Revue Géographique de l'Est vol. 60/1-2 | 2020 Les Mille Etangs : territoire, r
Revue Géographique de l'Est vol. 60/1-2 | 2020 Les Mille Etangs : territoire, ruralité et patrimoines De l’étang à la mine. Exhaure, machines hydrauliques et gestion de l’eau dans la mine de la Grande Montagne à Château-Lambert (70) Denis Morin, Hélène Morin-Hamon et Catherine Lavier Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/rge/9769 DOI : 10.4000/rge.9769 ISSN : 2108-6478 Éditeur Association des géographes de l’Est Référence électronique Denis Morin, Hélène Morin-Hamon et Catherine Lavier, « De l’étang à la mine. Exhaure, machines hydrauliques et gestion de l’eau dans la mine de la Grande Montagne à Château-Lambert (70) », Revue Géographique de l'Est [En ligne], vol. 60/1-2 | 2020, mis en ligne le 10 mai 2022, consulté le 12 mai 2022. URL : http://journals.openedition.org/rge/9769 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rge.9769 Ce document a été généré automatiquement le 12 mai 2022. Tous droits réservés De l’étang à la mine. Exhaure, machines hydrauliques et gestion de l’eau dans la mine de la Grande Montagne à Château-Lambert (70) Denis Morin, Hélène Morin-Hamon et Catherine Lavier Introduction. Problématique de l’exhaure en gisements profonds. Les mines de la Grande Montagne Haut-du-Them/Château-Lambert 1 À partir de la fin du XVe siècle, les mines des Vosges du Sud connaissent un essor sans précédent lié à l’exploitation intensive des minerais polymétalliques notamment le cuivre et l’argent. La plupart de ces mines exploitaient des filons déjà connus au Moyen Âge voire aux périodes antérieures. Cette reprise généralisée de l’activité minière se traduit par une exploitation des gîtes en profondeur générant une problématique cruciale : la gestion de l’exhaure autrement dit l’évacuation des eaux. 2 Á l’origine, les filons étaient exploités à l’affleurement : les mineurs ouvraient des excavations en creusant à la verticale des tranchées (verhau) ou des puits au jour (pingen)1. Au fur et à mesure du creusement, l’eau omniprésente envahissait les chantiers. Il fallait donc trouver rapidement des solutions pour l’exhaure. Dès lors, comment faire face au problème de l’eau dans l’exploitation des gisements profonds ? Quelle stratégie mettre en œuvre dans un contexte géologique où les filons sont quasi verticaux ? 3 Les gîtes minéraux de Franche-Comté sont pour l’essentiel situés dans les Vosges du Sud. Les principaux gîtes ou occurrences représentés sont le molybdène, le wolfram, l’étain, le fer, le manganèse, la barytine, l’argent, le cuivre, le plomb, le zinc et la fluorine (Thirria, 1833 ; Durand Wackenheim et Thiebaut, 1991 ; Boulay, 1984). Les De l’étang à la mine. Exhaure, machines hydrauliques et gestion de l’eau dans... Revue Géographique de l'Est, vol. 60/1-2 | 2020 1 mines de houille comme celles du bassin de Ronchamp-Champagney sont localisées au sud sur la bordure orientale de la région des Mille Étangs (Poussigue, 1924) (figure 1). 4 La présence de minéralisations polymétalliques est à l’origine d’une exploitation minière intensive à l’époque moderne. 5 La retombée méridionale des Vosges compte trois principaux districts miniers : Le district minier de Belfort qui regroupe cinq grands centres d’extraction : Giromagny, Lamadeleine-Val-des-Anges, Auxelles, Plancher-les-Mines et les environs de Belfort ; Le district minier de Luxeuil avec les secteurs de Melisey, Servance, Faucogney/Saphoz, Saint- Bresson ; Le massif de la haute vallée de l’Ognon avec les mines de Château-Lambert/Haut-du-Them des Baudys et Maxonchamps/La Rosières. 6 La mine de la Grande Montagne est située dans les Vosges du Sud (France) en tête de la vallée de l’Ognon (Figure 1). Le site s’étend sur plus de 1,2 km sur le flanc sud-ouest de la montagne, à proximité de la limite administrative des communes de Haut-du-Them/ Château-Lambert (département de Haute-Saône/Région Bourgogne-Franche-Comté) et du Thillot (département des Vosges / Région Grand Est). 7 Les premières explorations datent des années 1970 et 1980 (Lagarde, 1975 ; Fluck et Lagarde, 1976 ; Faerber, 1980, Faerber M. et J., 1983; Bohly, 1983). Un premier relevé topographique des réseaux souterrains a été réalisé par le CAES du CNRS de 1978 à 1981 par Pfaadt, Faerber, Halstenbach, et Fluck (inédit). Les premières reconnaissances effectuées dans la salle des roues en 1976 ont été complétées par plusieurs explorations menées dans le cadre d’un inventaire du patrimoine minier régional (Morin et alii, 1994). En 1992, la base des haldes de Saint-Georges fait l’objet d’une fouille de sauvetage (Morin, 1992) mettant au jour les vestiges d’un vaste complexe de laverie en bois. 8 Il faudra attendre 2004 pour que soit réalisée une topographie exhaustive, du fond et de la surface des travaux miniers (Ancel, 2004). Actuellement les recherches se poursuivent notamment en surface afin