1 Cours : Ingénierie Financière Master MFE Animateur : Mohamed LOULID UNIVERSIT
1 Cours : Ingénierie Financière Master MFE Animateur : Mohamed LOULID UNIVERSITE CADI AYYAD Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales Marrakech - Maroc ا ض ا م ا و اد وا ا- ا ب 2 Chapitre I : Définitions et objectifs L’ingénierie financière peut être appréhendée comme un ensemble d’outils et d'opérations permettant: - à des dirigeants de structurer ou de restructurer leur financement, d’accompagner le développement de leur firme par des opérations de croissance externe ou de la transmettre dans des conditions satisfaisantes; - à des investisseurs de prendre le contrôle d'entreprises saines ou en difficultés tout en minimisant leurs apports; - à des actionnaires dominants de faire appel à des capitaux extérieurs sans prendre le contrôle de leur société, etc. Pour atteindre ces objectifs, l'ingénierie financière s'est progressivement dotée, au fil des ans, d'une méthode empirique destinée à favoriser la gestion des biens et des ressources stables de l'entreprise. La partie haute du bilan donne un aperçu du rapport de force entre actionnaires majoritaires et minoritaires, créanciers et managers. Les relations de pouvoir sont au centre des opérations qui portent sur le capital, l’endettement et les titres hybrides. De ce point de vue, la théorie de l’agence qui étudie les conflits actionnaires-managers, actionnai-créanciers, etc. fournit souvent l'explication profonde des mécanismes financiers, la justification d'opérations parfois complexes. Les réflexions sur la corporate governance apportent aussi un éclairage intéressant sur les intérêts contradictoires qui animent ces relations triparties. Les outils opérationnels de l'ingénierie financière jouent un rôle considérable dans la recherche du nécessaire équilibre du pouvoir. Caractérisée ainsi par sa finalité et son domaine, l'ingénierie financière trouve sa spécificité dans la méthode qu’elle propose, méthode contingente, élaborée, innovante et transversale. Par opposition aux solutions courantes apportées aux problèmes de la finance d'entreprise, au «prêt à porter», l'ingénierie financière relève de la «finance sur mesure». Les procédures envisagées et les réponses trouvées sont spécifiques à un problème donné, adaptées aux circonstances particulières. Elles ne sont pas destinées à être utilisées dans d'autres situations 3 mais présentent un caractère contingent. L'ingénierie financière donne lieu à des montages, à des architectures élaborées qui tranchent avec les solutions toutes faites. Elle se démarque des opérations financières plus habituelles qui nécessitent une certaine standardisation, compte tenu de leur aspect plus répétitif et des délais très brefs souvent imposés. L'ingéniosité caractérise les montages mis en place. La création, l'imagination, l'innovation s'appliquent non seulement aux outils inventés mais aussi à leur agencement. L'ingénierie financière n'est pas une technique purement financière. Elle fait aussi appel au droit des affaires, au droit fiscal, à l'économie, à la stratégie, etc. Le métier d'ingénieur financier trouve son intérêt et sa richesse dans ce côté transversal de la discipline. Ce livre aborde l'ensemble de ces aspects ; il se compose de deux parties: - la première étudie les outils de l'ingénierie financière au travers des outils informationnels (le diagnostic de l'entreprise cible et son évaluation) et des outils opérationnel, les produits (les valeurs mobilières) et les structures (les holdings) - la seconde traite des opérations d’ingénierie financière en distinguant les opérations de développement (avec maintien ou prise de contrôle) et les opérations de réorganisation (du passif et de l'actif). L’ingénierie, qui s'est progressivement substituée dans le langage courant au mot anglais engineering, est généralement définie comme l'ensemble des activités intellectuelles qui permettent de concevoir un ouvrage d'une façon rationnelle et fonctionnelle, en assurant la coordination des diverses disciplines qui concourent à sa réalisation. D’origine ancienne, la notion est plus volontiers associée à l'art militaire, dont elle est issue, au génie civil, à la maîtrise de l'énergie et des matières premières, ou, plus récemment, aux télécommunications et à l'informatique, qu'aux métiers de l'argent. Ce n'est que depuis quelques années que le concept d'ingénierie financière a fait son entrée dans l'univers de l'entreprise et de ses actionnaires. Il s'impose aujourd'hui sans qu'il soit toujours bien aisé d'en dessiner nettement les finalités, les ouvrages ou le champ de manoeuvre. Qui a la compétence? Doit-on considérer l'ingénierie financière comme un service spécialisé de la banque à vocation multiple chargé d'adapter, à une clientèle élargie, des opérations de marché ou de gré à gré autrefois réservées aux entreprises ayant noué des 4 relations intimes avec une banque d'affaires? Est-ce l'affaire des non banques, cabinets de conseil de toutes tailles et de toutes origines? Les ingénieurs financiers méritent-ils un statut spécifique? Dans l'univers bancaire, doivent-ils être autonomes, voire filialisés, ou au contraire intégrés dans des structures aux finalités plus larges dont ils ne seraient que le faire-valoir? Au demeurant, est-ce encore