Lituraterre Ce mot se légitime de YErnout et Meillet : lino, litura, liturarius
Lituraterre Ce mot se légitime de YErnout et Meillet : lino, litura, liturarius. Il m'est venu, pourtant, de ce jeu du mot dont il arrive qu'on fasse esprit : le contrepet revenant aux lèvres, le renversement à l'oreille. Ce dictionnaire (qu'on y aille) m'apporte auspice d'être fondé d'un départ que je prenais (partir, ici est répartir) de l'équivoque dont Joyce (James Joyce, dis-je), glisse d'à letter à a litter> d'une lettre (je traduis) à une ordure. On se souvient qu'une « messe-haine » à lui vouloir du bien, lui offrait une psychanalyse, comme on ferait d'une douche. Et de Jung encore... Au jeu que nous évoquons, il n'y eût rien gagné, y allant tout droit au mieux de ce qu'on peut attendre de la psychanalyse à sa fin. A faire litière de la lettre, est-ce saint Thomas encore qui lui revient, comme l'œuvre en témoigne tout de son long? Ou bien la psychanalyse atteste-t-elle là sa convergence avec ce que notre époque accuse du débridement du lien antique dont se contient la pollution dans la culture ? J'avais brodé là-dessus, comme par hasard un peu avant le mai de 68, pour ne pas faire défaut au paumé de ces affluences que je déplace où je fais visite maintenant, à Bordeaux ce jour-là. La civili sation, y rappelai-je en prémisse, c'est l'égout. Il faut dire sans doute que j'étais las de la poubelle à laquelle j'ai rivé mon sort. On sait que je ne suis pas seul à, pour partage, l'avouer. L'avouer ou, prononcé à l'ancienne, l'avoir dont Beckett fait balance au doit qui fait déchet de notre être, sauve l'honneur de la littérature, et me relève du privilège que je croirais tenir ma place. La question est de savoir si ce dont les manuels semblent faire étal, soit que la littérature soit accommodation des restes, est affaire 11 LITURATERRE de collocation dans l'écrit de ce qui d'abord serait chant, mythe parlé, procession dramatique. Pour la psychanalyse, qu'elle soit appendue à l'Œdipe, ne la quali fie en rien pour s'y retrouver dans le texte de Sophocle. L'évocation par Freud d'un texte de Dostoïevski ne suffit pas pour dire que la critique de textes, chasse jusqu'ici gardée du discours universitaire, ait reçu de la psychanalyse plus d'air. Ici mon enseignement a place dans un changement de configura tion qui s'affiche d'un slogan de promotion de l'écrit, mais dont d'autres témoignages, par exemple, que ce soit de nos jours qu'enfin Rabelais soit lu, montrent un déplacement des intérêts à quoi je m'accorde mieux. J'y suis comme auteur moins impliqué qu'on n'imagine, et mes Écrits, un titre plus ironique qu'on ne croit : quand il s'agit soit de rapports, fonction de Congrès, soit disons de « lettres ouvertes » où je fais question d'un pan de mon enseignement. Loin en tout cas de me commettre en ce frotti-frotta littéraire dont se dénote le psychanalyste en mal d'invention, j'y dénonce la tentative immanquable à démontrer l'inégalité de sa pratique à moti ver le moindre jugement littéraire. Il est pourtant frappant que j'ouvre ce recueil d'un article que j'isole de sa chronologie, et qu'il s'y agisse d'un conte, lui-même bien particulier de ne pouvoir rentrer dans la liste ordonnée des situations dramatiques : celui de ce qu'il advient de la poste d'une lettre missive, d'au su de qui se passent ses renvois, et de quels termes s'appuie que je puisse la dire venue à destination, après que, des détours qu'elle y a subis, le conte et son compte se soient soutenus sans aucun recours à son contenu. Il n'en est que plus remarquable que l'effet qu'elle porte sur ceux qui tour à tour la détiennent, tout arguant du pouvoir qu'elle confère qu'ils soient pour y prétendre, puisse s'interpréter, ce que je fais, d'une féminisation. Voilà le compte bien rendu de ce qui distingue la lettre du signi fiant même qu'elle emporte. En quoi ce n'est pas faire métaphore de l'épistole. Puisque le conte consiste en ce qu'y passe comme muscade le message dont la lettre y fait péripétie sans lui. Ma critique, si elle a lieu d'être tenue pour littéraire, ne saurait porter, je m'y essaie, que sur ce que Poe fait d'être écrivain à former un tel message sur la lettre. Il est clair qu'à n'y pas le dire tel quel, ce 12 LITURATERRE n'est pas insuffisamment, c'est d'autant plus rigoureusement qu'il l'avoue. Néanmoins l'élision n'en saurait être élucidée au moyen de quelque trait de sa psychobiographie : bouchée plutôt qu'elle en serait. (Ainsi la psychanalyste qui a récuré les