Le moral et la dynamique de l’action Partie I Questions de défense INFLEXIONS c

Le moral et la dynamique de l’action Partie I Questions de défense INFLEXIONS civils et militaires : pouvoir dire juin – septembre 2007 | nº 6 I N F L E X I O N S ci vils et militaires : pouvoir dire La revue INFLEXIONS, plate-forme d’échanges entre civils et militaires, est éditée par l’armée de terre. 14, rue Saint-Dominique, 00453 Armées Rédaction : 01 44 42 42 86 – e-mail : inflexions.emat-cab@defense.gouv.fr Télécopie : 01 44 42 43 20 Directeur de la publication : M. le général de corps d’armée Jérôme Millet Rédacteurs en chef : M. le colonel Jean-Luc Cotard Mme Line Sourbier-Pinter Comité de rédaction : M. le général d’armée (2 S) Jean-René Bachelet Mme Monique Castillo M. le colonel Benoît Durieux M. le général de corps d’armée Pierre Garrigou- Grandchamp M. le lieutenant-colonel Michel Goya M. le rabbin Haïm Korsia M. le colonel François Lecointre Mme Anne Mandeville Mme Véronique Nahoum-Grappe M. l’ambassadeur de France François Scheer M. Didier Sicard Secrétaire de rédaction : adjudant Claudia Sobotka Les manuscrits qui nous sont envoyés ne sont pas retournés. Les opinions émises dans les articles n’engagent que la responsabilité des auteurs. I N F L E X I O N S civils et militaires : pouvoir dire Prochain numéro : Octobre-décembre 2007 Le moral et la dynamique de l’action Partie II NUMÉRO 6 LE MORAL ET LA DYNAMIQUE DE L’ACTION PARTIE I ÉDITORIAL 07 JEAN-LOUIS GEORGELIN Traductions allemande, anglaise POUR ENGAGER LA RÉFLEXION EXTRAITS DES ŒUVRES D’ARDANT DU PICQ ET DE CLAUSEWITZ SUR LES FORCES MORALES 21 ARTICLES MORAL, MORALE JEAN-RENÉ BACHELET 29 LES FORCES MORALES DANS LA PRÉPARATION OPÉRATIONNELLE : DÉFINITION, CONSOLIDATION ET MESURE (APPROCHE THÉORIQUE) HERVÉ KIRSCH 39 LES DIMENSIONS COLLECTIVES DU MORAL PIERRE SCHILL 61 LE MORAL DANS L’ENTREPRISE BERTRAND BALLARIN 77 SARAJEVO 1995 : DE L’IMPORTANCE DES FORCES MORALES DANS L’ACTION MILITAIRE XAVIER PINEAU 91 SE PERDRE POUR SAVOIR HAÏM KORSIA 105 À L’ÉCOLE DU MORAL SAMUEL MAJOU 121 PERFORMANCE ET BIEN-ÊTRE : L’APPORT DE LA PSYCHOLOGIE DU SPORT APPLIQUÉE MICHEL NICOLAS, KARINE NOGER 133 FONDEMENT DU MORAL ET DE L’ÉTHIQUE DANS LES ARMÉES : DES DIFFÉRENCES RÉVÉLATRICES ENTRE PROCHES ALLIÉS MICHEL YAKOVLEFF 151 Traduction anglaise POUR NOURRIR LE DÉBAT ÉTAT MILITAIRE ET SENS POLITIQUE : UNE NÉCESSAIRE DÉSINHIBITION PIERRE GARRIGOU-GRANDCHAMP 201 ENTRE ART DE LA GUERRE ET ACTIVITÉS CIVILES, DES GRAMMAIRES D’ACTION À TROUVER PIERRE TRIPIER 217 POUR EN SAVOIR PLUS 236 COMPTE RENDU DE LECTURES 237 ÜBERSETZUNG DER ZUSAMMENFASSUNG AUF DEUTSCH TRANSLATION OF THE SUMMARY IN ENGLISH 241 BIOGRAPHIES 249 JEAN-LOUIS GEORGELIN Général d’armée, chef d’état-major des armées ÉDITORIAL En traitant la question du moral dans la dynamique du succès, la revue Inflexions affirme clairement sa vocation originale de promotion d’une réflexion associant civils et militaires des trois armées sur des thèmes d’intérêt commun. Cette réflexion est plus que jamais indispensable. Chacun sent aujourd’hui confusément que les cadres conceptuels qui nous ont aidés à penser le monde du XXe siècle sont en voie de péremp- tion. Le cas de l’action militaire est emblématique de cette évolution. Il va nous falloir, à nouveau, penser la guerre. Or ce phénomène si parti- culier, aux dimensions multiples, est inséparable du monde dans lequel il s’inscrit, de même qu’inversement, le regard porté sur l’action mili- taire et l’institution qui en a la charge permet souvent de discerner les tendances plus larges qui animent notre société en mouvement. C’est là tout l’intérêt de la démarche qui inspire Inflexions. À cet égard le thème du moral est particulièrement riche. À la lecture des grandes fresques historiques, il ne fait guère de doute que l’histoire de la guerre est en définitive très largement celle du moral à la guerre. La place centrale de l’héroïsme dans les œuvres d’Homère et d’Hérodote en témoigne, comme celle du sens du devoir dans celles de César et de Tite-Live ou de la bravoure dans les chansons de geste et les chroniques des rois de France. L’accent mis par les traités militaires des anciens sur la ruse et le stratagème renvoyait encore, d’une certaine façon, aux forces morales. Cette situation a connu une évolution importante durant le XIXe siècle, au cours duquel s’affirma une opposition, qui devait deve- nir récurrente à défaut d’être réellement pertinente, entre le physique et le moral. Dans le même temps où elle permettait la révolution indus- trielle, la science rendait les combats plus meurtriers, les armées plus organisées et les ouvrages d’art militaire plus techniques. C’est par une forme de réaction que les « forces morales » furent mises en valeur comme l’élément majeur du succès dans les réflexions du colonel Ardant du Picq en France ou de Clausewitz en