Revue 1978 n° 3 http://www.etudesheraultaises.fr/ Article : Les hommes et la pe
Revue 1978 n° 3 http://www.etudesheraultaises.fr/ Article : Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens Auteur (s) : .................................................................................. Alain MOLINIER Nombre de pages : ............................ 8 Année de parution : 1978 A PROPOS DE... LES HOMMES ET LA PESTE EN FRANCE ET DANS LES PAYS EUROP~ENS ET M~DITERRAN~ENS parAlain MOUNIER C'est sous ce titre qu'est paru en 1976, chez Mouton, l'ouvrage de Jean-Noël Biraben, médecin et chercheur en démographie historique. Ce travail qui est le fruit de dix ans de recherches, a pour ambition de combler la lacune qui fait que la France, par comparaison à des pays voisins (Angleterre, Allemagne), n'avait encore aucun ouvrage d'ensemble sur la question. Des sources abondantes en France même, une bibliographie pléthorique, permettaient à l'auteur d'élargir son champ d'étude à l'Europe et aux pays méditerranéens. Deux volumes de 455 (Tome 1) et 416 pages (Tome Il), résument la recherche. .Je dis résume car l'auteur déplore que, faute de temps, et par la nécessité du financement de l'édition aussi, je suppose, il a dû sacrifier « une partie des notes» et « abréger consi- dérablement les analyses statistiques» (T. 1, p. 5). Heureusement. il a pu sauver, si j'ose dire, une belle chronologie de la peste de 1720-22 (dite de Marseille) (T. 1, p. 256-79) et une magnifique « liste nominative et chronologique des localités et pays touchés chaque année par la peste dans les différentes régions de l'Europe et du bassin méditerranéen de 541 à 775 et de 1346 à 1850» (T. 1, p. 375-449). Le tome 1 est illustré de 12 cartes dont' les plus neuves concernent la peste de 1720 (cartes 9 à 12), élaborées apartir des archives du contrôle général des finances (A.N., G 7). Le même tome compte 30 graphiques ': souli- gnons l'intérêt du graph. 8, p. 132 Qui met en valeur la liaison entre la fréquence des guer- res et l'apparition de la peste (XIVe - XVIIIe siècles). Les graphiques 26 à 30, p. 316-326 sont du plus grand intérêt car ils visualisent les effets de la peste sur la population de la seule communauté (Auriol, en Provence, en 1720) pour laquelle on a assez de données démographiques pour étudier 'les conséquences de caractère structurel de l'épidémie. Le tome Il est illustré de 20 reproductions hors texte dont certaines n'ont pas qu'un intérêt anecdotique. On examinera en particulier l'ex voto de Claude Beaujean, reproduction 9 : il montre de quelle manière on isolait les pestiférés dans leurs cabanes, comment le médecin, puis le curé s'occupaient d'eux. L'ouvrage s'organise autour de deux thèmes traités en 6 chapitres: Tome 1. - La peste dans l'histoire. Chap. 1 Conceptions médicales et épidémiologiques actuelles Chap.2 Historique des épidémies de peste. Chap. 3 Recherche des facteurs, Chap. 4 Les pertes humaines. Tome II. - Les hommes face à la peste. Chap. 5 Les conceptions anciennes sur la peste. Chap. 6 La lutte contre la peste. Une importante bibliographie de caractère européen termine le tome Il (p. 186-413). Je crois qu'il aurait,fallu y faire une classlficatlon moins sommaire que « manuscrite »d'un Etudes sur Pézenas et l'Hérault, IX, 3, 1978. 21 côté et en bloc, de l'autre « ouvrages et études concernant la peste » où voisinent, par exemple, p. 341, le Traicté de la peste, de la petite vérolle et rougeolle, d'Ambroise Paré (Paris 1568), et l'article de A. Parès sur « Toulon et la peste de 1721 », de portée très limitée, paru dans le Bulletin de la société scientifique et erchëoloqiqu« de Draguignan,-7 p., 1919. D'emblée, il faut dire que ce travail est une somme de connaissances et qu'il sera une référence de base, l'outil de travail indispensable pour les historiens, médecins, démo- graphes qui s'intéressent à la question. Faisons remarquer cependant que quelques histo- riens avaient assez bien déblayé le terrain au cours de vingt dernières années et pas seule- ment dans le sens de la chronologie épidémiologique. Rappelons, ici, sans trop y insister - le lecteur ira aux ouvrages principaux de ces auteurs - les travaux de P. Goubert oui, à propos des pestes du Beauvaisis a souligné l'importance de la ponction démographique; F. Lebrun a insisté sur les flux et reflux de la peste angevine entre 1583 et 1610 ; P. Deyon a insisté non seulement sur les conséquences de la peste au niveau quantitatif, à Amiens, mais il a encore mis en valeur le caractère de « révélateur privilégié » des mentalités que constitue la maladie . On pourrait citer encore les travaux de P. Vilar sur la Catalogne, ceux de