42 Le carré est l’une des figures géométriques les plus fréquemment et universe

42 Le carré est l’une des figures géométriques les plus fréquemment et universellement employées dans le langage des symboles. Il est l’un des quatre symboles fondamentaux, avec le cercle, le centre et la croix. Suivant Plutarque, les Pythagoriciens affirmaient que le carré réunissait les puissances de Rhéa, d’Aphrodite, de Déméter, d’Hestia et d’Héra. Commentant ce passage, Mario Meunier précise : « Le carré signifiait que Rhéa, la mère des dieux, la source de la durée, se manifestait par les modifications des quatre éléments symbolisés par Aphrodite qui était l’eau génératrice, par Hestia qui était le feu, par Déméter qui était la terre et par Héra qui était l’air. Le carré symbolisait la synthèse des éléments ». Le cercle et le carré symbolisent deux aspects fondamentaux de Dieu : l’unité et la manifestation divine. Le cercle exprime le céleste, le carré le terrestre, non pas en tant qu’opposé au céleste, mais en tant que créé. Dans les rapports du cercle et du carré, il existe une distinction et une conciliation. Le cercle sera donc au carré ce que le Ciel est à la Terre, l’éternité au temps, mais le carré s’ins - crit dans un cercle, c’est-à-dire que la Terre est dépendante du Ciel. L’équerre sert à tracer le carré et à mesurer la terre. Or dans la Chine ancienne, la Terre est carrée, ses divisions sont carrées : c’est pourquoi l’équerre est à branches égales. Les formes anciennes du caractère Fong (carré), figurent deux équerres opposées formant un carré, ou encore un svastika, dextre formée de quatre équerres, et délimitant donc l’espace en quatre régions. L’équerre est un LE SYMBOLISME DU CARRÉ par Clémentius Photo A.M.O.R.C. Revue Rose-Croix n° 227 - 2008 43 emblème de l’empereur, qui est le maître de la terre et, à l’image de Yu-le-Grand, son organisateur. La glose traditionnelle du caractère Kong (équerre) indique que l’équerre donne leur figure à toutes choses ; elle forme l’angle droit, qui forme les carrés, lesquels forment les cercles. D’autres textes confirment la formation par inscription du cercle à partir du carré, c’est pourquoi, selon Granet, l’équerre est emblème du sorcier, lequel est Yin-Yang. En outre, le cercle inscrit dans le carré est un symbole de l’androgynie primordiale. L’équerre est la forme de la lettre grecque gamma. D’où les figures antiques appelées gammadia : soit quatre équerres opposées par le sommet et délimitant entre elles une croix, soit quatre équerres formant un carré dont le centre est marqué par une croix. Dans les deux cas, la croix centrale est un symbole du Christ, et les quatre équerres celui des quatre Évangiles, ou des quatre animaux de l’Apocalypse. Guénon a en outre remarqué que la première forme du gammadion correspondait aux délimitations intérieu - res du Lochou, le carré magique révélé à Yu-le-Grand, et pouvait ainsi ramener à la notion de mesure de l’espace terrestre. Le carré est également le symbole de la stabilité. C’est pourquoi la plupart des villes et des maisons de l’Antiquité étaient construites sur une base carrée. Par ailleurs, les temples étaient souvent entourés d’une muraille formée de quatre murs ayant la même longueur. Quant à l’autel, situé dans le Saint des Saints, il était généralement constitué par un bloc de granit ayant une forme cubique. Dans cet ordre d’idée, voici ce qui est écrit dans la Bible (Apocalypse de Jean, chapitre XXI, versets 15 à 18), à propos de la Jérusalem Céleste : «Et celui (l’Ange) qui me parlait, tenait une mesure, un roseau d’or, pour mesurer la ville, ses portes et sa muraille. La ville est quadrangulaire, et sa longueur est égale à sa largeur. Il mesure la ville avec son roseau, jusqu’à douze mille stades ; la longueur, la largeur et la hauteur en sont égales. Il en mesure aussi la muraille, de cent quarante-quatre coudées, mesure d’homme qui est aussi mesure d’Ange ». Le symbole de l’Islam, la Ka’ba, est un bloc carré ; il exprime lui aussi le nombre 4, symbole de stabilité. La maison arabe elle aussi est carrée, de même que le mausolée à coupole (Koubba), élevé sur la tombe des saints Revue Rose-Croix n° 227 - 2008 musulmans. Le mausolée cubique représente la terre ou le corps, avec ses quatre éléments, et la coupole le ciel ou esprit. Villard de Honnecourt, qui a groupé au XIIIe siècle des dessins stylisés, nous donne le plan d’une église cistercienne du XIIe siècle, tracée ad quadratum. Celle-ci offre des analogies avec les mesures du microcosme, c’est-à-dire l’homme, selon sainte Hildegarde. L’homme hildegardien, les pieds joints et les bras étendus, comporte cinq mesures égales dans le sens de la longueur et de la largeur ; les dimensions précisées dans le sens de la longueur et de la largeur sont représentées par des carrés. Une telle église ad quadratum s’inscrit dans un rectangle ; sa longueur comporte trois carrés d’égale mesure. Le plan de l’église cistercienne comporte 12 mesures égales dans le sens de la longueur et 8 dans le sens de la largeur, soit 12 / 8 ou 3 / 2. La signification symbolique du quaternaire (quatre) se rattache à celle du carré. Depuis les époques voisines de la préhistoire, le quatre fut utilisé pour signifier le solide, le tangible, le sensible. Son rapport avec la croix en faisait un symbole incomparable de plénitude, d’universalité, un symbole totalisateur. La croisée d’un méridien et d’un parallèle divise la terre en quatre secteurs. Le symbolisme du carré est étroitement lié aux correspondances des quatre points cardinaux, (le Nord, le Sud, l’Est, l’Ouest), ainsi qu’aux quatre éléments, (la terre, l’air, l’eau et le feu), aux quatre vents, aux quatre piliers de l’Univers ; également aux quatre phases de la Lune, aux quatre saisons, (le printemps , l’été, l’automne et l’hiver), aux quatre périodes de la vie (l’enfance, la jeunesse, la maturité, la vieillesse), aux quatre fleuves du Paradis. Il y a quatre lettres au nom de Dieu (YHVH), ainsi que quatre Évangélistes. L’humanité se divise en quatre races principales : la race blanche, la race jaune, la race noire, la race rouge, etc. La nature elle-même est régie par le nombre 4. En effet, chacun de ces quatre règnes est l’expression d’une division quaternaire. Ainsi, les minéraux sont de quatre ordres : les gemmes, les minerais, les combustibles, les sels. 44 Revue Rose-Croix n° 227 - 2008 45 Selon la théorie d’Auguste Bravais, les cristaux sont formés de particules qui ne sont pas au contact les unes des autres, mais ordonnées dans l’espace suivant des règles géométriques bien précises qui se retrouvent dans la forme macroscopique des cris- taux. Il a identifié quatorze types de « mailles élé- mentaires » qui, en se répétant dans l’espace, reproduisent le réseau cristallin. L’hypothèse d’Au- guste Bravais fut confirmée par des expériences uti- lisant des rayons X. Certains de ces réseaux sont quadratiques (A, système cubique, B, système cubique centré, C, système cubique à faces centré). Ce sont essentiellement les propriétés optiques qui révèlent la structure des cristaux. Les cristaux cubiques sont « optiquement isotropes », c’est-à-dire que la lumière se propage avec la même vitesse dans toutes les directions et il n’y a pas de biréfringence. Prenons les quatre premiers nombres : 1-2-3-4-. Leur somme donne la Décade, symbole de perfection et clef de l’univers. Le qua ternaire est le chiffre sacré de ce monde, de la terre des hommes. Il s’inscrit à égale distance de l’Unité impénétrable (4 – 1 = 3) et du septénaire (7 – 4 = 3), qui exprime son union à la Triade divine, c’est-à-dire à l’Un considéré sous ses trois rapports avec la Création : puissance, intelligence, amour. Cette situation du quaternaire à égalité entre l’Un et le Sept définit assez bien la vocation de l’homme ; issu de l’unité, il s’en distingue comme le créé du Créateur, mais il est appelé à retourner au Créateur et à s’unir à Lui. Il fait ainsi en sens inverse le même chemin, le trois, une première fois dans le sens de la différenciation, et une seconde fois dans le sens de la réintégration. Le quaternaire exprime bien une situation, mais une situation évolutive, l’homme étant placé sur Terre dans une dynamique intéressant tout l’Univers. Les carrés magiques Il existe également une très riche tradition de carrés magiques. Le carré évoque, dans ses strictes limites, le sens du secret et du pouvoir occulte. Le carré magique est un moyen de capter et de 4 9 2 3 5 7 8 1 6 Revue Rose-Croix n° 227 - 2008 46 mobiliser virtuellement un pouvoir, en l’enfermant dans la repré- sentation symbolique du nom ou du chiffre de celui qui détient naturellement ce pouvoir. L’invention du carré magique daterait des origines de la science. Selon Lutfi’l Maqtûl, dans La duplication de l’autel, la science du carré magique est une science initiale que Dieu a créée. Il a initié Lui-même Adam à cette science, puis ses prophètes, ses saints et ses sages se la sont transmise. L’établisse- ment d’un rapport entre ces carrés et les planètes remonterait aux uploads/Geographie/ explication-du-carre-magique.pdf

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