CARRE Kessy n°21809072 Licence 3 - Semestre 6 Session 1 CED UEO Fonction de l’a
CARRE Kessy n°21809072 Licence 3 - Semestre 6 Session 1 CED UEO Fonction de l’art et créations symptomatiques Enseignante : Mme Emmanuelle Borgnis-Desbordes Année universitaire 2020/2021 Université Rennes 2 UFR Sciences Humaines Département Psychologie Nancy Goldin Nous nous intéresserons dans ce devoir au domaine de la photographie et plus particulièrement à l’œuvre de Nancy Goldin tout en tentant d’y apporter un éclairage psychanalytique. I. Présentation de l’artiste Nancy Goldin, connue aussi comme Nan Goldin, est une photographe américaine contemporaine, son approche de la photographie a marqué le XXème siècle. Nancy Goldin naît le 12 septembre 1953 à Washington. Elle grandit dans un quartier calme près du Capitole. Notons, que l’Amérique des années 50-60 est marquée par une période de croissance économique porteuse du rêve américain mais aussi où le conformisme domine la société. Nancy Goldin ne considère pas avoir eu une enfance heureuse et raconte avoir fait ses premières fugues dès l’âge de 4 ans. Ses parents, intellectuels de la gauche progressive et issus de l’immigration juive, encouragent le libre choix de carrière. Son père est professeur à l’université et sa mère élève les quatre enfants. Nancy est la dernière de la fratrie, on apprend qu’enfant elle se destinait à devenir psychanalyste. Elle deviendra finalement photographe. Ce choix semble s’être imposé à elle après un évènement tragique. Enfant, elle est très proche de sa sœur Barbara, de 7 ans son aînée, qui lorsqu’elle la garde lui joue de la musique classique au piano. Mais cette dernière jugée instable et rebelle par ses parents est régulièrement internée en psychiatrie. Lors d’une permission de sortir, le 12 avril 1965, Barbara se suicidera en se jetant sous un train, Nancy Goldin a alors 11 ans. Ses parents tenteront de lui cacher la vérité préférant parler d’un accident. Dans un interview, elle confiera « c’était une sorte de déni, mes parents ont agi ainsi à cause de la culpabilité et de la honte qui entourent souvent le suicide. Mais j’ai tout de suite compris ce qui s’était passé. Et j’ai d’ailleurs réalisé une pièce importante à ce propos, Sœurs, saintes et sibylles »1 . Après cet évènement, Nancy Goldin se replie sur elle-même et le lien avec ses parents se brise peu à peu. A l’adolescence, le mensonge parental et le deuil de sa sœur lui feront quitter le foyer familial devenu insupportable et étouffant. Après plusieurs expulsions d’internat, elle partira pour Boston à l’âge de 14 ans. 1 Pigeat, A. (2019, 19 novembre). Nan Goldin : l’urgence de rendre visible. La relation qu’elle avait avec sa sœur et sa perte semble avoir particulièrement orientée sa vie et son œuvre artistique. Dans une entrevue en 2020, elle déclare « Ma sœur la plus vieille (je l’aimais vraiment) et moi, nous étions proches, d’une certaine façon. Elle n’était pas souvent là, ils n’arrêtaient pas de la placer dans des hôpitaux psychiatriques ou dans des établissements d’éducation surveillée […] C’est vraiment une tragédie, et ça en dit long sur les gens qui ont des états d’esprit différents, qui sont tellement en phase avec le monde sur le plan émotif, qui sont si sensibles. C’est une condamnation de la relation père-fille, mais ça reflète aussi l’attitude envers les femmes à cette époque. Les filles n’avaient pas le droit d’être en colère. Vivre sa sexualité était complètement interdit. Ma sœur ne correspondait à aucune des étiquettes qu’ils lui ont collées. Elle était vivante, tout simplement. On habitait à Washington D.C. J’aurais souhaité qu’elle fugue et se joigne aux mouvements des jeunes femmes de sa génération. Je me suis sauvée et j’ai trouvé mon clan. »2 En effet, en 1969, ses parents décident de l’inscrire dans une école alternative où les élèves et les professeurs choisissent ensemble du contenu et de l’enseignement des cours. C’est dans cette école que Nancy Goldin découvre la photographie. Dans ce milieu très libre, elle enrichit sa culture par des séances de cinéma quotidienne. Elle fait également connaissance d’amis qui resterons dans sa vie et deviendront de véritables compagnons de route, « son clan » comme elle le nomme. On retrouve parmi eux David Armstrong avec qui elle entretiendra une amitié de 40 ans, et qui deviendra lui aussi photographe. Cette amitié tient une place importante dans sa vie et dans sa construction. Elle en parle ainsi : « Quand je l’ai rencontré, j’avais un ton de voix à peine audible, j’étais maladivement timide. Il m’a carrément donné une personnalité, ou plutôt, m’a montré que j’en avais une »². Avec lui, elle se