Risque contre rendement pour les IMF Scott Gaul, Directeur de l’analyse et chef
Risque contre rendement pour les IMF Scott Gaul, Directeur de l’analyse et chef de développement de produit, Microfinance Information Exchange Dans un commentaire à notre post sur le coût et la rentabilité en matière de microfinance, John DeWit de SEF – ZAF a fait remarquer que certaines IMF peuvent « imputer des taux élevés mais... ne pas faire de rendements élevés à cause d’importants abandons de créances ». Cela nous offre l’occasion idéale d'examiner plus en détail l'interaction entre les risques, le rendement et les coûts des IMF. La figure ci-dessous permet de visualiser en un clin d'œil que le rendement diminue à mesure que le risque augmente, mais avant de regarder les données plus en détail, nous devons examiner comment nous mesurons le « risque ». De quoi parlons-nous lorsque nous parlons de risque... Le comportement primaire qui nous intéresse en termes de risque est le fait que les emprunteurs cessent de rembourser leur prêt. Il s'agit d'un indicateur de « microfinance de mauvaise qualité ». Le non-paiement nous dit que quelque chose va mal, même s’il ne peut pas toujours nous en dire la cause exacte. Alors, comment observe-t-on un non-paiement par les emprunteurs au travers de l’œilleton des états financiers des IMF ? Lorsque l'emprunteur cesse de payer, l'IMF peut généralement prendre l’une des deux mesures suivantes : 1. Elle peut garder le prêt sur ses livres et essayer de collecter les paiements en souffrance. Dans ce cas, le prêt est en retard, mais il est toujours inscrit au portefeuille. Les crédits en retard sont classés dans les ratios de portefeuille à risque (PAR), en fonction du temps passé en situation de défaut de paiement. 2. Ou l'IMF peut décider que le prêt est irrécupérable et peut inscrire la radiation du prêt sur ses livres. Dans ce cas, le prêt est inscrit dans le ratio de radiation et le portefeuille de prêts est réduit du solde du prêt (Parfois, les IMF reçoivent des remboursements concernant des prêts qui ont déjà été radiés, mais c'est l'exception plutôt que la règle). Ce sont des événements réciproquement exclusifs à un seul moment dans le temps (un prêt ne peut pas être simultanément sur et en dehors des livres) mais les deux reflètent le même comportement sous-jacent des emprunteurs. Par conséquent, nous pourrions nous attendre à ce que le PAR et les radiations soient inversement proportionnels pour une IMF seule (elle ne peut pas faire les deux en même temps). Vous pouvez observer ce modèle de balançoire assez clairement dans les données pour SEF : Au cours des dernières années, les niveaux de PAR > 30 et de radiation ont varié de 1 à 2 % environ pour SEF et la tendance totale moyenne se situer autour de 3 %. Donc une façon approximative de capturer tous les comportements de non-paiement serait d’additionner les ratios de PAR et de radiations. Ceci devrait couvrir les deux cas de non-paiement : lorsque les prêts sont conservés sur les livres, et lorsqu’ils sont radiés. [Fn1] Cependant le paramètre temps occasionne des défis supplémentaires pour interpréter les indicateurs de risque. Les ratios de PAR et de radiation nous renseignent sur des événements survenus dans le passé. Cependant, nous n’avons pas toujours de bonnes informations concernant le moment exact du passé où ces événements ont eu lieu. Nos signaux en cas de non-paiement sont reçus quelque temps après que l'emprunteur ait effectivement cessé de payer son emprunt. Comme nous l’avons mentionné précédemment, lorsque l'emprunteur cesse de payer, le prêt peut être mis en retard ou être radié. Donc un prêt peut être radié un jour après la cessation de remboursement ou plusieurs années plus tard. Il est assez fréquent pour les IMF de radier des prêts après un an de non-payement, mais il ne s'agit en aucun cas d’une pratique universelle. Par exemple, la politique de radiation de SEF – ZAF consiste à radier les crédits en retards après trois mois : Les ratios de PAR nous donnent un peu plus d'informations, parce qu'ils reposent sur un tableau de vieillissement qui nous indique depuis combien de temps le prêt est en retard de payement. Vous pouvez voir ces tableaux de vieillissement sur le site de MIX si vous développez le sous-groupe « retards de payement » pour chaque IMF : Mais au-delà d'un certain point (le maximum du tableau de vieillissement est généralement de un an), on peut toujours se demander à quel moment dans le passé, le comportement de non-paiement a commencé. En outre, le portefeuille à risque contient souvent une part importante de prêts qui ont été renégociés ou