CLIO. Histoire, femmes et sociétés Numéro 25 (2007) Musiciennes ...............

CLIO. Histoire, femmes et sociétés Numéro 25 (2007) Musiciennes ............................................................................................................................................................................................................................................................................................... Cécile Prévost-Thomas et Hyacinthe Ravet Musique et genre en sociologie ............................................................................................................................................................................................................................................................................................... Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Cécile Prévost-Thomas et Hyacinthe Ravet, « Musique et genre en sociologie », CLIO. Histoire, femmes et sociétés [En ligne], 25 | 2007, mis en ligne le 01 juin 2009. URL : http://clio.revues.org/index3401.html DOI : en cours d'attribution Éditeur : Presses universitaires du Mirail http://clio.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne à l'adresse suivante : http://clio.revues.org/index3401.html Document généré automatiquement le 14 avril 2009. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. Cet article a été téléchargé sur le portail Cairn (http://www.cairn.info). Distribution électronique Cairn pour Presses universitaires du Mirail et pour Revues.org (Centre pour l'édition électronique ouverte) Musique et genre en sociologie 2 CLIO. Histoire, femmes et sociétés, 25 | 2007 Cécile Prévost-Thomas et Hyacinthe Ravet Musique et genre en sociologie Pagination de l'édition papier : p. 175-198 1 Cet article propose une revue des questions sociologiques soulevées par les rapports entre musique et genre dans des publications francophones (françaises essentiellement) de sciences humaines et sociales, dont sont exclus la plupart des essais. Comparativement aux pays anglo- saxons, ce domaine en expansion comporte encore assez peu de publications sociologiques, mais voit se développer des travaux universitaires (masters, thèses en cours). Non exhaustive, cette expédition scientifique nous conduira à réaliser des incursions sur des terres disciplinaires voisines, l’histoire sociale et la musicologie. 2 Plusieurs approches se croisent, parmi lesquelles nous avons retenu quelques grands thèmes et problématiques en fonction du poids des recherches qui leur sont consacrées : la question de la création musicale au féminin, interrogée par l’histoire sociale des musiciennes et les monographies sur les compositrices ; celle de la condition socio-musicale des femmes, qui renvoie aux recherches sur le travail artistique ; celle de la voix, travaillée à la fois par des approches anthropologiques, sociologiques et musicologiques ; ce thème, plus développé, est lui-même pris comme point de mire pour saisir différentes manières d’appréhender musique et genre en sociologie. La question des enjeux symboliques des catégories de sexe traverse ces divers domaines, ainsi que celle de « la manière dont on écrit l’histoire » ; nous les retrouverons dans un bref contrepoint sur les recherches musicologiques anglo-saxonnes et les débats qu’elles suscitent en France, débats qui interrogent tout auteur et tout lecteur sur ses propres catégories d’appréhension du musical. 3 Cette présentation nécessairement succincte de la variété des travaux de recherche souligne la diversité des démarches et des outils empiriques : archives littéraires et personnelles (correspondances notamment), partitions, documents historiques divers ; analyse musicale rapportée à un contexte socio-historique ; enquête sociologique mobilisant tant questionnaires et usages de la statistique, qu’entretiens et observations ethnographiques. Nous espérons ainsi apporter au lecteur quelques pistes de réflexion appelant à d’autres recherches dans ce domaine riche et passionnant. L’émergence des recherches en France 4 Les travaux sur les musiciennes, notamment le repérage des compositrices dans le monde occidental, sont d’abord le fruit de recherches anglo-saxonnes, éclairé, en France, par quelques articles épars sur des compositrices. Des historiennes recensent ainsi des productions musicales et des noms de compositrices de par le monde 1. En France, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, plusieurs publications paraissent sur le thème « femmes et musique » et ouvrent ce nouveau domaine d’investigation. Amorcé par des essais tels que La création étouffée 2, un discours engagé voire pamphlétaire se fait entendre dans deux ouvrages. Musique sorcière de Meri Franco-Lao, traduit de l’italien et publié en France en 1978 par les Editions des femmes, propose une analyse féministe de « l’absence », en fait de la