Cahiers d’études africaines 161 | 2001 Varia Édition électronique URL : http://
Cahiers d’études africaines 161 | 2001 Varia Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/etudesafricaines/1579 DOI : 10.4000/etudesafricaines.1579 ISSN : 1777-5353 Éditeur Éditions de l’EHESS Édition imprimée Date de publication : 1 janvier 2001 ISBN : 978-2-7132-1385-4 ISSN : 0008-0055 Référence électronique Cahiers d’études africaines, 161 | 2001 [En ligne], mis en ligne le 03 janvier 2001, consulté le 02 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/etudesafricaines/1579 ; DOI : https://doi.org/ 10.4000/etudesafricaines.1579 Ce document a été généré automatiquement le 2 décembre 2020. © Cahiers d’Études africaines SOMMAIRE Adrian Adams (1945-2000) Edmond Ortigues études et essais L’africanisme en Allemagne hier et aujourd’hui Youssouf DIALLO À l'ombre du conflit violent Règlement et gestion des conflits entre agriculteurs karaboro et agro-pasteurs peul au Burkina Faso* Sten Hagberg A complex relationship: Mozambique and the Comoro Islands in the 19th and 20th centuries Edward A. Alpers Le lait, le sperme, le dos. Et le sang ? Représentations physiologiques de la filiation et de la parenté de lait en islam malékite et dans la société maure de Mauritanie Corinne Fortier Le syndrome du prophète Médecines africaines et précarités identitaires* Joseph Tonda Changing intercommunity relations and the politics of identity in the Northern Mezam area, Cameroon* Emmanuel Yenshu Vubo et George A. Ngwa chronique bibliographique Agier, Michel. -- Anthropologie du carnaval. La ville, la fête et l'Afrique à Bahia. Marseille, Éditions Parenthèses/IRD, 2000, 256 p. Denis-Constant Martin Baumgardt, Ursula & Bounfour, Abdellah, eds. -- Panorama des littératures africaines. État des lieux et perspectives. Paris, L'Harmattan/INaLCO, 2000, 191 p. Baumgardt Ursula, Bounfour Abdellah Françoise Ugochukwu Hagberg, Sten. -- Between Peace and Justice. Dispute Settlement Karaboro Agriculturalists and Fulbe Agro-pastoralists in Burkina Faso. Uppsala, Uppsala Universitet, 1998, 268 p. (« Acta Universitatis Upsaliensis »). Benoit Hazard Hale, Thomas A. -- Griots and Griottes. Masters of Words and Music. Bloomington- Indianapolis, Indiana University Press, 1998, 410 p. Christiane Seydou Herle, Anita & Rouse, Sandra, eds. -- Cambridge and the Torres Strait. Centenary Essays on the 1898 Anthropological Expedition. Cambridge, Cambridge University Press, 1998, 252 p. Emmanuelle Sibeud Cahiers d’études africaines, 161 | 2001 1 Heusch, Luc de. -- Le roi de Kongo et les monstres sacrés. Mythes et rites bantous. III. Paris, Gallimard, 2000, 424 p. Jean-Loup Amselle Iliffe, John. -- Les Africains. Histoire d'un continent. Traduit de l'anglais par Jean-Paul Mourlon, Paris, Aubier, 1997, 459 p. (« Histoires »). Jean-Loup Amselle Jaffré, Yannick & Olivier de Sardan, Jean-Pierre, eds. -- La construction sociale des maladies. Les entités nosologiques populaires en Afrique de l'Ouest. Paris, Presses universitaires de France, 1999, 374 p. (« Les champs de la santé »). Marc-Éric Gruénais Lindfors, Bernth, ed. -- Africans on Stage. Studies in Ethnological Show Business. Bloomington-Indianapolis, Indiana University Press, 1999, 302 p. François-Xavier Fauvelle-Aymar Lynn, Martin. -- Commerce and Economic Change in West Africa. The Palm Oil Trade in the Nineteenth Century. Cambridge, Cambridge University Press, 1997, 270 p. (« African Studies »). Dominique Juhé-Beaulaton Ngoie Ngalla, Dominique. -- Congo-Brazzaville. Le retour des ethnies. La violence identitaire. Abidjan, Imprimerie Multiprint, 1999, 125 p. Claude-Hélène Perrot Reinwald, Brigitte. -- Der Reichtum der Frauen. Leben und Arbeit der weiblichen Bevölkerung in Siin/Senegal unter dem Einfluss der französischen Kolonisation. Münster-Hamburg, Lit Verlag, 1995, 121 p. (« Studien zur afrikanischen Geschichte », Bd. 9). Monika Salzbrunn Scheub, Harold. -- Story. Madison, University of Wisconsin Press, 1998, 351 p. François-Xavier Fauvelle-Aymar Cahiers d’études africaines, 161 | 2001 2 Adrian Adams (1945-2000) Edmond Ortigues Adrian Adams est morte le 2 août dernier dans un accident de voiture, non loin de Kungani, alors qu'elle allait à Dakar présenter son dernier écrit : Quel avenir pour la vallée ? Le lendemain, de toute la vallée du fleuve Sénégal, les Soninké sont venus en foule rendre un dernier hommage à celle qui leur léguait à la fois son message et sa vie. Elle est morte au moment où ses idées sur le « développement paysan » obtenaient enfin une audience officielle, alors que, pendant de longues années, la conception dirigiste du « développement administratif » avait multiplié les fonctionnaires pour encadrer les paysans jugés trop ignorants. La terre avait été nationalisée ; le droit foncier local était méconnu ; à défaut de cadastre, il a fallu qu'Adrian Adams dresse le parcellaire des environs de Kungani. Une société d'État chargée des grands travaux distribuait aux paysans des « parcelles individuelles » sans tenir compte des structures sociales