UNIVERSITE OMAR BONGO ----------------------------- FACULTE DE DROIT ET DES SCI

UNIVERSITE OMAR BONGO ----------------------------- FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES ECONOMIQUES ------------------------ DEPARTEMENT D’ECONOMIE ----------------------- Cours d’Histoire de la Pensée Economique Introduction générale 1-Définition Le terme économie vient du grec oîkos qui veut dire maison et nomos qui signifie loi. C’est pourquoi, on considère dans la Grèce antique que l’économie domestique porte sur les règles d’administration de la maison. Avec la constitution de l’état moderne émerge à la fin du 15iéme siècle le concept d’économie politique qui justifie la continuité entre l’économie domestique et l’administration d’économique de l’Etat. Précisément, le terme économie politique apparait en 1615 dans un traité d’Antoine de Montchrestien avec l’avènement du mercantilisme, l’économie politique devient une branche de l’art du gouvernement. A la fin des années 1760, l’économie atteint une nouvelle dimension sous l’impulsion des physiocrates qui utilisent les termes d’économie générale, des sciences économiques. Selon cette nouvelle approche, l’économie politique est définie comme l’étude de la production, de la répartition et de la consommation des richesses dans une société. Cette nouvelle définition a deux caractéristiques : Premièrement, la science économique vise à établir des principes entendus comme des lois scientifiques du fonctionnement d’un système. Deuxièmement, le glissement de l’art de gouverner les Etats à la science de l’enrichissement des nations conduit à assigner à celle-ci la tâche de donner un fondement rationnel à une vision doctrinale. C’est l’avènement du laisser- faire qui est la règle dans un système d’économie libérale. La révolution marginaliste des années 1870 modifie cette approche avec le concept d’agent économique. Léon Walras propose alors une trilogie découlant de sa définition de la richesse sociale : « l’ensemble des choses rares c’est-à-dire utiles et en quantité limité ». Puisque leur rareté rend ses choses appropriables, échangeables et multipliables; l’économie politique peut-être selon Walras diviser en trois domaines distincts : Le premier domaine est appelé la théorie de la propriété et de la justice, encore appelé l’économie sociale ; Le deuxième est la théorie positive de la valeur d’échange ou économie pure ; Enfin, le troisième est la théorie de l’organisation de la production ou économie appliquée. Plus tard, contre une théorie économique keynésienne privilégiant l’étude des relations macroéconomiques pour fonder une philosophie sociale marquée par l’intervention économique de l’Etat, la micro-économie enrôle alors l’individu rationnel, déjà transformé en agent économique marginaliste, pour en faire un homo economicus, dégagé de toute détermination sociale. Cette transformation émancipe complètement la théorie pure par rapport à la morale sociale, et la neutralisation de ce dernier change la définition même de l’économie : l’économie politique, qui était depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle la science de la production, de la répartition et de la consommation des richesses dans une société donnée, est définie à présent comme : « la science qui étudie le comportement humain comme relation entre des fins et des moyens rares à usages alternatifs » (Robbins). 2-Les principaux débats dans l’histoire de la pensée économique 2.1-Les débats entre approche réelle et approche monétaire La distinction entre l’approche réelle et l’approche monétaire résulte de deux façons différentes, constatées dans l’histoire de la pensée économique, d’envisager d’un point de vue théorique la monnaie dans l’économie marchande. L’une, apparue dès Adam Smith avec la théorie classique de la valeur, relève de ce que Don Patinkin (1956) a appelé une approche « dichotomique ». Elle consiste à déterminer d’abord les caractéristiques essentielles de l’économie par une théorie réelle de la valeur (dont l’objet est de déterminer le système de prix relatifs), élaborée en faisant abstraction de la monnaie, et à introduire ensuite la monnaie dans cette théorie à travers l’une de ses fonctions. L’autre approche, qu’on peut qualifier de « monétaire », a été défendue par des économistes préclassiques dès le XVIe siècle et plus tard par les auteurs critiques de la théorie réelle de la valeur, tels que Marx, Keynes et certains de leurs continuateurs modernes. Elle considère la monnaie comme un élément fondamental et inéliminable de la représentation d’une économie marchande, puisqu’elle est ce en quoi on paie et on compte. 