1 Les Galates Par Michel-Gérald Boutet, 2015 « Cependant, vers cette époque, on
1 Les Galates Par Michel-Gérald Boutet, 2015 « Cependant, vers cette époque, on vit les Gaulois, se multipliant sans cesse, inonder l'Asie de leurs innombrables armées. Dès lors les rois d'Orient ne firent aucune guerre sans une armée gauloise à leur solde ; renversés de leur trône, c'est aux Gaulois qu'ils recourent : telle fut la terreur qu'inspira leur non, tel fut le succès constant de leurs armes, que la valeur gauloise paraissait seule capable de soutenir ou de relever les états, le roi de Bithynie ayant imploré leur secours, il leur céda après la victoire une partie de son empire ; ils donnèrent à cette contrée le nom de Gallo-Grèce. » Installation des Gaulois en Asie », Justin, Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée, XXV, 2. Galate Mourant, Galata Morente (École de Pergame), commémorant La victoire d’Attale Ier sur les Galates en –237. Héliogravure anonyme, 1936, d’après une sculpture conservée au Musée du Vatican. 2 Tout ce que l’on peut savoir sur les Galates nous est donné par les auteurs grecs et latins, puis indirectement, par les Lettres de saint Paul aux Galates dans les Évangiles. Le Galate, issue principalement du gaulois, est une des langues celtiques les moins connues et documentées. De plus, selon ce que l’on peut conclure à partir des sources classiques, les Galates auraient rejoint leurs cousins cimmériens et phrygiens avec lesquels ils se seraient légués. L’historien judéo-latin Flavius Joseph, passablement critique sur le manque de connaissances de ses contemporains sur les Celtes, ne manque pas lui aussi de faire le rapprochement entre ces peuples indo-européens : « Ceux que les Grecs appellent aujourd'hui Gaulois, on les nomma Gomariens, parce qu'ils avaient été fondés par Gomar(ès). Magog(ès) fonda les Magogiens, appelés ainsi de son nom, et que les Grecs nomment Scythes. » (Flavius Joseph, Antiquités judaïques, Livre I, 111-113) Ou encore dans un autre de ses écrits : « Sur les Gaulois et les Ibères telle était l'ignorance des historiens considérés comme les plus exacts, parmi lesquels on compte Éphore, que, dans sa pensée, les Ibères forment une seule cité, eux qui occupent une si grande portion de l'Occident; et ils ont osé décrire et attribuer à ces peuples des mœurs qui ne correspondent ni à des faits ni à des on-dit. S'ils ignorent la vérité, c'est qu'on n'avait point du tout de relations avec ces peuples ; mais s'ils écrivent des erreurs, c’est qu'ils veulent paraître en savoir plus long que les autres. » (Flavius Joseph, Contre Apion, Livre I, chapitre 12, 67 - 68) Et sur les rapprochements à faire entres les Cimmériens et les Galates, Joseph Monard (Grammaire du celtique ancien, p. 123) fouille plus en profondeur : « (…) Le peu qu'on puisse percevoir du Cimmérien invite à le considérer comme une langue protoceltique. Peu de mots, des noms de personnes, divers noms ethniques et géographiques attestés par des auteurs Anciens ont témoigné de ce caractère linguistique. L'archéologie européenne confirme que les Cimmériens ont contribué de façon déterminante à la civilisation de Hallstatt des Celtes primitifs. La compatibilité linguistique entre Galates et Cappadociens est confirmée par Strabon (XII, I, 1) qui était qualifié pour l'affirmer en bonne connaissance de cause puisque né à Amaseia (maintenant Amasya), tout près de la frontière de la Galatie anatolienne. Sa ville natale appartenait alors à la Cappadoce, refuge majeur de l'émigration cimmérienne advenue quelques siècles auparavant: Vaincus par les Scythes et ayant perdu la plus grande partie de leur patrie, grosso modo l'Ukraine actuelle, les Cimmériens se trouvèrent tassés en Crimée (< Kimmeria) et dans quelques poches de résistance sur les côtes de la Mer Noire et de la Mer d'Azov; une partie de ce peuple passa en Anatolie et se conquit une nouvelle patrie aux 3 dépends de la Phrygie. Pendant l'Empire Perse cette contrée fut nommée Katpatuka (< *Catubatuca ?) et ce nom fut réécrit Kappadokia en Grec. Plus tard encore, une petite partie du "Pont", peuplée de descendants de Cimmériens et jamais conquise par les Galates, fut constituée en "Pontus Galaticus" lors d'un redécoupage des provinces romaines d'Asie Mineure. Le souvenir du peuplement cimmérien de la Cappadoce est resté chez les Arméniens, issus de l'amalgame des Phrygiens repoussés vers l'Est par les Cimmériens et des Haldi ou Ourartiens, anciens habitants de la future Arménie. En effet, le nom arménien de la Cappadoce est Gamirk < *Kimmerika.» « (…) Déjà, le Galatique anatolien et son "cousin" le Cappadocien d'origine cimmérienne avaient disparu sous l'effet d'une hellénisation générale, qui à son tour allait s'évanouir