LE DÉCOR HÉRALDIQUE DE L'HÔTEL DE VILLE DE SAINT-MAURICE ou LES FAMILLES BOURGE

LE DÉCOR HÉRALDIQUE DE L'HÔTEL DE VILLE DE SAINT-MAURICE ou LES FAMILLES BOURGEOISES DE SAINT-MAURICE ET LEURS ARMOIRIES TEXTE LÉON DUPONT LACHENAL EN COLLABORATION AVEC ULYSSE CASANOVA DESSINS JEAN-CLAUDE MOREND Publié avec l'appui de la Noble Bourgeoisie de Saint-Maurice De cet ouvrage il a été mis en souscription un portefeuille de 342 pages (19,5X26,5), tiré en sépia à 410 exemplaires numérotés, sur papier à la cuve, dans un emboîtage de luxe aux armes de la ville de Saint-Maurice. BOURGEOISIE BOURGEOIS ET ARMOIRIES La petite ville de Saint-Maurice peut se réjouir de posséder plusieurs édifices remarquables : la basilique des Martyrs et son clocher roman, l'église Saint-Sigismond — l'un des rares sanctuaires du pays dont les trois nefs aient des voûtes à égale hauteur —, des maisons patriciennes dont la maison de la Pierre est la reine, enfin un hôtel de ville qui peut rivaliser avec les plus estimables de toute la région. Dans le cadre aimable et désuet de l'antique place du Parvis, désertée par l'agitation moderne, à l'angle de la Grand-Rue de jadis, et qui paraît aujourd'hui si resserrée, l'hôtel de ville porte la marque d'une époque révolue où la vie était plus calme et où les familles patriciennes qui présidaient alors aux destinées de la cité y répandaient les goûts artistiques que leurs officiers rapportaient des capi- tales étrangères où ils avaient servi le pape ou le roi de France, les souve- rains de Naples ou de Turin. Depuis 1576, les Bourgeois avaient eu une maison de commune, vers le sommet de la place du Parvis, où ils pouvaient se réunir, mais, le 23 février 1693, l'incendie qui réduisit en cendres la plus grande partie de la ville et de l'abbaye n'avait pas épargné l'édifice, malgré son toit de schiste et ses murs épais qui contrastaient avec les autres maisons où le bois dominait ; le feu n'avait cependant pas anéanti ce premier hôtel municipal. Lorsque fut passée la stupeur causée par le désastre qui avait entraîné non seulement la perte immense de presque tous les biens, mais aussi la mort de dix-huit personnes, Bourgeois et habitants se mirent avec énergie à la reconstruction de la cité. Ils commencèrent par ce qui était le plus urgent : les maisons d'habitation, sans oublier toutefois leur maison com- mune, dont, le 28 septembre 1697, châtelain et conseillers, en leur majorité, décidèrent la réfection. Il faut croire que des difficultés vinrent à l'encon- tre de cette décision, ou que l'œuvre à réaliser dépassait les prévisions, car, trente ans plus tard, tout restait à faire... En décembre 1727 enfin, les Bourgeois adressent à l'Etat une suppli- que pour demander son aide, et d'abord l'autorisation de reconstruire l'édifice plus bas, à l'angle de la Grand-Rue et de la place du Parvis, ce qui entraîne l'expropriation de quelques maisons particulières. Cette requête fut agréée de l'Etat qui chargea les gouverneurs Jean-Arnold Blatter, à Saint-Maurice, et François Burgener, à Monthey, de pourvoir aux mesures nécessaires. Quant aux syndics de la cité, c'étaient Louis Murisier et Claude Desprats, appartenant tous deux à des familles notables aujourd'hui disparues. Les travaux vont bon train en 1732 : démolition des vieilles bâtisses, élargissement et aménagement de la place, construction du nouvel hôtel de ville, imposant, bien assis, qui allie la solidité et la grâce. A juste titre, Jules Bertrand pourra dire que c'est un édifice « pra- tique, cossu, élégant ». Le mérite de cette œuvre revient en grande partie, selon le même historien, à Emmanuel-Philibert de Quartéry (1681-1743), appelé « le Grand Vidonde », qui y contribua même de ses deniers. Sur la Grand-Rue, l'unique artère d'autrefois, sa porte est surmontée du blason de la ville entouré d'une fière proclamation de foi : CHRIS- TIANA SUM AB ANNO LVIII, par laquelle la cité voulait rattacher son évangélisation à un hypothétique passage de l'apôtre saint Pierre. De chaque côté de cette porte, des bancs de pierre — on en voit de pareils à l'hôtel de ville de Genève — évoquent un temps où il était encore possible de s'asseoir dans une grand-rue et de disserter sans risque. Sur la place du Parvis enfin, jadis plantée d'ormes, l'hôtel de ville offrait sous ses voûtes un abri aux jours de marché, le mardi, et le petit balcon qui surmonte les arcades attend encore les magistrats qui haranguaient les citoyens. C'est dans cet hôtel de ville que le 4 février 1798 les trois Bannières réunies du Bas-Valais proclamaient leur indépendance, et c'est là encore que, le 16 mars suivant, les représentants du Haut et du Bas-Valais se réunissaient pour construire enfin un seul Valais dans la liberté, l'unité et