Capital humain et développement au Maroc : Réalités et perspectives Novembre 19
Capital humain et développement au Maroc : Réalités et perspectives Novembre 1997 Document de travail n° 24 Royaume du Maroc Direction des Etudes et des Prévisions financières 2 Capital humain et Développement au Maroc Réalités et perspectives 3 L’objet de la présente note est de faire un bilan très succinct du niveau de développement humain au Maroc, de préciser le contexte dans lequel ce développement humain s’inscrit, et de dégager quelques perspectives en terme de développement du capital humain dans notre pays. 1. Situation actuelle (1) Forces − Le Maroc a fait un grand effort en matière de formation des cadres (l’effectif des médecins, par exemple, a augmenté de 11% l’an entre 1980 et 1996, celui du personnel enseignant dans les universités a progressé de 6,6% l’an, et l’effectif des étudiants inscrits dans les sciences de l’ingénieur s’est accru de 14% l’an). − L’effort financier de l’Etat consacré au développement humain est important : 40% de l’ensemble des dépenses de fonctionnement et d’investissement au titre de la Loi de Finances 1997-1998 dont 25% pour le seul secteur de l’éducation. Par rapport au PNB, le budget réservé à l’éducation nationale est l’un des plus élevés au niveau mondial (les dépenses publiques représentent 5,4% du PNB au Maroc contre 3,6% pour la moyenne des pays en développement). − Le Maroc est actuellement dans une phase de transition démographique marquée par l’amélioration de l’espérance de vie (qui est passée de 59 ans en 1980 à 69 ans en 1997), le recul de la fécondité (l’indice synthétique de fécondité a baissé entre 1973 et 1995 de 7,4 à 3,3 enfants par femme) et par conséquent celui de la natalité (le taux de natalité est de 2,6% en 1994- 1995 contre 4% en moyenne pour la période 1971-1982). Ces phénomènes influent sur la pyramide d’âge avec la part décroissante des moins de 15 ans dans la population totale (37% en 1994 contre 42% en 1982 et 46%% en 1971) et avec la progression beaucoup plus rapide de la population active comparativement à la population globale (différentiel en terme d’accroissement de 1% l’an pour la période 1971-1982 et 0,8% pour la période 1982-1994). − Le Maroc a fait des progrès sensibles dans le domaine de la prévention sanitaire et de l’immunisation (79% des enfants de moins 1 an ont fait tous les vaccins en 1994 dont 94% en ville et 69% dans les campagnes). Les maladies infectieuses et parasitaires n’ont représenté en 1994 que 5,3% des causes de décès contre 18,1% en 1978 et 21,8% en 1975. (1) Les données présentées dans ce document proviennent de sources officielles ou sont évaluées à partir des statistiques nationales. 4 − Recul relatif de la pauvreté : 13% de la population totale en 1991 contre 26% en 1985. Entre 1971 et 1991, le nombre de pauvres a baissé de 40% au niveau national alors que la population globale s’est accrue de 66%. − Amélioration des conditions d’habitation en milieu urbain (3% des ménages vivaient en 1994 dans des logements construits en bois, zinc ou branches de roseau contre 6,5% en 1982) grâce à l’effort appréciable du secteur public en matière de lutte contre l’habitat insalubre. L’accès à la propriété s’est par ailleurs développé dans le milieu urbain : le pourcentage des propriétaires a évolué de 37,5% en 1971 à 40,9% en 1982 pour atteindre 48,5% en 1994. Faiblesses − Le Maroc n’a pas encore finalisé une stratégie globale de la population intégrant une approche dynamique. Les éléments de cette stratégie existent mais restent fragmentaires et revêtent un caractère plutôt sectoriel (existence de programmes pour la protection de la mère et de l’enfant...). La création d’un ministère chargé de la population devrait toutefois combler cette lacune. − La répartition des fruits de la croissance n’a pas été optimale dans la mesure où les écarts se sont creusés entre les régions et entre les milieux urbain et rural en matière de ressources humaines, de niveau de vie et d’infrastructures. − L’allocation des ressources budgétaires (en dehors des investissements dans la grande hydraulique) n’a pas privilégié le monde rural qui n’a jamais fait preuve d’une approche intégrée. Cette situation ne manque pas de se répercuter sur le niveau de développement humain dans les campagnes. L’indice de développement humain du PNUD pour le milieu rural marocain est même inférieur à la moyenne des pays à faible développement humain. − Le monde rural reste en effet marginalisé dans la mesure où il abrite 73% des pauvres au niveau national et les 2/3 de la population analphabète. Il est caractérisé par un sous-équipement (taux d’électrification par exemple de 10,6% en 1996) et par un taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans supérieur de 87% à celui du milieu urbain. Moins de la moitié de la population rurale se trouve dans un rayon inférieur à 6 kilomètres d’un centre de santé. − La condition de la femme est loin d’être favorable (absence d’un véritable programme national de promotion de la femme, taux d’analphabétisme de 68% au niveau national en 1994, mortalité maternelle de 330 décès pour 100.000 naissances en 1992, plus de 50% des femmes en milieu urbain travaillent dans le secteur informel...). − La croissance économique (moins de 4% l’an depuis 1980) s’est avérée insuffisante pour réduire le chômage (23% en milieu urbain en 1995) qui touche principalement les jeunes (28,4% pour la tranche d’âge 25 à 34 ans) et la femme (32,2% dans les villes). 5 − La politique économique poursuivie dans le cadre du Programme d’Ajustement Structurel a réduit les déséquilibres macro-économiques sans toutefois préparer suffisamment les bases d’une croissance durable. La politique de promotion des exportations a accentué le recours à une main d’œuvre non qualifiée. Le secteur de la santé a souffert le plus du PAS surtout dans le domaine de l’infrastructure sanitaire qui n’a pas évolué en raison de la part limitée des dépenses publiques de santé dans le budget de l’Etat (4,8%). Le PAS n’a pas réduit le train de vie de l’administration. − En dépit des progrès sensibles réalisés, les inégalités en matière de dépenses restent élevées : le rapport de la dépense des 10% des ménages les plus aisés à celle des 10% des ménages les plus pauvres est au niveau national de 13,9 en 1991 contre 16,1 en 1985 et 30,4 en 1970 . − La couverture sociale reste insuffisante avec les dépenses de sécurité sociale qui ne dépassent pas 2% du PIB. L’effectif déclaré à la CNSS représente le quart seulement des salariés identifiés par le recensement général de la population en 1994. − La pérennité à long terme des régimes de retraite est menacée puisque le nombre de pensionnés (8,2% d’accroissement l’an entre 1982 et 1995 pour la Caisse Marocaine de Retraite et 9,1% pour la CNSS) évolue nettement plus vite que le nombre d’adhérents (progression annuelle de 6,5% pour la Caisse Marocaine de Retraite et 4,6% pour la CNSS) − Le système de protection sociale est non ciblé, coûte cher à l’Etat et profite davantage aux couches aisées et au milieu urbain. 2. Contexte du développement humain Le contexte de développement humain au Maroc est marqué, sur le plan international, par la mondialisation et les accords de libre échange. Ces accords créent des opportunités et présentent également des menaces pour l’économie marocaine. Parmi les opportunités, il y a l’ouverture sur l’extérieur, l’intégration à l’économie mondiale avec l’accès à des marchés étrangers de plus en plus larges de produits/services et capitaux, l’accès aux nouvelles technologies... . Parmi les menaces, il faut citer la disparition des privilèges commerciaux sur le marché européen, la concurrence sur le marché local des produits étrangers, la perte de recettes fiscales, et la disparition d’une partie du tissu économique avec toutes les conséquences sur l’emploi. Sur le plan national, le contexte de développement humain est caractérisé par les nouvelles tendances démographiques et par la rareté des ressources financières comparativement aux besoins exprimés. 6 Les tendances démographiques se distinguent, selon le Centre d’Etudes et de Recherches Démographiques, par une stabilisation, voire une diminution de la population d’âge scolaire (8,8 millions de personnes entre 5 et 19 ans en 2014 contre 9,3 millions en 1994), par une croissance élevée de la population en âge de travailler (2,6% l’an en moyenne entre 1994 et 2014 contre 1,5% pour la population totale), ce qui nécessitera la création de 480.000 emplois par an d’ici 2014, et par l’émergence de nouveaux problèmes (troisième âge en particulier avec une progression de la population de plus de 65 ans de 3% l’an). La rareté des ressources financières se matérialise déjà par un budget de l’Etat réservé au social ( fonctionnement et investissement) n’excédant pas actuellement 1.000 dirhams par habitant, ce qui semble modeste face aux exigences importantes du développement humain et de la mise à niveau de l’économie. 3. Quelques idées pour le développement du capital humain ∗? Faire du développement humain la priorité de la stratégie économique et sociale du pays. − Définir une politique appropriée à long terme de la population (avec toutes uploads/Finance/ capital-humain-amp-developpement-au-maroc.pdf
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- Publié le Jan 13, 2022
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