Guide de déontologie des journalistes du Québec Ce Guide de déontologie, le tou

Guide de déontologie des journalistes du Québec Ce Guide de déontologie, le tout premier Guide destiné à l’ensemble des journalistes du Québec, a été discuté aux congrès de 1994, 1995 et 1996 de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Il a été formellement adopté lors de l’assemblée générale de la FPJQ le 24 novembre 1996 et amendé le 28 novembre 2010 Préambule Le rôle essentiel des journalistes est de rapporter fidèlement, d’analyser et de commenter le cas échéant les faits qui permettent à leurs concitoyens de mieux connaître et de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent. Une telle information complète, exacte et pluraliste est une des garanties les plus importantes de la liberté et de la démocratie. Les informations d’intérêt public doivent circuler librement et en tout temps. Les faits et les idées doivent pouvoir être communiqués sans contraintes ni entraves. Les journalistes ont le devoir de défendre la liberté de presse et le droit du public à l’information, sachant qu’une presse libre joue le rôle indispensable de chien de garde à l’égard des pouvoirs et des institutions. Ils combattent les restrictions, les pressions ou les menaces qui visent à limiter la cueillette et la diffusion des informations. Les journalistes servent l’intérêt public et non des intérêts personnels ou particuliers. Ils ont le devoir de publier ce qui est d’intérêt public. Cette obligation prévaut sur le désir de servir des sources d’information ou de favoriser la situation financière et concurrentielle des entreprises de presse. Les journalistes considèrent leur rôle avec rigueur. Les qualités déontologiques qu’ils exigent de ceux qui font l’actualité, ils les exigent d’eux-mêmes. Ils ne peuvent pas dénoncer les conflits d’intérêts chez les autres et les accepter dans leur propre cas. Ce Guide formule les règles déontologiques qui doivent orienter le travail des journalistes. Elles fondent leur crédibilité, qui est leur atout le plus précieux. Ce Guide n’est pas un code au sens strict car il tient compte de la nature particulière du milieu journalistique. Au Québec, il n’existe pas de regroupement obligatoire des journalistes au sein d’un ordre professionnel. Ni le titre de journaliste, ni l’acte 2 journalistique ne sont réservés à un groupe particulier de personnes. Le milieu journalistique est un milieu ouvert et les journalistes le veulent ainsi. Il n’existe pas non plus de tribunal disciplinaire disposant de l’autorité légale nécessaire pour sanctionner les écarts déontologiques. Les journalistes sont soumis à l’ensemble des lois qui régissent la vie des citoyens. Le présent Guide n’a donc pas de pouvoir coercitif. Il n’est pas moins indispensable aux journalistes, aux entreprises de presse et au public. Le journalisme se pratique de plus en plus à l’extérieur des grandes salles de rédaction et la transmission de la culture journalistique -- des normes déontologiques -- se fait plus difficilement d’une génération de journalistes à l’autre. Plusieurs journalistes amorcent ou poursuivent leur carrière dans l’isolement, sans bénéficier de l’encadrement d’une salle de nouvelles. Le Guide peut alors être un point de référence pertinent. Les journalistes des salles de rédaction et les directions des entreprises de presse y trouveront tout autant un rappel utile des règles déontologiques de leur profession que les exigences de la concurrence peuvent parfois faire perdre de vue. Sans l’appui des directions des médias, la mise en application des normes déontologiques de ce Guide pourrait être sérieusement compromise. Le Guide doit inspirer autant la direction des grands médias nationaux que celle des médias régionaux ou des médias plus petits. De son côté, le Conseil de presse du Québec pourra considérer ce Guide comme un outil pour appuyer les décisions de son tribunal d’honneur. Enfin, le public et les sources d’information y trouveront leur compte en connaissant plus précisément les normes déontologiques dont ils peuvent exiger le respect par les journalistes. Ce Guide leur permettra de mieux juger leur comportement. Le public y verra une manifestation de la volonté des journalistes de mieux le servir. 1. Définition Dans ce Guide le terme «journaliste» réfère à toute personne qui exerce une fonction de journaliste pour le compte d’une entreprise de presse. Exerce une fonction de journaliste la personne qui exécute, en vue de la diffusion d’informations ou d’opinions dans le public, une ou plusieurs des tâches suivantes : recherche de l’information, reportage, interview; rédaction ou préparation de compte rendus, d’analyses, de commentaires ou de chroniques spécialisées; traduction et adaptation de textes; photographie de presse, reportage filmé ou électronique; affectation, pupitre (titrage, mise en pages...), correction des textes; dessin de caricatures sur l’actualité; dessin et graphisme d’information; animation, réalisation ou supervision d’émissions ou de films sur l’actualité; direction des services d’information, d’affaires publiques ou de services assimilables. 