MAIF – Actions Sociétales et Communication Institutionnelle – Pôle éditorial –
MAIF – Actions Sociétales et Communication Institutionnelle – Pôle éditorial – 2016 Ovide Decroly, Maria Montessori, Célestin Freinet, Helen Parckhust… Ces personnalités ont durablement marqué l’histoire de l’enseignement. Que proposaient-elles ? Quelle est leur place dans l’école d’aujourd’hui ? Les pédagogies alternatives Ce dossier vous intéresse ? N’hésitez pas à le faire circuler ou à le compléter de vos commentaires ! LE DOSSIER Lettre d’information Enseignants Juin 2016 MAIF – Actions Sociétales et Communication Institutionnelle – Pôle éditorial – 2016 Page 2 L’école du XXIe siècle ? Cent ans après leur éclosion, les pédagogies alternatives font un grand retour dans l’actualité. Paradoxalement, dans les rubriques people, alors qu’il s’agit de courants fondamentalement non élitistes… Dans le discours officiel aussi : face aux crises du système éducatif (violence, échec scolaire…), l’enseignement différencié, attentif à chaque élève, est toujours présenté comme une partie de la solution. De même, cette phrase de Florence Robine, directrice générale des programmes scolaires, aurait pu être prononcée par la Ligue de l’Éducation nouvelle : « Notre école du XXIe siècle doit former les élèves pour qu’ils soient capables de s’adapter tout au long de leur vie à un environnement en constante évolution (…). Il s’agit à la fois de leur faire acquérir des connaissances solides (…), d’encourager leur curiosité et leur créativité, de leur donner la volonté de continuer à apprendre et d’entreprendre en mobilisant leur intelligence collective. » Contesté à sa naissance, le mouvement alternatif serait-il arrivé à maturité ? Dans la réalité, les méthodes alternatives s’accommodent mal du cadre rigide de l’enseignement public. Comment constituer des équipes pédagogiques « de même obédience », sachant que les établissements ne recrutent pas eux-mêmes leurs enseignants ? Comment différencier l’enseignement quand l’emploi du temps s’impose de manière égale à tous les membres d’une classe ? Mouvement Freinet mis à part (cf. page 5), les pédagogies alternatives s’exercent donc le plus souvent dans des établissements privés. « Les visiteurs sont souvent surpris et décontenancés quand ils voient les enfants se lever, se déplacer, revenir ou pas à leur bureau. Pourtant, rapidement, les enseignants se rendent compte que chaque enfant sait ce qu'il a à faire, où et comment il doit le faire. » Michel Duckit, à propos de sa classe Freinet Photo © kot63 123RF Banque d’images LE DOSSIER Lettre d’information Enseignants Juin 2016 MAIF – Actions Sociétales et Communication Institutionnelle – Pôle éditorial – 2016 Page 3 Repères historiques* Jusqu’à 1600 : peu d’enfants sont scolarisés. L’enseignement s’exerce sous la forme du préceptorat, relation directe du maître à l’élève. Les enseignants ne sont pas formés : « Celui qui sait lire sait apprendre à lire ». Le lieu d’appren- tissage n’est pas défini : toute salle disponible fait office d’école. 1600 à +/- 1900 : le mouvement de scolarisation (des garçons…) s’amplifie. Un ou deux enseignants font face à des classes bien rangées comptant jusqu’à 100 élèves. Les premiers traités de pédagogie visent à instaurer l’ordre et la discipline, ainsi qu’à contrôler l’acqui- sition des savoirs. Châtiments et puni- tions sont monnaie courante. Les lois Ferry confirment cette massification progressive de l’école. 1900–1920 : la question de l’éducation divise, elle est politisée… Des voix s’élèvent contre l’enseignement tradi- tionnel, décrit comme élitiste, ennuyeux et inadapté à la personnalité des élèves. Le mouvement de l’Éducation nouvelle naît dans ce contexte, sous la houlette de pionniers : Ovide Decroly en Belgique, Rudolf Steiner en Autriche, Maria Montessori en Italie, Célestin Freinet en France, Helen Parkhust aux USA... De 1920 à nos jours : ces pédagogies alternatives se développent, traversent les frontières. En France, elles restent très minoritaires à l’état pur, mais leur influence sur les programmes officiels est certaine. * Source : Pédagogie : théories et pratiques de l’Antiquité à nos jours, de Clermont Gauthier (petit résumé sur les premiers écrans de cette conférence). Bien que dissemblables dans leur pratique, les propositions alternatives partagent plusieurs traits communs : - elles mélangent des enfants d’âges différents, ce qui favorise l’entraide entre grands et petits, et autorise des formes déguisées de redoublement ; - elles sont centrées sur l’élève, censé se réaliser selon son caractère propre et ses intérêts véritables ; - le fonctionnement des établissements est optimisé pour atteindre le but assigné ; - les matières ne sont pas hiérarchisées, les travaux ne sont pas notés ; - côté enseignant, ces pratiques nécessitent une formation spécifique ; - le règlement intérieur attribue généralement un rôle majeur aux élèves (voire aux parents) dans la bonne marche de l’établissement. Le