Rav Elie LELLOUCHE S’INVESTIR RÉSOLUMENT DANS L’ÉTUDE DE LA TORAH Article et co

Rav Elie LELLOUCHE S’INVESTIR RÉSOLUMENT DANS L’ÉTUDE DE LA TORAH Article et contenu réalisés par TORAT HAIM VECHALOM - 35, rue Emile Lepeu 75011 PARIS - 01.44.93.51.50 Association reconnue d’utilité générale habilitée à recevoir les DONS et les LEGS. Directeur : Rav Elie LELLOUCHE d"cb PARACHAT BEHAR Samedi 25 MAI 2019 20 IYAR 5779 entrée chabat : 21h18 sortie chabat : 22h39 S’investir résolument dans l’étude de la Torah (Elie LELLOUCHE) - Parachat Béhar : le don continuel (Michaël SOSKIN) - Sur les traces de nos pères (Ephraim REISBERG) - Une mitswa révolutionnaire (Yo’hanan NATANSON) MAYAN HAIM MAYAN HAIM EDITION Un Beth Hamidrach parisien Le ‘Amal HaTorah, que l’on pourrait traduire par un investissement intense dans l’étude, n’est pas une disposition annexe embellissant la Mitsva liée à la connaissance de la Sagesse Divine, elle en constitue l’essence même. Plus encore, la Paracha Bé’houkotay consacre l’importance primordiale du ‘Amal HaTorah en plaçant cette injonction au premier rang des conditions permettant au peuple d’Israël de bénéficier de la bénédiction divine. Ainsi, en préambule aux Béra’khot déclinées dans cette Paracha, Hachem affirme: «Im Bé’houkotay Télé’khou VéEt Mitsvotay Tichmérou Va’assitem Otam,VéNatatti Guichmé’khem Bé’itam»: «Si vous allez dans mes décrets et que vous gardez mes commandements en les accomplissant, Je vous donnerez vos pluies en leur temps» (Vayikra 26,3). Rachi, au nom du Midrach Torat Cohanim, explique le terme Bé’houkotay en référence avec la peine que l’on doit se donner pour l’étude de la Torah. En effet, ce terme ne peut se référer à l’accomplissement et à l’observance des Mitsvot dans leur ensemble, ces dernières étant citées nommément dans la suite du verset. Par déduction, le terme Bé’houkotay fait nécessairement écho au second pôle du service divin que constitue l’étude de la Torah. Cependant, cette recommandation divine, porteuse de bienfaits pour le ‘Am Israël, ne se limite pas à un apprentissage purement formel ou occasionnel. L’étude de la Torah, dans notre Paracha est appelée ‘Houka. L’acception courante de ce terme désigne, parmi l’ensemble des Mitsvot, celles dont l’essence même relève de l’irrationnel, par opposition aux Michpatim, les lois sociales, ou les ‘Edouyot, les témoignages, accessibles, au moins en partie, à l’esprit humain. L’emploi de cette expression pour désigner l’étude de la Torah n’est pas fortuit. La Sagesse Divine n’est pas une science ou une discipline universitaire que l’homme pourrait espérer maîtriser et encore moins assujettir. «Ré’hava Mini Yam»; «Plus étendu que la mer» s’exclame Iyov pour rendre compte de l’immensité de la Torah (Iyov 11,9). Mais c’est justement parce qu’elle dépasse l’homme et ses aptitudes intellectuelles que la Torah exige de celui-ci un dépassement. Le ‘Amal HaTorah est la traduction de ce dépassement. Peiner dans l’étude de la Torah c’est, en quelque sorte, porter le témoignage de l’origine divine de celle-ci et, ce faisant, se «connecter» avec Hachem. C’est cette connexion qui permettra l’ouverture des canaux de la bénédiction. Pour nos Maîtres ce ‘Amal peut emprunter plusieurs voies. Ainsi, pour le Kéli Yakar il se traduira par la fixation de périodes journalières et régulières affectées exclusivement à l’étude. En consacrant des moments invariables et immuables à la compréhension de la Torah, nous ancrons en nous la dimension transcendante de la Loi Divine. C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’emploi du terme ‘Houka, qui se rapproche du verbe ‘Hakak, graver, pour désigner l’effort dans l’étude. L’assiduité et la régularité «grave» en nous l’essence divine de la Torah. Pour le Ohr Ha’Haïm HaKadoch, il y a dans la notion de ‘Amal HaTorah une autre exigence. Peiner dans l’étude c’est être à même de revenir constamment sur les textes étudiés au point de se les approprier totalement et de les «graver» en soi. Or ce retour constant suppose d’être animé d’un désir ardent pour la Torah. C’est pourquoi, explique le Ohr Ha’Haïm, lorsque ce désir est défaillant, l’oubli s’installe naturellement en l’homme afin de l’amener à revoir ce qu’il a déjà appris. On le voit à travers ces deux exemples le ‘Amal HaTorah, plus qu’une composante de l’étude, en constitue, comme le souligne le Rav Dessler, l’objectif ultime. En conférant à la Torah sa dimension sacro-sainte, il en fait l’arme la plus sûre du ‘Am Israël. « Quand vous arriverez sur la terre