B. Bennassar sur Valladolid - et peut-être surtout ses Recherches sur les grandes épidé~ mies... qui proposaient un plan d'étude exhaustif sur les pestes espagnoles de la fin du XVIe siècle- les travaux encore, d'E. Carpentier sur la Peste Noire à Orvieto... La liste pourrait s'allonger: Les hommes et la peste... ne sortent pas du néant. Nous insisterons donc peu sur des points déjà acquis. Au tome 1, le chapitre 1, « Conceptions médicales ... » p. 7-20 est une mise au point des recherches actuelles sur la peste. Au tome Il, le chapitre 5 sur « les conceptions anciennes sur la peste », p. 7-51, a peut-être trop sacrifié au narratif, particulièrement les points 2,3,4,6 (facteurs astro- logiques, origine plutonienne, cataclysmes, contagion) : les auteurs du XIXe et du début du XXe siècles n'ont pas manqué déjà de traiter longuement cet aspect (à titre d'exemples, voir les ouvrages suivants: G. Lammer, Geschichte der Seuchen, Hungers und Kriegsnoth zur Zeit der Dreissigjahrigenkriegs, Wiesbaden, 1890 et E. Cabrol, Annales de Villefranche- de-Rouergue, 2 volumes, 1860, particulièrement le volume 2 à propos de la peste de 1628). Je ferai des observations à peu près identiques au sujet du chapitre 6 et sur « les mesures particulières », p. 160-181 : « fuite, isolement, feu, parfums, nettoyage des rues, eau, tabac ». Doit-on rappeler ici ce que par exemple Gaffarel et Duranty dans La peste de 1720 à Marseille et en France, Paris, 1911, ont écrit longuement sur ces mesures? C. Car- rière, M. Courdurié, F. Rebuffat, dans Marseille ville morte, 1968, ont encore abordé cet aspect. Dans la mesure où, jusqu'à la disparition de la peste en Europe, pas grand progrès n'a été enregistré dans les mesures particulières de prophylaxie, il n'était guère utile de multiplier les exemples des mesures prises. Pour insister, comme d'ailleurs le voulait l'au- teur, sur les mesures d'isolement à partir du XVIe siècle, et surtout sur « la coordination des efforts» (ravitaillement, blocus), « sur de vastes territoires» au temps des monarchies fortes, le plan devait être plus thématique que descriptif. Insistons sur les points suivants: 1) Des pestes antiques aux pestes du XIXe siècles, une belle étude chronologique des poussées et des rémissions épidémiques. « La peste antique » a existé : la description par les auteurs anciens de bubons, l'atteste. Mais ceci doit être compensé par cela: il faut bien dire qu'il y a de tout dans les descriptions de ces auteurs et que certaines épidémies sont «trop mal décrites pour pouvoir être rapportées avec certitude à la peste » (T. 1, p. 25). C'est bien aussi mon avis à la lecture de Saint Cyprien (De mortalitate) dont la description de l'épidémie carthaginoise peut se rapporter à n'importe quelle maladie contagieuse, y compris la variole ou la peste (en 252-253) : Biraben ne la mentionne d'ailleurs pas. Ceci pour montrer les limites d'une étude épidémiologique rétrospective : bien souvent les chercheurs en histoire ancienne resteront sur leur faim. Dans le 'haut 'Moyen-Age. depuis « la peste justinienne » jusqu'au milieu du Ville siècle, on distingue 20 grandes poussées pesteuses avec périodicité de 9 à 13 ans (p. 33). Du Vile au Ville siècle, c'est surtout l'Orient qui est atteint (p. 42). Puis, c'est le silence des textes: « nous avons cherché en vain une quelconque mention de la peste ou d'un signe qui puisse lui être attribué» (p. 45). La peste disparaît du monde méditerranéen. Elle ne 22 réapparaît que six siècles plus tard: c'est la fameuse « peste noire» (1346·1352) qui déferle de l'Orient vers l'Occident (dernier état des recherches sur la chronologie et belle carte de la progression, p. 88-89). Dès que la peste s'est installée au milieu du XIVe siècle, elle ne lâche plus le monde méditerranéen et l'Occident jusqu'au milieu du XIXe siècle avec des périodes de rémissions de plus en plus longues et des foyers de plus en plus circonscrits. Dans la région nord- occidentale de l'Europe, de 1347 à 1772, on note 31 poussées principales ou secondaires (p. 125), les deux dernières en date étant celle, d'abord qui de 1769 à 1772 s'installe du Danube à la région de Moscou, puis celle de 1828, du Caucase à l'Ukraine (p. 143-44). A ce moment l'Europe extrême occidentale ne connaît plus la peste depuis 1720·22. Dans l'Europe du nord-ouest, la peste de 1347 à 1534 apparaît tous les 9,4 ans à 11,1 ans, avec des intervalles de rémission de 6 uploads/Geographie/ les-hommes-et-la-peste-en-france.pdf
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- Publié le Jul 07, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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