Le Défi Quotidien - Vendredi 9 octobre 2015 DroItS huMains Océan Indien 14 - 15

Le Défi Quotidien - Vendredi 9 octobre 2015 DroItS huMains Océan Indien 14 - 15 DIS-MOI, 11 Broad avenue, Belle-Rose, Quatre-Bornes - TEL : 5 440 45 01 INFO@DISMOI.ORG - HTTP://WWW.DISMOI.ORG DIS-MOI (Droits Humains-Océan Indien) est une organisation non gouvernementale qui aide à promouvoir la culture des droits humains dans la région du Sud-Ouest de l’océan Indien, notamment les Seychelles, Maurice, Rodrigues, Madagascar et les Comores. Fondée en 2012, l’organisation milite pour la défense et l’enseignement des droits humains. Me Indranee Boolell-Bhogrul de DISMOI : « Autorités et citoyens : combattons ensemble le trafic humain » > Un homme de loi est-il « un défenseur des droits humains ? Cela va de soi. Notre Constitution consacre les droits et libertés fondamentales de l’individu. Le profession- nel de droit est appelé, par la nature de sa profession, à être sensible aux problématiques des droits fondamen- taux et d’en assurer le respect. Toutefois, la défense des droits humains va au-delà de la technicité, des débats ou délibérations juridiques. La compassion, la compréhension de la souffrance d’autrui et le respect de la dignité humaine donnent une tout autre dimension à mon engagement. > Pourquoi militer pour les droits humains ? Ce choix s’inscrit dans le cours naturel de mon engagement et des valeurs que m’ont inculquées mes parents. Je garde le souvenir de mon père, Bhoomithtre Boolell qui, durant les tensions sociales de 1967 à Plaine- Verte, conduisait les blessés à l’hôpital. Il donnait des leçons particulières gratuites aux enfants du quartier tandis que ma mère s’assurait que chacun d’eux s’en allait le ventre plein. Cette culture de tendre la main aux personnes vul- nérables constitue le socle de mon engagement militant pour les droits humains. > Votre opinion sur la situation des droits humains à Maurice ? Maurice a parcouru un long chemin. Selon l’indice de démocratie publié par l’Economist Intelligence Unit, le pays se classe premier en Afrique, et 17e au monde. C’est très encourageant pour notre République, sachant que c’est au sein des démocraties que les droits humains prospèrent le mieux. De grands progrès ont été réalisés, certes, mais beaucoup reste à faire. Le trafic humain mérite une attention particulière des autorités. La loide 2009 sur le contrat contre le tra- fic humain interdit la traite d’adultes et d’enfants. Elle prévoit pour leurs auteurs une peine de prison maxi- male de 15 ans. Toutefois, il nous faut plus qu’un cadre juridique : la population doit être sensibilisée à ce fléau, s’impliquer, d’où l’engagement de DISMOI. La situation des migrants, la condition des handi- capés, la prostitution infantile sont tant de probléma- tiques qui doivent nous interpeller. > Et la situation des femmes ? Les efforts accomplis pour aboutir à l’égalité des genres depuis l’Indépendance sont conséquents. La désignation d’une femme à la Présidence de la République, à la vice-présidence ou à la présidence de l’Assemblée nationale témoigne du changement de regard que l’on porte sur le rôle de la Mauricienne. Si dans le judiciaire, nous comptons plus de femmes que d’hommes, les droits de la femme salariée, la repré- sentation de la femme au sein des conseils d’adminis- tration ou au Parlement peuvent être améliorés. Notre préoccupation première demeure cependant la vio- lence basée sur le genre (VBG). > La violence domestique est un véritable fléau chez nous… Les structures mises en place pour aider les victimes vous satisfont-elles ? Le nombre de cas recensés de violence domestique à Maurice demeure inquiétant. Pour lutter contre ce problème, une structure a été établie. Ainsi, la loi de 2007 sur la violence familiale protège les victimes de toutes formes d’abus, de menaces, des coups et bles- sures, des viols, des agressions physiques ou verbales, des intimidations, de maltraitance, de harcèlement ou de séquestration. Ces victimes peuvent solliciter un District Magistrate pour obtenir un Protection Order (PO). Ce PO (pour une durée maximale de deux ans) interdit à l’auteur de ces violences domestiques d’approcher sa victime, sa résidence, son lieu de travail. En cas de non-respect du PO, en cas de récidive, l’auteur de ces actes encourt la première fois, une amende de Rs 25 000, la deu- xième fois, une amende de Rs 50 000 et une peine de prison de deux ans. La victime peut aussi réclamer un Occupation Order ou un Tenancy Order. Dans ce cas, le magistrat ordonne à l’auteur des violences de quitter le toit conjugal. Je suggère que l’on renforce les sanctions à l’égard des auteurs de ces violences, et un meilleur encadrement des victimes. > Quelles mesures recommanderiez-vous à la ministre Aurore Perraud pour combattre la violence envers les femmes ? Depuis sa nomination, madame la ministre