est à la fois, pour formules éprouvées et, pour d'autres, le This content downloaded from 222.93.149.226 on Wed, 24 Aug 2022 08:41:37 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms P. FRANCASTE!. - PEINTURE 1900-1950 6Î les recherches actuelles. Il y a dans l'Impression ambiguïté qui résulte du fait que les moyens te niment plus hardis que les éléments d'organi Chacun y trouve ainsi sa part, les uns y découv styles historiques, les autres y saluent le premi véritablement en cause les fondements du la vigueur depuis la Renaissance. Tandis que le grand public et la critique con vraient tardivement les Impressionnistes à trav globales sensationnelles qui se sont succédé d les héritiers du passé, les artistes, eux, ont inter dans un tout autre sens, et c'est de là que résul que provoque leur peinture. Tandis que ce qui c pour le grand public et pour la critique conserv risme, le degré d'identificabilité des œuvres rience plastique directe, mais avec une série de anciennement élaborés, l'essentiel, pour les arti trouve dans le tableau. Les artistes sont surtout les Impressionnistes ont apporté dans le domain et tout particulièrement en ce qui concerne deu et la couleur. Pour les artistes, les Impressionn posé le problème de l'organisation de l'œuvr celui de sa destination et de sa validité. De ce point de vue, les différents courants qui ont marqué l'évo- lution de la peinture pendant le dernier demi-siècle se coordonnent. C'est une gageure de vouloir faire de l'histoire de l'art contempo- rain en étudiant successivement, les uns après les autres, différents courants - même lorsque ces courants correspondent historique- ment à des doctrines ou à des groupements réels d'hommes et d'œuvres. On ne fait pas l'histoire à travers l'au jour le jour et par les intentions. L'art moderne n'est pas la somme d'une série d'ex- périences. Pour ressaisir son unité, il faut se placer à la fois à la source commune d'inspiration et devant l'ensemble des œuvres réalisées. Ceci dit et bien que la plupart des Impressionnistes soient morts seulement après 1900, bien que certains d'entre eux aient encore créé au xxe siècle des œuvres essentielles - c'est le cas des der- nières manières de Renoir, de Cézanne et de Degas - leurs uploads/s3/ pierre-francastel-un-demi-siecle-de-peinture-1900-1950 1 .pdf

  • 27
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager