Jacques Pialoux Conférence 8ème Congrès National de la F.N.M.T.C. Aix en Proven

Jacques Pialoux Conférence 8ème Congrès National de la F.N.M.T.C. Aix en Provence 31 octobre 2004 Fondation Cornelius Celsus © Fondation Cornelius Celsus – octobre 2004 Vatseret 1976 ERDE – SUISSE Le Huit dans les Traditions Les grandes Traditions des cinq Continents ont toujours fait une place particulière au nombre Huit, nombre de «l’équilibre cosmique», de la croix à huit pointes des chevaliers de Malte, des huit rayons du noble sentier oc­ tuple du Bouddha; nombre des huit bras de Vishnu, nombre de la tour octo­ gonale, étage intermédiaire du phare d’Alexandrie, l’une des sept merveilles du monde, reliant son sommet circulaire et sa base carrée. C’est donc en faisant le tour du monde, dans l’espace et dans le temps, que nous allons étudier ce nombre de la médiation entre la circonférence et le carré, entre le Ciel et la Terre. C’est d’ailleurs dans ce rôle d’intermédiaire, au centre des cinq polyèdres naturels, que Platon aborde le nombre Huit, ce nombre qui ne peut être réellement compris que situé dans son contexte, point charnière entre l’Eau du Ciel et le Feu de la Terre1, entre le projet créa­ teur et sa réalisation matérielle. En 1496, Leonard de Vinci illustrera des variations cristallines des cinq polyèdres naturels le «De Divina Proportione» de Fra Luca Pacioli di Borgo San Sepolcro lequel s’inscrit dans la filiation platonicienne. « … Ils (les 5 corps réguliers) correspondent aux cinq corps simples dans la nature, à savoir Terre, Eau, Air, Feu et Quinte Essence c’est à dire la vertu céleste qui maintient tous les autres dans leur être… Aussi est-ce à juste titre… que Platon dans son «Timée» attribua les formes des dits corps régu­ liers aux cinq corps simples. »2 1 Platon: Le Timée – Trad. Luc Brisson 2 Luca Pacioli: De la Divine Proportion 4 LE HUIT DANS LES TRADITIONS De la Kabbale hébraïque à l’Egypte Afin de découvrir les diverses phases de toute création, phases dont le nombre Huit est indissociable, une première étape nous mène de Platon à l’Egypte antique, en effectuant une halte dans la Kabbale hébraïque. Le Sepher Yetsirah3, «Livre de la formation des nombres», précise avec les dix premiers Nombres, les dix principes immatériels précédant la créa­ tion proprement dite. 3 Virya: Sepher Yetsirah 6 LE HUIT DANS LES TRADITIONS La tradition égyptienne plus poétique, utilise le symbolisme des «Neters», les Puissances de la Nature, d’origine divine, immatérielles pour l’instant, afin de décrire cette première révélation4. C’est seulement après ces dix premiers principes, que les «Huit» peuvent intervenir, en même temps que deux Puissances antagonistes et complé­ mentaires, d’expansion et de constriction, auxquelles ils sont indissoluble­ ment liés. Les dix principes fonctionnels, seconde grande révélation des tra­ ditions antiques, sont alors symbolisés de la manière suivante: 4 R. A . Schwaller de Lubicz: Le Roi de la théocratie pharaonique DE LA KABBALE HÉBRAIQUE À L’EGYPTE 7 • Pour la Kabbale hébraïque, selon «les 32 Voies de la Sagesse»5, «trois Lettres Mères et sept Lettres Doubles» de l’Alphabet sacré, réparties en deux plus huit, décrivent la Genèse et les sept jours de la Création. 5 Enel: Trilogie de la Rota ou Roue Céleste 8 LE HUIT DANS LES TRADITIONS • Dans la tradition égyptienne, ce sont deux Serpents primordiaux, Kem Atef et Ir Ta, et leurs huit enfants, 4 grenouilles et 4 serpents, qui sont aux origines du monde manifesté. Dans ces ensembles, les Huit sont alors les agents de la genèse de l’Uni­ vers, assurant la subsistance de dix énergies terrestres et de douze énergies célestes, pour le Sepher Yetsirah comme pour la tradition égyptienne. Ces vingt-deux énergies se manifestent particulièrement sous la forme des dix planètes et luminaires, du Soleil à Pluton, qui semblent tourner autour de la Terre, et des douze constellations du zodiaque, du Bélier aux Poissons. DE LA KABBALE HÉBRAIQUE À L’EGYPTE 9 10 LE HUIT DANS LES TRADITIONS Plafond de la salle hypostyle du temple de Denderah en Egypte6: 2ème soffite. 