La digestion microbienne chez les camélidés U J. P. JOUANY CEYRAT (FRANCE) I.N.
La digestion microbienne chez les camélidés U J. P. JOUANY CEYRAT (FRANCE) I.N.R.A. C. KAYOULI TUNIS (TUNISIE) I.N.A.T. RESUME - L'anatomie des préestomacs des camélidés est différente de celle des Ruminants. On note en particulier l'absence d'un feuillet, remplacé par un réservoir à forme allongée dont la partie interne est tapissée d'une muqueuse glandulaire lisse et qui se termine par une zone légèrement dilatée correspondant au lieu de sécrétion de HCI. Ce compartiment est relié à la partie la plus vaste des préestomacs (compartiment 1) par l'intermédiaire d'un canal court. Le compartiment l, où débouche l'oesophage, comporte une grande courbure sur sa partie supérieure et un sac antérieur séparé de la partie ventrale par un pilier, en plus de 2 lobes situés sur la partie antérieure gauche et postérieure droite. Ces lobes, appelés <<sacs glandulaires>), sont constitués de cellules (ou augets) auxquelles on attribue un rôle important dans l'absorption des produits de la fermentation et dans la formation de substances tampons. Le premier réservoir abrite une population microbienne importante composée de bactéries et de protozoaires. La présence de champignons, de mycoplasmes et de bactériolophages n'a pas encore été décrite. Lors de conditions sévères d'alimentation (longues périodes de disette), les protozoaires peuvent disparaître. La nature des produits terminaux de la fermentation (acides gras volatils et ammoniaque) dans le premier réservoir est proche de celle du rumen. Toutefois la plupart des auteurs s'accordent pour dire que la concentration d'acides est supérieure dans les préestomacs. L'évolution de ces 2 paramètres signifie que la production d'acides y est plus importante. En revanche la concentration azote ammoniacal serait plus faible. Les camélidés semblent faire un meilleur usage de l'azote en réduisant son excrétion dans l'urine et en limitant la quantité d'azote microbien recyclé dans le premier réservoir. Ce dernier processus n'a pas été prouvé, mais il est supposé exister à partir d'observations expérimentales sur les concentrations en azote ammoniacal du compartiment 1 dans diverses conditions extrêmes. Ceci pourrait donner aux camélidés un avantage définitif sur les ruminants lorsqu'ils sont nourris avec une alimentation à faible teneur en azote. Les rares études digestives réalisées sur le chameau à une bosse montrent qu'ils digèrent mieux la cellulose que les ruminants; des programmes scientifiques pourraient être élaborés pour expliquer les attributs spécifiques de ces animaux qui leur permettent de survivre dans des conditions sévères: ils peuvent utiliser des plantes connues pour être indigestes pour le ruminant (arbustes, plantes coriaces, noyaux de dattes, etc.). Nous arriverons à mieux comprendre les particularités de la digestion des glucides pariétaux dans le premier compartiment en appliquant au chameau les méthodes d'étude des microorganismes du rumen et la méthodologie complexe des bilans digestifs à différents niveaux du tube digestif pour compléter l'excellent travail accompli par les physiologistes au cours des dernières années. Cet objetif ne pourra être atteint qu'en associant des laboratoires du Nord maîtrisant bien toute cette technologie et des laboratoires du Sud connaissant bien le comportement des animaux dans leur milieu naturel. Mots-clés: Dromadaire, digestion microbienne. SUMMARY - cd4icrobial digeslion'in cameb. The anatomy o f the forestomach o f Camelidae is different from that o f ruminants. It is characterized by the absence of a osalteriunz, replaced by a digestive compartment the function of which is not well defined The rumen is also anatomically different, having two glandular pouches placed on either side. Different hpotheses have been forwarded but apart from absorption o f the end products o f fermentation, nothing is really known about the role o f these water cells. The first Compartment harbours a large microbial population made up o f bacteria atzd protozoa, The presence o f fungi, mycoplastns and bacteriophages has not yet been described. In severe conditions o f feeding (long starving period) protozoa may disappear. The fermentation end products (volatile fatty acids and ammonia) in the first compartment are similar to that o f the rumen. Camelidae seem to use nitrogen better by lowering urinary nitrogen excretion and by limiting the amount o f recycled microbial nitrogen in the first compartment. The latter has not been proved but is assumed from experimental observations on ruminal ammonia nitrogen concentrations in different extreme conditions. This could give Camelidae a definitive advantage over ruminants when they are fed diets low in nitrogen. The rare digestive studies made on one-humped camel show that they digest cellulose better than ruminants. Scientific programmes could be developed to explain the specific attributes o f these animals which enable them to survive in severe conditions: they can use plants known to be indigestible