© Lydiane Nabec et Agnès Mazars-Chapelon Présentation du cas « Cinéma Le Kapédé
© Lydiane Nabec et Agnès Mazars-Chapelon Présentation du cas « Cinéma Le Kapédépée » Le Kapédépée est une salle de cinéma d’art et d’essai fondée à la fin des années soixante dans une ville française de taille moyenne. Le fondateur de ce cinéma vient de passer le flambeau à ses deux enfants, animés par le même esprit de promotion culturelle et artistique. Pour eux, Le Kapédépée doit participer à l’épanouissement culturel de ses concitoyens, en mettant l’accent sur le plaisir du partage de connaissances et d’émotions. Le cinéma est implanté en centre-ville, près du centre historique, dans une vieille bâtisse typique de la région. Hormis quelques travaux de décoration, les locaux n’ont pas été rénovés depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. La ville en question est une ville touristique, où sont organisés en période estivale de nombreux festivals, dans une région dynamique tant sur le plan culturel que démographique. D’ailleurs, pour répondre à une demande croissante, une grande enseigne de la distribution a créé deux ans auparavant un magasin pilote, épicentre d’un nouveau centre commercial plutôt haut de gamme. Face à ce centre commercial, d’autres magasins ont ouvert, complétant l’offre commerciale avec des enseignes d’habillement (C&A, Celio, Du Pareil au Même, Esprit, Besson Chaussures…), de décoration (Casa, Maisons du Monde, Interior’s) et de loisirs (Cultura, …). S’adossent à ces deux centres commerciaux maintenant desservis par les bus de ville des restaurants, une piscine olympique, un stade, un bowling et un multiplexe (Forum Kinépolis), facilement accessibles à la sortie des autoroutes et des grands axes routiers. Ces récents développements ont conduit à une baisse de la fréquentation en centre-ville. Le Kapédépée quant à lui connaît depuis plus longtemps une diminution du nombre de ses entrées… Comment endiguer cette diminution de la fréquentation et assurer la survie du Kapédépée ? © Lydiane Nabec et Agnès Mazars-Chapelon Annexe Etude qualitative : perception du public des cinémas d’art et d’essai (Source CNC - Extraits) Problématique Le Centre national de la cinématographie a souhaité mener une étude qualitative sur le public du cinéma d’Art et Essai : ses motivations, ses pratiques de consommation, ses perceptions de l’offre, son expérience des établissements et ses attentes. Cette étude a été réalisée par l’institut QualiQuanti. Méthodologie Cette étude qualitative s’appuie sur trois réunions de groupes qui se sont tenues au cours du mois d’octobre 2005. Le premier groupe, réuni à Paris, a rassemblé 7 femmes et 3 hommes âgés de 24 à 54 ans pour une discussion de 4 heures. Le deuxième groupe, organisé à Lille, réunissait 5 femmes et 3 hommes âgés de 23 à 57 ans. La réunion a duré 3h45. Enfin, le dernier groupe, réuni à Nantes pendant 3h45 également, rassemblait 6 femmes et 3 hommes âgés de 30 à 56 ans. Au cours de ces réunions, ces spectateurs, sous l’égide d’un animateur, se sont exprimés sur leurs expériences et leurs attentes vis-à-vis du cinéma d’Art et Essai. Le recrutement des participants s.est effectué selon quatre critères : - être spectateur régulier ou occasionnel de films d’Art et Essai en salles (avoir vu au moins une dizaine de films au cours de l.année 2005) ; - fréquenter plusieurs salles de cinémas ; - être âgé de 25 à 55 ans ; - avec une légère dominante féminine. Cette phase de réunions a été complétée par une enquête d’approfondissement administrée par Internet auprès de 228 spectateurs Art et Essai. Le questionnaire, d.une durée de 20 minutes, comportait des questions fermées et quelques questions ouvertes dont les réponses ont fait l’objet d’une analyse qualitative systématique. Avertissement Comme toute étude qualitative s’appuyant sur des réunions de groupes, cette étude ne fait que restituer des avis exprimés par les spectateurs interrogés, sans aucun parti pris, et les analyses exposées dans ce document ne prétendent à aucun objectif d’exhaustivité. Le contexte L’Art et Essai : un cinéma extrêmement valorisé qui suscite un fort attachement Les origines du goût pour l’Art et Essai sont souvent anciennes et familiales, avec une initiation des spectateurs qui peut remonter à l’enfance, une pratique culturelle et une sensibilité qui se transmettent souvent de génération en génération. Les premières expériences de cinéma Art et Essai sont souvent marquantes pour les spectateurs, qui sont capables de citer plusieurs films les ayant profondément touchés. Le cinéma d’Art et Essai est porteur de valeurs positives très fortes : la culture, l’ouverture d’esprit, l.expérience artistique, la réflexion, l’émotion, l’exigence, la créativité, etc. Pour les spectateurs, c.est un cinéma qui se veut « oeuvre », qui propose une vision, un point de vue d’auteur, qui touche réellement le spectateur, voire le