ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES 1 Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7 LEÇON 7
ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES 1 Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7 LEÇON 7 : EQUILIBRE MACRO–ECONOMIQUE, CONJONCTURE ET POLITIQUE ECONOMIQUE MACRO-OBJECTIFS (dossier pédagogique de l’UE) 1. présenter et analyser de manière critique les principaux mécanismes économiques : l'offre et la demande agrégées sur les marchés. 2. mettre en évidence le rôle de la croissance économique dans nos sociétés contemporaines : variation du revenu national et du volume de l'emploi. 3. analyser et critiquer les problèmes liés à la croissance économique : évolution des cycles économiques. 4. mettre en évidence et évaluer les politiques économiques mises en œuvre par les pouvoirs publics ; 5. analyser et confronter les fondements des principaux mouvements théoriques (classique, keynésien, monétariste, ...) en saisissant leurs relations avec les phénomènes politiques et sociaux. OBJECTIFS : Au cours de cette leçon, l’étudiant va : 1. analyser et confronter les principales théories décrivant l’équilibre macro-économique : la théorie keynésienne ; le modèle de demande et d’offre globales et le concept de PIB potentiel ; 2. appréhender la notion de taux naturel de chômage (NAIRU) ; 3. analyser comment les variations de la demande ou de l’offre globale peuvent provoquer des récessions, et confronter les remèdes « Classiques » et « Keynésiens » ; 4. réfléchir à la problématique de la croissance économique ; 5. appréhender la notion de cycle conjoncturel et les théories y associées ; 6. s’approprier les concepts fondamentaux de la politique économique PLAN : INTRODUCTION SECTION 1 : L’EQUILIBRE KEYNESIEN : SOUS-EMPLOI & MULTIPLICATEUR. SECTION 2 : LE MODELE DEMANDE & OFFRE GLOBALES. SECTION 3 : REFLEXIONS SUR LA CROISSANCE SECTION 4 : CYCLES ECONOMIQUES & CONJONCTURE SECTION 5 : POLITIQUES ECONOMIQUES Pour en savoir plus : fiche de lecture 1/7 : Théories économiques & idéologies politiques. RESUME & QUESTIONS DE REVISION. ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES 2 Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7 INTRODUCTION Maintenant, vous êtes en principe à même de vous intéresser en connaissance de cause aux problèmes concrets qui interpellent tout citoyen, et préoccupent les décideurs : l’évolution et les déséquilibres du système économique. Tel est l’objet de cette leçon et de la leçon 8 (inflation & chômage). Dans ce cadre, il est logique que nous abordions les questions de politique économique en établissant le lien avec les théories exposées. Nous aborderons la question fondamentale (sections 1 à 2) de l’équilibre du revenu national, qui implique que l’offre agrégée ou globale OG (Y) = la demande agrégée ou globale (DG), c’est-à-dire : Y = C + I + G + (X – M) 1 Les deux grands courants de la pensée économique, Classiques et Keynésiens, s’opposent sur la manière dont cet équilibre se réalise (on parle d’ajustement) ; en résumé : Réalisation de l’équilibre Mécanisme d’ajustement CLASSIQUES DG s’adapte à OG Variation des prix KEYNESIENS OG s’adapte à DG Variation de l’output Ensuite, nous poursuivrons par une réflexion générale sur la croissance (section 3), et nous nous intéresserons à la notion de conjoncture. Enfin nous décrirons les principales politiques économiques que les gouvernants peuvent mettre en œuvre pour essayer d’atteindre cet équilibre et contrer les récessions conjoncturelles. Dans ce cadre, nous verrons que si Classiques et Keynésiens sont en général d’accord sur les outils, ils ne le sont pas toujours quant à leur utilisation et leur efficacité. Dans la leçon 8, nous analyserons à l’aide de nos théories les principaux déséquilibres du système, inflation et chômage, et nous verrons comment les gouvernants utilisent les outils de politique économique pour les combattre. John Maynard KEYNES. 1 Leçon 5 – équation de la dépense nationale. ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES 3 Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7 SECTION 1 : L’EQUILIBRE KEYNESIEN : SOUS-EMPLOI & MULTIPLICATEUR Objectif 1/1 : analyser et confronter les principales théories décrivant l’équilibre macro- économique : la théorie keynésienne. QUELQUES CONCEPTS KEYNESIENS DE BASE La pensée de KEYNES présente un caractère particulièrement hétérodoxe ; il se manifeste déjà lorsqu’il s’oppose aux lourdes réparations imposées à l’Allemagne après la Grande Guerre2, qui ne peuvent qu’appauvrir l’Europe tout entière et y développer les antagonismes ; l’Histoire lui donnera raison. Il condamnera ensuite la politique déflationniste de la Grande Bretagne3, menée par Winston CHURCHILL4, alors chancelier de l’Echiquier5. Il y a un « avant » et un « après » Keynes. Avant dominent les théories classiques : en bref, les salaires et les prix sont suffisamment flexibles pour