Vocabulaire de ... Collection dirigée par Jean-Pierre Zarader Anne Amiel Ancien
Vocabulaire de ... Collection dirigée par Jean-Pierre Zarader Anne Amiel Ancienne élève de l'ENS-Fontenay Agrégée et docteur en philosophie Dans la collection Vocabulaire de ... Aristote, par p" Pellegrin • Bachelard, par l-CL Pariente • Bacon, par Th. Gontier • Bentham, par J.-P. Cléro et Ch. Laval· Bergson, par E Worms· Berkeley. par Ph" Hamou • Bourdieu, par Ch. Chauviré et O. Fontaine • Comte, par 1. Grange· Condillac, par A. Bertrand· Deleuze, par F. Zourabichvilli • Derrida, par Ch. Ramond • Descartes, par F. de Buzon et D. Kambouchner • Diderot, par A. Ibrahim • Duns Scot, par Ch. Cervellon • Épicure, par l-E Balaudé • Fichte, par B. Bourgeois· Foucault par 1. Revel • Frege, par A. Benmakhlouf· Freud, par P.-L. Assoun • Girard, par Ch. Ramond • Goodman, par P.-A. Huglo· Habermas, par Ch" Bouchindhomme • Hayek. par L. Francatel-Prost • Hegel, par B. Bourgeois· Heidegger, par L-M. Vaysse • Hobbes, par J. Terrel 0 Hume, par Ph. Saltel 0 Husserl, par J, English • Jung, par A. 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Queré ISBN 978-2-7298-3248-3 © Ellipses Édition Marketing S.A., 2007 - www.editions-ellipses.fr 32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15 Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article LIn-52" et 3"a), d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective )', et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite» (Art. L.I22-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 1.. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Arendt est une juive allemande ayant connu en France le camp de Gurs avant d'acquérir la citoyenneté américaine, et qui, si elle écrit tant en allemand qu'en anglais, semble le plus souvent penser en grec ou en latin. Il n'est guère étonnant qu'elle se réfère au para- digme de la traduction pour désigner ses propres tentatives d'arti- culations conceptuelles, ou soit si sensible aux contresens, parfois féconds, que le passage d'une langue à une autre, d'un monde à un autre, favorise. Précisément, il s'agit de prendre soin du monde. Et constituer un monde véritablement commun, sans enfermement dans la perspec- tive particulière et irremplaçable qu'ouvre pour nous une langue, une tradition, une culture, (la monade serait dès lors vraiment sans porte ni fenêtre ... ) signifïe entendre et répondre: traduire, se mouvoir. Et traduire, cela veut dire en ce cas « distinguer ». Arendt ne produit pas de définition - pas plus qu'elle n'explicite une quelconque méthode, ou ne prend la peine d'éclaircir la façon dont elle procède: elle formule, constamment, d'une façon systé- matique des distinctions, qui sont pourtant toujours adossées à un langage « comn1un » et se voulant tel, à tous les sens du terme (la technicité est donc exclue et l'érudition discrète). Il faudrait distin- guer' discerner, filtrer, critiquer. L'autorité n'est pas le pouvoir, penser n'est pas calculer ou déduire, un mouvement n'est pas un parti, ni un conseil, promettre ou contracter n'est pas consentir, le travail n'est pas la fabrication, la politique n'est pas le social, le privé n'est pas l'intime, l'antisémitisme n'est pas l'antijudaïsme ... la libé- ration n'est pas la liberté, la domination n'est pas le gouvernement. 5 Mais dans les derniers exemples, outre les questions de traduction de liberty et freedom ou governement et l'ule, force est de constater qu'Arendt ne suit pas de façon rigide les distinctions qu'elle produit (et qui, cela n'est pas du tout anodin, ne renvoient quasiment jamais au face à face de deux termes, concepts ou notions, rnais au ITlOins à des triades). Les distinctions prétendent donc être à la fois solide- ment enracinées dans l'expérience, et à la fois formulées dans une perspective particulière (tel ouvrage étudie tel objet, à telle période en s'adressant à tel public ... ) qui doit sans cesse être reprise, mo- difiée, redéployée, si l'on change de place, si l'on modifïe le point de vue. Ici comme ailleurs « la pluralité est la loi de la terre ». Ce qui indique aussi que les distinctions ne sont jamais des oppositions: la question est de retrouver des spécificités et des articulations (entre travail, œuvre et action par exemple) et des processus (ce qui fait qu'on confonde toujours les trois, même si on ne les confond pas sous la même activité dominante). Il n'y aurait rigoureusement aucun sens à isoler une notion. Toutes les notions renvoient, cons- tamment, les unes aux autres. On s'est aussi efforcé ici de montrer comment toute activité ou tout pouvoir, enracinés dans une expérience, devaient être repris dans une institution qui les stabilise et leur confère une place dans le monde. Enfin certains thèmes souterrains, plus ou moins importants, courent dans l'œuvre d'Arendt qui ne les défïnit jamais - et on n'a pas pensé se substituer à l'auteur. Mais c'est non sans regret qu'on a laissé dans l'ombre, douleur, suicide, esclavage, poésie, oubli ou, à l'inverse témoignage ... 6 ~ Travail, œuvre et Action On ne saurait réduire l'action, qu'il faut expressément distinguer du travail et surtout de la fabrication, du faire, à sa dirnension poli- tique, pourtant privilégiée par Arendt. L'action est la seule activité qui exige la pluralité, par elle nous assumons, par une sorte « d'entrée en scène» le fait physique de notre naissance, de « notre mise au n10nde », nous actualisons ce qui était un donné passif. Par l'action et la parole, l'être hurnain se révèle, se distingue, et s'expo- sant aux autres, à ses compagnons, montre qui il est, son unicité. L'action peut donc donner lieu à une biographie, au récit d'une vie spécifiquement hurnaine, et vivre devient un « inter homines esse» (ce qui ne vaut ni pour l'animal laborans, ni pour l'homo j'aber). L'agir (qui est toujours en fait un co-agir qui requiert la présence de Ines pairs, de mes égaux) doit d'abord se comprendre comme spon- tanéité, commencement, comme capacité à initier un processus, ou, tout aussi essentiellement à interrompre l'automatisme d'un pro- cessus. C'est ce qui fait de la désobéissance civile une véritable action. Il y a donc toujours un élément d'arbitraire dans l'action qui rompt les chaînes de cause à effet, et crée donc de la nouveauté, de l'inattendu. Arendt dira de façon provocante que l'action créée des Iniracles. Celui qui accepte d'agir et de parler prend le risque de s'ex- poser. L'une des vertus majeures corrélées à l'action est donc le courage quand bien même le héros de l'histoire se révélerait un lâche (il a quitté l'obscurité protectrice, acosmique, de la vie privée). Et cela d'autant plus que l'acteur, le héros de l'histoire n'en est en rien l'auteur, qui nous sommes nous demeure caché. On ne fabrique pas sa vie. La signification de nos actes et de nos paroles - qui sont toujours insérés dans le réseau des affaires humaines qui les rend 7 imprévisibles - ne peut se reSSaISIr qu'après-coup. C'est que montrent, entre autres, les histoires d'Achille et d'Œdipe et un des sens de l'adage grec « nul ne peut être dit eudaimon /heureux/ avant sa mort ». C'est une des frustrations de l'action - une des raisons de sa futilité: le héros ne sait pas, ne peut pas savoir qui il est, il ne maîtrise pas la uploads/Finance/ amiel-anne-le-vocabulaire-de-hannah-arendt.pdf
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- Publié le Apv 15, 2022
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