restructurés. Cela déconnecte davantage encore le signal de non-paiement des phénomènes sous- jacents (Pour obtenir un exemple, voir la note ici). Risques contre rendement Après avoir examiné certaines questions concernant les indicateurs, nous pouvons encore regarder la relation entre le risque et le rendement pour les IMF. Les graphiques ci-dessous montrent la relation entre le risque (PAR + radiations) et le rendement sur les actifs pour les IMF dans le monde entre 2003 et 2009. (Contrairement au post précédent, pour ces diagrammes, nous avons gardé un même ensemble d'environ 180 établissements ayant fourni des données sur toutes les années, parce que cela rend les changements qui se font au fil des ans plus faciles à suivre et les graphiques plus compréhensibles). Le diagramme suivant montre les mêmes résultats regroupés par pays (pour les pays comptant trois IMF ou plus). Pour les IMF et au niveau des pays, il y a une relation manifestement négative entre « le risque » (ou PAR > 30 jours + radiations) et le rendement. Ce résultat ne devrait pas être surprenant. Les radiations sont des dépenses qui réduisent directement les niveaux de profit d'une IMF. Les portefeuilles de retards de payement n'augmentent pas directement les frais, mais ils affectent indirectement les bénéfices lorsqu'une IMF augmente les réserves ou tampons qui sont maintenus pour couvrir les pertes du portefeuille. Les deux types de dépenses (augmentation des réserves et radiations) sont inscrites dans le ratio de provision pour prêts douteux / actifs. Par conséquent, ce ratio est notre meilleur moyen de voir l'impact sur les produits de non-paiement. Le graphique au début de l'article montre cette relation entre le rendement et les dépenses liées au risque au fil des ans. Cependant, lorsque nous l’examinons, on voit que la relation entre le risque et le rendement est bien plus accentuée en 2009, de par le fait que les niveaux de risque ont augmenté dans le monde entier pour les IMF. Par conséquent, nous pouvons attribuer certains des rendements en déclin depuis plusieurs années (comme ici), à une augmentation des pertes en raison de niveaux de risques plus élevés. Ceci répond en partie à la question du commentaire de John DeWit. La deuxième partie de la question touchait à la relation entre un risque élevé et des taux d'intérêt élevés (ou des coûts élevés pour les clients). Est-ce que les IMF qui font payer plus cher leurs services encourent des niveaux de risques plus élevés et, en conséquence, font chuter leurs bénéfices ? Ici, la preuve est moins nette. Selon les données affichées plus haut, il n’est pas évident que les IMF (ou les pays) ayant des niveaux de rendement élevé ont un risque plus élevé. Par contre, le contraire semble être vrai un peu plus souvent. Mais nous savons qu’il y a en jeu ici de nombreux facteurs de confusion. Il est difficile de comparer les taux d'intérêt selon les pays et selon les IMF qui ont différentes gammes de produits. Les taux d'intérêt peuvent refléter les politiques institutionnelles. Nous savons que d'autres facteurs, outre le prix, conduisent à des niveaux de risque élevé. Nous n'avons pas non plus de relations comptables pour établir les liens entre risque et profits (comme nous l'avons fait avec le risque et le rendement). Nous nous pencherons néanmoins, selon nos connaissances actuelles, sur les coûts aux clients et sur la relation avec la performance financière dans une prochaine étude. FN1 : Nous disons « approximatif » car les ratios de radiation et de PAR sont des types d'indicateurs différents (le PAR reflète les données en un seul point dans le temps, et utilise le portefeuille de prêts brut en cours comme dénominateur. Les radiations sont consignées sur une période de temps, et le dénominateur est le portefeuille de prêts bruts moyen pendant cette période. Ce ne sont donc pas des données précisément comparables, mais le fait de les prendre comme une mesure approximative, en les ajoutant, peut être utile. FN2 : Voici un peu plus de détail : disons que nous avons 2 IMF ayant octroyé chacune 100 prêts de 1 USD chaque, et que les deux IMF prennent 10 % sur leurs prêts. Disons que chaque IMF a un seul mauvais emprunteur qui cesse de payer son prêt. Pour plus de simplicité, nous supposerons que l'emprunteur ne rembourse rien du capital ni des intérêts aux IMF. Compte tenu de ce que nous connaissons sur les prêts uploads/Finance/ risque-contre-rendement-pour-les-imf.pdf
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- Publié le Jul 30, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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