LA PROTESTATION LETTRE OUVERTE Le Maréchal - n° 202 - 2e trimestre 2001 24 A pr
LA PROTESTATION LETTRE OUVERTE Le Maréchal - n° 202 - 2e trimestre 2001 24 A propos de «La France aux ordres d’un cadavre» d’André Récipon Keystone Pour se rendre au Palais de Justice durant son procès, le Maréchal est contraint de monter, au fort de Montrouge, dans le «panier à salade». «La réconciliation des Français passait obligatoirement par la reconnasissance du rôle qu’avit joué le Maréchal». Au lieu de cela... à Maurice Druon Né en 1925, engagé volontaire en 1944, à 18 ans, André Récipon fera après les hos- tilités, une brillante carrière dans la banque. On sait plus généralement qu’il créa en 1968, la Fondation Raoul Follereau, organisation qui peut s’enorgueillir d’être l’artisan de la victoire sur la lèpre. Aujourd’hui, comme le «grognard» de l’Aiglon, il se révolte : «J’ai suivi De Gaulle dès 1940 pour défendre mon pays. Pas pour qu’il ramène au pouvoir les politiciens responsables de la défaite». Déjà dans un livre de souvenirs (publié hors commerce en 1990) André Récipon écri- vait : «Tous ceux qui (en 1944) n’étaient pas pro-anglais, juifs, communistes, ni même pro- allemands, mais qui étaient restés des Français pour la France, furent considérés comme des traitres et, à défaut d’être fusillés, couverts d’opprobre. L’élite de notre pays fut massa- crée ou éliminée de la vie politique ou religieuse. Notre pays ne s’en est jamais remis». Cher Monsieur l’Académicien, J ’ai lu d’une traite, passionnément et en la moitié d’une nuit, votre dernier livre «La France aux ordres d’un cadavre», mais je suis resté en partie sur ma faim, car vous n’êtes pas allé jusqu’au bout de la vérité. Je salue sans hésiter ce que vous avez écrit et le courage qu’il vous a fallu pour briser la loi du silence. Mais le mal qu’a fait et que fait encore le communisme à notre pays, mal que vous dénoncez avec éloquence et conviction, ne s’est pas déve- loppé par génération spontanée. Le communisme n’aurait jamais pu corrom- pre à ce point la France et ses institutions, s’il n’y avait eu, parmi les Français, tant de complices conscients ou inconscients qui ont voulu faire un bout de chemin avec lui. Vous dénoncez les démocrates chrétiens et les socialistes, mais vous oubliez le princi- pal, celui par qui le malheur est arrivé : • celui qui a gracié en 1945 les traîtres qui dès septembre 1939 ont choisi de trahir la France, de déserter en temps de guerre et de s’allier avec Hitler notre ennemi, parce qu’il venait de signer un pacte avec Staline ; • celui qui a accepté leur allian- ce lorsqu’ils ont à nouveau changé de camp après qu’Hitler ait attaqué l’URSS en juin 1941. De Gaulle a justifié son attitude en disant que les communistes avaient repris le com- bat contre les Allemands. Vous savez très bien, et vous le dites dans votre livre, com- ment ils ont repris le combat en tuant des officiers allemands dans le dos pour déclen- cher une répression qui fusillerait des otages qu’ils s’empresseraient de récupérer. Pour justifier leur attitude, ils ont dit qu’ils vou- laient montrer que le peuple était contre la «collaboration» donc contre la politique du Maréchal. En fait les communistes ne fai- N D’UN GROGNARD En décembre 1944, devant un centre parisien du Service social de la 1re Ar- mée De Lattre, des volontaires chargent les cadeaux de Noël destinés à nos sol- dats engagés en Alsace. Devant eux, les milices communistes de l’intérieur n’auraient pas fait le poids Le Maréchal - n° 202 - 2e trimestre 2001 25 Keystone saient pas la même guerre : leur guerre était déjà une guerre d’une nature différente : la guerre révolutionnaire. Lorsque la guerre éclate le 3 septembre 1939, je n’aurai 14 ans que le 1er octobre suivant. Lorsqu’elle s’achève le 8 mai 1945, je n’ai pas encore 20 ans et pourtant je suis déjà un «ancien combattant». Car moi non plus je n’ai jamais accepté la défaite. Je suis devenu gaulliste dès le mois de juin 1940 et je le resterai jusqu’à l’été 1945 lorsque De Gaulle fit arrêter et juger le Maréchal. Je n’étais pas au cœur des secrets, mais j’avais la certitude que le Maréchal n’avait pas trahi. Mon pressentiment était juste. La politique du Front Populaire et la trahison des commu- nistes avaient entraîné une telle défaite de nos armées qui fuyaient dans un désordre indescriptible au milieu de la débâcle des réfugiés, que personne ne peut contester de bonne foi que le Maréchal n’avait pas d’autre solution que celle de demander et de