INTERPRETATION DE QUATRE INSCRIPTIONS MINOENNES I. Tablette de Cnossos1 publiée
INTERPRETATION DE QUATRE INSCRIPTIONS MINOENNES I. Tablette de Cnossos1 publiée par Sundwall, Urkundenstu- dien, fig. 22 = Hrozny, Inscriptions, n.° 48: ena tàkóna karoto tàkóna etalo tàkóna ti/ëto tàkóna memaPti Sonatene HOMME 1 HOMME I HOMME I HOMME I HOMME I Traduction grecque: «AlvTji X6ovl (= A^Tpt) 1 homme.» «*KapwSoï XOovl i homme.» «*Aì6aXoT XGovl i homme.» «TITOÏ X0ovl 1 homme.» <<*Mat[xáxTi(Si), *ESVOXTSVÍ(SI) i homme.» TT.Hï *' mm r m.m % nm * ' Err.mo £ Traduction française: «à Takon la terrible 1 homme.» «à Takon qui cause de la torpeur 1 homme.» «à Takon qui brûle (incendie) 1 homme.» «à Takon l'aurore 1 homme.» «à l'impétueuse, à celle qui tue les étrangers 1 homme.» Commentaires: C'est un texte de caractère religieux: il s'agit de sacrifices humains à l'occasion de certaines fêtes en honneur de la Terre- mère. 1 La valeur phonétique des signes minoens est donnée d'après mon travail Inscriptions minoennes quasi-bilingues, Sofia 1950, p. 29SUÍW.; voir aussi Le déchiffrement des inscriptions minoennes, Sofia 1949, p. 39 suiw. Par x, y, ¿•sont notés des signes dont la valeur phonétique n'est pas encore établie. 78 VLADIMIR GEORGIEV Tàkón-a dat. sing. «Terre-mère» = hittite tagna, dat. sing, de hitt. tekan «terre», grec X0cóv «déesse de la terre» 1. Ena, karoto, etalo, iijëto, mentati et senatene sont des épithètes de la déesse Takon; ils sont au datif singulier. Ena dat. sing. = dor. aîvôci, att. aivîjt, dat. sing. fém. de l'adjectif aivoç «terrible, affreux, effrayant», cf. hom. O C Í V Ó T O C T S KpovíSTj, aivoráxT) ('AQy]wír¡); ai > min. e (ou ei). Hn minoen le datif singulier des thèmes en -à (et des thèmes consonantiques) se ter- mine en -à (de i.-e. -ài) ou en -i comme en hittite, cf. hitt. aruna à côté de aruni, dat. sing, de aruna- «mer»2, et comme en lycien 3. Karoto — lesb. béot. dor. *xapcoSGt, att. *xapco8o?, dat. sing, de •xapcoStf), cf. xaptoSv)ç «qui cause de la torpeur; fermé par un som- meil léthargique» et xapoç «sommeil profond, engourdissement; vertige». I^a valeur phonétique du signe ro n'est pas tout à fait sûre; elle est établie à l'aide du principe acrophonique: le signe représente le pictogramme d'un héron, cf. grec pcpSioç «héron». Etalo = lesb. béot. dor. *cà8aXôk, att. *oû6aXoï, dat. sing, de *aì0aXcó, cf. o d ' G a X o ç m. «étincelle enflammée», aìOaXóco «réduire en suie ou en noir de fumée», alOaXoaç «qui brûle, qui consume; noirci par le feu, enfumé», etc. Cette épithète de la Terre-mère minoenne est comparable à l'épithète de Déméter Kaucmç (Hésy- chius) qui représente la forme du genre féminin de xaúaTV]? «celui qui brûle, qui brûle les morts». Ti/ëto = lesb. béot. dor. TITCOI, att. TITOÏ, dat. sing, de Tn¿> (I/y- cophron, Ktym. Magnum), cf. T I T C Î > «aurore, jour, soleil» (Hésychius, Suidas). Pour la formation des noms d'action et des noms propres féminins en -có cf. 'AsXXcó (de ó c s X X a «tempête, ouragan»), A T J C Ó , un hypocoristique qui appartient à la phraséologie rituelle d'Eleusis, TsXXcó, KocXuçci, K a X X t C T T c ó , Meyícrrcó, Nixcó, ILeiQú, Mopçco, nom d'Aphro- dite à lacedèmone = ¡¿opccó «belle, beauté», cf. ¡j.op(?r¡ 4. De la même formation sont les épithètes suivantes de Déméter: 'A^pcó, 1 Voir Déchiffrement, p. 29 suivv. 