que Je vous donne, la terre respectera un « chabbat » en l’honneur d’Hachem » (Vayikra 25, 2). C’est ainsi que la Torah nous présente la mitsva de la Chemita qui consiste, une année sur sept, à s’abstenir de tout travail agricole. On pourrait être tenté de lire ce verset comme une façon pour Hachem de se rétribuer sur le don qu’il fait à son peuple de la terre d’Israel, ou de le limiter : « Je vous donne cette terre, mais à condition que vous me la rendiez une année sur sept ». Mais ce serait passer à côté de la beauté du message. Le Mechekh ‘Hokhma dit que c’est justement pour éviter ce contresens que la Torah fait précéder le commandement de la Chemita par la mention du fait qu’Hachem nous donne la terre d’Israël, comme un cadeau. Or nos Sages stipulent que si la vente d’un champ est par défaut parcimonieuse (bayin raa), un cadeau est en revanche toujours offert avec largesse (beayin tova), à plus forte raison ici où il vient d’Hachem. Le commandement de la Chemita est donc nécessairement non pas une limite au don de la terre, mais au contraire une partie du cadeau. C’est en réalité la cerise sur le gâteau. Car la Torah promet une fertilité exceptionnelle de la terre, garantissant une abondance suffisante pour tenir l’année de la Chemita, ainsi que la suivante (où l’on peut planter, mais où il n’y a rien à récolter jusqu’à la fin de l’année…) : « J’ordonnerai pour vous ma bénédiction dans la sixième année, et elle produira la récolte pour trois années » (Vayikra 25, 21). C’est donc, dit le Mechekh ‘Hokhma, grâce à la Chemita qui nous force à nous arrêter de travailler la terre une année sur sept, que l’on à l’occasion de se rendre compte du caractère tout à fait surnaturel de cette terre. Si on avait continué à la travailler d’année en année, on serait passé à côté de cette constatation. La Chemita, plutôt qu’une contrainte ou une limite au don de la Terre, est au contraire ce qui permet d’apprécier toute la valeur de ce cadeau. Le Sfat Emet explique que le but même du don de la terre d’Israël aux Hébreux, est qu’en l’habitant et en la possédant, ils témoignent que c’est à Hachem qu’appartient le monde. Le sens de la mitsva de Chemita est alors de maintenir la sensation que la terre, in fine, appartient à Hachem. Car la propriété terrienne entretient presque nécessairement une forme de fierté et un sentiment de puissance et de suffisance. En nous demandant de laisser à la terre son année sabbatique, Hachem ranime en nous ce message : « vous êtes des étrangers et des résidents auprès de Moi » (Vayikra 25, 23). Mais là encore, cette modalité du don de la terre qui paraît limitative, est en fait l’ultime bénédiction. Imaginons un paysan qui aime sa terre, la cultive six années durant. Il la connait par cœur, il s’y est attaché par son labeur tenace, l’a modelée selon son souhait. Arrive l’année de la Chemita, notre paysan se sépare de sa terre et la laisse en friche pendant une année entière. A son retour, la nature a repris ses droits, il doit se réapproprier son terrain. Mais il sera heureux de le retrouver, et de pouvoir de nouveau le travailler. C’est comme s’il le recevait à nouveau. La Chemita est donc un dispositif inédit qui permet au cadeau de la terre d’être sans- cesse renouvelé. D’où l’usage du temps présent dans le verset « Quand vous arriverez sur la terre que Je vous donne ». Grâce à la Chemita, le don de la terre d’Israël est perpétuellement renouvelé. Le Sfat Emet fait remarquer qu’on retrouve déjà ce motif dans la bénédiction qu’Itshak fait à son fils Yaakov et qui commence par la phrase : « Et qu’Elokim te donne (veyiten lekha) de la rosée des cieux et des graisses de la terre » (Berechit 27, 28). Le Midrach (Berechit Raba 66,3) qui note que cette bénédiction commence étrangement par la conjonction « Et », en déduit qu’il faut la comprendre ainsi : « qu’Il te donne, et qu’Il te donne à nouveau ». Le Sfat Emet dit que c’est le même mécanisme qui est en place pour le don de la terre d’Israël, et il suggère même que c’est la raison de la répétition apparente du mot « donner » dans le verset qui est lu chaque matin dans la prière : «(…) et Tu scellas l’alliance avec lui [Avraham] de donner le pays du Cananéen, du Héthéen, de l’Amorréen, du Phérézéen, du Jébuséen, du Ghirgachéen de le donner à sa descendance » (Néhémie 9, 8). On peut proposer que ce cadeau qui se répète, ce don perpétuellement renouvelé, c’est l’ultime façon de donner. uploads/Geographie/ mh-behar-5779.pdf

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