Thierry Paulais et Laurence Wilhelm Marchés d’Afrique KARTHALA MARCHÉS D’AFRIQU

Thierry Paulais et Laurence Wilhelm Marchés d’Afrique KARTHALA MARCHÉS D’AFRIQUE KARTHALA sur internet : http://www.karthala.com Couverture : Marché Dantokpa, Cotonou, Bénin (vue partielle avant travaux). Photo : Thierry Paulais. © Éditions Ka r t h a l a , 2000 ISBN : 2-84586-059-5 Thierry Paulais et Laurence Wilhelm Marchés d’Afrique Éditions Ka r t h a l a 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS Crédit photos : photo 4 : C. Carvalho. Autres photos : Th. Paulais. Nota sur les sources et remerciements Les données figurant dans le texte sont, sauf mention contraire, issues des rapports d’étude répertoriés en bibliographie. Les participations auxdits rapports de Rose-Lyne Averbouch, Hélène Jourdam et Daniel Niro sont pour beaucoup dans le chapitre consacré à la gestion, de même que celles de François Lorilleux dans les aspects infrastructures. Les auteurs adressent à ces consultants - et amis - leurs plus vifs remerciements. Ils remercient également l’AFD et la FAO, qui ont autorisé l’utilisation de travaux réalisés antérieurement pour leur compte. Introduction Si les travaux réalisés sur les circuits d’approvisionnement des cités africaines (en particulier pour les produits vivriers) ont été relativement nombreux, la plupart se sont limités à l’extérieur de l’urbanisation, et n’ont pas abordé la façon dont les produits sont acheminés, répartis, stockés, et enfin distribués dans la ville même. Parallèlement, les marchés ont longtemps été considérés par les spécialistes de la ville africaine comme un équipement public standard. Les études d’organisation ou de réorganisation de marchés ont été traitées comme des projets d’urbanisme opérationnel, d’aménagement, voire plus simplement encore de construction, sans considérer l’équi­ pement au sein des réseaux complexes qui composent le système d’approvisionnement et de distribution : le marché est le terminal des circuits d’approvisionnement de la ville en produits vivriers comme en produits manufacturés ; il est le lieu où s’organisent les modes de stockage, de distribution de ces produits ; ces fonctions engendrent un grand nombre de flux spécifiques, un grand nombre d’activités liées, et l’ensemble constitue, in fine, un agent essentiel de structuration de l’urbain. Ceci n’était peut-être pas ignoré, mais n’avait pas suscité d’intérêt particulier ou du moins des approches spécifiques. Cette lacune explique pour une large part les échecs de certains projets étudiés à cette période : marchés de détails neufs inoccupés par les vendeurs s’installant en périphérie dans les emprises publiques, marchés de gros excentrés désertés, réhabilitations totalement sub­ mergées au lendemain de leur réalisation, création de bâtiments à étages sous-occupés... L’aggravation de la situation économique dans le courant de la décennie 80 et le renforcement de ce qu’il est convenu d’appeler la 8 Ma r c h é s d ’Af r iq u e crise urbaine ont provoqué la brusque aggravation d’une situation largement non maîtrisée. Les « déflatés » ou « conjoncturés » des premiers plans structurels ont gonflé les effectifs du secteur informel, et singulièrement les effectifs des vendeurs et artisans sur les marchés. La défaillance des entités de gestion de ces derniers n’en est devenue que plus patente. Les activités informelles sont devenues progressi­ vement une part essentielle de l’économie de la cité. Les structures urbaines ont absorbé ces flux au prix de mutations violentes ; l’incapacité des autorités de gestion des villes à accompagner - à défaut de précéder - cette croissance s’est finalement traduite par une augmentation continue des dysfonctionnements urbains et un renfor­ cement des processus de concentration. Cette période a vu un changement profond de la problématique des études urbaines : l’accent est mis sur la nécessité de restaurer les capacités de gestion et d’autofinancement des villes. Dans ce contexte, on est conduit à considérer les secteurs de l’approvisionnement et de la distribution en milieu urbain du point de vue de l’économiste, le cas des marchés de détail et des marchés de gros du point de vue du gestionnaire. La promotion des équipements « générateurs de ressources » étant une des actions favorisant l’abondement à terme des budgets municipaux, cette nouvelle problématique a suscité le lancement d'une série d’études de réorganisation de marchés urbains, dont les objectifs s’étendent des aspects physiques de l’investissement au domaine du management et de l’exploitation. C’est pour prendre en compte la totalité de ces aspects qu’il est apparu très vite nécessaire, au cours de ces études, d’aborder l’ensemble de la chaîne approvisionnement - stockage - distribution et de ne considérer les équipements qu’en tant qu’éléments d’un réseau structuré et hiérarchisé. Dans la pratique, cette double entrée - activité économique et structure urbaine - met rapidement à jour des difficultés à concilier deux logiques distinctes qui, quoique en synergie sur bien des aspects, présentent des contradictions majeures : si la