6 Voir J. P . : Denderah – Sept soffites du plafond de la salle hypostyle du grand temple DE LA KABBALE HÉBRAIQUE À L’EGYPTE 11 Le deuxième soffite (caisson) de ce plafond illustre ce qui précède. Ce soffite se subdivise en deux lignes superposées. La première est encadrée par deux grands Neters à tête de Bélier (Khnoum) portant chacun quatre ailes (dont un avec la tête effacée, martelée); la seconde par deux Neters féminins (Sechat) (dont un en grande partie effacé). Ces derniers présentent la particularité d’être inversés, la tête en bas par rapport aux précédents. Cette disposition définit la première ligne et la genèse de l’Univers com­ me l’endroit, avec Khnoum tenant dans ses mains une voile et la croix de vie Ankh, symboles du souffle vital. Assistant de Ptah – Principe de la nature concrète, moment de Râ – Khnoum, Neter de la conjonction, est la puis­ sance d’union, de fusion des opposés complémentaires, Esprit et Matière, nécessaire à la formation du germe de toute création. La seconde ligne et l’envers concernent la genèse de l’Homme, avec une autre assistante de Ptah, Sechat, Puissance de cristallisation des «Signatures», expression des caractéristiques du Ka, de l’Esprit, dans la forme de chaque individu. Ligne supérieure: Genèse de l’Univers (voir page 10) Deux grands Neters à tête de Bélier (Khnoum) portant chacun quatre ailes, encadrent cette ligne. Description Deux barques se suivent et portent: • Dans la première: deux Neters, Osiris et Isis, sous un naos, un Chacal à la proue. • Dans la seconde: deux Neters, Hathor et Horus, sous un naos, un Neter féminin, un Sphinx à la proue. Puis on trouve: • Un Neter avec offrandes, un Neter tenant en mains deux sceptres Ouas, un Neter sur un trône tenant le sceptre Ouadj, • Un Neter avec offrandes, un Neter sur un trône tenant le sceptre Ouadj, • Un Neter avec offrandes, un Neter sur un trône tenant le sceptre Ouadj. • Un Serpent et un Neter sur un trône portant la double couronne des deux Terres. • Un Serpent et un Neter sur un trône portant la couronne Atef aux plumes d’autruche. • Une Porte sur laquelle ondule un Serpent. • Une Grenouille, un Neter à tête d’ibis, un Neter, un Neter sur un trône. • Une Grenouille, deux Neters, un Neter sur un trône. • Une Grenouille, trois Neters, un Serpent. • Un Neter «sirène», un Neter, un Neter sur un trône. • Une Grenouille, un Serpent ailé, un Neter, un Neter sur un trône, un Ser­ pent. Commentaire Les deux barques et leurs occupants constituent les prémices de la ge­ nèse de l’Univers: • Les deux Neters de la première barque, Osiris et Isis, représentent en l’occurrence les aspects principiels de Toum, l’Esprit divin de Râ, dont 12 LE HUIT DANS LES TRADITIONS Osiris est le fils, et de Her, la Lumière unificatrice du Verbe dont le reflet vital parvient à la Terre depuis Sopdit, la merveilleuse étoile Sirius, siège et demeure d’Isis. Le Chacal, à la proue de la barque, indique la fonction de digestion, de transformation, qui va intervenir. • Les deux Neters de la seconde barque, Hathor et Horus, représentent ici les Principes de Rouhe et de Herou, Ombres et Lumières multiples. Gui­ dés par un Neter féminin, ils dévoilent, avec le Sphinx de la proue, la loi de polarisation, loi des opposés-complémentaires, Esprit et Matière, règle des transformations se déroulant de manière cyclique avec la mise en oeuvre des quatre Puissances principielles: Toum, Her, Rouhe et Herou. Suivent quatre Neters, debout, dont l’un tient deux sceptres Ouas, scep­ tres de la création et de la dualité de la vie en manifestation. Les trois autres, portant des offrandes, et les trois Neters qui suivent, assis sur leurs trônes, tenant en main le sceptre Ouadj, signe de leur fonction, sceptre de la subli­ mation féminine, de la dilatation parfaite et de la réalisation, sont trois Puis­ sances de transformation à double face, périphériques et centrales.7 Surgissent alors deux Serpents, Kem Atef et Ir Ta, quintessence des qua­ tre Puissances principielles transmutées par les six Puissances de transfor­ mation, et que désignent les couronnes de leurs deux compagnons, assis sur leurs trônes: • Pour Kem Atef, «Un qui a accompli son temps» ou plutôt «Un dont le Souffle s’accomplit», la couronne Atef avec ses plumes d’autruche sym­ bole de justice. • Pour Ir Ta, «Créateur de la Terre», la double couronne royale rouge et blanche des deux Terres, du Nord et du Sud, de Basse et de Haute Egyp­ te. Ces deux serpents sont les deux Puissances primordiales d’expansion du Souffle créateur et de constriction, de rassemblement de la matière éparse dans l’Univers, autrement dit énergies centrifuge et centripète, expressions des dix Principes immatériels qui les précèdent :«Au commencement8, di­ sent les textes thébains, il y eut le Serpent Kem Atef, et puis son fils Ir Ta… de qui naquirent les huit Neters primordiaux, Grenouilles et Serpents, qua­ tre femelles et quatre mâles.»9 Maître des Huit primordiaux, Thot assure leur cohésion en tant que Seigneur de la uploads/Geographie/ 8-dans-traditions-pia-lou-x.pdf

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