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Fiche pédagogique Gomorra Sortie en salles en France 13 août 2008 en Suisse rom

Fiche pédagogique Gomorra Sortie en salles en France 13 août 2008 en Suisse romande 27 août 2008 Résumé Naples et la Campanie. La Gomorrhe biblique aux mains de la Camorra. Un empire qui se dispute dans le sang et la violence. A 13 ans, Toto rêve de grandir vite et de gagner la confiance des caïds. Il effectue pour eux de menues besognes. Dans des HLM désespérants où l’on trafique à ciel ouvert, Don Ciro apporte de l’argent aux familles du clan qui ont un parent en prison. Les adolescents Marco et Ciro arnaquent des dealers africains et se croient partis pour rivaliser avec les durs du film « Scarface ». Ils mettent à jour une importante cache d’armes, surexcités. Film long métrage, Italie, 2008 Réalisation : Matteo Garrone Scénario : Mauricio Braucci, Ugo Chiti, Gianni Di Gregorio, Matteo Garrone, Massimo Gaudioso, Roberto Saviano, d’après l’œuvre de Roberto Saviano (« Gomorra. Dans l’empire de la Camorra », Gallimard) Interprètes : Tony Servillo, Gianfelice Imparato, Maria Nazionale, Salvatore Cantalupo Distribution en Suisse: Filmcoopi Version originale italienne, sous-titres français-allemand. Version française. Durée : 2h15 Public concerné : Age légal 16 ans / Age suggéré 16 ans Grand Prix, Festival de Cannes 2008 A la sortie de l’université, Roberto trouve chez Franco l’occasion de faire carrière dans un secteur lucratif : le traitement des déchets toxiques. Le tailleur Pasquale travaille jour et nuit pour de grands couturiers, pour un salaire de misère. Des concurrents chinois lui proposent de former leurs ouvriers en secret. Tous ces personnages vont apprendre à leurs dépens qu’ils ont mis le doigt dans un engrenage infernal. ___________________________________________________ Commentaires « La réalité dont je suis parti pour tourner « Gomorra » était si puissante du point de vue visuel que je me suis astreint à la filmer avec une simplicité extrême, comme si j’étais un spectateur qui se trouvait là par hasard. J’avais la sensation très nette que c’était la façon la plus efficace de rendre toutes les émotions vécues au cours du tournage », déclare dans le dossier de presse le réalisateur Matteo Garrone (né en 1968, photo ci-dessous). Lire aussi notre entretien avec le cinéaste, en annexe de cette fiche Film de fiction, « Gomorra » s’inspire du livre éponyme de Roberto Saviano. Né en 1979, ce détenteur d’une licence en philosophie fait partie de l’Observatoire sur la Camorra. Il collabore aussi avec les journaux « L’Espresso » et « La Repubblica ». Depuis octobre 2006, Roberto Saviano vit sous protection policière. « Les mafias italiennes sont une holding qui engendre la guerre : plus de 10.000 morts en trente ans ! », précise l’écrivain dans le dossier de presse du film. « Il s’agit également de l’entreprise la plus puissante d’Italie, l’un des piliers de l’économie européenne, avec un chiffre d’affaires de 150 milliards d’euros par an, alors que le chiffre d’affaires du groupe Fiat dans le monde entier s’élève à 58 milliards d’euros. Au cours des 30 dernières années, la Camorra a assassiné 4000 personnes, plus que l’IRA, plus que l’ETA, plus que Cosa Nostra, la mafia sicilienne. Les nombreux clans qui la composent se répartissent tout le territoire de Naples et de Caserte, un territoire très densément peuplé sur lequel ils exercent un contrôle sans pareil. Chaque jour, ce pouvoir s’étend davantage, un pouvoir démesuré et invisible. La Camorra ne s’enrichit pas seulement avec le trafic de drogue et d’armes ou les extorsions. Ses affaires s’étendent à tous les secteurs : le bâtiment, le tourisme, le textile, les transports, les carburants, la distribution des produits alimentaires, les supermarchés, les restaurants, les magasins, les cinémas et les banques. Les bénéfices immenses provenant de ses activités illégales sont ensuite réinvestis dans d’innombrables activités légales, à l’échelle du monde entier, de Taïwan à Aberdeen. La Camorra a même acheté des actions pour la reconstruction des Tours jumelles (Twin Towers) à New York. Ses clans comptent des milliers d’affiliés, des gens de toutes les classes sociales. Médecins, entrepreneurs, chimistes, ingénieurs, ouvriers du bâtiment, éboueurs, psychologues, charcutiers, tailleurs, ouvriers agricoles. Elle engage même des enfants qu’elle emploie pour dealer de la drogue, pour faire le guet, porter des messages ; elle les emploie même comme soldats et, une fois adolescents, ils deviendront naturellement des tueurs. En Italie, selon les chiffres de la Direction Nationale Antimafia, ces organisations criminelles peuvent compter sur une armée de 25.000 affiliés environ et près de 200.000 personnes qui les soutiennent directement. Grâce