remplacée par le Turc, bien des siècles plus tard. » Monard voit juste, Strabon (Géographie, Tome I, Livre II) relate effectivement de la traversée du Bosphore des Cimmériens : « Il (Homère) a parlé aussi et des contrées ultérieures qui bordent la Propontide et des côtes de l'Euxin jusqu'à la Colchide et de l'expédition de Jason. Il connaissait, en outre, le Bosphore Cimmérien, et naturellement les Cimmériens1 eux-mêmes : on ne s'expliquerait pas, en effet, comment il eut pu connaître le nom des Cimmériens et ignorer leur existence, l'existence d'un peuple, qui, de son vivant ou peu de temps avant lui, avait, depuis le Bosphore, couru et ravagé tout le pays intermédiaire jusqu'à l'Ionie? Mais non, il les connaissait, et ce qui le prouve, c’est qu'il a fait allusion à la nature brumeuse du climat de leur pays : « Un voile, » dit-il, « un voile de vapeurs et de nuages les enveloppe ; l'éclat du soleil ne resplendit jamais pour eux, et la funeste nuit plane toujours au- dessus de leurs têtes. » (…) « Ainsi des autres peuples mentionnés par Homère : nous les retrouvons tous dans l'histoire établis en telle ou telle contrée de la terre. Il savait, par exemple, que les Cimmériens habitaient aux environs du Bosphore cimmérique une région boréale et brumeuse, c'en fut assez pour que, par une licence heureuse et pour les besoins de la fable qu'il voulait mêler aux erreurs d'Ulysse, il transportât ce peuple dans une contrée ténébreuse, au seuil même de l'enfer. Nul doute, du reste, qu'il ne connût les Cimmériens, puisque, d'après les calculs des chronographes, l'invasion cimmérienne a précédé de peu l'époque où il vivait, si même elle ne lui est contemporaine. » (…) « Les Cimmériens, qu'on désigne quelquefois sous ce même nom de Trères2 (sinon toute la nation, au moins l'une de ses tribus), ont également à plusieurs reprises envahi les provinces qui s'étendent à la droite du Pont, soit la Paphlagonie soit même la Phrygie, l'une de leurs incursions en ce dernier pays coïncidant précisément avec l'époque où le roi Midas mit fin, dit-on, à ses jours en buvant du sang de taureau. Lygdamis3, à la tête de ses bandes, pénétra, qui plus est, jusqu'en Lydie et en Ionie, où il prit Sardes, et alla mourir en Cilicie. 4 Les Cimmériens et les Trères avaient renouvelé plus d'une fois leurs incursions dans ces pays, quand les Trères et leur roi Cobus4 en furent, dit-on, définitivement expulsés par les armes du roi scythe Madys5. » Les Galates, quant à eux, descendent des gaulois de la Narbonnaise, d’une partie des Celtes boïens6 du Danube et autres boïens de Cisalpine, qui ont traversé la Macédoine pour piller au passage le Nord de la Grèce, Delphes puis la Thrace. Diodore de Sicile, Histoire Universelle, Tome I, Livre V, chapitre XVIII. Digression sur l'origine des Celtes ou Gaulois. Selon l’auteur grec Polybe, le roi Komontorios7 fonde en -279 la capitale celtique de Tylis8 dans les Balkans qui se maintiendra jusqu’en -218 sous le roi Cavaros9, puis imposera la vassalité et de lourds tributs aux villes grecques avoisinant la Thrace. Suite à ces razzias, une partie de ces tribus celtes, les Volques10 ainsi qu’une majorité des Tectosages6, regagne la Gaule puis s’installent dans la région de Toulouse, alors que les autres, principalement composés de Trocmes11, Tectosages, Boïens et Tolistoboges12, traversent le Bosphore afin de porter main à leurs cousins cimmériens. Ceci en réponse au roi de Bithynie qui avait appelé en -277 ces mercenaires gaulois afin d’en finir avec un rival tenace. Suite à sa défaite contre le roi hellénique séleucide Antiochos Ier, les Gaulois abandonnent la Bithynie, puis se retirent sur les plateaux d’Anatolie. Une fois installés en Anatolie, ces peuples se regroupent pour former un État autonome. La région occupée est rude et sauvage, mais ceci n’empêche pas les Celtes de prospérer et de devenir une menace pour les autres royaumes d’Asie Mineure. En -240, les mercenaires gaulois ou galates, sous la solde du prince hellène Antiochos Hiérax, se retournent contre lui en exigeant une forte rançon. Ils attaquent ensuite Ancyre et défont le roi Séleucos. Puis en -237, selon Pausanias, le roi de Pergame, Attale Ier (-269 - 197) défait les Galates lors d’un de leurs raids contre certaines cités grecques. Aristocrates phrygiens en costume d’apparat, gravure du XIXe siècle. 5 L’origine des Phrygiens Les Phrygiens, originaires de Macédoine, ont précédé les Celto-Galates en Asie- Mineure et étaient comme les noms l’attestent vraisemblablement de souche protocelte uploads/Geographie/ les-galates.pdf
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- Publié le Jul 12, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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