Allemagne. Les excès doctrinaux de l’offensive à outrance qui s’en suivirent en 1914 conduisirent, par un effet de balancier dévastateur, à ceux de la «bataille méthodique» qui condamna nos armes en mai et juin 1940. L’observation des conflits récents comme la pratique des opérations extérieures nous ont permis de prendre conscience de la complémenta- rité plus que de l’opposition de ces deux aspects essentiels de l’action militaire. Chacune secrète d’ailleurs ses propres difficultés. La recherche de la supériorité technologique est devenue un axe incontestable du développement des armées occidentales, mais chacun en a dans le même temps mesuré les limites et les contraintes financières. De la même façon, la gestion du stress et de la fatigue est devenue une composante de l’en- traînement dans toutes les armées du monde, alors même que le bas niveau de violence des opérations actuelles tend à faire prévaloir l’idée que les forces morales ne sont plus une donnée fondamentale de notre engagement. Ce dernier paradoxe est le signe de l’ampleur du changement qui s’est opéré. À n’en pas douter, nos soldats, nos marins et nos aviateurs ne sont plus dans la situation de faire face à une volée de mousqueterie, de monter à l’abordage d’un vaisseau ou d’effectuer des missions de bombardement sous le feu continu des armes antiaériennes ennemies. Mais si les situa- tions ont changé, le courage nécessaire à nos soldats n’est pas moindre. Il s’exprime sous une forme différente et plusieurs raisons expliquent cette mutation. La première tient à l’importance du phénomène d’accoutumance. Les soldats de Napoléon, eux-mêmes issus d’une société rurale relativement dure, étaient plongés dans une atmosphère de danger certaine mais que la durée des campagnes et le nombre des batailles contribuaient à diluer au travers d’un aguerrissement dont les conditions ont – heureusement à certains égards – largement disparu. À l’inverse, les opérations d’au- jourd’hui se caractérisent par de brusques et brèves montées de tension au cours desquelles nos soldats, nos équipages ou nos pilotes doivent passer brutalement du calme d’une base de stationnement aux condi- tions extrêmes du combat moderne, alors même que le décalage est sans cesse plus grand entre les conditions de vie dans nos sociétés avancées et la réalité d’un affrontement armé. C’est dire que l’augmentation du rythme des opérations est un facteur de stress supplémentaire qui demande une résistance accrue. La deuxième raison a trait à la plus grande dilution des opérations militaires, qui voient nos unités, nos bateaux ou nos avions s’engager de manière souvent isolée, sans le soutien psychologique que donne la proxi- mité d’un élément ami, pour faire face à un environnement aux évolu- tions toujours incertaines. Cette dilution s’inscrit d’ailleurs dans une tendance constante de l’histoire de la tactique. Depuis les phalanges 8 ÉDITORIAL macédoniennes jusqu’aux fantassins modernes, depuis les as du combat aérien de 1914 jusqu’aux pilotes de chasseurs de dernière génération, depuis les équipages des galères romaines jusqu’à ceux de nos frégates furtives, les combattants n’ont cessé de voir croître les distances qui les séparent. À ces deux raisons contextuelles, il faut ajouter deux éléments de fond. D’abord, la plupart des adversaires que nous sommes susceptibles d’af- fronter sur les théâtres d’opérations d’aujourd’hui et de demain sont mus par l’aspiration à l’être, à l’identité, à la reconnaissance, plus que par l’aspiration à l’avoir, à la propriété, qu’elle soit mobilière ou territo- riale, aspiration qui cause généralement des conflits plus limités. En effet, la volonté d’exister suscite une détermination d’autant plus forte qu’elle s’accompagne généralement d’une grande frustration, et qu’elle se prête peu à des solutions négociées. Face à un tel adversaire, importe avant tout une égale détermination, qui doit s’accompagner d’un grand respect pour les raisons qui poussent ces hommes à se battre et risquer leur vie. Ceci indique que les forces morales dont nous avons besoin aujourd’hui sont celles de l’homme tout entier, avec son courage et sa volonté, mais aussi son cerveau et son cœur. Ce premier élément de fond qui explique la réaffirmation de l’im- portance des forces morales en amène immédiatement un second qui est connexe. Il y avait par le passé une différence toujours très marquée entre le politique qui décidait de la nécessité d’un engagement et le mili- taire qui le conduisait effectivement. Les opérations actuelles ont souvent rendu plus floue cette distinction en rapprochant du terrain le niveau auquel se décide l’affrontement. Très souvent, de jeunes officiers, voire uploads/Finance/ inflexions-06-03.pdf

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  • Publié le Oct 22, 2021
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