for the ruminant (shrubs, tough plants, date stones, etc.). We will arrive at a better understanding o f the digestion o f cell wall carbohydrates in the first compartment of camel b y making digestive and microbiological studies to supplement the fine work done over the last few years by the physiologists. Key words: Dromedary, microbial digestion. Options Méditerranéennes - Série Séminaires - n," 2 - 19x9: 89-96 CIHEAM - Options Mediterraneennes Serie A: Seminaires mediterraneens La plupart des études à caractère digestif effectuées au cours de ces 15 dernières années sur les camélidés ont porté essentiellement sur des descriptions anatomiques du tube digestif (VALLENAS et al., 1971; SHAHRASBI et RAD- MEHR, 1974,1975; EMA et TULPULE, 1980; HIFNY et al., 1985) qui ont été complétées par des études histologiques des muqueuses (CUMMINGS et al., 1982; LUCIANO et al., 1979; DOUGBAG et BERG, 1980). L'ensemble de ce travail a permis de préciser la morphologie originale des estomacs et de mettre un terme à la discordance des résultats présentés dès le siècle dernier par CUVIER (1805), BRANDT (1841), BOAS (1890) et CORDIER (1894). Récemment, des travaux importants ont été entrepris sur l'étude de la physiologie du tube digestif des camélidés (cf. revue de ENGELHARDT et al., 1984) et sur le métabolisme original de ces animaux (CHANDRASENA et al., 1979; EMMANUEL, 1979, 1981). En revanche peu de résultats concernant la digestion microbienne chez ces animaux ont été publiés. Les techniques désormais classiques chez le ruminant faisant appel à l'emploi d'animaux porteurs de fistules placées à l'entrée et a la fin de l'intestin grêle, associées a l'utilisation de marqueurs de la digestion et des protéines microbiennes, n'ont pas été utilisées chez les camélidés. Les mesures quantitatives de la digestion ont été effectuées sur l'ensemble du tube digestif ce qui ne permet pas de faire la part des préestomacs et de l'estomac, de l'intestin grêle et du gros intestin dans la digestion. Or nous savons, à partir de mesures effectuées chez le ruminant, que des différences observées au niveau du rumen peuvent être masquées lorsque les déterminations sont effectués au niveau des fèces. Ceci s'explique par un déplacement de la digestion des préestomacs vers le gros intestin. Enfin, les déterminations in vivo ou in vitro de la nature des produits terminaux des fermentations dans les préestomacs sont souvent difficiles à interpréter car les auteurs de publications ne donnent pas suffisamment d'informations (nature précise des rations, de leur composition chimique; mode et niveau d'alimentation). En outre, les données fragmentaires dont nous disposons ont été obtenues sur des espèces animales différentes (chameau ou dromadaire, lama ou guanaco ou alpaga). A partir de ces remarques générales, nous nous proposons d'analyser les données brutes fournies par la bibliographie et d'en tirer des hypothèses sur le fonctionne- ment du fermenteur que constituent les préestomacs des camélides, en essayant de mettre en évidence les lacunes de nos connaissances et les moyens de les combler. Caractéristiques anatomiques et physiologiques des estomacs des camélidés L'anatomie de l'estomac du dromadaire diffère beaucuop de celui des ruminants; la conformation et les connexions entre les réservoirs gastriques sont si différentes que les opinions sur les limites, la nature et le rôle de certaines parties de cet organe sont l'objet de controverses entre auteurs. C'est pourquoi nous appellerons compartiment 1 et compartiment 2 les réservoirs des préestomacs des camélidés qui correspondent respectivement au rumen et au réseau, le troisième compartiment n'ayant pas d'équivalent chez le ruminant. En examinant les compartiments digestifs de cinq dromadaires abattus dans la région de Tunis, nous avons observé que les principales différences portent d'une part sur l'existence au niveau du compartiment 1 de deux énormes culs-de-sacs arrondis et d'autre part sur l'absence du feuillet. La capacité moyenne totale de ces réservoirs, d'après nos observations, est de 280 litres chez des dromadaires âgés de 3 à 5 ans et pesant environ 500 à 600 kg. Le réticulo-rumen chez les ruminants proprement dits l'ensemble rumen + réseau est divisé en plusieurs sacs. En revanche, les camélidés possèdent un énorme réservoir réniforme et incurvé sur lui-même. On peut distinguer une face supérieure ou dorsale portant une grande courbure, une face ventrale comportant une base appelée <<hilen et deux sacs situés de part et d'autre de la base (sac Cranial et sac ventral). La grande courbure du rumen suit l'hypochondre gauche et reste à distance du flanc gauche contrairement aux ruminants. Le <<hile,> constitué d'une échancrure profonde placée en avant et à droite relie le compartiment 2 au compartiment 1. Le compartiment 2 du dromadaire uploads/Geographie/ digestion-lamas-lamas.pdf
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- Publié le Oct 05, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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