Conjoncture N° 916 - Juin 2010 - 27 DOSSIER Le commerce intérieur occupe une pl
Conjoncture N° 916 - Juin 2010 - 27 DOSSIER Le commerce intérieur occupe une place prépondérante dans le tissu socio-économique national avec une valeur ajoutée annuelle estimée à 63 milliards de dirhams, soit environ 11 % du PIB, et 1,2 million d’emplois, soit 12,8 % de la population active maro- caine. Toutefois, en dépit de ces chiffres, le secteur connaît plusieurs faiblesses : nombre important de commerçants ambulants et saisonniers, problèmes de logistique, de distribution, multi- plication des intermédiaires, qualité des produits, défaillance de la qualité des services, faible compétitivité, etc. Partant, il est appelé à se restructurer et à se moderniser afin d’accompa- gner les grandes mutations socio-éco- nomiques du pays. C’est dans cette optique qu’a été élaboré, en 2007, le Plan Rawaj Vision 2020, visant le dé- veloppement du commerce intérieur et de la distribution. Se basant sur les meilleurs benchmark internationaux - France, Italie, Grèce, Emirats Arabes Unis et la Turquie - ce plan énonce les actions concrètes en terme de politique de développement, de res- tructuration et de modernisation du commerce et de la distribution. Il se focalise sur 3 acteurs commerciaux : le commerce indépendant, la grande et moyenne distribution moderne et les espaces publics marchands sous la responsabilité des communes (marchés de gros, abattoirs, halles de poissons). La réussite du plan dépend énormément du renforcement et de l’intégration entre les différentes branches du secteur. Fonds spécial de 200 millions de di- rhams Pour y arriver, des plans d’actions transversaux et sectoriels spécifiques Le Plan Rawaj prévoit la création de 15 malls devant abriter quelques 3 000 magasins franchisés. Crédit photo : © julien tromeur - Fotolia.com Consommation : vers une distribution moderne Des actions concrètes en termes de politique de développement, de restructuration et de modernisation du commerce et de la distribution Dossier réalisé par Rachid Alaoui conjoncture@cfcim.org Consommation : vers une distribution moderne Vers une réforme des marchés de gros Interview du ministre Ahmed Chami Le boom du crédit à la consomma- tion Interview de Hassan Bennis, Vice- président du Groupe Yatout Consommateurs, comment les protéger ? Interview de Mustapha El Khayat, président de l’ Association Maro- caine de Logistique (AMLOG) Interview de Zouhaïr Bennani, prési- dent du groupe Best Financière 27 29 30 32 32 34 35 36 Conjoncture N° 916 - Juin 2010 - 28 ont été identifiés. Les premiers visent, d’une part, à renforcer l’attractivité de l’offre commerciale grâce à une meilleure organisation du jeu des ac- teurs et à une adaptation de l’offre d’accueil par rapport aux attentes des opérateurs, et, d’autre part, à améliorer l’environnement des opé- rateurs du commerce par le biais de diverses mesures (fiscale, immobilier commercial, formation, procédure administrative, santé et sécurité du consommateur, sécurité alimentaire, etc.). Les seconds plans sont spécifiques à chacun des grands composants du commerce intérieur. Pour le com- merce de proximité, qui comptait en 2006 quelques 850 000 points de ventes dont 40 % exerçant sous formes ambulante, occasionnelle ou saisonnière, le plan prévoit la réorga- nisation de ses structures (spécialisa- tion et regroupement en réseau des petits commerçants), la modernisa- tion de ses modes de gestion et une meilleure protection des commer- çants indépendants face notamment au développement des centres com- merciaux modernes. Pour améliorer sa compétitivité, il est aussi prévu l’adoption d’un système de labelli- sation des commerces permettant d’authentifier la qualité des services et produits offerts. Afin de mieux soutenir ce segment et faire adhérer les commerçants à ce plan, le Gouver- nement programme la mise en place d’un fonds spécial de 200 MDh d’aide au développement du commerce pour soutenir les marchands. Ce fonds vise à soutenir les projets initiés par les collectivités locales dans le but d’organi- ser et de moderniser des espaces commer- ciaux, de sédentariser les commerçants am- bulants, de réhabiliter les souks et les mar- chés ruraux. Avec cette stratégie, le nombre de magasins devrait atteindre 980 000 à l’horizon 2020. Il est également prévu la création d’une couverture santé «Inaya» au profit des petits commerçants et des professionnels. 