de déterminer l’origine de certaines exploitations et de cartographier les ateliers de préparation mécanique encore visibles. • • • • De l’étang à la mine. Exhaure, machines hydrauliques et gestion de l’eau dans... Revue Géographique de l'Est, vol. 60/1-2 | 2020 2 Figure 1 : région des Mille Étangs. Carte de répartition des principales exploitations minières (Moyen Âge – XXe s.) . (1) Localisation de la mine de la Grande Montagne (Haut-du-Them/Château-Lambert) (Cu/Mo). (2) Les Baudys (Pb/Ag). (3) La Rosière (Fluorine). (4) Saint-Bresson (Pb/Ag). (5) Faucogney (Mn). (6) Servanceuil (Fe). (7) La Fonderie (Mn). (8) Le Combrageot (Pb/Ag). (9) Mines de la Grande montagne à Plancher-les-Mines et de la vallée du Rahin (Pb/Ag/Cu). (10) Le Mont-de-Vannes (Pb/Ag/Cu/Fluorine). (11) Le Magny de Fresse (Pb/Ag). (12) Champagney (Houille). (13) Ronchamp (Houille). (14) La Côte (Carrière souterraine de gypse). (15) Vouhenans (carrière souterraine de gypse). (16) La Grange-du- Vau (Houille). Historique de l’exploitation 9 Le gisement de Château-Lambert aurait été exploité pour l’argent et surtout l’or (Thiebault, 1913) dès l’Antiquité, selon plusieurs sources documentaires (Thirria, 1833 ; Karpinski, 1931). De récentes investigations menées à l’intérieur des réseaux souterrains, dans le cadre d’un programme de recherche sur l’origine des exploitations métalliques2, ont permis de découvrir, dans une zone proche de la surface, un ensemble de percuteurs en roche métamorphique de l’Âge du Bronze (Morin et Alii 2019 ; Forel et Alii 2010) qui témoignent d’une exploitation précoce à l’affleurement. Les recherches se poursuivent afin de découvrir d’autres indices en surface3. Toutefois, c’est à partir de la fin du XVIe siècle et jusqu’en 1670, que ces mines sont intensivement exploitées pour le cuivre. Réputées très productives, elles étaient en pleine activité au début du XVIIe siècle sous le règne de Philippe II d’Espagne. Á cette époque, elles sont affermées à des amodiateurs moyennant finances. La visite des installations, au début de chaque bail, donnait lieu à un inventaire particulièrement minutieux comme en 1648 (ADD4, B 583, folio 209. Bohly,1983). En 1621, on comptait alors 600 à 700 personnes occupées aux travaux de la mine (ADD, 1 B 1370). (627 v°) « Deux fonderies traitaient le minerai, l’une près de St Maurice-sur-Moselle sur le versant Lorrain et l’autre au lieudit la Fonderie, sur le territoire de la De l’étang à la mine. Exhaure, machines hydrauliques et gestion de l’eau dans... Revue Géographique de l'Est, vol. 60/1-2 | 2020 3 commune de Haut-du-Them (Franche Comté) ; la production annuelle atteignait à cette époque près de 70 tonnes. Il y avait autrefois deux fonderies pour ces mines, l’une placée à une demi-lieue de Château-Lambert du côté de Belfahy sur le bord du ruisseau dit d’Obremale découlant au pied du Ballon, l’autre à une lieue et demie vis à vis la gorge de Fresse sur le bord de la rivière de Radon, proche le pont qui est dessus et c’est cette rivière qui faisait aller les soufflets de cette seconde fonderie. On voit encore les vestiges des fondations de ces deux fonderies, avec quantité d’escoille, crasse et charbon, l’on y distingue aussi les anciens chemins par ou on tirait les charbons qui s’y consommaient des forêts de ladite gruerie. Il y avait encore une petite forge ou martinet placé au bas de l’église de Château-Lambert où il y avait une roue que l’eau du ruisseau de la source de l’Ognon faisait tourner, l’on y forgeait (628 v°) et battait tous les fers nécessaires tant pour les engins qu’outils des dites mines ».(BNF - Fonds Moreau 901, mélanges, milieu XVIIIe) 10 Après une période d’abandon, les mines de la Grande Montagne furent reprises en 1734 par le minéralogiste De Gensanne. En 1748, il achève le long travers-banc d’exhaure Saint-Jean qui se développe sur 445 mètres sous la colline qui porte l'église de Château- Lambert (De Gensanne, 1756). L'ensemble de la mine fut ainsi mis hors d'eau sur près de 200 mètres de dénivelée. A cette époque la mine est réputée pour sa production de cuivre. « La mine de la grande montagne est … la plus riche du comté de Bourgogne et même de France ; elle avait anciennement de sa veine d’un coudée d’épaisseur et pesait près de 40 livres de cuivre, rosette par quintal ». (BNF, Fonds Moreau 901, juin 1744). 11 Malgré les travaux d’exhaure, la base du filon s’avéra improductive et les travaux furent abandonnés en 1758. En 1899 les ingénieurs des Mines commencèrent à s’intéresser au molybdène ; des essais de reprise eurent lieu vers 1900, puis dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale. Une exploitation partielle de ces amoncellements de déblais fut entreprise au début du XXe siècle (ADD uploads/Geographie/ rge-9769.pdf
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- Publié le Jui 30, 2021
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