QULEQUES ELEMENTS DE LITTERATURE Fondements théoriques Le débat sur le lien ent
QULEQUES ELEMENTS DE LITTERATURE Fondements théoriques Le débat sur le lien entre les dépenses publiques et la croissance économique n’est pas récent dans l’histoire de la pensée économique. Il était au cœur des réflexions d’économistes du courant classique tels Adam Smith qui voyaient dans l’interventionnisme étatique (au travers des dépenses publiques) une source de déséquilibre du marché. Selon eux, les actions et les interactions économiques aboutissent à la formation d’un ordre spontané, que Smith illustre par la métaphore de la « main invisible » et l’intervention de l’Etat dans l’économie doit être minimale sinon nulle. Il doit assurer tout de même les fonctions régaliennes (armée, justice, diplomatie) et prendre en charge la production de services publics indispensables à la communauté et qui ne seraient pas rentables pour la sphère privée. Cette conception restrictive de l’Etat était opposée au keynésianisme qui attribuait à l’Etat un rôle clé dans le processus de croissance économique, toujours par le moyen des dépenses publiques. Keynes révolutionne les finances publiques en affirmant que l’Etat doit, si les circonstances l’exigent, faire exactement l’inverse de ce que font les agents économiques : o Lorsque le revenu national baisse, que les dépenses privées diminuent, l’Etat doit soutenir l’économie en injectant des dépenses supplémentaires. Cette injection soutient la demande effective qui influe à son tour sur niveau de production et par voie de conséquence l’emploi : c’est le principe du multiplicateur keynésien. o Lorsque l’économie est en surchauffe, que le revenu national augmente et que les prix montent de manière excessive ou que l’investissement dépasse les possibilités d’épargne, l’Etat à contrario doit réduire la pression en limitant les dépenses. L’Etat est ainsi censé contrôler la dépense publique et en faire varier le niveau en fonction notamment de ses objectifs macroéconomiques. Vers la fin du vingtième siècle, les courants de pensées néolibérales (monétaristes, néoclassiques, théoriciens de l’offre, école des choix publics) émettent de vives critiques à l’encontre des politiques keynésiennes. En effet, plusieurs aspects sont omis par le principe du multiplicateur : o L ’exportation de la relance : du fait de l’ouverture de plus en plus croissante des économies, une partie de la hausse de la demande se porte sur des biens importés, influençant négativement la balance commerciale et réduisant l’effet multiplicateur et par voie de conséquence le revenu national. o L ’effet d’éviction : un niveau excessif des dépenses publiques peut entraîner un détournement de la demande, un accroissement du besoin de financement de l’Etat. Les possibilités de financement des acteurs privés sont réduites, les emplois également et donc la croissance est affectée négativement. o Les déficits publics : Un recours démesuré aux dépenses étatiques a pour effet d’hypothéquer la croissance à long terme en augmentant la dette publique. o La pression fiscale : La progression des dépenses publiques induit une montée des taux d’imposition pour financer ces dépenses,ce qui peut inciter les agents économiques à l’évasion fiscale. Travaux empiriques La relation entre croissance économique et dépenses publiques est certainement l’un des thèmes sur lesquels économistes et spécialistes des finances publiques ont le plus consacré de temps et de travaux ces 30 dernières années (21500 articles ont été publiés à ce sujet, selon la base Econlit) Dans la littérature économique contemporaine, la relation entre les dépenses publiques et la croissance économique est analysée selon trois (3) approches différentes :une première , qui tente de déterminer le signe de la causalité entre la croissance du revenu national et la croissance de la part de l’Etat dans l’économie ;une deuxième qui s’intéresse aux effets des dépenses publiques sur la croissance économique ;enfin une troisième, issue des nouvelles théories de la croissance, est le prolongement de l’approche précédente . (Sandrine MESPLE-SOMPS ,1993) La première approche, cherchant à établir le lien de causalité entre les dépenses publiques et la croissance économique, aboutit à des résultats empiriques très controversés. En effet, le fait de faire valoir que le premier est à l’origine du second ou vice versa fait l’objet de débats très animés et les résultats empiriques varient d’un pays à l’autre. Alors que certains travaux mettent en évidence une relation de causalité dans un seul sens, d’autres au contraire établissent une causalité réciproque. Certains travaux empiriques, inspirés des travaux de l’économiste Adolph Wagner expliquent que la dépense publique est une conséquence plutôt qu’une cause du revenu national ; ils s’opposent aux travaux s’inspirant de la logique keynésienne selon laquelle les dépenses publiques causeraient la croissance économique. Keho (2004), dans son étude portant sur l’impact