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POINTS DE RUPTURE : L’eau du Canada sera-t-elle protégée face à l’engouement pour le gaz de shale? Ben Parfitt Pour le Programme sur les questions de l’eau École Munk des affaires internationales de l’Université de Toronto 15 septembre 2010 Sous embargo jusqu’à 9 h HNE le jeudi 14 octobre 2010 i À propos de l’auteur Ben Parfitt, un résident de Victoria, est un auteur et journaliste primé qui est reconnu pour ses articles sur des sujets liés à l’environnement et aux ressources naturelles. Il partage son temps entre, d’une part, son travail d’analyste des politiques sur les ressources pour le bureau de la Colombie-Britannique du Centre canadien de politiques alternatives et, d’autre part, différents contrats à la pige. À propos du Programme sur les questions de l’eau Le Programme sur les questions de l’eau (PQE) crée des possibilités, pour les membres des secteurs universitaire, public, privé et non lucratif, de participer à des initiatives communes en matière de recherche, de dialogue et d’éducation. Ce programme vise à donner la parole à ceux et celles qui travaillent à clarifier et à enrichir les connaissances sur lesquelles reposent la compréhension et la protection des précieuses ressources en eau du Canada. Depuis 2001, le PQE a publié des analyses, de l’information et des opinions sur une variété de questions importantes et émergentes liées à l’eau. Sa situation au sein de l’École Munk des affaires internationales de l’Université de Toronto lui donne accès à un large éventail de ressources analytiques, aux technologies de l’information de pointe et à une expertise internationale. Le présent article se trouve sur le site Web du Programme sur les questions de l’eau à www.powi.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements sur le PQE ou sur cet article, veuillez communiquer avec : Adèle M. Hurley Directrice, Programme sur les questions de l’eau École Munk des affaires internationales Université de Toronto 1 Devonshire Place, South House, Room 258S Toronto (Ontario) Canada M5S 3K7 Tél. : 416-892-8919 Fax : 416-946-8915 Courriel : hurleyut@istar.ca Nous remercions la Fondation Walter et Duncan Gordon et la Fondation Tides Canada de leur appui. ii Table des matières 1. Gaz de schiste : la course est lancée 1 2 La plus importante opération de fracturation hydraulique au monde 3 3. Gaz de schiste : une révolution non conventionnelle 6 4. Le chaos non linéaire de la fracturation 9 5. L’argument de la sécurité énergétique 14 6. Gaz de schiste : énergie propre et verte ou responsabilité face au climat et à l’eau? 17 7. L’impact sur la quantité d’eau utilisée 20 8. L’impact sur la qualité de l’eau 21 9. La réglementation du gaz de schiste et l’allocation de l’eau au Canada 27 10. Supervision et suivi des activités de fracturation et d’élimination des eaux usées 38 11. États-Unis : une vague de réglementation? 41 12. De l’eau, partout de l’eau? La méconnaissance des ressources en eau du Canada 43 13. Regard vers l’avenir : la réglementation de l’exploitation du gaz de schiste au Canada 47 Annexe A Lettre de Henry Waxman, président du Comité sur l’énergie et le commerce, Chambre des représentants 54 Annexe B Traduction des graphiques et de la lettre de Henry Waxman 56 Notes de fin de document 61 iii Remerciements L’idée du présent article a été lancée par Adèle Hurley, directrice du Programme sur les questions de l’eau de l’École Munk des affaires internationales. Adèle est reconnue pour sa capacité de cerner les questions émergentes qui touchent l’environnement, particulièrement les ressources en eau, et d’attirer l’attention du grand public, des médias, des gouvernements et des organismes de réglementation sur ces questions. Adèle a vite compris que l’intensification de l’exploitation du gaz de schiste non conventionnel aux États-Unis était susceptible de se reproduire au Canada et que ces développements feraient grimper les prélèvements d’eaux de surface et souterraines ainsi que les risques de contamination de ces eaux. Ayant prévu avec justesse les préoccupations croissantes du public à l’endroit des projets d’exploitation de gaz non conventionnels, de l’Ouest canadien aux Maritimes, Adèle et l’École Munk m’ont demandé de rédiger le présent rapport – une occasion pour laquelle je les remercie sincèrement. Je suis d’abord et avant tout reconnaissant envers Adèle pour ses nombreuses suggestions utiles à plusieurs stades du rapport, et je souhaite aussi remercier chaleureusement les personnes qui ont accepté de réviser et de commenter les ébauches du rapport, à savoir Jim Bruce, Joanna Kidd, Andrew Miall et Tom Myers. Merci également à Bronson Whitford et à Eric Chenoix pour avoir traduit ce rapport en français et au personnel de