1 La Communauté grecque à Braila au XIXe siècle – le début de son organisation

1 La Communauté grecque à Braila au XIXe siècle – le début de son organisation Cristian Filip membre de la Société roumaine d’études Neo-hellenique La plupart des Grecs qui sont établis dans la première moitié du XIXe siècle dans les ports danubiens de Braila et Galati était d’origine ionienne, d’Heptanèse (les îles Corfou, Paxos, Leucade, Ithaque, Céphalonie, Zante et Cythère, n.n.)1. Ceux-ci ont commencé à arriver dans la région du Bas Danube, surtout après 1815, quand les îles Ioniennes se trouvaient sous protectorat britannique. En jouissant de la protection consulaire britannique et étant soumise à l’autorité d’un représentant commercial investi d’attributions de vice-consul, les Grecs ioniens assuraient le trafic fluvial et maritime entre les ports du Bas Danube - Galati et Braila - et Constantinople et les ports de la Mer Adriatique et de la Mer Méditerranée. Ils apportaient dans les Principautés: drap, divers produits manufacturés, prêts à porter, montres, armes, coton, sucre, denrées coloniales et ils en emportaient: cire, laine, miel, suif etc. Ce commerce est insignifiant par rapport à celui céréalier qui a connu un développement sans précédent, notamment après l’abolition des limitations imposées aux importateurs anglais de céréales, en conséquence de l’abrogation des Lois de céréales (Corn Laws) par le Parlement anglais le 6 juin 18462. Sur le plan intérieur, après 1831, les autorités de Valachie ont pris une série de mesures afin d’améliorer le trafic naval à Braila, telles: l’aménagement de quais pour 1 Nicolae Iorga, Istoria Românilor. Revoluţionarii, vol. VIII, Bucureşti, 1938, p. 386. [Nicolae Iorga, L’Histoire des Roumains. Les Révolutionnaires, vol. VIII, Bucarest, 1938, p. 386]. Gheorghe Mihăilescu, Populaţia Brăilei. Studiu de demografie dinamică şi statistică, în “Analele Brăilei”, IV, 2-3, (1932), p. 117-118 [Gheorghe Mihăilescu, La Population de Braila. Etude de démographie dynamique et statistique, dans “Les Anales de Braila”, IV, 2-3, (1932), p. 117-118] Cornelia Papacostea Danielopolu, Comunităţile greceşti din România în secolul al XIX- lea, Bucureşti, Editura Omonia, 1996, p. 64-65 [Cornelia Papacostea Danielopolu, Les communautés grecques de Roumanie au XIXe siècle, Bucharest, les Editions Omonia, 1996, p. 64-65]. 2 Paul Cernovodeanu, L’activité des maisons de commerce et des négociants ioniens du Bas Danube durant l’intervalle 1829-1853, en “Actes du IIe Colloque International d’Histoire”, tome I, Athènes, 1985, p. 91. 2 faciliter le chargement et le déchargement des marchandises provenant des bateaux accostés, la construction de dépôts et remises pour l’ensilage des céréales, l’aménagement d’une voie qui lie les ports de Braila et Galati, l’institution des forces de garde fluviale dans les ports pour assurer la sécurité du trafic, aussi bien que des quarantaines pour empêcher la dispersion des épidémies. Dans cet ordre d’idées, compte également l’octroi du statut de “port au droit d’entrepôt“ (le statut de port-franc, n.n.) à la ville de Braila par le monarque de la Valachie, Alexandru Ghica, en 18363. Du pont de vue démographique, le nombre de la population grecque de Braila a continûment cru tout le long du XIXe siècle. Ils prennent possession des biens immeubles. Certains se font naturaliser, d’autres acquièrent ou bien gardent leur citoyenneté grecque, mais tous continuent leur activité dans la ville sur le Danube. Ainsi, en 1841, il y avait 435 Grecs à Braila, et en 1891, les statistiques en mentionnent 4 238. La même source précise, en 1899, l’existence à Braila de 4 929 habitants d’origine grecque4. Les Grecs établis à Braila au XIXe siècle avaient diverses professions, telles celles d’armateur, commerçant de céréales, agent d’affaires, fonctionnaire dans le commerce et l’administration, contremaître, artisan, marin. Il faut souligner qu’au XIXe siècle une partie de commerçants célèbres de Braila étaient grecs. Parmi ceux-ci, on mentionne: Gheorghios Kastrino, Ioannis Lichiardopoulos, Hristoforos Petalas et Gheorghios Karapano5. À part les professions concernant la vie économique, dans cette ville ont déployé leur activité de grands professeurs, médecins ou avocats d’origine grecs, tels: Demetrios Asprea, Kostas Garoflid, Marcos Tirpaldos, Danielis Farago et d’autres. Mais, la plupart des Grecs de Braila s’occupaient du commerce. Dans la quatrième décennie du XIXe siècle, les Grecs de Braila ont ressenti le besoin de l’organisation dans une structure propre qui représente leurs intérêts devant les autorités. En 1838, quarante des plus importants commerçants de Braila se sont réuni dans une “assemblée des commerçants” (obşte a negustorilor), sous la direction d’une Députation mercantile, qui veillait sur les intérêts du port et de la ville de Braila. Parmi ses membres importants, on peut mentionner: P. Rubinis, M. Verinis, M. Baltaridis, Gheorghios Botzaris, Nicolaos Anastasiotis, les frères Diamantidis, Nicolaos Kutelis, 3 Constantin C. Giurescu, Istoricul oraşului Brăila. Din cele mai vechi timpuri până astăzi, Bucureşti, Editura Ştiinţifică, 1968, p. 195. [Constantin C. Giurescu, L’Historique de la ville de Braila. Des temps les plus anciens jusqu’à présent, Bucharest, Maison d’édition Scientifique, 1968, p. 195]. 