plus radical en termes de pédagogie nouvelle est sans doute l’école libre de Summerhill (GB), créée en 1921 par Alexander S. Neill. La liberté des élèves est absolue, y compris celle de ne pas assister aux cours… Les problèmes sont résolus en assemblée où chacun, adulte comme élève, est doté d’une voix. Dans ce reportage tourné en 1997, des anciens élèves témoignent. Photo © wckiw 123RF Banque d'images LE DOSSIER Lettre d’information Enseignants Juin 2016 MAIF – Actions Sociétales et Communication Institutionnelle – Pôle éditorial – 2016 Page 4 Maria Montessori : la grande dame Maria Montessori (1871-1952) fut la première femme italienne à devenir médecin. Elle commence sa carrière auprès de déficients mentaux, sous l’influence d’Ovide Decroly, précurseur belge de nouvelles techniques d’éducation. On lui demande ensuite d’occuper les enfants du quartier San Lorenzo (Rome), pour éviter qu’ils ne sombrent dans la délinquance. Ici encore, les résultats sont au rendez-vous. Les élèves de Maria Montessori sont concentrés, persévérants, autonomes, bienveillants, solidaires… Malgré leur déficit social, ils apprennent aussi bien que les autres. Il faut lire Maria Montessori ! Ses nombreux livres, très accessibles, décrivent une éducation de l’enfant en quatre parties, correspondant aux périodes de la croissance : 0-7 ans, 7-12 ans, 12-18 ans, âge universitaire. Dans cette mission, l’adulte est un guide, qu’il soit parent ou éducateur. La confiance est au cœur du projet Montessori. - Confiance en l’enfant tout d’abord, en ses capacités de travail, en son intelligence et en sa curiosité naturelle. Elle écrit : « Quand il est placé dans certaines conditions qui la favorisent, l’enfant manifeste une activité extraordinaire. Son intelligence nous surprend. » - Confiance dans les outils pédagogiques ensuite : leur conception est pensée pour que l’enfant, sans l’aide de l’enseignant, sache de lui-même et immédiatement* s’il a réussi ou non l’exercice. La perfection du geste s’acquiert par la répétition. Ces très jolies vidéos tournées dans la classe de Céline Alvarez (Gennevilliers), illustrent parfaitement la démarche. En 1929, Maria Montessori fonde l’AMI, en charge du rayonnement de la méthode et de la formation des éducateurs. C’est une réussite : le monde compte aujourd’hui 20 000 écoles Montessori, le chiffre étant en progression constante. En France, l’offre est rare (moins de 100 écoles)… et chère. Les écoles les plus prestigieuses sont bilingues : le coût de la scolarité y est vertigineux. En réaction, nombreux sont les parents à s’associer pour créer leur propre école Montessori. : voici une liste des écoles « abordables » (moins de 400 euros mensuels), dressée par une maman blogueuse. * C’est l’une des intuitions géniales de Maria Montessori : on sait aujourd’hui que la correction immédiate est constitutive d’un apprentissage efficace (cf. les travaux de Clermont Gauthier et consorts sur la pédagogie explicite). Quelques traits caractéristiques des classes Montessori De 3 à 7 ans, on ne sort pas beaucoup de la classe, qui dégage une ambiance feutrée. L’essentiel du temps est passé en manipulations. Les enfants travaillent à leur rythme, choisissent leurs activités et circulent librement d’un atelier à l’autre. L’éducateur, assisté d’un auxiliaire, explique l’exercice. Puis il s’efface et intervient le moins possible. Tout est nettoyé et rangé après utilisation : cela fait partie de l’exercice. De 7 à 12 ans, l’enfant sort de l’école, fortifie son corps. La découverte du monde et des lois de la nature permettent d’amorcer l’étude des maths, de la physique/chimie et de la biologie. C’est l’âge où sont expliqués les grands concepts : l’argent, la justice, la morale, l’hygiène, l’abstraction… Filles et garçons apprennent à coudre, à faire des paquets… Le scoutisme est cité en exemple. Pour plus d’infos, se référer à ses œuvres ! Photo © Nationaal Archief LE DOSSIER Lettre d’information Enseignants Juin 2016 MAIF – Actions Sociétales et Communication Institutionnelle – Pôle éditorial – 2016 Page 5 Célestin Freinet : le trublion innovant L’instituteur Célestin Freinet (1896- 1966) était si peu orthodoxe qu’il a failli finir lynché par les parents d’élèves qui le tenaient en piètre estime… Son apport à l’école moderne est pourtant essentiel. Blessé au poumon pendant la Grande Guerre, Célestin Freinet ne peut parler fort : c’est un inconvénient pour tenir une classe. Ce handicap est en partie à l’origine de sa méthode. Pour ne pas être obligé de crier, il doit tenir ses élèves au calme. Et pour cela, les mettre au travail de leur plein gré. Sans cesse, maintenir leur intérêt en éveil. S’ensuit la construction empirique d’une école vivante, ouverte sur le monde : la scolarité ne se passe plus entre quatre murs. Freinet supprime uploads/Finance/ maif-dossier-pedagogies-alternatives.pdf
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- Publié le Jul 03, 2021
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