signer un armistice. J’ai toujours considéré le nazisme d’Hitler et le communisme de Staline, comme les pires des régimes que les hommes aient eu à subir. C’est pourquoi le 21 juin 1941, j’ai repris espoir : les deux régimes allaient se détruire. Hélas l’aveuglement démocrate de Roosevelt changea la donne. Songez que dans la seule année 1943, il fournit à Staline 240.000 véhicules de toute nature : chars, auto-canons, half-tracks, camions, voitures, locomotives, wagons, etc… ! En septembre 1944, les jeunes Français qui n’avaient pas accepté la défaite, mais n’avaient jamais voulu «faire un bout de chemin» avec les communistes, se sont engagés dans la 2e DB de Leclerc ou la 1re Armée de De Lattre. Nous sommes partis nous battre contre les Allemands. Pendant que nous risquions nos vies en Alsace, les communistes restaient en France pour se battre contre les Français. Ils en ont arrêté, torturé et tué plus de 100.000. Si huit divisions avaient pu être armées et équipées pour permettre à la France de rester présente dans la guerre, et à De Gaulle de parler en son nom, c’est aux seuls Américains que nous le devions. Pourtant en 1944, il rejeta l’offre des Américains de désarmer les communistes et préféra gra- cier les communistes condamnés à mort pour haute trahison. Tandis qu’il condamnait à mort le Maréchal et les Français qui lui avaient obéi. Tout ce que vous dénoncez dans votre livre et qui fut voté en 1946-: le statut de la fonction publique, le monopole du syndicat du livre, les nationalisations des banques, des assurances et de l’énergie (EDF en particulier) sont l’œuvre des communistes ramenés par De Gaulle. Ne venez pas me dire, à moi et à d’autres, qu’il n’avait pas d’autre solution. Au lieu de laisser la 1re Armée et la 2e DB occuper l’Allemagne, il n’avait qu’à nous faire revenir en France. Les milices communistes n’auraient pas fait le poids devant nous. Nous nous y atten- dions. Mais il a commencé par ôter à de Lattre le commandement de la 1re Armée pour le donner à un «godillot» plus docile. Que les Français aient ou non une zone d’occupation était moins important que de rétablir la paix civile en France. Notre pré- sence aurait sauvé du déshonneur les Français qui n’avaient pas commis d’autre crime que celui d’être anti-communiste. Ce qui était important en ce printemps 1945, c’était de réconcilier les Français. De Gaulle avait maintenu la France dans le combat. Comme vous, lorsque j’en eus l’âge, je l’ai suivi tant que l’on se battait contre les Allemands. Je l’ai quitté lorsque, poussé par les communistes, au lieu de rassembler les Français, il a condamné ceux qui, comme le Maréchal, avaient dû affronter les suites d’une terrible défaite dont ils n’étaient en rien responsables. La réconciliation des Français passait obliga- toirement par la reconnaissance du rôle qu’avait joué le Maréchal, ce que De Gaulle refusa. Il a fait condamner ceux qui pendant qua- tre ans avaient dû subir les diktats de l’oc- cupant, ceux qui avaient fait de leur corps et de leur personnalité un rempart pour pro- téger les Français et les deux millions de prisonniers. Même Laval n’a jamais trahi. Il a négocié, lutté, ergoté comme l’avocat qu’il était et comme le paysan madré qu’il restait. Il ne cédait que pour éviter un plus grand mal et il est mort assassiné par des balles françaises. Son procès est une monstruosité judiciaire qui entache l’hon- neur de la France. En octobre 1940 pendant qu’il rencon- trait Hitler et ne cédait rien sur le fond, le Maréchal envoyait à Londres le profes- seur Rougier pour signer un accord avec Churchill pour laisser entrer le ravitaille- ment en provenance des colonies. Ceci n’est qu’un exemple, mais il donne une vision exacte de la réalité de la guerre secrète. De Gaulle le savait, mais il a tou- jours nié les faits et il a laissé condamner le professeur Rougier qui sera heureusement réhabilité. Lorsque c’est votre vie seule qui est menacée, vous devez en faire le sacrifice pour sauver celles des autres. Là est le vrai courage. Mais lorsque c’est la vie des autres qui est menacée, vous n’avez pas le droit de la risquer. C’est la différence entre la morale naturelle qui appelle bien ce qui est bon pour l’homme, et la morale des communistes qui appelle bien, ce qui est bon pour le parti. (Mais peut-on parler uploads/Geographie/ frf-lettre-ouverte-a-michel-druon.pdf
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- Publié le Jul 02, 2021
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