à des prix défiant toute concurrence, la Camorra a acquis le monopole du trafic des déchets toxiques. Pendant plus de 30 ans, de nombreuses entreprises du nord et du centre de l’Italie ont, par le biais d’intermédiaires de la Camorra, enfoui les déchets toxiques au sud de l’Italie, en empoisonnant des terrains agricoles et en favorisant l’augmentation exponentielle des cas de cancer. Si les déchets illégaux, gérés par les clans, étaient entassés, ils formeraient une montagne de 14.600 mètres, sur une base de trois hectares, presque le double de l’Everest. Dans le secteur de la mode, la Camorra gère la production de toute la contrefaçon, mais elle contribue également à celle d’une partie officielle du « Made in Italy » le plus prestigieux, grâce à un réseau extrêmement ramifié d’ateliers travaillant au noir et dépendant du crédit des clans. Scampia, le quartier de la banlieue nord de Naples, est considéré comme la plus grande plaque tournante de la drogue au niveau mondial : un seul clan y fait un bénéfice de 500.000 euros par jour. C’est là qu’en février 2004 a éclaté une faida au sein de l’un des plus grands clans, qui a provoqué des dizaines de morts en quelques semaines. Les faits auxquels vous allez assister s’inspirent de faits réels, des épisodes qui se sont produits et continuent de se produire dans les quartiers de Naples, tels que Scampia, et dans la région de Caserte. Là où la vie de milliers d’hommes et de femmes, de jeunes surtout, est complètement conditionnée par le pouvoir criminel et par sa violence. » ___________________________________________________ Objectifs • Apprendre à identifier les éléments qui donnent du crédit à une fiction • Saisir et intégrer la notion de « traçabilité », dans le circuit écnonomique • Apprendre à faire une recherche sur Internet en citant des sources et en évaluant leur fiabilité • Apprendre à identifier les choix de mise en scène d’un réalisateur et les effets que produisent ces choix sur le public d’un film ___________________________________________________ Pistes pédagogiques 1) Observer ce sur quoi repose la crédibilité de l’univers décrit par Saviano et Garrone : - vérité des lieux ; souligner la décrépitude de l’environnement dans lequel se situe l’action : quartiers sans joie, HLM lépreux, appartements insalubres, inondés ou incendiés… - précision des activités économiques décrites - banalité des comédiens retenus (physiques dévastés, M. et Mme Tout le monde…). 2) A la lumière de l’activité du tailleur Pasquale dans le film, s’interroger sur la provenance des vêtements portés par les uns et les autres. Sommes-nous attentifs à la traçabilité de ce que nous achetons ? Cherchons-nous à connaître les conditions dans lesquelles sont produits, assemblés et cousus les vêtements qui nous plaisent ? A savoir ce que gagnent ceux qui les font ? Disciplines et thèmes concernés Géographie, économie : Liens entre l’économie officielle et l’économie souterraine à l’intérieur d’un même pays. Disparités économiques entre le Nord et le Sud de l’Italie. Le blanchiment d’argent provenant des activités illégales. Education au développement durable : Le recyclage des déchets toxiques, un problème mondial. Education aux citoyennetés : Collaboration ou résistance, face à un système qui assure des profits matériels, mais qui pervertit les rapports humains et sociaux. Education aux médias : La figure du gangster au cinéma. Sa représentation selon les époques et les pays. Fascination exercée par les caïds de l’écran. Jeu de miroirs entre fiction et réalité. Ambivalence de la démarche consistant à mettre en scène des personnages mafieux : dénonciation ou renforcement du mythe ? Y a-t-il un rapport équitable entre le prix payé pour un article de luxe et ce que gagnent ceux qui les produisent ? Comment expliquer cet écart ? A qui profite-t-il ? 3 ) Proposer aux étudiants une rapide recherche à propos du problème lancinant du ramassage des ordures à Naples et de leur élimination (crise aiguë en 2007 et 2008). Identifier les raisons de ce problème persistant de santé publique. Quelles indications nous donnent-elles sur la marge de manœuvre des collectivités publiques ? A partir d’une des séquences marquantes du film, s’interroger sur la destination des déchets industriels ou toxiques : le Tiers-Monde est-il la poubelle de la planète ? Rechercher des exemples flagrants qui ont fait scandale (par exemple : l’amiante des bateaux recyclés à ciel ouvert dans des ports indiens). On pourra aussi donner l’exemple des dépotoirs à téléphones portables, à partir de l’excellent dossier de la Fondation Education et Développement « Allô le monde, t’es où ? » S’interroger aussi sur les procédures mises en place ailleurs qu’en Italie : quelles précautions sont-elles prises pour uploads/Finance/gomorra-v2.pdf