La ruche Qui Dit Oui ! Des eco---millionnaires, des bobos et les gogos de la fa

La ruche Qui Dit Oui ! Des eco---millionnaires, des bobos et les gogos de la far ceArticle par Véronique Gallais | Commentaires (44) | Annexes (2) | Flux RSS PUBLIÉ LE JEUDI 02 OCTOBRE 2014, 12H00 - MODIFIÉ LE 02/10/14 - BON À SAVOIR - LIEN PER MANENT Agriculture Alimentation Bio Commerce alimentation_generale.jpgComment une start up, parrainée par des millionnaires che vronnés (dont Xavier Niel/Free et Marc Simoncini/Meetic), dévoie des principes des A MAP pour senrichir sous couvert de relocalisation, déconomie sociale et solidaire, éco logique et équitable. Article à paraître dans Campagnes solidaires, mensuel de la Confédération paysanne, publ ié avec le soutien des amis de la Confédération paysanne. Les auteurs (Olivier et Soph ia Lamri) sont membres de cette organisation. Article + références sous format pdf en annexe (voir en bas de page). NB : A la suite des échanges en commentaires, des rectifications ont été apportées; elle s figurent dans le corps du texte ci-dessous et en PJ (V2), de façon à ce que les écha nges restent compréhensibles aux nouveaux lecteurs. « La Ruche qui dit oui?! est un service proposé par Equanum SAS (éditeur), société co- fon dée en novembre 2010 par Guilhem Chéron (Président, diplômé de lEcole Nationale Supérieure Création Industrielle, « un passionné de cuisine petit-fils dagriculteur »1), Mounir Mah joubi (Directeur général, diplômé de lIEP de Paris) et Marc-David Choukroun (Directeur gén l, concepteur de projets digitaux). () La Ruche qui dit oui?! a bénéficié dun financement du fonds « Kima Ventures » de Xavier N el (Free) et de Jérémie Berrebi (ZDNet), ainsi que de Marc Simoncini (Meetic) et de Christophe Duhamel (Marmiton), tous les deux sur leurs fonds personnels. () le modèle économique de lentreprise est très intéressant. ()La Ruche qui dit oui?! pourr se résumer à sa plateforme Internet : ce sont les Reines qui feront le travail (à ce t itre, elles doivent être enregistrées au Registre du commerce ou être déclarées en tant qu uto- entrepreneur : les revenus dégagés ne sont donc pas des revenus nets pour la Re ine). () Rappel des différents points forts de cette initiative : une initiative porteuse da vancées environnementales : promotion de lagriculture biologique et raisonnée, et promotion des circuits courts?; une initiative porteus e dune consommation « équitable » : par des prix librement appliqués par les producteurs et directement discutés avec les consommateurs » La Ruche Qui Dit Oui ! est une marque déposée par Equanum, société de courtage, éditrice d u site web La Ruche Qui Dit Oui ! dont lactivité « pourra se résumer à sa plateforme Inte rnet » et à la puissance de sa communication au coeur de sa stratégie commerciale fondée s sur des valeurs porteuses : écologie, circuit-courts, économie sociale et solidair e, synthétisée par leur slogan publicitaire : « manger mieux, manger juste » Comment ça marche ? Un auto-entrepreneur met en relation des clients dans son quartier avec des prod ucteurs via la plateforme Internet La Ruche Qui Dit Oui ! Cest lui qui organise l a distribution et touche pour cela une commission sur les ventes ainsi que la so ciété Equanum. La Ruche Qui Dit Oui ! promeut le circuit-court. Dans les faits, quen est-il?? Peut-on parler de circuit-courts quand se greffent trois intermédiaires entre le consommateur et le producteur, comme dans un hypermarché : lauto-entrepreneur, responsable de sa clientèle de quartier la Société Equanum éditrice du site web La Ruche Qui Dit Oui ! la société Tunz/Ogone (Groupe Belgacom) qui gère les flux financiers via son porte mon naie électronique. Peut-on également soutenir un discours écologique et « locavore», quand, dans son contra t, un producteur peut livrer sa clientèle située sur un rayon jusquà 250 km, soit 500 k m aller et retour. Peut-on promouvoir le « manger mieux, manger juste » quand les producteurs ne sont soumis à aucune limitation de leurs pratiques agro-écologiques sur lusage de pesticid es chimiques de synthèse et dengrais. En résumé le discours est une pure rhétorique au service dun marketing à lefficacité bien La presse professionnelle ne sy trompe pas. La revue LSA, destinée aux acteurs du commerce de la grande distribution (hypermar chés et leurs fournisseurs, agro-industries, agences de communication) consacre une page entière sur La Ruche Qui Dit Oui ! dans son numéro du 4 septembre 2014 aux tit re et sous-titre dithyrambiques : « La ruche qui dit oui ! la start up qui cartonne chez les locavores ()la start up la plus