2 Du même auteur AUX ÉDITIONS DU SEUIL PHILOSOPHIE Le Je-ne-sais-quoi et le Pre
2 Du même auteur AUX ÉDITIONS DU SEUIL PHILOSOPHIE Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien Tome 1. La Manière et l’Occasion « Points Essais », no 128, 1981 Tome 2. La Méconnaissance, le Malentendu « Points Essais », no 134, 1981 Tome 3. La Volonté de vouloir, 1980 et « Points Essais », no 182, 1986 Sources recueil 1984 L’Imprescriptible 1986 et « Points Essais », no 327, 1996 Premières et dernières pages (avant-propos, notes et bibliographie de Françoise Schwab) 1994 MUSIQUE Ravel 1956, 1995 Alberniz, Séverac, Monpou et la Présence lointaine 1983 La Musique et l’Ineffable 1983 3 La Musique et les Heures 1988 4 ISBN 978-2-02-128509-3 (ISBN 2-02-006028-0, 1re publication) © 1981, Éditions du Seuil Cet ouvrage a été numérisé en partenariat avec le Centre National du Livre. Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. 5 TABLE DES MATIÈRES Du même auteur Copyright Chapitre I - L’évidence morale est à la fois englobante et englobée 1. Une problématique omniprésente et prévenante. 2. La pensée devance l’évaluation morale. Et réciproquement ! 3. Une « vie morale ». Continue ou discontinue ? Le for intérieur. Cercle de la tempora- lité. 4. De la négation au refus. Refus du plaisir, refus du refus. 5. L’interdiction. Interdiction de l’interdiction. Chapitre II - L’évidence morale est à la fois équivoque et univoque 1. Ambiguïté du maximalisme, excellence de l’intermédiarité. 2. Vivre pour l’autre, quel que soit cet autre. Au-delà de tout « quatenus », de toute proso- polepsie. 3. Vivre pour l’autre, a en mourir. Amour, don et devoir. Au-dela de tout « hactenus ». 4. Tout ou rien (option), du tout au tout (conversion), le tout pour le tout (sacrifice). Avec l’âme entière. 5. Les trois exposants de la conscience. Débat ou coïncidence de l’intérêt et du devoir : l’irremplaçable chirurgien ; devoirs envers les êtres chers. 6. La bonne moyenne. 7. Neutralisation mutuelle. 8. Jusqu’au presque-rien. Le moindre-être. 9. Le battement oscillatoire. 10. Faire tenir le plus possible d’amour dans le moins possible d’être. Chapitre III - Le moindre mal et le tragique de la contradiction 1. L’élan et le tremplin. Rebondissement. L’effet de relief. Positivité de la négation. 2. L’un après l’autre. Médiation. La douleur. 3. L’un avec l’autre : ambivalence. De deux intentions l’une. 4. L’un dans l’autre : paradoxologie de l’organe-obstacle. L’œil et la vision selon Berg- son. Le bien-que est le ressort du parce-que. 5. Ce battement d’un cœur indécis. Une méditation emprisonnée dans une structure. 6. La piqûre de l’écharde, la brûlure de l’escarbille, la morsure du remords. Le scrupule. 7. L’anti-amour (minimum ontique), organe-obstacle de l’amour. Pour aimer il faut être (et il faudrait ne pas être !), pour se sacrifier il faut vivre, pour donner il faut avoir. 8. L’obstacle et le fait de l’obstacle (origine radicale). Pourquoi en général fallait-il 6 que… 9. Être sans aimer, aimer sans être. Interaction de l’égoïsme minimal et de l’altruisme maximal. Contrecoup afférent de l’élan efférent. 10. L’être préexiste a l’amour. L’amour prévient l’être. Causalité circulaire. 11. Un don total : comment s’arracher des gonds de l’être-propre ? Abnégation. 12. L’apparition disparaissante entre l’ego et la vive flamme d’amour… Le seuil du cou- rage. 13. L’onction. Le ressentir minimal de l’abnégation (afférence de l’efférence). Le plaisir de faire plaisir. 14. L’horizon du presque. Du presque-rien au non-être. Résultante instable de l’ambition et de l’abnégation. Chapitre IV - Les complots de la conscience Comment préserver l’innocence 1. Pléthore et sporadisme des valeurs. L’absolu plural : cas de conscience. 2. Tout le monde a des droits, donc moi aussi. La revendication. 3. Tout le monde a des droits, sauf moi. Je n’ai que des devoirs. A toi tous les droits, a moi toutes les charges. 4. Réification et objectivité des droits, imparité et irréversibilité du devoir. 5. La première personne passe dernière, la seconde devient première. Je suis le défenseur de tes droits, je ne suis pas le gendarme de tes devoirs. 6. Dessillement des yeux. La perte de l’innocence est la rançon que le roseau pensant doit payer pour prix de sa dignité. 7. Tes devoirs ne sont pas le fondement de mes droits. 8. Le précieux mouvement de l’intention. 