l'égalité. Quand, un demi-siècle plus tard, en 1848, la Confédération institua la « Commune d'habitants » distincte de l'ancienne « Communauté des Bour- geois », celle-ci demeura propriétaire de l'hôtel de ville de Saint-Maurice, où la Commune moderne est son hôte. Cet édifice, recommandable à la fois par son architecture et par l'his- toire dont il fut le théâtre, a été classé à bon droit « monument historique » par le Conseil d'Etat, le 11 juillet 1962, à la suite de quoi, ces dernières années, il a passé, sous la direction de M. Jean-Michel Rouiller, architecte, par une restauration destinée à effacer les meurtrissures que le temps lui avait infligées et à lui rendre son éclat premier. Cette restauration parut aussi une occasion bienvenue pour doter quelques salles d'un décor héral- dique, où seraient peintes les armoiries des familles bourgeoises de la cité. Le peintre Jean-Claude Morend présenta le 18 mars 1970 un plan d'ensem- ble, et, le 22 avril, le Conseil bourgeoisial lui confiait le travail et consti- tuait les deux commissions suivantes : La commission héraldique, formée de M. le chanoine Léon Dupont Lachenal, président ; M. Ulysse Casanova ; M. Jean-Claude Morend, pein- tre ; M. Albert de Wolff, conservateur des Musées cantonaux ; MM. René Duroux, président de la Bourgeoisie, et René Chevalley, conseiller. La commission artistique, formée de M. Albert de Wolff, président ; M. Jean-Claude Morend ; M. Jean-Michel Rouiller, architecte ; M. l'abbé François-Olivier Dubuis, archéologue cantonal ; M. René Duroux ; M. René Chevalley. Pour mettre en chantier le programme entrevu, le président de la Bourgeoisie, le président de la commission héraldique et le peintre ont adressé, le 28 juillet, à tous les Bourgeois de Saint-Maurice une circulaire leur faisant connaître le projet et les invitant à y collaborer en communi- quant les documents qu'ils pourraient posséder et qui seraient éventuelle- ment utiles. Cette circulaire reçut un accueil chaleureux, dont la lettre suivante (du 17 août) apporte l'écho. Elle émane de M. Hyacinthe Amacker, juge de Commune, ancien président de la Municipalité et ancien député : « La décision du Conseil bourgeoisial de profiter de la restauration de notre historique hôtel de ville pour peindre, à l'intérieur, les armoiries de toutes les familles bourgeoises, aura été saluée avec plaisir. » Nous serons heureux, en pénétrant dans ce bel édifice, de contem- pler nos blasons, témoignage de l'enracinement et de l'attachement cons- tant de nos familles dans le pays et dans cette cité d'Agaune si riche en histoire et à laquelle chaque Bourgeois a l'honneur et la joie d'appartenir. » Ce sera aussi l'occasion de se remémorer les noms d'anciennes familles bourgeoises qui sont éteintes ou qui vivent sous d'autres deux. Ceci aura un grand intérêt pour nous, résidant à Saint-Maurice, et pour les visiteurs. » Encouragée par cet accueil, la commission héraldique eut pour pre- mier souci d'établir la liste de toutes les familles bourgeoises actuelles, afin qu'aucune ne manque à ce tableau d'honneur ; elle prit également soin de rechercher les familles disparues dont les armes pourraient être retrouvées. A cette double fin, elle disposa des sources suivantes : 1. Liste des familles bourgeoises de Saint-Maurice existant en 1970, établie et communiquée par M. Maurice Vuilloud, député et secrétaire bourgeoisial. Cette liste, comprenant uniquement les noms des familles bourgeoises actuellement domiciliées sur le territoire communal, énumère 33 patronymes. 2. Recueil des Noms patronymiques des familles bourgeoises du canton du Valais, imprimé à Sion en 1898. Ce recueil compte, en ce qui concerne la Bourgeoisie de Saint-Maurice, 59 noms de familles domiciliées et 19 de familles non domiciliées. 3. Liste des Bourgeois de Saint-Maurice, publiée par Pierre Bioley dans les Annales valaisannes, première série, août 1922. Cette publication ne se limite pas aux noms des familles, mais elle donne pour la plupart la date d'admission, les noms et prénoms des récipiendaires, leur origine et parfois leur filiation, enfin les émoluments versés. On y relève 66 noms. 4. Tableau des Bourgeois et Communiers reçus depuis 1694, docu- ment manuscrit appartenant à M. Ulysse Casanova. Ce document n'est pas signé, mais on en reconnaît l'écriture : c'est une compilation du Dr Charles- Melchior Macognin de la Pierre (1783-1850), président de la ville (de 1820 à 1831 et de 1837 à 1846) et député à la Diète fédérale. Ce « Tableau » indique 71 réceptions faites durant la période qui s'étend du grand incendie qui ravagea la cité uploads/Geographie/ le-decor-heraldique-de-l-x27-hotel-de-ville-de-saint-maurice.pdf

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