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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/277094316 La cartographie des risques et les risques de la cartographie Article · January 2001 CITATIONS 5 READS 1,632 2 authors: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: The Smart Point Cloud View project CLASSIFICATION AND INTEGRATION OF MASSIVE 3D POINTS CLOUDS IN A VIRTUAL REALITY (VR) ENVIRONMENT View project Bernard Cornelis Haute Ecole Charlemagne 24 PUBLICATIONS 66 CITATIONS SEE PROFILE Roland Billen University of Liège 123 PUBLICATIONS 1,147 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Roland Billen on 02 June 2015. The user has requested enhancement of the downloaded file. 207 CHAPITRE XIII La cartographie des risques et les risques de la cartographie1 Bernard CORNÉLIS et Roland BILLEN Université de Liège I. Introduction Cartographier les risques, c’est porter un regard nouveau sur les phé- nomènes étudiés. C’est non seulement prendre en compte leur dimen- sion spatiale, mais aussi appréhender les interactions du sujet d’étude avec un territoire, un milieu. Historiquement, cette cartographie a tou- jours suivi les avancées de la connaissance. Créatures maléfiques et autres monstres marins sortis de l’imaginaire ornent les cartes anciennes indiquant ainsi les dangers que recèlent les terra incognita. Avec le dé- veloppement des civilisations, bien des anciens démons ont disparu au profit de phénomènes scientifiquement expliqués et techniquement réso- lus. La Nature ne s’imagine plus, elle s’exprime sous forme de codes et d’équations. Il en va de même pour les risques : maintenant, ils sont mesurés, quantifiés, calculés. Leur cartographie suit la même logique, le temps des chimères est révolu. La localisation des risques et l’iden- tification des zones à risque revêt un caractère stratégique. De plus, dans nos sociétés, ces activités sont l’objet de marchés juteux et rentables. Ceci prouve, si besoin est, l’importance de la cartographie des risques. Parler des risques de la cartographie peut faire sourire. Pourtant ce problème revêt un caractère fondamental. Mal connus, insidieux, ces risques influencent profondément la nature des messages véhiculés. Il s’agit donc d’un risque « communicationnel ». La tendance naturelle à prendre pour du pain béni le message écrit est encore plus marquée lorsqu’il s’agit de cartes. Non seulement, la cartographie utilise un lan- gage graphique, donc plus marquant que le texte, mais jusqu’il y a 1 Les auteurs souhaitent remercier Monsieur Jean-Baptiste Jehin, responsable de l’Unité de Documentaion de Géographie pour son support logistique. CORNÉLIS B. & BILLEN R. (2001) La cartographie des risques et les risques de la cartographie, in HUPET P. (ed.), Risque et systèmes complexes : Les enjeux de la communication, P.I.E.-Peter Lang, MICHEL Q. & BRUNET S. (series eds), Collection : Non-prolifération, Vol. 2, Bruxelles, pp. 207-222, ISBN : 90-5201-944-4. Risque et systèmes complexes : les enjeux de la communication 208 quelques années les contraintes de production de cartes étaient telles que seuls les initiés s’occupaient d’en produire. Avec la diffusion dans nos sociétés des techniques de cartographie assistée par ordinateur, des banques de données géographiques et des systèmes d’information géo- graphique, on assiste à une vulgarisation de la cartographie et de l’ana- lyse géographique. Cette vulgarisation est accompagnée d’une perte de qualité non seulement des cartes mais aussi du message – tous les « faiseurs de cartes2 » n’étant pas comme les cartographes sensibilisés à la sémiotique cartographique. Bien après la perte des croyances anciennes, une nouvelle déesse est apparue3 dans nos sociétés dites modernes : l’information. Elle peut prendre différentes formes et s’exprimer sous différents supports. Aussi s’avère-t-il nécessaire de connaître les limites intrinsèques des cartes, comme support de communication, et les risques liés à leur utilisation. Qu’elles soient sous forme classique de document papier ou sous forme numérique, les cartes regorgent de sources d’incertitudes. Cette contri- bution va donc s’atteler à démystifier la cartographie, et en particulier la cartographie des risques, tout en expliquant les limites de cette tech- nique. Ce regard critique de cartographes sur leur domaine est une étape nécessaire à une utilisation plus rationnelle, plus éclairée, des cartes par le commun des mortels et en particulier par les décideurs. II. La cartographie des risques Selon Rejeski (1993), la science des risques s’est développée autour de trois approches souvent mises en opposition dans les débats. Chacune a développé sa propre culture du risque. Ainsi, les scientifiques sont plus (pré)occupés par l’évaluation des risques, les décideurs par la gestion des risques et le public par la communication des risques. Les premiers se demandent : « Où sont les risques ? Et quels sont-ils ? », les seconds : « Que peut-on faire pour véritablement réduire ces risques ? » et les derniers : « Devons-nous nous en tracasser ? ». Dans son schéma des cultures du risque (Figure 1), Rejeski place modélisation et cartographie 2 Dans un message échangé en 2000 sur la liste de discussion de la Society of Carto- graphers, Marc St.Onge distingue le « cartographe » (a cartographer is someone who makes a map by applying cartographic, geographic, aesthetic, and graphic design principles) du « faiseur de cartes » (a map-maker is someone who uses the default settings in the GIS software). 