La lettre d’information de l’administrateur parrainé par la CFE-CGC et soutenu
La lettre d’information de l’administrateur parrainé par la CFE-CGC et soutenu par l’UNSA tranquille que n’est pas le chantier EPR de Flaman- ville, doit interroger un bu- siness model d’EDF qui resterait trop nucléocentré. Enfin, l’irruption de la « digitalisation », et demain de « l’uberisation », dans le secteur de l’énergie bou- leverse les activités tradi- tionnelles des énergéti- ciens et plus largement de l’économie. Dans ce contexte, EDF prend-elle le bon cap ? A-t- elle les moyens financiers de ses ambitions ? Les salariés se retrouvent-ils dans les orientations et y trouvent-ils leur place, au- jourd’hui et demain ? L’État, actionnaire très ma- joritaire, prend-il toute sa place de stratège et de partenaire ? Chacun doit pouvoir don- ner un sens à son travail et pour ce faire, il doit ainsi être associé aux orienta- tions de son entreprise et il doit pouvoir les com- prendre. À EDF, Cap 2030 est désormais lancé. C’est une bonne initiative pour discuter de l’avenir du Groupe EDF qui évolue dans un environnement technologique, concurren- tiel, politique et sociétal en profond changement. Tout d’abord, la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, qui devrait être adoptée défini- tivement d’ici fin juillet, comprendra des mesures ayant un impact direct sur les activités et le dévelop- pement d’EDF. Ensuite, la Commission européenne a publié le 25 février dernier son cadre stratégique pour une Union de l’Énergie afin d’accélérer la mise en œuvre effective de la con- currence en Europe. De plus, les prix bas des mar- chés de gros de l’énergie couplés à l’absence de signal prix significatif du carbone pèsent durable- ment sur les marges et les décisions d’investissement des acteurs de la filière énergétique. En outre, le contexte économique gé- néral, avec une sortie de crise qui se fait plus qu’hy- pothétique, ne soutient pas la croissance espérée des consommations. Par ail- leurs, les difficultés aux- quelles la filière nucléaire fait face, tant à l’externe avec la situation financière d’AREVA, qu’en interne concernant le long fleuve Après l’annonce de 4,8 milliards de pertes en mars dernier par AREVA, l’État, actionnaire à 86,5 %, cherche à trouver une is- sue. Tout d’abord en in- terne, AREVA met en place un plan de perfor- mance avec 5 000 à 6 000 suppressions de postes. Puis, c’est à EDF que le Gouvernement a demandé de se mobiliser, EDF ne pouvant se désintéresser de la survie de son princi- pal fournisseur-prestataire. Enfin l’État a annoncé vou- loir recapitaliser AREVA, sans en préciser le mon- tant en espérant qu’il soit le plus limité possible... Alors que certains estiment qu’il faut injecter dans AREVA près de 7 milliards d’ici fin 2017, l’offre de ra- chat des activités d’AREVA NP proposé par EDF ne résout pas à elle seule l’équation financière d’AREVA et le montant est contesté par AREVA. Pour EDF, il s’agit de pré- server l’avenir d’un acteur majeur de la filière nu- cléaire française dont nous avons besoin pour réussir les défis de la maintenance du parc, du grand caré- nage ou du développement du nouveau nucléaire. Mais faut-il encore qu’EDF ne prenne pas les risques et dettes portées par ARE- VA et que l’État assume sa part de responsabilité ! Lire la suite en p.3... ÉDITO Dan s ce nu mé ro : AREVA, l’ÉTAT et le Chevalier blanc EDF 1 De la loi TE à la PPE en passant par la SNBC… 2 L’Union de l’Éner- gie 2 Le sauvetage d’AREVA ne doit pas couler EDF 3 Perspectives économiques 4 À votre écoute 4 AREVA, l’ÉTAT et le Chevalier blanc EDF La lettre de votre Administrateur EDF J u i l l e t 2 0 1 5 L e t t r e n ° 6 1 Christian TAXIL taxil.ca@gmail.com +336 64 78 24 38 La lettre d’information de l’administrateur parrainé par la CFE-CGC et soutenu par l’UNSA 2 « Aujourd’hui, ni la loi TE, ni la SNBC, ni la PPE ne donnent une vision d’avenir pour la filière nucléaire. » Union de l’Energie De la loi TE à la PPE en passant par la SNBC… où est l’avenir de la filière nucléaire ? Après son adoption par l’Assemblée nationale en nouvelle lecture le 26 mai, le projet de loi relatif à la transition énergé- tique pour la croissance verte est en ce moment réexaminé en commis- sion au Sénat. Il devrait être adopté définiti- vement fin juillet. Il comportera notamment le plafonnement de la puissance nucléaire à 63 GWh (obligeant EDF à fermer des capacités nucléaires lorsqu’il rac- cordera l’EPR de Fla- manville sur le réseau), la diminution de la