La crise des subprime – Origine de l’excès de risque et mécanismes de propagati

La crise des subprime – Origine de l’excès de risque et mécanismes de propagation Laure Klein Revue Banque Edition, 2009 154 pages Dans son ouvrage, Laure Klein, diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg, analyse, au lendemain de la crise financière mondiale de 2008, les causes de cette dernière, et comment, un dérèglement du marché américain des « crédits immobiliers à risque » (p. 15) a engendré la crise que nous connaissons. Pour cela, l’auteure articule son analyse en trois parties. Dans une première partie, Klein commence par étudier les facteurs ayant menés à une « expansion du marché des crédits subprime[s] » (p. 21). L’auteure explique que la formation de la bulle immobilière est engendrée, en grande partie, par la baisse du taux directeur de la banque fédérale américaine au début des années 2000, et par un cadre législatif américain favorable à l’augmentation des crédits hypothécaires. Mais cette « abondance monétaire » (p. 25) n’est pas la seule cause du grossissement de cette bulle immobilière, l’augmentation de la titrisation des crédits subprimes a aussi participé à ce phénomène. Crédits subprimes qui furent rendus possibles par une série de dispositions légales incitant les banques à accorder des prêts à des emprunteurs risqués dès la fin des années 70. Ces crédits connaîtront ensuite un incroyable accroissement dans les années 90 et 2000, jusqu’à atteindre en 2007 « 14 % du marché du crédit américain » (p. 29). Klein dépeint ensuite les différents types de contrats subprimes existant, notamment ceux avec des taux d’intérêt variables, appelés « ARM » (p. 32). Après avoir présenté les différents avantages que présente la titrisation pour les établissements prêteurs, à savoir, optimiser la liquidité de leurs bilans en transformant des créances en titres financiers, modèle connu sous le nom de « originate-to-distribute business model » (p. 40), diminuer la concentration de risque par la diversification des produits sous-jacents et des investisseurs, et enfin la possibilité de découper le produit financier en tranches pour correspondre au mieux aux besoins des différents investisseurs, l’auteure présente les mécanismes utilisés pour construire les titres financiers primaires « RMBS » (p. 44) et secondaires « CDO » (p. 55). Elle pointe alors la participation active des agences de notation lors des opérations de titrisation, et notamment lors de l’opération de « tranching » (p. 48). Le deuxième chapitre du livre est consacré aux nombreux problèmes inhérents à ces crédits subprimes. Un des principaux facteurs expliquant l’origine de la crise est l’excès de risque pris par toutes les parties prenantes de la vie des crédits subprimes et de leur titrisation. Ces comportements pouvant être expliqués par « l’existence d’asymétries d’informations » (p. 61). Ces dernières s’expriment, tout d’abord, dans l’existence des prêts prédateurs. Les prêts sont qualifiés de prédateurs lorsque le prêteur signe le contrat de prêt, alors même qu’il sait que l’emprunteur ne sera pas solvable. L’emprunteur, pouvant ne pas en avoir connaissance. De plus, la présence d’un intermédiaire dans le processus de création de crédit, appelé « broker », dont le revenu est directement impacté par le nombre et le montant des prêts souscrits, a favorisé l’apparition de prêts prédateurs (p. 64). Enfin l’emprunteur peut lui aussi utiliser l’asymétrie de l’information en cachant sa réelle capacité de remboursement. D’autres phénomènes permettent d’expliquer l’origine de la crise, comme le fait que la solvabilité d’un emprunteur de crédit à taux variable dépend de la conjoncture du marché immobilier. Lors de l’éclatement de la bulle, les défauts de remboursement se sont ainsi multipliés. De plus, l’apparition d’émetteurs de crédits immobiliers privés, non soumis aux mêmes contraintes que les acteurs publics, a permis l’émergence des crédits risqués (p. 70). Klein souligne, alors, la croyance de certains acteurs dans « la garantie implicite de l’intervention des autorités monétaires » (p. 73) en cas de crise. L’optimisme excessif des différents établissements financiers, et ce, malgré l’apparition, dans les années 2000 des signes avant-coureurs d’une crise, a mené à l’excès de risque. Par ailleurs, la titrisation engendre, elle aussi, une asymétrie de l’information en multipliant les intermédiaires. L’auteure revient ensuite, en détail, sur le conflit d’intérêt engendré par le financement des agences de notation par les entités émettant ces titres financiers (p. 82). De plus, l’utilisation d’échelles de notation identiques pour évaluer des obligations classiques et des produits titrisés, et des méthodes de notation différentes entre les différentes agences ont, elles aussi, participé à l’asymétrie de l’information entre les parties prenantes (p. 85). Tous ces éléments ont finalement conduit, après 2000, à une dégradation de la qualité des prêts subprimes et donc à la généralisation des défauts, lorsque la bulle immobilière à éclater. Ces défauts se sont alors auto- alimentés, créant un « effet boule de neige » (p. 97). Enfin dans une dernière partie, l’auteure expose les mécanismes ayant mené à une propagation de cette crise en dehors du marché immobilier et comment la panique a pu s’installer au sein des marchés financiers mondiaux. La titrisation, plutôt que de diluer le risque, a au contraire permis la propagation de la crise (p. 102). De plus, la diminution de la qualité des crédits subprimes et l’augmentation des pertes associées, ont généré un climat d’incertitude. Par ailleurs, la soudaineté et l’importance de la dégradation des notes attribuées aux crédits subprimes par les agences de notation, ont favorisé un climat de panique et donc amplifié la crise (p. 116). Ces révisions de notation n’ont fait que confirmer la sous-évaluation, dès le départ, de ces produits. Le nombre important de parties prenantes, le large spectre d’investisseurs, et la complexité de ces produits financiers expliquent la propagation des pertes en dehors du marché immobilier et de la sphère bancaire (p. 127). Par la suite un phénomène « d’auto-alimentation des dépréciations d’actifs » (p. 129) s’est mis en place, accentuant encore davantage l’impact et la propagation de la crise. Pour conclure, l’auteure récapitule les différentes inefficiences et fragilités des crédits subprimes et de leur titrisation. Klein revient aussi sur la part de responsabilité des autorités américaines mais aussi sur celle des agences de notation, dont la responsabilité dans la crise des subprimes est « indéniable » (p. 135). Clément Alixant Étudiant en semestre d’intégration à la maîtrise École Polytechnique Montréal uploads/Finance/ compte-rendu-de-lecture-la-crise-des-subprime-laure-klein.pdf

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  • Publié le Jui 17, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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