Cet article fait partie du DOSSIER consacré à la Rome antique . Carthage Locali
Cet article fait partie du DOSSIER consacré à la Rome antique . Carthage Localité de Tunisie, sur la côte est du golfe de Tunis, faubourg résidentiel de Tunis. Population : 15 922 hab. (recensement de 2004) Carthage Archevêché. Centre touristique. — C'est le site de la ville antique du même nom. Vestiges phéniciens. Ruines romaines (pour la plupart du IIe s. : aqueduc, thermes d'Antonin, théâtre, port militaire, maisons ou sièges de sociétés). Basiliques chrétiennes. Important musée archéologique. La Carthage punique Histoire Une cité conquérante La Carthage punique Carthage (en latin Carthago) est un des nombreux comptoirs fondés par les Phéniciens venus de Tyr en longeant les côtes de l'Afrique. La ville fut fondée vers 820 avant J.-C. selon la tradition, qui l'attribuait à la Phénicienne Élissa, ou Didon, sous le nom de Qart Hadasht (« Ville neuve »). Modeste bourgade à ses débuts, Carthage doit, en signe d'allégeance, verser une dîme à Tyr et, pendant un siècle et demi, payer un tribut aux Libyens. Mais, au cours de la seconde moitié du VIIe s., la ville, profitant du déclin de Tyr, incapable de contenir la progression des Grecs en Méditerranée occidentale, va progressivement mettre fin à cette dépendance. En 654, la fondation d'Ibiza (Baléares) marque une étape importante dans l'ascension de Carthage. Elle traduit sa volonté de s'implanter sur les routes commerciales établies par les Phéniciens, et tout particulièrement celles des matières premières – plomb, cuivre, fer, étain – et métaux précieux – or, argent surtout –, dont regorge l'Espagne. Progressivement, Carthage impose donc sa domination aux comptoirs phéniciens de la Méditerranée occidentale et fonde un empire maritime sous la conduite de la famille des Magonides, en installant ses comptoirs sur les côtes d'Espagne, aux Baléares, en Sardaigne et dans l'ouest de la Sicile. Pendant près de huit siècles, Carthage va en effet disputer la Méditerranée aux Grecs puis aux Romains, attirés eux aussi par les mines d'Espagne, les greniers de Sardaigne, la Sicile et les relais maritimes indispensables à l'hégémonie commerciale. Entre 750 et 600, les Grecs, tributaires d'un territoire exigu et pauvre, se lancent à la conquête de la Méditerranée – tels « des grenouilles autour d'une mare », selon Aristophane. Ils fondent des colonies en Italie méridionale (Tarente, Crotone, Naples), en Sicile (Agrigente, Syracuse), à Nice, Marseille, Agde et en Corse. Ils ambitionnent aussi de s'installer en Sardaigne et d'accéder au commerce ibérique. Ces projets sont incompatibles avec la politique marchande et, au moins depuis le VIe s., l'expansionnisme territorial de Carthage. En 580, Carthage défend les Phéniciens de Motyé et de Palerme contre les Grecs, dont elle défait les armées à Sélinonte, sur la côte sud-ouest de la Sicile. Un demi-siècle plus tard, elle s'allie aux Étrusques d'Italie occidentale et expulse de Corse les Phocéens de Marseille. En 510, elle empêche, aux côtés des Libyens, les Spartiates de fonder une colonie en Tripolitaine. Phéniciens et Carthaginois Désormais, Carthage domine toute la Méditerranée occidentale et les grandes îles, laissant à ses alliés étrusques le contrôle de l'Italie continentale, comme en témoigne une feuille d'or trouvée à Pyrgi (au nord de Rome), sur laquelle est portée une dédicace du roi étrusque à Astarté, après la victoire d'Alalia (535) sur les Grecs. Cependant, Gélon, tyran de Gela et de Syracuse – devenue la ville la plus prospère du monde hellénique – et allié du puissant Théron d'Agrigente, ne tarde pas à reprendre l'offensive. Battue à Himère en 480, Carthage réussit cependant à sauvegarder les territoires convoités, dont le golfe de Gabès, mais doit payer une lourde indemnité de 2 000 talents. Après leur victoire d'Himère, les Grecs poursuivent leur progression en Méditerranée et remportent des victoires durant les guerres médiques contre les Perses et leurs alliés phéniciens et contre les Étrusques d'Italie. Dès lors, l'arrière-plan africain prend de l'importance dans la politique de relance économique engagée par Carthage. La cité prend conscience de la précarité d'une économie entièrement subordonnée au commerce méditerranéen et engage une politique agricole. À défaut d'informations directes, l'étude de l'iconographie des stèles, des épigraphes, et la lecture du Traité d'agriculture, en vingt-huit volumes, rédigé au IVe s. par Magon, peut éclairer cet aspect de la civilisation carthaginoise. La chora, c'est-à-dire la cité proprement dite, assure son autosuffisance alimentaire, notamment en produits d'arboriculture (olives, raisins, figues, amandes) et en viande. La Megara, quartier périphérique au nord de Carthage, abrite une agriculture intensive avec des potagers et des jardins séparés par des clôtures en pierres sèches, des haies vives d'arbustes épineux, de canaux, nombreux et profonds. Au-delà de la chora, les plaines du bassin de la Medjerda et de l'oued Miliane sont consacrées au blé. Le palmier-dattier, souvent représenté sur les stèles votives et les monnaies, a peut-être eu une fonction religieuse, alors que la grenade carthaginoise est si réputée que les Romains la dénomment mela punica. Entre autres instruments agricoles, on utilise pour le dépiquage le plostellum punicum, sorte de traîneau en bois pourvu de roulettes dentées, des araires munis d'un long mancheron recourbé accroché à un manche, avec, à l'extrémité, une poignée à angle droit et un soc dans la partie inférieure, comme on en trouve encore en Afrique. Le fourrage est transporté dans des chars à roues pleines, équipés de montants ouverts. Les rendements céréaliers sont modestes, les meilleures terres étant consacrées à la vigne et à l'olivette. Le territoire agricole ne se limite plus à une étroite bande côtière, de surcroît menacée par les Libyens, qui exigent un tribut, mais couvre la majeure partie de la Tunisie. L'intérêt que porte Carthage à l'Afrique occidentale, dans la seconde moitié du Ve s., est attesté par le développement de Sabratha et de Leptis Magna, débouchés de pistes transsahariennes. Les Garamantes et les Nasamons installés au sud du golfe de Syrte, à trente jours de marche de la côte, sont les intermédiaires entre le « Pays des Noirs » et Carthage. Ils connaissent aux Ve et IVe s. un accroissement démographique et un essor agricole qui ne sont pas sans relation avec l'influence des établissements carthaginois du littoral. Carthage reçoit des escarboucles et probablement de l'ivoire, des peaux, et des esclaves capturés par les Garamantes. Le transport de l'or est moins probable. Le redressement de Carthage est tel que, à la fin du siècle, elle reprend les hostilités, profitant des dissensions grecques. Elle met à sac Sélinonte, Himère, Gela, et occupe les territoires à l'ouest du fleuve Halycus. Jamais l'Empire punique n'a été aussi étendu. Cependant, en 310, Agathocle, tyran de Syracuse, réussit à débarquer au sud du cap Bon, dans le nord-est de la Tunisie actuelle, avec 14 000 hommes, et, durant trois années, dévaste un grand nombre de cités puniques, avant de regagner Syracuse. Carthage reste sauve, mais la preuve est désormais faite que son territoire est loin d'être inaccessible. Pendant qu'elle combat les Grecs, Carthage s'allie avec Rome, comme en témoignent les accords d'échanges de 508, de 348 et de 306, ainsi que le traité de défense mutuelle signé en 279. Les intérêts des deux États semblent convergents. Mais une fois les Grecs évincés de la Méditerranée occidentale, au milieu du IIIe s., les impérialismes romain et punique se retrouvent face à face. « Les Romains, selon l'historien grec Polybe, constatant que les Carthaginois avaient étendu leur domination non seulement sur les rivages de l'Afrique, mais encore sur une bonne partie de l'Espagne et qu'ils étaient en outre maîtres de toutes les îles de la mer Tyrrhénienne, songeaient avec inquiétude que, si la Sicile tombait également entre leurs mains, ils auraient là des voisins excessivement encombrants et dangereux, par lesquels ils se trouveraient encerclés, et qui pourraient menacer directement toutes les parties de l'Italie. » Les guerres puniques La première guerre punique (264-241) se solde par la victoire de Rome. Après vingt-deux années de guerre, Carthage est définitivement vaincue à la bataille navale des îles Égates. Elle doit évacuer la Sicile et la Sardaigne, payer un lourd tribut de 4 400 talents, restituer les prisonniers de guerre, renoncer à toute hostilité contre Rome et ses alliés, s'abstenir de conduire des navires dans les eaux italiennes et d'engager des mercenaires dans la péninsule. Carthage et Rome L'équilibre de la Méditerranée s'en trouve profondément modifié. Pour la première fois au cours de son histoire, Carthage perd la suprématie navale. Les Romains s'inspirent de la technologie punique et l'enrichissent par la création d'une passerelle qui s'accroche au navire ennemi et sur laquelle on combat comme sur la terre ferme. Carthage doit faire face à d'énormes problèmes de trésorerie alors que ses ports sont pillés et ses campagnes dévastées. En 240, plusieurs dizaines de milliers de Libyens, accablés par l'effort de guerre, mais aussi les mercenaires d'Afrique et de Sardaigne, restés plusieurs mois sans salaire, se soulèvent, occupent l'isthme de Carthage, assiègent Utique et Bizerte. Il faut quatre ans et des méthodes sanguinaires au général Hamilcar Barca pour remporter cette « guerre inexpiable » décrite par Flaubert dans Salammbô. Hannibal Carthage, meurtrie, prépare sa revanche ; cette fois à partir de l'Espagne, où, en 237, uploads/Geographie/ carthage-2.pdf
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- Publié le Jui 17, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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