2 Voir J. Friedrich,HethitischesElementarbuch, I, Heidelberg 1940, p. 14. 3 Voir P. Meriggi, Festschrift Hirt, II, Heidelberg 1936, p. 262 suivv. 4 Voir P. Chantraine, La formation des noms en grec ancien, Paris 1933, p. 115 suivv., E. Schwyzer, Griechische Grammatik, I, München 1939» P- 47& suiv. INTERPRETATION Dfl QUATRE INSCRIPTIONS MINOBNNffS 79 'IouXcó, narravo, SITO!) (de CTTTOÇ «blé»). I,e datif singulier des thèmes minoens en-¿H" se termine donc en -o, cf. ena dat. sing. =dor. alvai, att. a.hr¡L. MemaPti dat. sing. = grec *{jiaifjt,axTiç, la forme du genre fé- minin de [i(x.i¡j.á.xrr¡c «l'impétueux, le violent», épithète de Zeus par opposition à [itilixioç, cf. aussi ¡¿at^aC* Tapa/cóS^c (Hésychius), (j.at[xácroío «être agité violemment», hom. ymy.&<ù «être violemment excité, être plein d'ardeur guerrière, s'agiter impétueusement, désirer fortement» 1. Pour la formation des formes féminines en -Ttç de noms masculins en -rqç cf. pouXsuxiç, SeqjicôTiç, 8r¡yLótic, Spooré-uç, Kccucraç à CÔté d e (3ouXeur/jç, 8sa[uí>Tr¡c, 8r¡y.ÓTr¡c, SpaTrÉTVjç, xaucrrrçç etc. 2. Senatene dat. sing. = *ÇSVO-XT£VÊÇ, la forme du genre féminin de *ÇSVO-XTEV^Ç «qui tue des hôtes ou des étrangers», cf. ^ S V O X T O V O Ç «qui tue des hôtes ou des étrangers», ÇevoxTovéo) «tuer des hôtes ou des étrangers» 3. Pour la formation cf. sùysvTJç: fém. cùyeviç, -iSoç, Guyyev^c: fém. cuyysviç, -iSoç4. Pour la terminaison archaïque du datif singulier des thèmes en -i(S)- cf. hom. ©é-ü = = ¡ att. 0STISI, argiv. 'Apraci, béot. Eù/apl, dor. Aijxvaxï 5. Kn minoen e alterne avec i: cela explique la forme senatene à côté de memati; mais -e de senatene pourrait provenir de -ei, cf. grec (inscr.) "EÀTCI fém. ='EA7cí8i. Pour la formation, cf. aussi les épithètes de Déméter: 'A[XÇIXTUOVÎÇ, 'EVSAUCTXÎÇ, 'IjxaXiç, ' E T T C O T C Î Ç , 'fMç. II. Tablette de Cnossos (PM IV, fig. 694 / = Hrozny, Inscrip- tions, n.° 203): xnâru CHE VAI, [ I tákotijuni CHEVAI, i tiveQeru CHE VAI, I ti/urataru [CHEVAI, I 1 Pour ai > e et ht > t voir Déchiffrement, p. 13. 2 VoirE). Schwyzer, op. cit., p. 464, P. Chantraine, op. cit., p. 339 suiv. 3 I.-e. o > min. a, ks > s, kt > t, voir Déchiffrement, p. 13 suiv. 4 Voir B. Schwyzer, op. cit., p. 465. 5 Voir B. Schwyzer, op. cit., p. 464. 80 VLADIMIR GEORGIEV Traduction; «...vaptot I cheval» «*T<xxu8ivst i cheval» «*Àtf£ixTspcùt i cheval» «*TupavSaptùt i cheval» Commentaires: Iva partie droite de la tablette est endommagée; sa partie infé- rieure est détachée. La valeur phonétique du premier signe est encore inconnue. D'après l'idéogramme CHEVAE on peut supposer qu'il s'agit d'une liste de chevaux. Les quatre mots devant les idéogrammes sont des noms de personnes au datif singulier: -u de i.