structuration de l’espace urbain s’avère être largement le produit de la structuration des activités marchandes, il apparaît aussi que les mécanismes urbains mis en œuvre par le secteur économique finissent par avoir des effets négatifs sur le fonctionnement de la ville. La recherche des économies d’échelle et les effets d’entraînement se traduisent en général par l’apparition de phénomènes de concentration, qui, au-delà d’un certain In t r o d u c t io n 9 seuil, engendrent une série de dysfonctionnements générateurs de coûts indirects : en matière de fonctionnement urbain, ce qui est bon pour l’entreprise n’est pas systématiquement bon pour la collectivité. Ce dualisme (synergie et antagonisme entre l’activité économique et l’urbain) ne peut parfaitement se saisir que dans le cadre de l’analyse des dynamiques en œuvre : une approche en coupe instantanée de permet pas de déterminer ce qui se joue réellement dans la confron­ tation entre les deux logiques de structuration. L’analyse rétrospective est indispensable pour cerner les enjeux et déterminer les perspectives d’évolution. L’absence de données sur une série significative est une des principales difficultés pour l’analyse de ces dynamiques... C’est peut-être ce qui explique, par exemple, que nombre d’études sur les marchés aient négligé totalement des phénomènes aussi importants que les processus de mutation et de valorisation foncière, de changements d’usage dans le tissu urbain qui accompagnent la croissance de l’équi­ pement sur des aires d’influence quelques fois considérables. Ces dynamiques ne sont pas seulement à l’œuvre à l’échelle de la structure urbaine : le fonctionnement à l’intérieur du marché ne peut lui-même s’analyser de façon statique, et se révèle largement régulé par le jeu des luttes de pouvoir, des processus d’évictions, entre marchands, entre types d’activités... Là encore, la disponibilité d’études antérieures s’avère nécessaire pour appréhender les tendances dominantes et les forces en présence. L’ensemble de ces dynamiques à l’œuvre - dynamiques à l’échelle des réseaux, dynamiques à l’intérieur des marchés - ont constitué un des paramètres de la croissance des structures urbaines, régulant les flux de circulation, les réseaux de gare routière, les valeurs foncières. Elles constituent, en soi, un domaine de travail, et leur connaissance est un préalable indispensable à toute démarche de planification des équipements commerciaux. Les auteurs de ce livre ont eu l’occasion de participer, comme expert ou chef de mission, à nombre d’études consacrées à ces aspects. L’objectif qu’ils poursuivent ici est de rendre compte de telles démarches abordant l’organisation des marchés selon la double entrée de l’activité économique et de la structure urbaine, ne traitant des cas particuliers qu’en les inscrivant au sein des réseaux - réseaux commer­ ciaux, réseaux d’équipements - qui les englobent. Il s’agit, d’une part, de fournir une synthèse des éléments déterminants dans la constitution des réseaux de marchés et dans la structuration des flux, d’autre part, 10 Ma r c h é s d ’Af r iq u e de proposer un canevas d’étude des projets de création ou de réhabi­ litation des équipements, du point de vue physique, d’organisation et de gestion. Ces deux volets sont présentés dans le texte, pour des raisons évidentes de simplicité, l’un après l’autre ; dans la pratique, les interactions entre eux sont si nombreuses qu’il est nécessaire de les traiter simultanément et de façon itérative. I Circuits d’approvisionnement et réseaux de marchés Circuits d’approvisionnement Le fonctionnement des circuits d’approvisionnement et les caractéristiques de leurs acteurs urbains (grossistes et détaillants) sont abordés ici en distinguant produits vivriers et produits manufacturés. Si les études sur le commerce des produits manufacturés restent rares, il existe une abondante littérature sur les systèmes de commercialisation des produits alimentaires, vivriers en particulier ; pour ces produits, nous nous sommes donc contentés de faire le point sur les acquis de la recherche. On insistera en particulier dans les lignes qui suivent sur le rôle clé de la mainmise sociale sur l’information commerciale comme facteur clé de différenciation dans l’organisation et le fonctionnement des systèmes d’approvisionnement, et l'importance des pratiques non concurrentielles en tant que réponses économiques à un environnement imparfait. Produits vivriers : circuits marchands et non marchands L’approvisionnement des citadins des villes subsahariennes est assuré conjointement par des circuits marchands et non marchands. Parmi les premiers, on a coutume de distinguer les circuits directs dans 12 Mar c h és d'Af r iq ue lesquels le producteur vend directement au consommateur, des circuits indirects qui font intervenir un nombre plus ou moins grand d’intermédiaires. uploads/Finance/ marches-d-afrique-thierry-paulais-laurence-wilhe.pdf

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  • Publié le Jan 04, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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