Les Cahiers de la Statistique et de l'Economie Appliquée Ecole Nationale d'Econ
Les Cahiers de la Statistique et de l'Economie Appliquée Ecole Nationale d'Economie Appliquée - Département STADE BP 5084 - DAKAR - SENEGAL Ecole Nationale de Statistique et d'Economie Appliquée 08 BP 3 - ABIDJAN 08 - RCI MONNAIE, AGENTS ET ACTIFS DU SYSTEME FINANCIER par Serge Francis SIMEN Professeur permanent au département STADE de l'ENEA Attention: cet ouvrage est protégé par un copyright. Toute reproduction partielle ou totale effectuée sans le consentement de l'auteur est interdite. SIMEN / ENEA-STADE Mai 1998 2 AVANT PROPOS. Dans la présente brochure, nous nous consacrons à la définition théorique et statistique de la monnaie ainsi qu'à une description des institutions et des marchés monétaires et financiers. Il convient de souligner la particularité des développements contenus ici. Nous avons délibérément choisi de présenter les systèmes monétaires et financiers tels qu'ils fonctionnent à l'heure actuelle dans les économies développées. Les bouleversements qui y sont intervenus au cours des années 1980 et maintenant (monnaie européenne) sont entrain de renouveler les approches théoriques et la conduite de la politique monétaire. Ces mutations ne sont pas encore opérées dans les systèmes monétaires et financiers des pays africains, de l'UEMOA et de la BEAC en particulier. Cependant le phénomène semble si profond, l'internationalisation des marchés monétaires et financiers si irrésistibles qu'on peut affirmer que les systèmes financiers ne sauraient rester très longtemps à l'écart de ce mouvement général. Cette brochure essaie d'anticiper en quelque sorte ces changements inéluctables. Nous souhaitons remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cette brochure, en particulier Omou WAGNE, Denis KAMGA et la famille SIMEN. L'AUTEUR. 3 SOMMAIRE. Introduction Section I : Définition et formes de la monnaie. A - Définition de la monnaie B - Les différents types de monnaies et leur unité Section II : Intermédiaires financiers, marchés monétaires et financiers A - Acteurs du système financier B - Les marchés monétaires C - Les marchés financiers Section III : Les actifs créés par les intermédiaires financiers. A - Les actifs, contreparties des ressources des intermédiaires financiers B - Les actifs représentatifs des emplois des institutions financières Annexe 1 : Origine de la monnaie Annexe 2 : Les monnaies racontent l'histoire Annexe 3 : La fabrication des monnaies Annexe 4 : Des monnaies nationales aux monnaies internationales Bibliographie Table de matières 5 6 6 12 21 21 24 30 30 30 35 38 38 39 40 41 42 4 INTRODUCTION Dans cette brochure nous nous efforcerons de répondre aux questions suivantes : - Qu’est-ce que la monnaie ? - Sous quelles formes apparaît-elle dans les économies contemporaines ? - Quelles sont les acteurs de la vie monétaire et financière ? - Quelles sont les différentes sortes d’actifs représentatifs des ressources et des emplois des intermédiaires financiers ? - Comment fonctionnent les marchés où sont offerts et demandés les actifs monétaires ? Ces cinq questions laissent apparaître l’objet de ce document : définir de manière complète la monnaie et nous familiariser avec les structures, les agents et les instruments du système monétaire et financier. 5 SECTION I : DEFINITION ET FORMES DE LA MONNAIE. La monnaie peut être définie premièrement comme une institution caractéristique de l’économie d’échange, deuxièmement en mettant l’accent sur ses différentes fonctions ; troisièmement à partir de ses propriétés qui lui permettent de jouer pleinement son rôle dans une économie. Mais ces trois définitions, plutôt que de s’opposer, se complètent. En effet, chacune insiste sur un aspect essentiel de la monnaie. C’est pourquoi il faut les étudier tour à tour. Par ailleurs les formes diverses sous lesquelles la monnaie se présente dans nos sociétés contemporaines sont le produit d’une longue évolution au cours de laquelle elles sont progressivement apparues. Il est donc nécessaire de retracer brièvement cette évolution avant de décrire les différentes sortes de signes monétaires qu’on rencontre aujourd’hui. A - DEFINITION DE LA MONNAIE. 