passionnera pour le travestissement et le quartier underground de Boston : The Other Side. Nancy est attirée par cet univers anticonformiste et rejette le traditionnel « American way of life » dans lequel elle a grandi. Elle adopte ainsi les codes de la contre-culture rock qui émerge dans les années 70. Elle indique également « Mes amis ont été ma famille »², elle décrit ces relations comme un besoin. Des liens forts et des amitiés intenses dont elle portera longtemps le deuil des pertes et des séparations. En 2020, à l’âge de 67 ans, elle confiait : « Dernièrement, je souhaiterais avoir une femme et des enfants, j’en rêve, ce qui me surprend. »². La photographie n’est pas immédiatement un choix de carrière, Nancy Goldin prend plaisir à photographier ses camarades de classes, ses amis, le milieu marginalisé de l’Other Side. 2 Siemsen, T. (2020, 6 mars). Dans le regard de Nan Goldin. C’est en 1972 qu’elle va s’inscrire à la School of the Museum of Fine Arts de Boston et obtiendra sa licence en art plastique. Sans jamais se départir de son attirance pour les milieux marginaux, elle fera un court séjour à Londres en 1978 où elle se rapproche un peu plus de la culture punk, elle continuera d’évoluer dans cette culture après son installation à New York. Nan Goldin embrasse les années 80 et avec elles : la libération sexuelle, les soirées décadentes, l’alcool et la consommation de drogues. Elle développera par la suite une appétence addictive aux opioïdes, aux drogues et à l’alcool. A la fin des années 80, l’épidémie du sida fait des ravages et emporte bons nombres de ses amis. Par son travail photographique, elle décrira les effets de ce virus dans les années 90, allant jusqu’à photographier ses proches dans leurs derniers instants de vie. Son spectacle « Witnesses : Against our Vanishing » exposé en 1989 à New York vient témoigner de ce combat. Elle essuiera les critiques et fera l’objet de censure mais Nan Goldin continuera de mettre en avant dans son œuvre les personnages en marge de la société d’une façon tout à fait singulière et parfois dérangeante. En 1991, en désaccord avec la politique de Bush, elle quitte les Etats-Unis et s’installe à Berlin où elle restera 3 ans. Elle effectue alors de nombreux voyages en Europe et en Asie tout en continuant de faire œuvre créatrice. Elle vit à présent entre Londres et Paris. Aujourd’hui photographe reconnue, Nan Goldin fait partie du groupe que l'on appelle les « cinq de Boston » ''(Five of Boston)'', aux côtés des photographes David Armstrong, Mark Morrisroe, Jack Pierson et Philip-Lorca diCorcia. Elle devient à son tour une source d’inspiration pour la génération de plasticiens suivante. II. La position de l’artiste L’histoire de vie de Nan Goldin est indissociable de son œuvre. Elle présente d’ailleurs son œuvre comme un journal intime photographique. Ainsi dans The Ballad of Sexual Dépendency, elle écrit comment elle veut « montrer exactement à quoi mon monde ressemble, sans glamour, sans glorification ». Il y a donc une continuité entre sa vie et sa création photographique. Ses photographies sont pleinement liées à sa vie, si bien qu’il est impossible de les séparer. Elle fait sa première exposition photo en 1973 à l’âge de 20 ans. Il s’agit alors à dans cette première période de portraits en noir et blanc de ses amis et du monde des drag-queens de l’Other Side dans lequel elle évolue. Ces premières influences viennent des magazines de mode. En 2014, elle indique : « J’aurais aimé pouvoir mettre les drag-queens en couverture de Vogue, car tout ce que je connaissais sur la photographie venait des magazines de mode. »3 3 O’Hagan, S. (2014, 23 mars). Nan Goldin : « I wanted to get high from a really early age ». Néanmoins, à la différence des photographies de mode, Goldin se détache du glamour et cherche à montrer par ses clichés l’intime, le réel, le vrai. D’ailleurs, cette recherche de vérité rejoint le discours contestataire qui souffle sur l’Amérique des années 70. Bien qu’elle ait fréquenté les Beaux-Arts, elle rejettera la technique qui lui a été enseignée estimant que la technique est ennuyeuse et lui fait perdre l’authenticité de ses photographies. Nan Goldin va imposer son style, sa marque de fabrique en s’affranchissant des standards. Courant des années 70, ses photographies passent du noir et blanc à la couleur. Ces prises de vue captent la lumière d’ambiance et soutiennent une approche de l’instantané. Sa rencontre avec uploads/s3/ ueo-fonction-de-l-x27-art-et-creations-symptomatiques-kessy-carre-21809072.pdf
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- Publié le Fev 20, 2022
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