15 % du PIB en 2020 Pour les centres commerciaux mo- dernes, leur nombre devrait passer de 50 en 2006 à 600 en 2020, dont 50 hypermarchés, employant près de 90 000 salariés pour un volume d’affaires de 26 milliards de dirhams. Il est programmé aussi la création de 15 malls devant abriter quelques 3 000 magasins franchisés et de commerces modernes créant plus de 21 000 emplois. Et concernant les espaces publics marchands (marchés de gros de fruits et légumes, abattoirs et halls de poissons), il est prévu de ramener le nombre de marchés de gros de 42 actuel- lement à seulement 16 en 2020, soit une par région pour des transactions devant passer de 5,3 à 33 mil- liards de dirhams sur la période. Outre la suppression de l’obli- gation de passage par les marchés de gros, il est aussi prévu l’implication du privé dans la gestion de ces marchés. Afin de faciliter l’application de ces plans, des contrats programmes sont également prévus avec les dif- férents acteurs du secteur. Enfin, le plan Rawaj Vision 2020 vise comme objectifs : le triplement du PIB actuel du commerce intérieur et porter sa contribution à hauteur de 15 % du PIB, contre 11 % en 2006, et la création 450 000 de nouveaux em- plois dans le secteur. Le Plan Rawaj prévoit la réhabilitation des souks du Royaume. © Teuler/Agencephotomaroc.com Le plan Rawaj Vision 2020 vise comme ob- jectifs le triplement du PIB actuel du com- merce intérieur et la création de 450 000 nouveaux emplois. DOSSIER Conjoncture N° 916 - Juin 2010 - 29 DOSSIER Le marché de gros de Casablanca. Crédit photo : Rachid Alaoui ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime a adopté un tableau de bord visant à développer l’abattage moderne et à valoriser la production. Une action qui s’inscrit dans le cadre du plan Ma- roc Vert. Outre leur rôle de régulateur, les marchés de gros se verront doter de prérogatives nouvelles afin d’assainir les circuits de distribution et « neutraliser » la multitude d’intermédiaires pointés du doigt et tenus pour responsables de l’in- flation des prix. Des politiques sectorielles de dévelop- pement seront mises en œuvre pour appuyer la réforme des marchés de gros avec, notamment, le développement des capacités productives et financières des agriculteurs et de leurs coopératives par le biais du plan Maroc Vert. Cela devrait permettre de favoriser la vente directe des marchandises au sein des marchés de gros au lieu de les revendre à la ferme voie sur pied. Les efforts por- teront également sur l’infrastructure logistique et de transport, plus particu- lièrement en milieu rural et périurbain. Le développement s’appuiera aussi sur les potentialités des marchés de gros via le développement des services à valeur ajoutée comme le conditionnement, la redéfinition des modes de consomma- tion, des règles de gestion ou encore la création de marché de gros au niveau des bassins de production et de consom- mation ainsi que la définition d’une nou- velle cartographie des marchés de gros. Depuis plusieurs semaines, on assiste à une véritable flambée des prix sur les produits de grande consommation comme les fruits et légumes, les œufs, les viandes rouges ou encore la volaille. Dans le viseur des consommateurs et responsables politiques : les marchés de gros qui peinent à jouer leur rôle de régulateur. Une situation qui pourrait évoluer dans les prochaines semaines avec la mise en route de la réforme des centres de négoce de gros. Si la loi 06-99 relative à la liberté des prix et de la concurrence a libéralisé les prix des produits et des services mis sur le marché domestique – à l’exception de certains produits subventionnés – il est aussi établi que les marchés de gros ont vocation de constituer un lieu de formation des prix de gros des produits frais, de permettre un réajustement des cours, de réorienter les flux marchands entre les régions et établir un juste équi- libre entre l’offre et la demande. Valeur aujourd’hui, la configuration ac- tuelle ne permet pas aux marchés de gros de jouer leur rôle, et ce pour des rai- sons structurelles. En effet, ils souffrent de nombreux dysfonctionnements qui limitent leur rôle de bourses permettant une régulation des prix sur le marché, notamment à cause de l’absence d’un système d’information partagé sur les prix pratiqués et de la faible attractivité des marchés de gros auprès des opéra- teurs économiques. Selon une source au ministère du Commerce, de l’Industrie et des Nouvelles technologies, l’attrac- tivité des marchés de gros est grevée par la vétusté des équipements et des infrastructures, l’absence de services à valeur ajoutée et un système de taxa- tion inadapté. Du coup, cela engendre le développement des marchés informels qui détournent une part importante des tonnages commercialisés de produits frais et l’émergence d’intermédiaires sans valeur ajoutée, qui s’attachent à spéculer et à renchérir les prix à la consommation. Il faut savoir également que les marchés de gros sont sous monopole de gestion et d’administration communal. A ce uploads/Finance/ dossier-ion-maroc.pdf
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- Publié le Oct 28, 2022
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