Le financement par la foule Les nouvelles techniques de l’information et de la

Le financement par la foule Les nouvelles techniques de l’information et de la communication n’ont pas fini de nous surprendre. Si dans leurs premières heures, elles étaient destinées à faciliter l’accès à l’information, aujourd’hui, force est de constater, qu’elles ont ajouté une nouvelle corde à leur arc. En effet, au-delà de l’information, les NTIC sont devenues un outil de financement. La montée en puissance, d’internet, des réseaux sociaux et de l’e-commerce, a favorisé l’émergence de nouveaux acteurs, qui tentent de trouver des réponses innovantes au problème de financement des start-ups et petites entreprises. Leur objectif principal est de « désintermédier » (c’est-à-dire financer sans intermédiaire institutionnel), en favorisant les liens entre épargnants et entrepreneurs à la recherche de fonds. C’est dans ce contexte que les premières plateformes de crowdfunding ou finance participative ont vu le jour. Qu’est-ce que le crowdfunding ? Le crowdfunding peut être défini comme l’ensemble des outils numériques permettant à des internautes, « la foule », d’aider les projets en recherche de financement. Le crowdfunding existe par le biais de plateformes Internet (ou sites Internet), qui permettent à leurs membres (également dénommés particuliers épargnants, contributeurs ou investisseurs) et aux créateurs (porteurs de projet ou entrepreneurs) de se rencontrer virtuellement. Ces derniers présentent leurs projets, à l’aide de vidéos, photos ou présentations, dans l’espoir de convaincre un membre de l’aider à le financer. Ainsi, il est erroné de considérer le crowdfunding comme un financement de projets via les réseaux sociaux. Ces derniers ne sont en fait qu’un moyen de diffusion d’une campagne de crowdfunding et pas la campagne de financement elle-même. Les différents types de crowdfunding… Il existe plusieurs types de crowdfunding mais les plus courants sont le crowdlending (qui est un crowdfunding tourné vers le prêt avec ou sans intérêts), le crowdequity (qui concerne les plateformes spécialisées dans la prise de participation dans des entreprises) et le crowdfunding relatif aux dons (par le biais de ces plateformes les internautes font des dons afin de soutenir une cause : diotna Guy mari Sagna am auto). Si à leur début les plateformes étaient spécialisées, aujourd’hui elles tendent à agir sur toutes les branches du crowdfunding. En effet, il n’est pas rare de rencontrer une plateforme qui est à la fois sur le crowdlending, l’equity et les dons. Un financement adapté à vos projets… Le crowdfunding permet de financer toutes sortes de projets à partir du moment où ceux-ci ne sont pas contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Ainsi, l’on peut faire appel au crowdfunding pour financer la création d’une entreprise, financer le plan d’action d’une OSC, permettre à un indigent de subvenir à ses besoins ou bien construire des édifices. Un mode de financement qui ne date pas d’aujourd’hui… Le crowdfunding n’est pas nouveau (il a permis de financer la construction du statut de la liberté, il a également permis à la communauté mouride de construire la grande mosquée de Touba et biens d’autres réalisations) mais l’envolée technologique de ces dix dernières années le rend aujourd’hui potentiellement plus efficaces. Un financement pétri d’avantages… Le crowdfunding est un mode de financement pétri d’avantages qui peuvent être appréciés non seulement sur le plan social mais aussi sur le plan économique. D’abord sur le plan social : le crowdfunding est un outil fédérateur. En effet, la participation à un même projet crée entre les différents participants le sentiment de défendre une même cause. Parallèlement, ce financement participatif développe la confiance mutuelle entre internautes et porteurs de projets. Les premiers investissent sur les projets des derniers sans pour autant les rencontrer du moins physiquement. Ensuite, sur le plan économique, le crowdfunding constitue une solution fiable aux problèmes de financement que rencontrent nos entrepreneurs locaux qui sont souvent exclus du financement bancaire, car n’ayant pour garantie que leurs idées. A cet effet, avec le crowdfunding, l’emprunteur peut obtenir du crédit sans garantie et dans un délai très court. Ce mode de financement peut aussi être d’un grand secours pour nos Etats qui ne sont pas en mesure de satisfaire tous les besoins des populations, surtout sur le plan infrastructurel. Le financement de certains projets par les populations permet à l’Etat de réorienter son budget vers d’autres plus prioritaires. Les inconvénients ne sont jamais loin… Le crowdfunding est, toutefois, loin d’être un financement angélique. A ce sujet, comme tout mode de financement, il comporte aussi des zones d’ombre. En effet, s’il est lieu commun que de constater qu’il est plus facile d’obtenir des prêts sur une plateforme de crowdfunding que chez le banquier, force est de constater que ces dits prêts sont souvent beaucoup plus coûteux que ceux distillés par les banques traditionnelles. En sus de cela, les plateformes de crowdfunding expose ceux qui y présentent leurs projets, car, les données à caractère personnel fournies par le porteur de projet, peuvent tomber entre de mauvaises mains. Enfin le porteur de projet ne dispose pas d’une marge de manœuvre importante en ce qui concerne la présentation de son projet, en ce que, les plateformes de financement alternatif ont des modes de fonctionnement peu flexibles. A côté des inconvénients propres aux porteurs de projets, on peut relever ceux qui concernent les internautes ou investisseurs. Ces derniers sont les plus exposés, en effet, en l’absence d’une réglementation claire applicable au crowdfunding Sénégalais, ils risquent de se heurter à d’énormes difficultés pour situer la responsabilité des plateformes d’où la nécessité de se pencher, incessamment, sur l’élaboration d’une réglementation adoptée à ce mode de financement. Les internautes doivent, par ailleurs, être prudents notamment en ce qui concerne, d’abord, le crowdlending. Contrairement aux banques qui s’entourent de toutes les garanties avant d’octroyer un prêt, dans le crowdlending de telles précautions ne sont pas de mise. L’internaute prête son argent sans garantie et s’expose ainsi au risque d’insolvabilité de l’entrepreneur. Ensuite, concernant le crowdequity, l’internaute qui s’est mue en « mini business Angel ou mini capital investisseur » s’expose au risque de faillite des entreprises dans lesquelles il investit ; et, ce risque est d’autant plus important qu’il ne dispose ni de l’expérience ni des outils nécessaire (le due diligence par exemple) pour jauger un projet avant d’y investir son épargne. Clap de fin… Pour terminer, devant la frilosité grandissante des banques qui rechignent à financer les startups, le financement par la foule se présente comme une alternative fiable. Il est donc impérieux que l’UEMAO s’attèle à mettre en place une réglementation adoptée à ce mode de financement qui est pour le moment soumis à la réglementation bancaire du moins en ce qui concerne certains aspects. Bibliographie Robyn, Carle Alexandre : le crowdfunding la face obscure du rêve, Edipro, 2017, 230 pages. Le beuze, Stéphanie : Financer son activité : du prêt bancaire au crowdfunding, Vuibert, 2016, 176 pages. Creton laurent et autres, Crowdfunding, industries culturelles et démarche participative, Peter lang, 2016, 194 pages. . uploads/Finance/ le-crowdfunding 1 .pdf

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  • Publié le Jan 02, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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