bouscule dans le bon sens du terme. Le cinéma d’Art et Essai est vécu par les spectateurs comme une expérience extrêmement stimulante et hautement satisfaisante : c.est un cinéma qui est très fidélisant, amenant un public assidu. La qualité et la richesse de l »offre Art et Essai en France (étendue du parc d’établissements et programmation) sont perçues par le public comme une véritable chance en comparaison à d’autres pays, notamment anglo-saxons. L’Art et Essai n’est pas une catégorie objective, elle est potentiellement très ouverte © Lydiane Nabec et Agnès Mazars-Chapelon La catégorie Art et Essai est assez difficilement délimitable pour les spectateurs. Elle se situe entre deux pôles : - avant tout, la notion d’Art et Essai est principalement définie par une série d’oppositions parfois manichéennes avec le cinéma grand public ou « commercial », avec des critères assez exigeants, puristes, voire un peu élitistes ; - dans le même temps, elle peut être très ouverte, incluant une grande variété de films, dès lors qu.ils apportent un bénéfice d’ordre artistique, intellectuel et émotionnel, sans exclure nécessairement le plaisir divertissant. Pour les spectateurs, la notion d’Art et Essai couvre donc une palette très diversifiée de cinémas, entre un pôle « puriste » et un pôle « ouvert », avec des films ancrés dans la sphère « auteur » de façon plus ou moins nette. Ainsi, ils reconnaissent des films clairement Art et Essai et des films clairement commerciaux mais, entre les deux, existe une nébuleuse de films dont la nature est incertaine. Certains spectateurs acceptent de voir qualifiés d’Art et Essai des films très accessibles au grand public. Les pratiques spécifiques du public Art et Essai La programmation des cinémas d’Art et Essai est plus complexe que celle du réseau commercial (une salle sur une semaine, horaires systématiques et fixes,.) : le choix d.une séance Art et Essai est donc plus délicat pour les spectateurs (durée d’affiche plus courte, horaires limités,.). L’Art et Essai souffre également d’un accès à l »information plus compliqué compte tenu de la dispersion de l »offre. La sortie cinématographique nécessite donc une attitude plus volontariste et demande un effort d’organisation. Dans la pratique, les spectateurs sont parfois frustrés de ce manque de facilité, tout en valorisant cette spécificité d’un cinéma qui « se mérite ». Une fréquentation multi-salles Compte tenu de l’offre très abondante à Paris, les spectateurs parisiens et franciliens fréquentent trois salles différentes au minimum. En province, la grande majorité des spectateurs ne fréquentent qu.un à deux cinémas assidûment. Il peut cependant leur arriver de faire plusieurs kilomètres pour une programmation motivante. Une sortie plutôt solitaire Alors que les films grand public sont en général vus à plusieurs -en famille, avec des amis-, les films Art et Essai sont plutôt l’objet d.une sortie en solitaire. Cette pratique fait écho à la dimension intime et au mode de réception individuel de ce type de cinéma, en opposition avec la notion de ..culture de masse... La recherche de la V.O. Les spectateurs associent fortement la notion d’Art et Essai à la version originale, comme seul moyen d’appréhender l’œuvre originale. Pour un film Art et Essai, ils choisissent en très grande majorité la version originale alors qu.une même proportion d’entre eux peuvent opter pour la version doublée d’un film grand public. Le DVD : un moyen complémentaire d.accès à l’Art et Essai La majorité des spectateurs interviewés déclare que leur consommation vidéo n’a pas d’incidence sur leur fréquentation des salles Art et Essai. Plus encore que le grand public, les amateurs de cinéma d’Art et Essai insistent sur le caractère incomparable d.une projection en salle, trop précieuse et irremplaçable pour eux. Le DVD est néanmoins apprécié pour découvrir un auteur, avoir systématiquement accès à la version originale, voir des films qui ne sont pas ou plus programmés en salles, accéder aux commentaires de réalisateurs, etc. Perceptions du public des cinémas Art et Essai 9 L’Art et Essai et le jeune public Dans l’image actuelle du cinéma d’Art et Essai, la notion de divertissement et de légèreté est aujourd.hui relativement exclue. Ainsi, de nombreux parents n’associent pas spontanément ce type de cinéma avec des films que pourraient voir leurs enfants. Le cinéma d’Art et Essai comporte pourtant des affinités avec le jeune public : - des salles plus intimes et à dimension humaine, moins impressionnantes que les grands complexes ; - une offre importante et variée de films d’animation peu connus des jeunes spectateurs français, alors qu.ils uploads/Geographie/ etude-de-cas-marketing-cinema-le-kapedepe.pdf
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- Publié le Jan 12, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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