2. Valeurs fondamentales du journalisme Les journalistes basent leur travail sur des valeurs fondamentales telles que l’esprit critique qui leur impose de douter méthodiquement de tout, l’impartialité qui leur fait rechercher et 3 exposer les divers aspects d’une situation, l’équité qui les amène à considérer tous les citoyens comme égaux devant la presse comme ils le sont devant la loi, l’indépendance qui les maintient à distance des pouvoirs et des groupes de pression, le respect du public et la compassion qui leur font observer des normes de sobriété, l’honnêteté qui leur impose de respecter scrupuleusement les faits, et l’ouverture d’esprit qui suppose chez eux la capacité d’être réceptifs aux réalités qui leur sont étrangères et d’en rendre compte sans préjugés. 3. Vérité et rigueur 3 a) Véracité des faits Les journalistes ont l’obligation de s’assurer de la véracité des faits qu’ils rapportent au terme d’un rigoureux travail de collecte et de vérification des informations. Ils doivent corriger leurs erreurs avec diligence et de façon appropriée au tort causé. 3 b) Mise en contexte Les journalistes doivent situer dans leur contexte les faits et opinions dont ils font état de manière à ce qu’ils soient compréhensibles, sans en exagérer ou en diminuer la portée. 3 c) Titres Les titres et présentations des articles et reportages ne doivent pas exagérer ni induire en erreur. 3 d) Opinions personnelles Les journalistes doivent départager soigneusement ce qui relève de leur opinion personnelle, de l’analyse et de l’information factuelle afin de ne pas engendrer de confusion dans le public. Les journalistes s’en tiennent avant tout au compte rendu précis des faits. Dans les genres journalistiques comme les éditoriaux, les chroniques et les billets ou dans le journalisme engagé, où l’expression des opinions prend une large place, les journalistes doivent tout autant respecter les faits. 3 e) Rumeurs Une rumeur ne peut être publiée sauf si elle émane d’une source crédible, et si elle est significative et utile pour comprendre un événement. Elle doit toujours être identifiée comme une rumeur. Dans le domaine judiciaire, la publication de rumeurs est à proscrire. 3 f) Citations Les journalistes doivent respecter fidèlement le sens des propos qu’ils rapportent. Les citations, les rapprochements, les ajouts sonores, etc. ou leur séquence ne doivent pas dénaturer le sens de ces propos. 3 g) Images Photos, graphiques, sons et images diffusés ou publiés doivent représenter le plus fidèlement possible la réalité. Les préoccupations artistiques ne doivent pas conduire à tromper le public. Les photomontages doivent être identifiés comme tels. 4 3 h) Plagiat Les journalistes ne doivent pas se livrer au plagiat. S’ils reprennent une nouvelle exclusive qui vient d’être publiée ou diffusée par un autre média, ils doivent en identifier la source. 4. La cueillette de l!information Les journalistes exercent leur métier à visage découvert, en s’identifiant comme journalistes. Ils recueillent l’information par les moyens éprouvés du journalisme : entrevues, recherches bibliographiques, consultation de dossiers et de contacts, etc. 4 a) Procédés clandestins Il arrive cependant des cas où les journalistes sont justifiés d’utiliser des procédés clandestins pour obtenir l’information qu’ils recherchent : fausse identité, micros et caméras cachés, imprécisions sur les intentions du reportage, filatures, infiltrations... Le recours à de tels moyens doit toujours rester exceptionnel. Les journalistes les emploieront lorsque: • l’information recherchée est d’un intérêt public certain, par exemple dans les cas où il s’agit de mettre à jour des actions socialement répréhensibles; • l’information ne peut vraisemblablement pas être obtenue ou vérifiée par d’autres moyens, ou bien ceux-ci ont déjà été utilisés sans succès; • les gains pour le public dépassent les inconvénients qui peuvent être causés à des individus. Le public sera informé du recours à ces moyens. 4 b) Sources peu familières avec la presse Les journalistes doivent informer les sources d’information peu familières avec la presse que leurs propos pourront être publiés ou diffusés, et donc portés à la connaissance d’un grand nombre de personnes. 4 c) Harcèlement Les journalistes doivent faire preuve de compassion et de respect à l’égard des personnes qui viennent de vivre un drame ainsi qu’à l’égard de leurs proches, et éviter de les harceler pour obtenir des informations. 5. Diffusion de l!information 5 a) Reconstitutions et mises en scène Les journalistes préféreront toujours la représentation de la réalité telle quelle à sa reconstitution par divers artifices. Les reconstitutions d’événements et les mises en scène peuvent néanmoins être utilisées en journalisme afin uploads/Finance/ fpjq-deontologie.pdf

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  • Publié le Mai 20, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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