part du nucléaire à 50 % à l’horizon 2025 et la ré- duction de la consomma- tion énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à la référence 2012 en visant un objectif inter- médiaire de 20 % en 2030. De plus, il instaure deux nouveaux outils de pilo- tage. Premièrement la « Stratégie Nationale Bas Carbone » (SNBC). L’État va ainsi fixer des objectifs de long terme (facteur 4) et par pé- riodes de 5 ans, les pla- fonds d’émissions (budgets-carbone) que la France ne doit pas dé- passer. Pour respecter ces plafonds, une straté- gie dite « bas carbone » sera établie pour 3 pé- riodes de 5 ans succes- sives. Les politiques na- tionales en matière de transports, d’aménage- ment, de production d’énergie, d’agriculture prendront en compte cette stratégie. Deuxièmement la « programmation plurian- nuelle de l’énergie » dite PPE. Le projet de loi fu- sionne les exercices de programmation existants dans tous les secteurs de l’énergie (électricité, gaz et chaleur) dans un outil unique qui comporte plu- sieurs volets : améliora- tion de l’efficacité éner- gétique et économies d’énergie ; sécurité d’ap- provisionnement ; sou- tien à l’exploitation des énergies renouvelables ; le développement et l’op- timisation. La program- mation pluriannuelle de l’énergie sera établie pour trois périodes de 5 ans successives. Alors que la loi n’est tou- jours pas adoptée, les premières réunions de travail sur la SNBC et la PPE ont été organisées. À cette occasion, la Di- rection Générale de l’Énergie et du Climat a présenté différents scé- narios cohérent avec le futur projet de loi pour finalement aboutir à un scénario (intitulé AMS2 run2) dont les hypo- thèses retenues sont « durée de vie de 41 ans pour les centrales cons- truites avant 1985 », « 50 ans pour celles cons- truites après 1985 ». Dans ce cas, en 2025, ce sont la moitié des réac- teurs du parc d’EDF qui seront arrêtés ! Comment peut on raisonnablement présenter un tel scénario destructeur de va- leur pour l’entreprise, ses salariés et plus large- ment pour la collectivité nationale et l’industrie française ? EDF a tout son rôle à jouer dans la transition énergétique. Le parc de production historique est une vraie richesse pour faire bénéficier aux Fran- çais d’économies liées à la maîtrise des coûts et permettre de financer une vraie transition des usages énergétiques carbonés vers l’électricité décarbonée mixant le nucléaire, l’hydraulique et les EnR. Le « grand carénage » doit permettre de moder- niser le parc, d’améliorer la sûreté et de prolonger la durée de vie des cen- trales bien au-delà des 50 ans. Il est urgent que l’État qui ne cesse de gesticuler depuis des années sur l’avenir de la filière nu- cléaire engage des actes en cohérence. Aujour- d’hui, ni la loi TE, ni la SNBC, ni la PPE ne don- nent une vision d’avenir pour la filière nucléaire. 25 février 2015. De nou- velles règlementations sont donc en prépara- tion, qui pourraient con- duire sur le moyen terme à la suppression des tarifs réglementés de La volonté de la Com- mission européenne d’éliminer les obstacles à la circulation de l’éner- gie a été réaffirmée dans sa proposition d’Union de l’Énergie le vente et, sur le long terme, à modifier le péri- mètre des marchés na- tionaux de l’électricité et du gaz vers un périmètre européen. 3 n°61— juillet 2015 mais la procédure en cours peut durer des années. Il est pourtant fondamental à la fois que le risque soit arbitré, mais aussi que l’enveloppe soit mieux enca- drée pour éviter toute fuite en avant. On peut comprendre la réticence de l’État à engager de nouveau des fonds, ce qui pour- rait être assimilé à un chèque en blanc vis-à-vis du client d’OL3. Idem pour EDF positionnée pour reprendre AREVA NP. Et pour EDF, quel est l’intérêt ? EDF est le principal client d’ARE- VA en France qui lui fournit une grande partie du combustible, gère les combustibles usés, as- sure des services de mainte- nance et d’exploitation, délivre les pièces nécessaires à la fabri- cation des réacteurs EPR de Fla- manville, Hinkley Point… C’est donc un fournisseur essentiel à la réalisation de l’activité nu- cléaire du Groupe et de sa stra- tégie future avec la mise en œuvre du grand carénage et la définition du nouveau modèle d’EPR (EPRNM). La proposition d’EDF a-t-elle un sens ? Dans uploads/Finance/ 150717-lettre-administrateur-edf-v2.pdf
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- Publié le Dec 17, 2021
- Catégorie Business / Finance
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