originale et peut-être la plus prometteuses de la distribution alimentaire . » « Depuis le lancement de la plate-forme web en septembre 2011, plus de 500 ruches o nt ainsi été créées qui reçoivent 50 000 commandes chaque mois pour 2500 producteurs. Une trentaine danimateurs de ruche en possèdent trois, la limite maximale. Et pour caus e, laffaire peut devenir lucrative. Car le responsable de ruche touche une commis sion de 8,35 % sur le chiffre daffaires hors taxe, tandis que la Ruche qui dit Ou i?! en prend autant pour son compte. Au final, les producteurs récupèrent 83,3 % des ventes » On y apprend aussi dans cette revue destinée aux hommes daffaires, que chaque année les ventes sont multipliées par trois. « Cela va très vite, notre organisation est décentralisée et elle demande peu de moyen. Il suffit dune personne qui a envie de sinvestir dans le circuit court », justifie M arc-David Choukroun, co-fondateur du site. En 2013, les ventes ont atteint 9 millions deuros, lobjectif 2014 est donc de 27 m illions pour un résultat proche de 2 millions. » Les affaires vont bien et le concept sexporte : « Le cap des 80 millions pour 2015?? La Ruche qui dit Oui?! y travaille darrache-pi ed en créant déjà des filiales en Europe. Après la Belgique et lEspagne cette année, lAng erre et lAllemagne sont en phase dapproche. » LSA nous apprend également que « le revenu moyen par ruche est de 400 euros (il a do ublé en un an), pour 10 à 15 heures de travail hebdomadaire () » Qui sont les perdants, qui sont les gagnants de ces pseudo Amap version 2.0 ? Les perdants sont les producteurs et les consommateurs avec un prix du panier méca niquement plus cher de 20 % quen AMAP, mais ce sont surtout ces centaines de peti ts commerçants et auto-entrepreneurs habilement appelés « reines » dans le système de La R uche qui dit Oui ! alors quils en sont plutôt les abeilles. Ce sont eux qui, en vérité, créent le réseau, laniment et lorganisent. Ils recrutent fou isseurs et clients, trouvent des espaces de distribution, préparent les paniers et les servent avec le sourire comme tout bon commerçant qui veut garder et développer sa clientèle. Bien que le contrat de vente direct oblige, dans les textes, que ce soit le producteur qui remette en mains propres sa marchandise à ses clients. Ces « reines » besogneuses mettent du coeur à louvrage pour un complément de revenus moye n de 400 par mois, soit 301,6 nets, déduction faite des 24,6 % des cotisations soc iales, taux appliqué aux auto---entreprises. Le gain net pour « 10 à 15 heures de trav ail hebdomadaire » est de 6,28 de lheure, inférieur au smic. (texte actualisé)[1] Ce ne sera pas non plus avec le remboursement de ses frais que la « reine » pourra f aire son miel, car, contrairement aux entreprises, ils ne sont pas déductibles. Fr ais de transports, loyers, communication resteront donc à sa charge, réduisant dautan t son maigre revenu. Ces auto-entrepreneurs sont-ils conscients que, sous couvert dun statut à la mode e t valorisant, leur labeur participe à la création dun véritable réseau national de distri bution ? Les grands gagnants sont bien sûr les éditeurs du site Equanum qui ont su créer, grâce a u web, cette forme de business pyramidal qui, inversé, prend la forme dun entonnoi r qui leur permet dempocher 8,35 % HT de commission sur chaque vente. Et plus nombreuses seront les petites « reines-abeilles » solidaires, plus ils senric hiront. Pour lêtre davantage, aux côtés de leurs parrains (Free, Meetic, Marmiton) peut-être dé nt-ils un jour de vendre à prix dor ces multiples espaces informels de distribution répartis dans toute la France à dautres parrains encore plus grands queux, tels que C arrefour , Leclerc ou Auchan qui retrouveront ainsi une clientèle qui cherchait à leu r échapper ! La SNCF na pas fait autrement en rachetant lété 2013 le site (marchand) de co---voitur age 123envoiture.com (devenue ID Vroom), lentreprise de location de voiture entre particuliers Ouicar (ex---Zilok Auto) lan dernier et le spécialiste de lauto---part age Move About avec dautres parrains, Total et Orange. (texte actualisé) [2] Moins de trois ans après son lancement, La Ruche qui dit Oui ! peut se réjouir de sa politique de relation publique menée avec succès auprès des médias. Son image est solid ement ancrée sur les tendances éthiques de uploads/Finance/ la-ruche-qui-dit-oui-des-eco-millionnaires-des-bobos-et-les-gogos-de-la-farce.pdf

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  • Publié le Jul 21, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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