-e. -ô(i) = = grec -coi, lat. -di, - < ? (u alterne avec o en minoen, voir Déchif- frement, p. 36); -i = grec-(e)i, lat. -% (de -ei). C'est donc une pièce d'inventaire du même genre que les tablettes traitées dans mon Déchiffrement, p. 16 suivv., cf., par exemple, l'inscription: «à Pa- siraitan une cuirasse, un char de guerre (et) un cheval». Le nom de personne minoen Tdkòtijuni dat. sing, correspondrait au nom grec supposé *Taxu-Siviç, cf. Taxu-xX^ç et STvoç m. «tour- billon; vertige; aire», Srwj, éol. Siws «tourbillon; tournoiement», Sïvsco «faire tournoyer; intr. tournoyer», skr. dîyati «voler», etc.; cf. aussi le nom de personne AIVVO-^SVTJÇ 1. O U bien *Taxu-8eiviç de Seivoç «terrible, étonnant, extraordinaire, fort, puissant», cf. les noms propres Aeïviç, Aetvo-o0évv)ç etc. (ou tdkò-tini = Tako[n)-tini = *X0CÙV- SSLVIÇ, cf. AIO-XXTJÇ, Aio-cpávr¡c, 'Hpa-xXTJç etc.?) Le nom de personne minoen TiveQeru dat. sing, correspondrait au nom grec supposé *Aifei-xTepoç ou *AiFea-xT£poç, cf. xxspaç «bien, possession; cadeau, présent». Pour la formation, cf. cypr. Atfei-çiXoç, Aifei-9s{jnç, att. AiEt-Tpécpvjç, grec Aio-Stopoç, etc. Le nom de personne minoen Tifurataru dat. sing. = Tura{n)taru est composé du nom de la déesse Turan et du mot tar[a)- «descen- dant, enfant, xopoç». Il correspondrait au nom grec supposé *Tupav(vo)-xopoç, cf. minoen Ti/utaru dat. sing. = Ti(n)tant = grec 1 Voir E. Boisacq, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Heidelberg 1923, s. v. INTERPRETATION Dfí QUATR'S INSCRIPTIONS MINQffNNES 81 Ttv-Sap- «descendant de Tin»1. En ce qui concerne la formation des noms minoens cités, cf. les noms de personnes grecs Aioa-xopoç, Aióa-xoupoi, Aié-TOxiç, Atoyav^ç, ©EO-TEXVOÇ, ©EO-TOXOÇ, Qeo-yovoç, 'ATCOXXO- ysviQç, 'ATCOXXO-SOTOÇ, 'ApTe^-Scopoç, 'ApTS¡i.ó->tXea etc. III. Tablette de Cnossos (PM IV, fig. 762 bis a = Hrozny, Inscriptions n.° 199): panalotà Traduction: «*ITOVOXUTOÇ.» Commentaires: La tablette dont la partie droite est détachée a été trouvée à Cnossos à l'endroit où ont été découverts les textes relatifs aux chars de guerre. Le contenu de l'inscription est donc semblable à celui de l'inscription précédente. Panalotà est donc un nom de personne; il correspondrait au nom grec supposé *IIOVO-XI>TOÇ. Pour la formation, cf. les noms de personnes grecs Auai-rcovoç, ITavTa-7rovoç, Eu-7tovoç et AajJto-XuToç, ©so-Xuxoç, 'IiTOO-XuTOÇjMav&po-XuToç, TVo-XuToçetC2 Parmi les noms de Keftious qu'on lit sur une ardoise égyptienne figure aussi le nom PnH. Puisque en égyptien on écrit r pour un l étranger, cf. égypt. Prst = hébreu Pelist-ïm, Pnrt pourrait être identique à Panalotà3. IV. Tablette de Hagia Triada (HT 86 a et b): DOUBLÉ HACHÉ Qefiu wata me P A V O T S 20 sapu 20 zma?pu 20 kuzovd 10 esú ta (ou to)x' PAVOT* 20 iy'z' 20 1 Voir mes Inscriptions minoennes quasi-bilingues, p. 19 suiw.; pour la. déesse minoenne et étrusque Turan voir mon Déchiffrement, p. 35. 2 Pour i.-e. o > min. a et la, chute des consonnes finales en minoen voir Déchiffrement, p. 13 suiv.; pour lo au lieu, de lu voir ibid-, p. 36. 3 Comme l'a déjà remarqué E. Peruzzi, Sefarad, IX (1949), p. 140 uploads/Geographie/ minos-1951-9-georgiev-interpretation-77-83.pdf
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- Publié le Jan 08, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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