La biodiversité en ville Parler de nature en ville peut sembler provocant. Les

La biodiversité en ville Parler de nature en ville peut sembler provocant. Les êtres vivants sont pourtant très présents, même dans les villes les plus importantes. Si une grande partie des végétaux, mais pas tous, ont été importés par les humains, il n’en est pas de même des animaux. Ces derniers se sont en général installés spontanément. La richesse de la biodiversité urbaine est parfois très grande et souvent inattendue. Ainsi, autour du clocher de la cathédrale de Séville, on peut voir voler des faucons crécerellettes ! Cette biodiversité nous apprend beaucoup sur les capacités d’adaptations comportementales de nombreux animaux. La colonisation des villes par les oiseaux n’a été possible que grâce à cette qualité. Cela dit, on ne sait pas grand chose sur les conditions des peuplements de nos villes, même si l’on dit que l’arrivée du merle y a été tardive (au XVIe siècle). La biodiversité à Paris http://labiodiversite.free.fr/biodiversite_paris/accueil_paris.php On estime actuellement la flore parisienne à plus de 1200 espèces de plantes « sauvages », au sens où leur croissance et leur multiplication ne sont pas soumises à l'intervention humaines. Parmi elles, quatre types d'espèces sont à distinguer : - Les espèces indigènes de la région Ile-de-France - Les espèces naturalisées (des espèces introduites depuis longtemps qui ont su s'adapter au milieu naturel) - Les espèces introduites récemment - Les espèces introduites de manière accidentelle (donnant lieu souvent à des phénomènes d'invasion). Cette biodiversité est généralement méconnue ou sous-estimée par le grand public. Qui penserait par exemple qu'il est possible de trouver des orchidées sauvages dans Paris intra-muros ? En ce qui concerne les espèces exotiques, de très nombreuses espèces sont arrivées sur Paris, puis se sont ensuite servies de Paris pour coloniser l’ensemble de l’Ile-de-France et même parfois la France, comme pour les animaux. Le buddleia (ou « arbre aux papillons ») est une plante exotique très bien acclimatée au biotope parisien où il colonise toute nouvelle friche, au point de devenir parfois une espèce envahissante (par exemple en 2003 sur toutes les friches de la zone Tolbiac). Les parcs et jardins sont des milieux intermédiaires (entre les milieux artificiels (pavé,mur,...) et les milieux naturels (les bois,..)), qui présentent des groupements végétaux naturels mais dégradés. D'autres espaces contribuent également à la biodiversité végétale de la ville : les interstices entre les pavés, les toitures et façades d'immeubles, les friches et terrains vagues, les berges et points d'eau. (http://labiodiversite.free.fr/biodiversite_paris/cachee.php) Paris est la capitale la plus dense d'Europe en population et la part des espaces verts est des plus réduites. En effet, on ne compte dans la ville intra-muros que 5,8 m2 d'espace vert par habitant ou 14,5 m2 en comptant les deux bois de Boulogne et de Vincennes, contre 36 m2 à Amsterdam, 45 m2 à Londres, 59 m2 à Bruxelles ou encore 321 m2 à Rome. La municipalité a introduit la notion de « coefficient de biotope » dans son plan d'urbanisme afin d'imposer aux promoteurs immobiliers de végétaliser une surface minimale attenante à toute construction. 1290 espèces animales ont été recensées à Paris. Entre la Seine, le cimetière du Père-Lachaise, le territoire de la Petite Ceinture, les bois de Boulogne et de Vincennes, Paris possède de nombreux lieux favorables à l’accueil et à la survie des animaux. Entre quinze et vingt espèces de poissons sont présentes dans la Seine, parmi lesquelles les plus courantes sont le Gardon, la Brème commune, la Perche, le Rotengle, et l’Ablette. Quelques espèces de prédateurs, comme le Brochet, dont certains individus atteignent un mètre, ou le Silure glane qui est de plus en plus fréquent dans Paris, peuplent la Seine. L’Anguille est aussi couramment observée. Le seul reptile peuplant les berges de la Seine est le Lézard des murailles. La Seine attire de nombreux oiseaux. Les oiseaux hivernants comme la Mouette rieuse et le Grand Cormoran sont communs ; les oiseaux nicheurs comme le Goéland argenté et le Goéland leucophée construisent depuis peu leurs nids sur les grands bâtiments du bord de Seine, et le Canard colvert niche dans les parcs, et en particulier au Jardin des Plantes. Les oiseaux de passage comme le Chevalier guignette, la Bergeronnette des ruisseaux sont souvent observés, et quelquefois le Héron cendré. Anecdote amusante est qu’il a pu également être observé dans la cour aux Ernest de l’École Normale Supérieur, en train de pêcher les poissons introduits dans la fontaine. Le Martin-pêcheur vient à nouveau pêcher dans la seine, preuve de l’abondance et de la diversité des poissons de la seine. Quelques crustacés peuplent la Seine, dont les plus célèbres sont la Crevette caridine et l’Écrevisse rouge américaine, ainsi que