difficulté des femmes à trouver une place reconnue dans le domaine musical, en particulier dans le domaine instrumental, à lumière d’une explication psychanalytique : elles auraient été « éloignées de l’instrument de musique pour les mêmes raisons que celles qui les ont exclues de l’érotisme actif » 3. Dans le second ouvrage paru en 1979, L’opéra ou la défaite des femmes, Catherine Clément revisite les livrets d’opéra et les paroles échangées « dans et à travers la musique » en Musique et genre en sociologie 3 CLIO. Histoire, femmes et sociétés, 25 | 2007 montrant – à l’aide d’un propos incisif et ironique à l’adresse du lecteur – combien les héroïnes sont « bafouées », les femmes toujours perdantes mêmes lorsqu’elles sont magnifiées par les hommes qui les regardent et les écoutent, ou les font chanter au sens propre du terme. 5 Plusieurs numéros spéciaux de revue paraissent également dans ces années-là, reprenant notamment les analyses de ces deux auteures : le dossier intitulé « Interpréter, Jouer, Composer » paru dans la revue Des femmes en mouvement en 1978 et le numéro intitulé « Femmes et musiques » paru dans la revue Action musicale en 1983. Ils appellent tous deux les femmes à « s’emparer de la musique », tandis qu’une troisième publication « Femmes et Musique », parue dans le bulletin Femmes d’Europe à l’instigation de la Communauté européenne en 1985, tente de retracer l’histoire des compositrices en Europe. Ces trois numéros montrent la vitalité de l’activité des musiciennes en même temps que leurs difficultés pour se faire entendre et se faire reconnaître, aujourd’hui comme dans le passé. 6 Du côté des travaux universitaires, deux thèses – pionnières – sont soutenues en musicologie par Jean Vilcosqui 4, qui publie une trentaine d’année plus tard un ouvrage, et dont les recherches exhument un grand nombre de compositrices françaises du passé. Quant à l’essai très documenté d’Evelyne Pieiller intitulé Musique Maestra. Le surprenant mais néanmoins véridique récit de l’histoire des femmes dans la musique du XVII e au XIX e siècle, paru en 1992, il mêle à la fois étude historique et discours volontiers piquant, acerbe ou ironique ; la richesse des citations d’acteurs multiples du monde musical montre combien l’activité musicale des femmes a pu paraître, à certaines époques, incongrue. 7 Dans les années 1990-2000, le mouvement d’investigation – amorcé notamment dans le sillage des travaux féministes – commence à se développer également sur le terrain universitaire et scientifique. Ainsi, en 1996, le Centre de Documentation de la Musique Contemporaine et le Conseil International de la musique de l’UNESCO organisent un colloque sur « Les femmes et la création musicale », mêlant des contributions de chercheurs de plusieurs pays. Les actes 5 paraissent six ans plus tard à l’occasion d’un autre colloque sur « L’accès des femmes à l’expression musicale » 6 organisé à l’Ircam 7 à l’initiative d’Anne-Marie Green et Hyacinthe Ravet, colloque qui ouvre le champ d’étude, non seulement à la création mais aussi à l’interprétation et à l’enseignement. La création musicale au féminin 8 S’il est une question centrale dans tous les travaux pionniers et ceux qui se développent à leur suite, c’est bien celle de la création au féminin : qui sont ces compositrices ? Qu’ont-elles composé ? Comment ont-elles pu, malgré les interdits, exercer cet art ? Pourquoi en ont-elles été empêchées et pour quelles raisons leurs œuvres ont-elles été systématiquement oubliées ? 9 Dans les années 1990-2000, un ensemble d’écrits tente de répondre à ces questions, tels l’ouvrage de Danielle Roster sur Les femmes et la création musicale, traduit de l’allemand et paru en France en 1998. Les articles puis l’ouvrage Musique et différence des sexes de Françoise Escal et Jacqueline Rousseau-Dujardin proposent une analyse à la fois socio- historique et psychanalytique en interrogeant la supposée absence de génie musical au féminin. Le développement de monographies sur des compositrices oubliées ou méconnues, la redécouverte des œuvres d’Elisabeth Jacquet de la Guerre, de celles de Mel Bonis, la mise en lumière du rôle de Fanny Mendelssohn, de celui de Pauline Viardot, ou encore de la trajectoire et de l’œuvre de Clara Schumann, sont autant d’éléments qui contribuent à mieux connaître tout un pan de l’histoire de la musique. Quant à la thèse de Florence Launay, publiée en 2006, elle contribue, à son tour, à faire sortir de l’ombre des compositrices françaises du XIX è siècle parfois complètement oubliées et propose une analyse musicologique de leur œuvre 8. 10 Cette auteure souligne l’existence d’un corpus d’œuvres de haut niveau qui ont pu naître grâce à une conjonction favorable de talents et de facteurs. Le corpus qu’elle uploads/s3/ prevost-cecile-histoire-femmes-et-societes.pdf

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