de la banque? Les difficultés rencontrées pour définir de façon précise les fonctions de l'ingénierie financière, en situer la position optimale dans un organigramme, dans un processus de décision, en mesurer le domaine d'action, l'intérêt et l'efficacité, justifient l'approfondissement d'une approche sémantique. À l’origine, l'ingénieur est, dans toute entreprise, le spécialiste capable de discerner toutes les composantes techniques d'une réalisation et qui se porte garant de la fiabilité des solutions retenues qu'il a d'ailleurs sélectionnées personnellement. Peu à peu, la sophistication des techniques, la complexité croissante des processus industriels, la diversité des filières, l'ont amené à travailler en équipe. Désormais, il ne saurait prétendre dominer seul l'ensemble des connaissances nécessaires à la réalisation d'un projet. En dépit de son caractère récent, l'ingénierie financière n'échappe pas à ces tendances lourdes : point de rencontre entre le droit des valeurs mobilières, la fiscalité, l'actuariat, elle requiert aussi une bonne connaissance des secteurs économiques traités, une compétence relative aux règles et pratiques étrangères ou internationales. C'est une équipe, plus qu'un homme, qui apporte sa contribution. Cette équipe doit avoir une capacité à s'adapter rapidement aux changements en faisant preuve d'esprit créatif, de précéder ou d'accompagner la réflexion de son mandant, d'innover à ses côtés ou de lui faire partager un acquis personnel. Elle doit être en mesure de faire coïncider sa réponse au plus près des spécifications requises, quitte à reconfigurer des solutions même éprouvées à chaque cas d'espèce, et ce sans faire prendre de risques anormaux à son donneur d'ordre. Enfin, il convient d'affiner le spectre par quelques réflexions sur le contenu de la démarche: - l'ingénierie financière a pour objectif principal de mener à bien un projet. Elle 5 peut - et souvent doit - intégrer en amont une dimension de conseil stratégique ou d'analyse financière, mais elle ne saurait s'identifier à une mission d'expert qui trouverait sa finalité dans la rédaction d'un rapport et la formulation d'une préconisation dont la mise en oeuvre serait décidée et gérée par d'autres; - l'ingénierie financière apporte des réponses globales qui s'appuient essentiellement sur le support des valeurs mobilières : une syndication de crédits bancaires, le financement ou la cession d'un bien immobilier, un risque-pays ne retiendront son intérêt que s'ils paraissent influer significativement sur la fiabilité ou la rentabilité d'une opération financière englobant les problèmes qu'ils soulèvent ou les opportunités qu'ils suscitent: - l'intervention en ingénierie financière prend du temps, se conclut par un ou plusieurs contrats qui ne sont que très rarement des contrats d'adhésion. La partie « négociation » est souvent au moins aussi délicate que la partie « montage dans la mise au point d'une opération. chacune des parties concernées pouvant faire valoir des exigences ou des contraintes particulières. Les contrats, même s'ils comportent souvent des clauses types sont en effet le reflet de la diversité des situations rencontrées, de la capacité de négociation relative des signataires, de l'innovation en matière financière. Le présent ouvrage, dont la finalité est de faciliter l'accès des entreprises de taille moyenne et de leurs dirigeants aux opérations « haut de bilan », et plus particulièrement « fonds propres », engage le débat sous l'angle micro-économique. Dans le périmètre de réflexion ainsi défini, quatre axes d'étude seront retenus: - la connaissance intime de l'entreprise, objet de l'opération, et celle de ses potentialités économiques ou financières, déterminent une valeur convenable dont le degré de réalisme exerce une influence prépondérante sur l'équilibre d'une opération, voire sa faisabilité. L'approche ingénierie financière » de l'entreprise ne peut s'effectuer sans que celle-ci soit connue en profondeur, non seulement sous l'angle financier, ce qui correspond à une démarche d'engagements bancaires classique, mais d'après l'ensemble de ses potentialités et faiblesses. Au-delà de l'appréciation traditionnelle du risque, il y a lieu en effet d'anticiper un taux de croissance et des besoins de capitaux propres induits pour juger de l'opportunité de toute intervention. Une investigation serrée, doublée d'une approche prévisionnelle, servent ainsi un 6 diagnostic stratégique sur lequel viendra se greffer l'évaluation séparée d'actifs. On pourra en déduire une valeur globale d'entreprise, ainsi que, dans certains cas, le prix de valeurs mobilières véhicules d'opérations complexes ou différées dans le temps. (1 partie . Diagnostic et évaluation). - l'environnement juridique et fiscal de l'entreprise, les objectifs des actionnaires, constituent parallèlement un domaine d'investigation indissociable du précédent qui débouche sur la connaissance de la « boîte à outils » du financier, puis sa maîtrise pratique. Outre l'entreprise, l'ingénieur financier doit donc très rapidement analyser aussi les objectifs poursuivis uploads/Finance/ cours-ingenierie-financiere.pdf
Documents similaires
-
28
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 24, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 0.2226MB