2.1.1-Approches réelle et monétaire jusqu’au début du XXème siècle Le mercantilisme est le premier courant de l’histoire de la pensée économique a consacré une analyse sur la monnaie. En effet, pour les auteurs mercantilistes, la monnaie est la forme de l’enrichissement des nations. Elle est également un objet du pouvoir régalien et le commerce extérieur est le champ d’expansion des marchands et de confrontation entre les souverains. L’économie politique devient ainsi la branche de l’art du gouvernement visant à l’enrichissement de la nation par un commerce extérieur contrôlé, l’encouragement de l’emploi par la protection des industries nationales, et à la stimulation de l’activité interne par la circulation de liquidités suffisantes et à la valeur stable. Cette vision monétaire et interventionniste sera rejetée par Adam Smith, influencé par le courant français de la physiocratie, dont il retient la croyance en un ordre naturel. Adam Smith fonda une école classique, dont l’apogée fut atteint au début du XIXe siècle avec David Ricardo (1817- 21) qui illustra l’approche réelle et libérale par un système d’économie politique reposant sur une théorie des prix relatifs et de la répartition des revenus. Si cette approche, parée de l’autorité de Ricardo, établit sa domination, elle fut progressivement dépouillée de ses fondements analytiques, qui, paradoxalement, subsistèrent au sein d’une approche monétaire et critique de l’économie de marché, élaborée par Karl Marx (1867). La « révolution marginaliste » des années 1870 conserva l’approche réelle et libérale, mais la fonda sur une autre théorie de la valeur que celle de Ricardo : l’utilité marginale et la loi de l’offre et de la demande devinrent les outils privilégiés de l’analyse économique. Le marginalisme s’imposa sous sa version « anglo-saxonne », influencée davantage par Alfred Marshall (1890) que par Stanley Jevons (1871) ; une version « autrichienne », élaborée par Carl Menger (1871). Une troisième version plus complète, fondée par le français Léon Walras (1874-1900) sur le concept d’équilibre général. Enfermé dans les débats internes, le marxisme fut progressivement relégué hors de l’enseignement de la science économique. Ce survol de l’histoire de la pensée économique jusqu’au début du XXe siècle montre que l’évolution de la pensée économique à partir d’Adam Smith a été dominée par une approche réelle, incarnée dans deux théories successives de la valeur : la théorie classique et la théorie marginaliste. Pour importants qu’ils aient pu être à certaines périodes, les débats sur la monnaie sont demeurés périphériques, sans doute parce que les pays économiquement avancés, où s’élabore la science économique connaissent jusqu’a 1914 une grande stabilité monétaire. Il n’en va plus de même après la première guerre mondiale, et les ravages de l’inflation et de la déflation forceront les économistes à prendre la monnaie au sérieux ; ce sera en particulier le cas avec Keynes en 1936. 2.1.2-Les deux conceptions de la monnaie Fonctionnellement, la monnaie est non seulement l’instrument dans lequel on effectue le paiement, mais encore celui dans lequel on mesure ce qui est payé : elle est à la fois moyen de paiement et unité de compte. Dans sa première fonction, elle se présente comme objet concret (une pièce, un billet) ; et dans la seconde (le franc, l’euro ; unité monétaire), elle a dans la pratique même ce caractère abstrait qui la prédispose à la conceptualisation théorique. Cette conception instrumentale de la monnaie est le corollaire d’une vision libérale de la société où le marché est le seul régulateur. Elle conduit à disqualifier le prince de tout rôle de coordination entre les agents privés, puisque ceux-ci sont tous des marchands, liés naturellement entre eux dans la « société commerçante » d’Adam Smith. Elle réduit ainsi la monnaie à un simple voile qui habille les échanges et qu’il convient d’écarter pour analyser la réalité des phénomènes économiques. Une autre conception de la monnaie est institutionnelle et interventionniste. Pour elle, la monnaie n’est pas un appendice du marché, mais l’institution minimale sans laquelle celui-ci ne pourrait exister et qui permet d’agir favorablement sur l’ensemble de l’économie. Seule la puissance publique peut garantir l’émission de la monnaie, mais le succès de son intervention n’est pas assuré, en raison d’une tendance des agents à considérer la monnaie autant comme la richesse que comme moyen de paiement. Quand cette tendance à la thésaurisation est trop forte, l’activité économique se ralentit et le chômage s’accroit. 2.2-Le clivage entre macroéconomie et microéconomie En 1936 est publiée par John Maynard Keynes « The General Theory », qui constituait à la fois une critique de la théorie de l’équilibre global contenue dans le marginalisme, et une démonstration de l’incapacité de l’économie de marché à assurer le plein-emploi. La nouvelle théorie renouait avec une approche monétaire et interventionniste. Elle donna naissance à un nouveau courant, le Keynésianisme, dont le modèle IS-LM, présenté par John Hicks dès 1937, constitua le cadre d’exposition. 2.2.1-Le « no bridge » Après la redécouverte par Hicks (1939) de la théorie de Walras, le champ de la science économique fut divisé en deux : la micro-économie, concernant l’allocation des ressources, les prix relatifs et uploads/Finance/ cours-d-x27-histoire-de-la-pensee.pdf

  • 33
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jui 11, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.4223MB