1 - Définition institutionnelle de la monnaie. On n’éprouve pas le besoin d’utiliser la monnaie dans une économie d’autosubsistance ou de Robinson CRUSOE. Il en est de même dans une économie domaniale, où, sous le contrôle d’une autorité, le travail est organisé de manière à satisfaire directement les besoins du groupe social. Le besoin de monnaie n’existe que dans une économie d’échange. Et même dans celle-ci on peut ne pas recourir à la monnaie. Les agents économiques peuvent se livrer au troc. Des biens sont alors échangés contre des biens. Mais dès qu’une économie d’échange gagne en complexité le troc devient de plus en plus coûteux, et le passage à la monétarisation apparaît comme une nécessité. En opposant une économie d’échange pur à une économie monétaire, nous allons montrer les avantages que présente l’utilisation de la monnaie par rapport au système de troc. a) Les coûts de l’économie d’échange. Le modèle de CLOWER1 peut être utilisé pour décrire une économie d’échange. Supposons une île étendue au relief accidenté où vit un groupe d’individus. Leurs activités sont décentralisées et leurs besoins diversifiés. Ils veulent procéder à des échanges de biens. Ils rencontrent cependant des difficultés à entrer en contact les uns avec les autres pour se procurer les biens qu’ils désirent. Les deux traits caractéristiques d’une économie décentralisée apparaissent ici. D’une part l’échange est nécessaire et difficile, d’autre part la production et les besoins sont diversifiés. La question à laquelle nous allons tenter de répondre est de savoir comment vont petit à petit s’organiser les transactions entre les agents économiques dans une telle économie ? 1 - R.W.CLOWER, "Monetary Theory Introduction", Penguin Books,1969. 6 Les agents qui vivent dans un côté de l’île doivent entreprendre régulièrement des voyages de l’autre côté pour échanger les biens qu’on y produit contre leurs propres biens. Il est clair que chaque voyage nécessite des frais, entraîne de la fatigue et des pertes de temps. Il est donc possible d’évaluer les coûts du troc. Ils sont de deux sortes : i) les coûts de transaction. Ce sont les coûts dus au voyage lui-même et à la réalisation de l’opération d'échange. Il faut du temps et de l’effort en effet pour que chaque échangiste trouve un partenaire qui, lui aussi, désire échanger et possède le bien que l’autre veut acquérir. En un mot, aux coûts du voyage s’ajoutent ceux nécessaires pour assurer la « double coïncidence » entre les désirs d’échanger des biens. Les coûts de transaction par unité de bien échangé diminueront au fur et à mesure qu’augmente la période des transactions (l’intervalle de temps entre deux expéditions pour aller de l’autre côté de l’île effectuer des échanges). Ceci suppose qu’un petit nombre de grandes transactions sont moins coûteux qu’un grand nombre de petites. ii) - Les coûts d'attente. La deuxième catégorie est constituée des coûts d’attente, ils incluent, d’une part les coûts subjectifs subis par les agents lorsqu’ils sont obligés de différer la satisfaction de leurs besoins ; d’autre part les coûts objectifs occasionnés par le stockage et les détériorations des marchandises entre deux voyages. Les coûts totaux d’une économie d’échange sont la somme des coûts de transaction et d’attente. Les avantages qui résultent du recours à la monnaie peuvent être résumés de manière synthétique en affirmant qu’elle abaisse les coûts de transaction (et non d’attente). Ainsi, grâce à la monnaie les agents pourront échanger plus régulièrement que dans une situation de troc qui est plus coûteuse. b)Les gains résultant de l’utilisation de la monnaie. La baisse des coûts de transaction au fur et à mesure que la société passe d’un système de troc à une économie monétaire prend plusieurs formes. i) Réduction des coûts d’obtention de l’information. Puisque dans ce monde l’information n’est pas parfaite, l’incertitude est la règle. L’usage de la monnaie permet une réduction de cette incertitude en baissant les coûts d’obtention d’une information complète (qui détient quoi, où, et en quelle quantité). On peut le démontrer à l’aide de l’exemple suivant. Si dans une économie 50 biens sont produits et échangés alors tout bien a un rapport d’échange ou prix relatif par rapport à chaque autre bien. Une matrice carrée de dimension 50 permet de représenter l’ensemble de ces rapports d’échange (graphique 2) 7 BIENS 1 2 3 … … … … … … … 50 11 Graphique 2 : Matrice des rapports d’échange. Dans cette matrice il y a (50 50 = ) 2500 rapports d’échange, soit n2. Mais les n rapports situés sur la diagonale sont égaux à l’unité par définition : un mouton s’échange contre un mouton, si l’on suppose que tous les deux sont de caractéristiques absolument identiques sinon ce sont deux biens distincts. Donc on a n2 – n rapports d’échange dans la matrice. Si l’on regarde de plus près cette dernière on découvre autre chose : la moitié de ces n(n-1) prix relatifs n’apportent aucune information supplémentaire. En effet le rapport d’échange entre un mouton et un bœuf est égale à l’inverse du rapport d’échange entre un bœuf et un mouton : Eij = 1 Eji Eij est le rapport d’échange entre les biens i et j. En définitive dans la matrice on a seulement ½ uploads/Finance/ monnaie 3 .pdf
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- Publié le Dec 06, 2022
- Catégorie Business / Finance
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