l’École Munk, dont Nina Boric, Todd Lane, Wilhelmina Peters, Sean Willett et Lucinda Li. Je dois aussi souligner le travail de Joanna Kidd à l’édition et à la mise en forme de la version finale du rapport. Enfin, je voudrais remercier Will Koop pour m’avoir dirigé vers un grand nombre de documents et de personnes-ressources utiles. BP, septembre 2010 1 1. Gaz de schiste : la course est lancée u cours de la dernière décennie, l’industrie du gaz naturel a traversé une révolution remarquable qui pourrait transformer le paysage politique et énergétique de l’Amérique du Nord. Au moment même où les réserves conventionnelles de gaz naturel semblaient sur le point d’être épuisées, l’industrie pétrolière a combiné une technique vieille de 60 ans, à savoir la fracturation hydraulique, avec la technique du forage horizontal afin d’exploiter une ressource en apparence inabordable : le gaz de shale (couramment appelé gaz de schiste), un gaz naturel piégé dans des roches schisteuses très denses qui sont enfouies à une grande profondeur. La fracturation hydraulique, qui consiste à injecter dans un puits des tonnes de sable, d’eau et de produits chimiques sous pression, a permis à l’industrie de fendre le schiste de la même manière que des cailloux peuvent fissurer un pare-brise. Les fractures ainsi créées ouvrent des voies minuscules qui permettent à de petites poches de gaz naturel de s’échapper du schiste. Depuis que l’industrie a démontré que la fracturation pouvait libérer de grandes quantités de gaz de ces anciens fonds marins, on assiste à une explosion de forages non conventionnels partout sur le continent. Dans un grand nombre d’États et de provinces, des entreprises sont engagées dans une course frénétique pour conclure des baux d’exploitation minière couvrant des zones aussi grandes que certains petits pays européens. Par exemple, Talisman Energy a acquis un million d’acres, soit environ 2 400 milles carrés, dans les basses-terres du Saint-Laurent, au Québec, dans le but d’exploiter le schiste d’Utica1, tandis qu’Encana Corporation a acheté plus de deux millions d’acres en Colombie-Britannique2. Des milliers de puits ont été forés au Texas, en Pennsylvanie, dans l’Ohio, en Alabama, au Wyoming et au Colorado. Présent dans 22 formations géologiques (ou régions schisteuses) réparties dans 20 États, le gaz de schiste, qui était encore une ressource négligeable en 2000, représente maintenant 20 % de tout le gaz produit aux États-Unis3. La course vers le gaz de schiste a aussi été lancée au Canada, de son point de départ dans le nord de la Colombie-Britannique jusqu’aux formations riches en schistes en Alberta, en Saskatchewan, en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick Comme les régions schisteuses pourraient fournir à l’Amérique du Nord un combustible relativement « propre » à de faibles coûts pendant environ 100 ans, tant l’industrie que les gouvernements vantent les mérites de cette nouvelle ressource. Entre autres, la firme Cambridge Energy Research Associates prédit que le gaz de schiste pourrait remplacer le charbon intense en carbone à titre de combustible de choix pour les centrales d’énergie et devenir la plus importante innovation énergétique du siècle jusqu’à présent4. Le Fraser Institute du Canada décrit le gaz de schiste comme une solution de rechange fiable et abordable aux projets écologiques dispendieux tels que l’énergie éolienne et solaire5. Si le gaz naturel comprimé issu des formations de schiste est utilisé pour alimenter des véhicules légers, il pourrait même réduire la demande de pétroles lourds tels que le bitume. Jim Mulva, PDG de ConocoPhillips, considère que le gaz de schiste est un cadeau de la nature à l’homme6. La ressource est si abondante qu’elle a son propre groupe de pression : America’s Natural Gas Alliance. Selon l’Alliance, le gaz naturel contribue à 3,5 % des emplois et à près de 6,7 % du PIB du Canada7. A 2 Cependant, on n’entreprend pas une course au pied levé. Même les personnes en faveur de l’exploitation du gaz de schiste ont admis que l’eau était devenue le principal enjeu environnemental associé à la production de gaz de schiste8. En fait, dans toutes les communautés rurales prises d’assaut par l’industrie du schiste, l’utilisation de l’eau, la contamination des eaux souterraines et la réglementation de l’industrie ont déclenché des controverses. Selon un rapport de 2010 du MIT sur le gaz naturel, le secteur de la gestion de l’eau, particulièrement en ce qui concerne l’élimination efficace des fluides de fracturation, est celui qui pose les plus grands défis9. Aux États-Unis, les points de rupture sont de plus en plus clairs. Une série uploads/Geographie/ points-de-rupture-fr-14oct.pdf

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