liées à l'occupation du sol. Cette institution amenait les cultivateurs à se couvrir de dettes pour payer engrais et semences dont elle était le fournisseur au service d'un plan qui imposait la culture du riz et autres produits destinés à l'alimentation des villes sans se préoccuper des cultures vivrières dont se nourrissaient les villageois, de sorte que l'asservissement par la dette devenait le seul avenir promis à une population composée de vieux et d'enfants sans père, car une forte émigration économique avait conduit beaucoup d'hommes en France. Le village n'avait pas d'institution municipale semblable à celle que connaissent depuis plusieurs siècles les communes d'Europe. D'après la loi sénégalaise sur le régime domanial, l'État garde la maîtrise du foncier, ce qui facilite la conception étatique du développement. Développer quoi et pour qui ? demandait Adrian Adams. Pendant des années, elle fut politiquement suspecte, accusée d'hostilité au gouvernement, alors qu'elle n'avait aucune préoccupation de ce genre. Elle voulait seulement attirer l'attention des autorités sur une évidence : « Il y a des gens vivant ici. » « Il y a ici des gens vivants. » Au cours des dernières années, le gouvernement sénégalais a redécouvert l'existence de ce qui fut longtemps nommé « l'économie informelle » ou populaire, celle que pratiquaient au jour le jour ces mêmes gens. On lui reconnaît aujourd'hui une existence légale. C'est ce que souhaitaient Adrian Adams et Jaabe Sow, le fondateur de la Fédération paysanne dont il sera question plus loin. C'est de là qu'il fallait partir pour Cahiers d’études africaines, 161 | 2001 3 aller plus avant ; il fallait d'abord aider les villageois à devenir les acteurs de leur propre développement. Le problème n'était pas seulement économique. Et, par exemple, les instituteurs qui avaient été nommés à Kungani ne comprenaient pas le soninké. Les enfants apprenaient par coeur des formules en français. À la fin de leurs études ils pouvaient lire le journal sans en comprendre un mot. Ainsi, dans tous les domaines -- intellectuel, moral, économique -- le présent était vide. Entre des coutumes ancestrales qui se désagrègent et un avenir de prolétaires administrés, il n'y avait pour les Soninké qu'un présent désaffecté, un fait brut et sans âme. La réalité quotidienne était désavouée, et il ne faut pas s'étonner que cette réalité vivante désavoue à son tour les discours savants que l'on pouvait tenir sur elle. La tragédie du désaveu mutuel entre les paysans et les fonctionnaires, entre les illettrés et les lettrés, est ce qu'Adrian Adams a dénoncé dans toute son oeuvre. Les paysans savaient que leurs paroles étaient vaines, car seul l'écrit fait autorité aux yeux d'un État lointain. L'écriture était l'instrument du pouvoir. Et si Adrian Adams a écrit, c'est pour qu'une existence de droit fût reconnue aux villageois, l'écriture étant le seul moyen d'affirmer le droit des gens. Là se trouve le sens le plus profond, le plus humain, et le moins bien compris de l'oeuvre d'Adrian Adams. Serai-je capable de faire entendre cela, qui fut sa raison de vivre et de mourir ? Adrian approchait de sa vingtième année lorsque je l'ai connue. Elle commençait à Dakar ses études universitaires en philosophie. C'est au cours de cette période qu'en toute clarté de conscience elle décida de consacrer sa vie à l'Afrique. Intelligente et douce, elle avait une volonté de fer ; elle était l'un de ces êtres qui donnent l'impression de choisir leur destin, non de le subir. Elle est née à New York le 30 novembre 1945. Son père, diplomate, avait occupé divers postes en Allemagne et en France, de sorte que la jeune Adrian avait appris à s'exprimer dans les trois langues. Après avoir obtenu son doctorat à la London School of Economics, elle fut chargée d'enseigner l'anthropologie à l'Université d'Aberdeen, dans l'Écosse qu'elle aimait parce qu'elle y retrouvait le mélange de romantisme et de bon sens qu'elle devait célébrer plus tard chez le voyageur écossais Mungo Park. Quand elle prit son poste à Aberdeen en 1973, elle obtint une bourse du Social Research Council pour étudier la vallée du fleuve Sénégal. Au cours de plusieurs séjours successifs à Kungani, elle rencontra Jaabe Sow, qui animait alors les travaux agricoles qu'elle était venue étudier. Adrian Adams et Jaabe Sow étaient de même trempe. Ils se reconnurent. En 1977, Adrian décida de renoncer à sa carrière universitaire pour devenir la troisième épouse de cet homme intelligent, créatif et généreux. L'Université d'Aberdeen fit savoir qu'elle pourrait reprendre son poste quand elle le voudrait. Cependant elle déclarait : « Jamais je ne me suis sentie aussi pleinement réconciliée avec moi-même. » Et c'est ainsi que, pour toujours, elle devint Soninké. La même année (1977), elle publiait chez Maspero Le uploads/Geographie/ etudesafricaines-1579.pdf
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- Publié le Fev 12, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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