quelques mollusques. Le Rat surmulot est le seul mammifère observable sur les bords de Seine. Avec ses quarante-quatre hectares, le cimetière du Père-Lachaise est le plus grand espace vert de Paris intra-muros. Il joue un rôle de premier plan dans la biodiversité parisienne. La biodiversité animale y est importante car les milieux sont variés (plantation d’arbres, gazons, allées et chemins, routes pavées, murs, tombes, jardinières). De nombreuses espèces animales peuplent la Petite Ceinture (voie SNCF désaffectée), dont quelques mammifères comme le Hérisson d’Europe, et la Pipistrelle commune dont la plus grande colonie d’hivernage se situe dans l’un des tunnels de la Petite Ceinture. La Fouine vient y chasser, mais le prédateur le plus abondent dans cet espace est le Chat. Vingt-cinq espèces d’oiseaux y ont été recensées. La Trame verte et bleue en ville *** Trame verte, trame bleue. Les continuités de la vie, colloque international, Muséum National d’Histoire Naturelle, 28 et 29 avril 2009 En 2009, 8 % du territoire français est situé en zone urbaine, et cette part, déjà considérable, augmente. Ces territoires restent en général des milieux opaques pour le déplacement des espèces, alors que la logique urbaine est la principale cause de fragmentation, ce d’autant plus que les zones urbaines sont, en Europe, fortement imbriquées aux espaces ruraux. Le rétablissement des continuités urbaines participe à la TVB, car la biodiversité ordinaire, voire extraordinaire, est déjà présente en ville. Elle fait donc partie des zones où se trouvent des marges de progression importantes. C’est notamment le cas de zones de densité moyenne, telles que les Hauts-de-Seine, où 45 % de surface est végétalisée. L’inventaire réalisé pour le Conseil Général des Hauts-de-Seine avec le Muséum et le Conservatoire national botanique du bassin parisien a ainsi révélé que 670 espèces de végétaux supérieurs sont présentes dans le département. Cette diversité connaît une forte érosion, puisque 30 % de ces espèces ont disparu par rapport aux données historiques disponibles. […] Les frontières entre la biodiversité sauvage et domestique sont floues en ville. Ainsi, le chat y est un prédateur très important, limitant les populations d’oiseaux et de reptiles. […] La nécessité de maîtriser les espèces invasives et exotiques remet en cause un certain nombre de pratiques paysagistes. Ces pratiques devront évoluer afin de prendre en compte et de favoriser la biodiversité spontanée et de se fonder sur les dynamiques végétales existantes. Cela s’oppose à des tendances bien ancrées dans la profession (thèses popularisées par Gilles Clément, par exemple) et devra conduire, à terme, à revoir l’enseignement prodigué dans les écoles du paysage. Sur le terrain, des initiatives ont été prises en France à l’occasion de développement de TVB. Des écologues interviennent ponctuellement dans les cursus et des expériences menées aux Etats-Unis montrent qu’il est possible d’agir auprès des gestionnaires afin de cesser de planter les espèces invasives, mais l’essentiel de l’effort reste à produire. […] Les fonctions de la biodiversité en milieu urbain sont multiples. Il apparaît que les villes bien végétalisées améliorent la régulation de la température et le bilan écologique et économique de la lutte contre d’imperméabilisation des sols est, lui, très favorable (voir encadré). Il n’est en revanche pas encore prouvé avec certitude que des villes ouvertes à la biodiversité soient plus efficaces en termes de fixation des particules aériennes et de stockage du CO2, même si un certain nombre d’initiatives (compostage des déchets verts, etc.) améliorent sans aucun doute le bilan carbone. En outre, dans la perspective de la dynamique des systèmes, la capacité de résilience dépend largement de la quantité d’information génétique portée par la biodiversité. La transparence de la ville à la biodiversité sera donc un facteur positif pour son adaptation au changement climatique et à la fréquence de plus en plus grande d’événements climatiques extrêmes, notamment hydrologiques. […] En tout état de cause, les facteurs biotiques, abiotiques et culturels doivent impérativement être combinés pour favoriser la biodiversité, la durabilité et l’évolution des écosystèmes. Or, en milieu urbain, les facteurs culturels sont limitants : l’acceptation et de soutien de la population (y compris pour des raisons économiques) est donc déterminant pour la réussite des projets. […] Les espaces de biodiversité en ville cumulent donc les fonctions d’espace de circulation des espèces et des habitants, de production de services écologiques, de resserrement du lien social et d’éducation à l’environnement. Il reste cependant à déterminer quelles sont, notamment en termes de densité urbaine, les limites à cette nécessaire multifonctionnalité. […] La uploads/Geographie/ 08-la-biodiversite-en-ville.pdf

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