4 Gheorghe Mihăilescu, op. cit., p. 117. 5 Paul Cernovodeanu, op. cit., p. 96-101. 3 Alexandros Pavlidis, Ioannis Faranga et Ioannis Lichiardopoulos6. Pendant son fonctionnement, la Députation mercantile a fait des efforts remarquables en vue d’introduire l’enseignement du grec et de l’italien a l’Ecole Publique de la ville, de mieux organiser le port, la garde de la ville et d’autres aspects édilitaires7. C’est toujours pour des raisons commerciales, qu’en 1845 on a fonde la première banque commerciale à Braila, connue sous le mon de La Banque « Filemborica » (provient de mots grecs „philos” = ami et „emboros” = commerce). Le premier conseil d’administration de la banque était formé de cinq des plus importants commerçants grecs de la ville: Nicolaos Armelinos, Hristoforos Petalas, Dionisios Karussos, Ioannis Faranga et Anastasios Armelinos8. Bien que la Communauté grecque de Braila apparaisse dès le début du XIXe siècle et qu’elle mène une vie économique active et prospère9, c’est à peine en 1863 qu’elle définit sa propre structure de la construction d’une église à eux ayant l’Annonciation comme fête patronale. Ce processus n’est pas du tout accidentel et il a lieu sur un fond général d’affirmation de la nation hellénique et de renforcement de l’Etat national moderne grec. Comme dans le cas de la Communauté grecque de Bucharest, ayant avant d’édifier leur propre église, les Grecs de Braila allaient à la messe dans les églises roumaines. La seule église de la ville ou l’on célébrait en 1863 l’office divin en grec était l’Église ayant les Saints Archanges comme patrons. Les Grecs de Braila éprouvent quand même le besoin d’avoir leur propre église où le service divin soit officié en grec et par prêtres grecs autant pour ceux qui s’étaient déjà établis en ville que pour ceux qui formaient les équipages de 800 bateaux qui arrivaient alors le long d’une année dans le port de Braila dont la nationalité prédominante était grecque. Le 26 février 1863, plus de 100 commerçants grecs, des habitants remarquables de Braila, ont présenté un mémoire au prince régnant Alexandru Ioan Cuza. Ils demandaient l’autorisation pour commencer la construction d’une église grecque à Braila et ils allaient supporter les frais exclusivement de leurs propres fonds. Jusqu’alors 6 Gheorghe I. Marinescu, Documente privitoare la Brăila, cu o prefaţă de Nicolae Iorga, vol. I, Brăila, Institutul de Arte Grafice „Lupta”, 1929, p. 34-40 [Gheorghe I. Marinescu, Documents relatifs à la ville de Braila, avec une préface de Nicolae Iorga, vol. I, Braila, L’Institut d’Arts Graphiques “La lutte”, 1929, p. 34-40]. 7 Nicolae Mocioiu, Stanca Bounegru, Gheorghe Iavorschi şi Alinta Vidis, Documente privind istoricul oraşului Brăila (1831-1918), vol. I, Bucureşti, D.G.A.S., 1975, p. 111- 112. [Nicolae Mocioiu, Stanca Bounegru, Gheorghe Iavorschi et Alinta Vidis, Documents concernant l’historique de la ville de Braila (1831-1918), vol. I, Bucarest, D.G.A.S., 1975, p. 111-112]. 8 Paul Cernovodeanu, op. cit., p. 101. 9 Une statistique des bateaux arrivés dans le port de Braila en 1860 mentionnait que sur 2 152 bateaux, il y en avait 952 grecs par rapport à 413 turcs, 174 anglais et 112 roumains. Voir N. Mocioiu, S. Bounegru, Gh. Iavorschi et A. Vidis, op. cit, p. 175. 4 ils avaient réussi à amasser 10 000 florins. On exprimait le désir de créer un conseil d’administration de l’église formé de membres importants de la communauté. Celui-ci devait surveiller la construction et plus tard, l’administration de l’église. Les marguilliers devaient présenter annuellement devant les membres de la communauté un rapport sur leur activité. Le 15 mai 1863, le prince régnant Alexandru Ioan Cuza renforçait par un décret princier la décision du Conseil de Ministres du 29 avril, par laquelle on accordait l’autorisation aux Grecs de Braila de bâtir et d’administrer à leurs dépens une église ou l’office divin soit célébré en grec et par prêtres grecs. Cette disposition est restée en vigueur jusqu’en 1900, quand on a signé à Bucharest la Convention commerciale entre la Grèce et la Roumanie. On y a annexé un protocole et une liste des communautés grecques de Roumanie auxquelles l’Etat roumain reconnaissait la personnalité juridique. Il s’agissait de celles de villes de Braila, Galatzi, Calafat, Mangalia, Constanta, Tulcea, Sulina et Giurgiu. Elles avaient le droit de posséder églises, écoles et autres immeubles, sauf des propriétés agricoles. De cette manière, la Communauté grecque de Braila avait ainsi en sa possession l’Église « L’Annonciation », uploads/Geographie/ filip-cristian-la-communaute-grecque-a-braila 1 .pdf

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