de l’investissement public sur la croissance économique a ainsi montré que c’est la croissance qui cause l’investissement public et non l’inverse en Côte d’Ivoire. Les résultats obtenus par Aregbeyen (2008) pour le Nigéria à l’aide de tests de causalité de Granger ont aussi montré une causalité unidirectionnelle du revenu national vers les dépenses publiques. Ils rejoignent les travaux effectués par T ang (2010) et qui montrent que le revenu réel est une source des dépenses de santé en Malaisie, et non l’inverse. De même Ghali (1997) rejette pour la T unisie l’hypothèse selon laquelle les dépenses publiques causent la croissance économique. Concernant les études essayant d’établir une causalité bidirectionnelle entre ces deux variables, on peut citer Hounkpodote, H. and Bationo, R. (2010) qui ont trouvé qu’il n’y a pas de causalité à double sens dans les pays de l’UEMOA. Kacou (2004), à l’aide d’un test de Granger montre que ce sont les dépenses publiques qui causent la croissance en Côte d’Ivoire pendant que l’étude de Ouattara (2007) démontre que les dépenses publiques et la croissance économique s’influence réciproquement dans la zone UEMOA. Cette double causalité a été mise en exergue pour la Corée du Sud par Cheng et Wei (1997) sur la période (1954-1994). La seconde approche pour l’étude de la relation entre dépenses publiques et croissance consiste à analyser le rôle des dépenses publiques dans le processus de croissance économique. Landau (1983), dans sa recherche des facteurs de la croissance est le premier à s’interroger sur le lien entre la croissance économique et le niveau des dépenses publiques. Il montre que la consommation publique influence négativement la croissance économique. Ram (1986) et Aschauer (1989) mettent en évidence un effet positif des dépenses publiques sur la croissance. Kormendi et Meguire (1985), Easterly et Rebelo (1993) et Agell, Lindh et Ohlsson (1997) trouvent, en revanche, qu’il n’existe aucune relation entre ces deux grandeurs. Agell, Linddh et Ohlsson critiquent très durement les techniques économétriques des premières études basées essentiellement sur des données en coupes transversales. Fölster et Henrekson (1999, 2001), sur la base de méthodes renouvelées, concluent à nouveau que, pour les pays de l’OCDE, une forte pression fiscale et un poids élevé de l’Etat dans l’économie ont des effets négatifs sur la croissance. Ils rejoignent les résultats de Landau (1983), de Grier et Tullock (1989), de Scully (1989), de Grosman (1990), de Fölster et Henrekson (1999, 2001), de Gwartney, Holcombe et Lawson (1998), de Barro (2000) et de Tabellini (2005) sur les mêmes pays de l’OCDE. Devarajan et al. (1996) ne trouvent aucune relation significative entre la croissance et le niveau des dépenses des administrations publiques aux Etats Unis. Ojo et Oshokoya (1994) démontrent qu’une hausse des dépenses publiques avait tendance à réduire la croissance du PIB/tête dans les pays d’Afrique subsaharienne. Bynoe( 1994) relève en utilisant les données annuelles de 1965-1990 que la politique budgétaire n’avait eu aucun effet significatif positif sur la croissance économique au Ghana, au Kenya, en T anzanie et en Sierra Léone .Cependant, elle a été à l’origine de l’accroissement du revenu réel au Nigéria. Morley et Perdikis (2000) concluent à l’existence d’un effet positif à long terme des dépenses publiques totales sur la croissance égyptienne. Solomane Koné (2000) démontre à l’aide du modèle de St Louis sur la période 1962-1995 que la politique budgétaire dans la zone UEMOA, bien qu’assurant une croissance dans la plupart des pays, a eu un effet inflationniste dans certains pays où les dépenses publiques ont connu une forte progression. Nubukpo( 2003 ) montre qu’à court terme les dépenses publiques totales sont sans effet sur la croissance mais une prise en compte de la composition des dépenses a bien des effets à court terme sur l’économie des pays de l’UEMOA. Il rejoint ainsi les conclusions de B.Mansouri (2003) pour le Maroc qui trouve que « c'est la structure des dépenses publiques qui compte en définitive et non pas les dépenses considérées à un niveau plus ou moins agrégé » Ainsi, les théoriciens de la croissance endogène impulsent une autre approche de l’analyse du lien entre dépenses publiques et croissance économique. Il s’agit maintenant de mettre en évidence l’impact différencié des composantes des dépenses publiques sur la croissance du PIB. Les travaux précurseurs de Romer(1986) insistent sur le fait que l’accumulation du capital physique dans une entreprise provoque des effets positifs sur les autres firmes. Romer (1990) dans un second modèle va mettre en avant le rôle de la recherche et développement qui provoque des externalités positives sur le reste de l’économie. Par la suite, les travaux de Lucas permettent de uploads/Finance/ revue-de-litterature.pdf
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- Publié le Fev 03, 2021
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