s’at- tèle à cette tâche ardue. Je regrette cependant que les campagnes de sensibilisation pour combattre ce fléau ciblent trop souvent un auditoire exclusivement fémi- nin. La prise de conscience doit se faire auprès des femmes victimes ou non, mais surtout auprès des hommes. Le ministère de l’Égalité des genres doit travailler en collaboration avec des avocats, des psychologues et la police pour appréhender globalement la situation et élaborer un plan d’action. > Vous présidez la commission Déracinons le trafic humain à Maurice de DISMOI. Pourquoi, ce nouvel engagement ? Je remercie DISMOI et son directeur de m’avoir confié la présidence de la commission Déracinons le trafic humain à Maurice. Cet engagement ne m’est pas nouveau. J’ai été l’avocate de travailleurs bangladais exploités à Maurice et dont les passeports avaient été confisqués. J’ai également agi pour des mineures forcées par des proches à la prostitution. Lorsque j’ai rencontré Florence Boisvin-Roumestan, présidente de Justice & Equity du Canada et, par la suite, Lindley Couronne, j’ai com- pris que la synergie de nos idées, de nos compétences, et de nos expériences respectives pour- rait servir à éradiquer le trafic humain à Maurice. > La situation est-elle aussi alarmante à Maurice ? Selon les statistiques des Nations unies et du Conseil de l’Europe, la traite des humains représente un marché honteux de plu- sieurs milliards de US dollars. C’est la troisième forme de trafic au monde, après le trafic de drogue et celui des armes. Maurice n’est pas à l’abri de ce fléau. Le rapport 2015 du ministère américain des Affaires étrangères sur le trafic humain (State Department 2015 Trafficking in Persons Report), indique que Maurice a régressé dans la lutte contre le trafic humain. Maurice est une source, une destination, un pays de transit pour les hommes, femmes et enfants soumis au travail forcé et au trafic sexuel. De jeunes Mauriciennes et Rodriguaises sont pous- sées à la prostitution ou vendues, souvent par des proches, des membres de leur famille ou des hommes d’affaires. Les migrants issus de l’Inde, de Chine, du Bangladesh, du Sri Lanka ou de Madagascar sont sou- mis au travail forcé. Des étudiants et des travailleurs mauriciens sont leurrés par des agents recruteurs et subissent une exploitation économique à l’étranger. La traite des humains à Maurice est plus qu’alarmante et requiert de mesures fortes et urgentes. > Quels défis attendent votre commission ? Au sein de DISMOI, nous déploierons tous nos efforts pour assurer l’encadrement, la représentation juridique et le soutien des victimes et des personnes concernées. Toutefois, le véritable défi reste la cam- pagne nationale de sensibilisation à toutes les formes de trafic humain à Maurice. La présidente de la commission Déracinons le trafic humain à Maurice de DISMOI, est engagée depuis 15 ans dans la défense des droits des travailleurs migrants. Elle se sent interpellée par la situation du trafic humain à Maurice. Elle exhorte citoyens et ONG à collaborer avec les autorités pour éradiquer ce fléau. Disclaimer Les informations contenues dans ces deux pages n’engagent que l’association DIS-MOI (Droits Humains Océan Indien) et les interve- nants. La reproduction, la diffusion et /ou la distribution de ces informations ne sont pas autorisées sans la permission de DIS-MOI. Roland Tsang Kwai Kew sur la pétition du PP « La démocratie doit en sortir gagnante » > Pourquoi cette «Clean and Fair Elections Petition» du Parlement Populaire ? Qu’apportera-t- elle de plus à la démocratie et aux citoyens mauriciens ? On a beau parler de Free and Fair Elections (élections propres et justes), nous savons tous que, dans la pra- tique, cela ne se passe pas ainsi durant les campagnes électorales. Comme des bulldozers, les grands partis écrasent sur leur passage les petits partis et les candidats indépendants en termes de financement, de logistiques et de partisans attirés à leurs meetings respectifs à coups d’annonces publicitaires et de banderoles. Finalement, ces élections sont devenues une affaire de gros sous : « Mette fort, gagne fort ». Pour notre démocratie, c’est très mauvais, car cela contribue à faus- ser le sens d’une élection. C’est dans ce contexte que je place la démarche du Parlement Populaire de solliciter les citoyens mauri- ciens à adhérer à une réforme démocratique que nous proposons par le biais d’une «Clean and Fair Elections Petition». Nul doute que la démocratie en sortira gagnante. > Vous avez participé aux sessions du Parlement Populaire pour la uploads/S4/ roland-tsang-kwai-kew-sur-la-petition-pour-des-elections-propres-et-justes-la-democratie-doit-en-sortir-gagnante.pdf

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  • Publié le Sep 09, 2022
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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