autres textes de Poe» ici déclare forfait de son ménage.) Pas plus mon texte à moi ne saurait-il se résoudre par la mienne : le vœu que je formerais par exemple d'être lu enfin convenable ment. Car encore faudrait-il pour cela qu'on développe ce que j'en tends que la lettre porte pour arriver toujours à sa destination. Il est certain que, comme d'ordinaire, la psychanalyse ici reçoit, de la littérature, si elle en prend du refoulement dans son ressort une idée moins psychobiographique. Pour moi si je propose à la psychanalyse la lettre comme en souf france, c'est qu'elle y montre son échec. Et c'est par là que je l'éclairé : quand j'invoque ainsi les lumières, c'est de démontrer où elle fait trou. On le sait depuis longtemps : rien de plus important en optique, et la plus récente physique du photon s'en arme. Méthode par où la psychanalyse justifie mieux son intrusion : car si la critique littéraire pouvait effectivement se renouveler, ce serait de ce que la psychanalyse soit là pour que les textes se mesurent à elle, l'énigme étant de son côté. Mais ceux dont ce n'est pas médire à avancer que, plutôt qu'ils l'exercent, ils en sont exercés, à tout le moins d'être pris en corps -, entendent mal mes propos. J'oppose à leur adresse vérité et savoir : c'est la première où aussi tôt ils reconnaissent leur office, alors que sur la sellette, c'est leur vérité que j'attends. J'insiste à corriger mon tir d'un savoir en échec : comme on dit figure en abyme, ce n'est pas échec du savoir. J'apprends alors qu'on s'en croit dispensé de faire preuve d'aucun savoir. Serait-ce lettre morte que j'aie mis au titre d'un de ces morceaux que j'ai dits Écrits..., de la lettre l'instance, comme raison de l'incons cient? N'est-ce pas désigner assez dans la lettre ce qui, à devoir insister, n'est pas là de plein droit si fort de raison que ça s'avance? La dire moyenne ou bien extrême, c'est montrer la bifidité où s'engage toute mesure, mais n'y a-t-il rien dans le réel qui se passe de cette 13 LITURATERRE médiation ? La frontière certes, à séparer deux territoires, en symbo lise qu'ils sont mêmes pour qui la franchit, qu'ils ont commune mesure. C'est le principe de YUmwelt, qui fait reflet de YInnenwelt. Fâcheuse, cette biologie qui se donne déjà tout de principe : le fait de l'adaptation notamment; ne parlons pas de la sélection, elle franche idéologie à se bénir d'être naturelle. La lettre n'est-elle pas... littorale plus proprement, soit figurant qu'un domaine tout entier fait pour l'autre frontière, de ce qu'ils sont étrangers,jusqu'à n'être pas réciproques? Le bord du trou dans le savoir, voilà-t-il pas ce qu'elle dessine. Et comment la psychanalyse, si, justement ce que la lettre dit « à la lettre » par sa bouche, il ne lui fallait pas le méconnaître, comment pourrait-elle nier qu'il soit, ce trou, de ce qu'à le combler, elle recoure à y invoquer la jouissance? Reste à savoir comment l'inconscient que je dis être effet de lan gage, de ce qu'il en suppose la structure comme nécessaire et suffi sante, commande cette fonction de la lettre. Qu'elle soit instrument propre à l'écriture du discours, ne la rend pas impropre à désigner le mot pris pour un autre, voire par un autre, dans la phrase, donc à symboliser certains effets de signifiant, mais n'impose pas qu'elle soit dans ces effets primaire. Un examen ne s'impose pas de cette primarité, qui n'est même pas à supposer, mais de ce qui du langage appelle le littoral au littéral. Ce que j'ai inscrit, à l'aide de lettres, des formations de l'incons cient pour les récupérer de ce dont Freud les formule, à être ce qu'elles sont, des effets de signifiant, n'autorise pas à faire de la lettre un signifiant, ni à l'affecter, qui plus est, d'une primarité au regard du signifiant. Un tel discours confusionnel n'a pu surgir que de celui qui m'importe. Mais il m'importe dans un autre que j'épingle, le temps venu, du discours universitaire, soit du savoir mis en usage à partir du semblant. Le moindre sentiment que l'expérience à quoi je pare, ne peut se situer que d'un autre discours, eût dû garder de le produire, sans l'avouer de moi. Qu'on me l'épargne Dieu merci ! n'empêche pas qu'à m'importer au sens que je viens de dire, on m'importune. Si j'avais trouvé recevables les modèles que Freud articule dans une Esquisse uploads/Geographie/ lituraterre-pdf.pdf
Documents similaires










-
32
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 24, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2521MB