7 CHAPITRE I L’évidence morale est à la fois englobante et englo- bée On nous assure de toutes parts que la philosophie morale est actuellement en honneur. Une morale honorée par l’opinion publique étant a priori sujette à caution, nous devons accueillir avec quelque méfiance ces propos réconfor- tants. On peut douter d’abord que les croisés de cette nouvelle croisade sachent réellement de quoi ils parlent. Au cœur de la philosophie, déjà si controversable par elle-même, si occupée à se définir et à s’assurer de sa propre existence, la philosophie morale apparaît comme le comble de l’ambi- guïté et de l’insaisissable ; elle est l’insaisissable de l’insaisissable. La philo- sophie morale est en effet le premier problème de la philosophie : il faudrait donc tirer son problème au clair et s’interroger sur sa raison d’être avant de plaider sa cause. 1. Une problématique omniprésente et prévenante. En fait, il est plus facile de dire ce que la philosophie morale n’est pas et avec quels produits de remplacement on est tenté de la confondre. C’est donc par cette « philosophie négative » ou apophatique que nous devons commen- cer. La philosophie morale n’est évidemment pas la science des mœurs, s’il est vrai que la science des mœurs se contente de décrire les mœurs, au mode indicatif et comme un état de fait, et (en principe) sans prendre parti ni for- muler des préférences ni proposer des jugements de valeur : elle expose sans proposer si ce n’est indirectement, en contrebande et par sous-entendus ; rites, traditions religieuses, coutumes juridiques ou usages sociologiques — tout peut servir de documentation préparatoire, en vue du discours moral proprement dit. Mais comment passer de l’indicatif au normatif, et, a fortiori, à l’impératif ? Dans l’immense collection d’absurdités, de préjugés barbares ou saugrenus dont l’histoire et l’ethnologie déroulent pour nous le film pitto- resque, comment choisir ? Devant cet océan de possibilités hypothétiques et 8 finalement indifférentes où toutes les aberrations de la tyrannie paraissent jus- tifiables, trouverons-nous jamais un seul principe de choix ? une seule raison d’agir ? Et pourquoi l’un plutôt que l’autre ? un concept plutôt que l’autre concept ? Le principe de la préférabilité, sous sa forme élémentaire, serait capable d’expliquer le tropisme de l’action et d’aimanter la volonté : mais il ne trouve pas à s’employer dans un monde fondé sur le caprice, sur l’arbi- traire et sur l’isosthénie des motifs. Or, voici que notre embarras, sur le point de tourner au désespoir devant l’incohérence des prescriptions et la stupidité des prohibitions, nous laisse entrevoir une lumière ; et, plus nous tâtonnons, plus l’entrevision se précise, dans et par l’équivoque elle-même. La problématique morale joue par rapport aux autres problèmes le rôle d’un a priori, qu’on entende l’a priori comme priorité chronologique ou comme présupposition logique. Autrement dit la problématique morale est à la fois prévenante et englobante ; spontanément, elle devance la réflexion critique qui fait mine de la contester ; mais non pas comme le préjugé précède en fait le jugement ; ni davantage sous prétexte que la prise de position morale, dans ses interventions expresses, dépasserait en rapidité et en agilité la réflexion critique : paradoxalement, chacune des deux est plus rapide que l’autre ! Plus rapide à l’envi, c’est-à-dire à l’infini… D’autre part — et ceci revient au même — : la moralité est co-essentielle à la conscience, la conscience est tout entière immergée dans la moralité ; il s’avère après coup que l’a priori moral n’avait jamais disparu, qu’il était déjà là, qu’il était toujours là, apparemment endormi, mais à tout instant au bord du réveil ; la morale, parlant la langue de la normativité, voire du parti pris, prévient la spéculation critique qui la conteste, car elle lui préexistait tacite- ment. Et non seulement elle l’enveloppe de sa lumière diffuse, mais encore, dans une autre dimension, et pour user d’autres métaphores, elle imprègne l’ensemble du problème spéculatif ; elle est la quintessence et le for intime de ce problème. 2. La pensée devance l’évaluation morale. Et récipro- quement ! La pensée, selon Descartes, est toujours là, elle aussi — elle surtout —, implicite ou explicite, immanente et continuellement pensante, même si on n’en prend pas expressément conscience ; mais elle se découvre présente en 9 acte à elle-même, dans un retour réflexif sur soi, à la faveur d’une interroga- tion ou à l’occasion d’une crise. La pensée pense l’axiologie, la pensée pense les jugements de valeur, comme elle pense toute chose : l’axiologie n’asso- cie-t-elle pas à l’évaluation (άξιοῦν) un logos, c’est-à-dire une certaine forme de rationalité ? Le « jugement de valeur » n’évalue-t-il pas sous la forme d’un jugement ? Dans l’ambiguïté du « juger », l’opération logique et l’évaluation axiologique déteignent l’une sur l’autre. Sans doute cette « logique »-là est- elle une logique sans rigueur et de uploads/s3/le-paradoxe-de-la-morale-jankelevitch-vladimir.pdf
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