3 Il serait plus juste de dire que, de tout temps, l’information a joué un rôle primordial dans l’évolution de l’Homme et ce, même si actuellement, on dit que nous sommes dans « la société de l’information ». La lecture de « l’art de la guerre », livre écrit par le Chinois Sun Tzu aux environs de 500 avant Jésus-Christ, devrait convaincre les plus dubitatifs. Bernard Cornélis et Roland Billen 209 des risques à l’intersection des trois cultures et ce même si leurs besoins en informations géographiques et en cartes sont distincts. Dans toute cartographie, l’usage d’un système de positionnement, qu’il soit cognitif ou cartographique (Cornélis et al., 1999), est néces- saire. Les références des espaces respectivement non-métriques et mé- triques, comme les définit Gatrell (1991), permettent de localiser et de positionner les caractéristiques du territoire de façon plus ou moins univoque. Bon nombre de risques ont une composante spatiale et peu- vent par conséquent caractériser un territoire ou un espace donné. Leur représentation sous forme de cartes est donc possible. Dans la littérature scientifique et technique, les définitions des concepts d’aléa, de vulnérabilité, de risque, et de catastrophe4, ne man- quent pas. C’est pourquoi, en 1973, l’UNDRO (United Nation Disaster Relief Organisation) et l’UNESCO ont décidé de fournir des définitions standard à ces termes. Certains auteurs continuent toutefois à différen- cier le sens du terme « risque » selon la langue dans laquelle il est ex- primé5. Ces concepts peuvent se définir comme suit (Gueremy, 1987; 4 Respectivement en anglais : risk, vulnerability, hazard et disaster. 5 Gueremy (1987) mentionne à ce sujet que le terme “risque”, en français, comporte une idée de probabilité qu’un événement se produise ou non, et une connotation for- cément négative (danger ou péril); cet événement étant susceptible d’entraîner des dommages aux personnes ou aux biens, ou aux deux en même temps. Il l’oppose à la définition stricto sensu du risque telle que donnée par l’école anglo-saxone et l’UNESCO. Figure 1 : Les trois cultures du risque (d'après Rejeski, 1993) Risque et systèmes complexes : les enjeux de la communication 210 Luzi et Fabbri, 1995; Manche, 1997; Cova, 1999; Downing et Bakker, 2000) : • L’aléa est une menace potentielle d’origine naturelle, technologique ou civile qui pèse sur l’Homme, ses biens ou sur l’environnement. Il s’exprime généralement sous forme de probabilité d’occurrence d’un événement et intègre à la fois son intensité, sa fréquence et son étendue. • La vulnérabilité est la sensibilité ou l’exposition de notre monde et de nos sociétés à un aléa et à ses effets dommageables. • Le risque est fonction du sujet d’étude, de l’aléa et de la vulnérabi- lité à cet aléa. Il peut se calculer par une simple multiplication de l’aléa et de la vulnérabilité. Il exprime la potentialité d’un événement. • La catastrophe est la réalisation d’un risque, qui entraîne des dom- mages significatifs. C’est un événement qui prend en défaut les so- ciétés ou l’environnement. Ce n’est donc qu’a posteriori qu’un évé- nement est qualifié de catastrophe, lorsque les capacités de protection des systèmes se sont montrées insuffisantes. Par exemple6, dans une vallée encaissée inhabitée, des glissements de terrain peuvent se produire tous les deux ans (aléa), l’Homme n’y ayant pas encore mis les pieds, sa vulnérabilité est quasi nulle. Le risque en- couru par l’Homme et celui de ses aménagements est donc anodin. Mais, pour l’espèce animale endémique du fond de cette vallée, la vul- nérabilité n’est pas nulle. Le risque encouru n’est donc pas négligeable. Par contre, lors d’un glissement de terrain de type centenaire, des mou- vements massifs de matériel ont eu lieu et les adaptations de cette espèce animale se sont révélées inadaptées. Aussi, le risque subi peut-il être qualifié de « catastrophe » pour l’écosystème de cette vallée. La cartographie des risques nécessite par conséquent non seulement la cartographie des aléas mais aussi celle des vulnérabilités. A. Cartographie des aléas La uploads/Geographie/ la-cartographie-des-risques-et-les-risquescartographies.pdf

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