que les marchés tendent à l’équilibre. L’offre s’établit toujours au niveau du plein emploi. Sur le marché du travail, toute baisse de la demande induit une diminution du salaire ; tous ceux souhaitant travailler au salaire du marché trouvent de l’emploi, les autres ne sont pas des chômeurs au sens économique6. Sur le marché du capital, l’équilibre entre l’épargne et l’investissement est réalisé par le taux d’intérêt. Toute modification de la demande macroéconomique n’a d’impact que sur le niveau général des prix ; par conséquent, toute politique économique est inefficace. Durant la crise des années 1930, dans un contexte de baisse de la production ET des prix, la persistance d’un chômage élevé (des millions de ménages dans les pays industrialisés) défiant les théories classiques a amené le Président Franklin D. ROOSEVELT7 à lancer dès 1932 sa politique de « New Deal », vaste programme de grands travaux publics destinés à résorber le sous-emploi. Telle fut également la voie suivie par les gouvernements des deux pays européens les plus durement touchés par le chômage, l’Italie dès les années 1920, puis l’Allemagne. La nouvelle philosophie semblait donc être : quand le marché démontre son inaptitude à ramener l’économie à son point d’équilibre, l’Etat se doit d’intervenir. Keynes va la théoriser8 ; elle repose sur trois piliers : 2 J.M. KEYNES, les conséquences économiques de la paix, 1919 ; voyez ce problème à la leçon 8, l’hyperinflation. 3 J.M. KEYNES, la réforme monétaire, 1923 ; politique déflationniste signifie en résumé « austérité ». 4 Winston CHURCHILL (1874-1965), homme politique britannique, 1er Ministre durant la seconde guerre mondiale, notamment célèbre pour ses paroles prononcées lors d’une conférence au Westminster College de Fulton (USA) en mars 1946 pour illustrer la mainmise communiste sur une partie de l’Europe: « de Stettin sur la Baltique à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu sur le continent », moins célèbre pour le prix Nobel de littérature obtenu en 1953 pour ses Mémoires. 5 Dans le gouvernement britannique, le Chancelier de l’Echiquier est le ministre des finances ; la volonté de Churchill était de ramener la £ à sa parité de 1913 ; cette surévaluation fut facteur de crise et de chômage. 6 Nous reviendrons sur ce problème au cours de la leçon 8. 7 Franklin Delano ROOSEVELT (1882-1945), Président des USA (1933-1945). 8 J.M. KEYNES, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936. ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES 4 Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 7 le concept de la demande globale, qui détermine la production : la demande macroéconomique peut être insuffisante pour assurer le plein-emploi Keynes développe un modèle d'équilibre de sous-emploi dans lequel un chômage persistant est possible pour un niveau donné de la demande existante ; la demande peut également être trop élevée et engendrer de l’inflation (cfr infra) ; la rigidité (ou la viscosité) des prix et les salaires : la viscosité des salaires signifie que les salaires s’adaptent en général mal à court terme. Si le niveau général des prix P diminue, et si le salaire nominal9 ne s’adapte pas à la baisse, alors le salaire réel augmente ; cette hausse du coût réel incite les entreprises à réduire leur production avec un impact négatif sur l’emploi ; la viscosité des prix : dans la même optique, les prix sont parfois lents à s’adapter aux variations des conditions économiques. En cause les coûts supportés par les entreprises pour modifier leurs prix (« coûts catalogue ») et les imperfections du marché (asymétries d’information, …) ; une théorie de la monnaie fondée sur la préférence pour la liquidité10. Conséquences : L’OFFRE S’ADAPTE A LA DEMANDE, MAIS CELLE-CI PEUT ETRE INSUFFISANTE POUR ASSURER LE PLEIN EMPLOI ; les politiques économiques doivent agir directement sur la demande [= C+I+G+(X-M)] et non via une politique monétaire impactant le taux d’intérêt, dont les effets sur les composante I et C sont plus lentes et incertaines11 ; dans ce contexte, le niveau de prix P est supposé constant et les ajustement se font en quantités (output) aussi longtemps que le plein-emploi n’est pas atteint : QUAND IL L’EST, ON PEUT SE TROUVER EN SITUATION D’INFLATION PAR LA DEMANDE12. L’EQUILIBRE KEYNESIEN Keynes écrit dans la « théorie générale » : « Si la propension à consommer et le taux des nouveaux investissements donnent une demande effective insuffisante, le niveau effectif de l’emploi sera inférieur à l’offre de travail potentiellement disponible ». Pour démontrer cela de manière simple, nous supposerons que Y (revenu) = Yd (revenu disponible) = PIB (donc, en faisant abstraction uploads/Finance/economie-2016-07.pdf
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- Publié le Fev 27, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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