ÉcriTERRE Spécial Commémorations N°1 Été 2019 2 Éditorial Éditorial Soldats de
ÉcriTERRE Spécial Commémorations N°1 Été 2019 2 Éditorial Éditorial Soldats de France Spécial commémorations n°1 - Été 2019 Alors que la France vit ou s’apprête à célébrer le 75e anniversaire des débarquements (Normandie, 6 juin, et Provence, 15 août) et des combats pour la Libération de la France, se profile déjà à l’horizon le 80e anniversaire des combats de 1940 et de la France libre. Publié avant les permissions d’été, ce numéro de Soldats de France spécial commémorations revient sur le débarquement de Provence – sujet sans doute moins connu que le débarquement de Normandie ou l’épopée de la 2e DB du général Leclerc – en replaçant précisément Dragoon dans le contexte de la guerre en Méditerranée, de 1940 à 1945. Trait d’union entre les deux cycles de commémorations, puisse ce numéro contribuer à faire revivre l’épopée de la France Libre et de la France Combattante, celle du corps expéditionnaire français d’Italie du général Juin, comme celle de la 1re Armée du général de Lattre de Tassigny. Général Dominique Cambournac Délégué au Patrimoine de l’armée de Terre Troupes françaises embarquant pour les côtes de Provence, photo ECPAD. Directeur de la publication : Général Dominique Cambournac Rédacteur en chef : Lieutenant-colonel Rémy Porte Rédacteur en chef adjoint : Sous-lieutenant (R) Jean Tartare Comité de rédaction : Colonel (H) Paul Gaujac Lieutenant-colonel (R) Antoine Champeaux Adresse mail : emat-histoire.referent.fct@intradef.gouv.fr En couverture : Jacques Ernotte, peintre de l’armée, 15-16 août 1944, acrylique sur toile, 2004. Réalisation : Vincent Rizo 3 La campagne de France Après huit mois de « drôle de guerre », l’armée allemande passe à l’attaque le 10 mai 1940. Franchissant la Meuse, à l’aile gauche de la ligne Maginot, les Panzerdivisionen foncent vers la mer, encerclent les armées alliées et contraignent ce qu’il en reste à gagner l’Angleterre depuis Dunkerque qui tombe le 4 juin. Dès le lendemain, les Allemands lancent leurs blindés sur la Somme, appuyés par les Stuka et les canons de 88. Les Français se défendent pied à pied. Mais le 9 les défenses sont bousculées tandis que sur l’Aisne débute une nouvelle offensive. Deux jours plus tard, la Marne est franchie et dès lors rien n’arrête les colonnes motorisées qui roulent vers le sud, ouvrant la voie aux unités hippomobiles. Le 16, elles sont à Dijon et le 24 à Angoulême. L’Italie a déclaré la guerre le 10 juin, mais ses troupes n’arrivent pas à entamer le dispositif sur la frontière. Finalement, ce sont les Allemands qui arrivant de Lyon prennent à revers l’Armée des Alpes. Les 24 et 25 juin, les armistices sont signés à Rethondes et à Rome. Celui avec les Allemands consacre l’efficacité de ce que les journalistes appellent la « guerre éclair » et l’efficience du couple char-avion, testé en Pologne, rôdé en France et appliqué magistralement l’année suivante en URSS. La guerre en Méditerranée orientale Contrairement au nord où la Wehrmacht marque une pause sur terre après la chute de la France, les combats se poursuivent dans le bassin méditerranéen. Tout d’abord, les Italiens obtiennent des succès contre les Britanniques en Libye et en Somalie. Mais ils se trouvent bientôt en difficulté, notamment dans les Balkans, et contraignent les Allemands à intervenir en Yougoslavie puis en Grèce et en Crète en mai 1941. Au Levant, Britanniques et Français Libres occupent la Syrie et le Liban, tandis qu’en Libye, la « guerre accordéon » se poursuit au rythme des offensives, auxquelles participe maintenant l’Afrika Korps. Les opérations sont marquées par les combats à Tobrouk et à Bir Hakeim, où s’illustrent les Français Libres en juin 1942, et par la bataille de Malte et des convois qui la ravitaillent. Les forces de l’Axe arrêtées aux portes du Caire, la 8e Armée britannique passe à l’offensive à El Alamein le 23 octobre. Après onze jours de combats furieux, Allemands et Italiens doivent décrocher vers la Tunisie qu’ils atteignent le 29 janvier 1943. Essentiellement aéronavale ou aéroterrestre, la guerre en Méditerranée voit le triomphe des chars dans le désert et la floraison de toutes sortes d’unités spéciales de tous bords. Débarquement en AFN et campagne de Tunisie Le 8 novembre 1942, les Anglo-saxons débarquent en Algérie et au Maroc. Les Français s’y opposent d’abord, puis les troupes de Tunisie et du Constantinois font face aux Allemands et Italiens qui arrivent en nombre de Sicile et obtiennent la capitulation de la garnison de Bizerte. Le dispositif allié s’étoffe peu à peu. Mais, en janvier 1943, les forces de l’Axe contre- attaquent et menacent la Dorsale tunisienne. Puis La guerre en Méditerranée et la Libération 1940-1945 Soldats de France Spécial commémorations n°1 - Été 2019 4 le front devient continu lorsque la 8e Armée rejoint enfin le 4 février et une offensive allemande en direction de Tébessa est stoppée à Kasserine le 28. L’organisation alliée est alors remaniée et des ensembles plus homogènes sont constitués, tandis que les troupes françaises reçoivent un peu du matériel moderne qui leur fait cruellement défaut. Les villes tombent ensuite une à une : Gabès le 30 mars, Sousse le 12 avril, Tunis et Bizerte le 7 mai... Toute l’Afrique est maintenant aux mains des Alliés. Mais, plus important, les Américains se sont engagés résolument dans la guerre et ils pèsent dès lors sur la stratégie alliée de tout le poids de leurs armées et de leur industrie. Quant aux Français, ils ont montré qu’ils se battaient désormais sans ambiguïté aux côtés des Alliés. Réarmement de l’armée française À la conférence d’Anfa, en janvier 1943, le général Giraud obtient du Président Roosevelt que onze divisions dont trois blindées, soient dotées de matériel américain. Les premiers convois arrivent ainsi à Alger en avril, avec de quoi équiper trois divisions d’infanterie et une partie de la première blindée constituant un « 1er corps de débarquement » dont le réarmement s’achève en septembre. Les Américains apportent toute leur aide à une armée qui doit brusquement se motoriser. Ils reçoivent les cadres dans leurs unités, fournissent des instructeurs, ouvrent les portes de leurs centres d’instruction, en particulier celui d’Arzew où les régiments s’initient aux opérations amphibies. Mais en dépit de l’engagement de volontaires féminines dans le Train ou les Transmissions, et de l’arrivée de nombreux évadés de France par l’Espagne, les Français rencontrent de grandes difficultés pour honorer les effectifs en Européens et mettre sur pied les Services nécessaires. À cela viennent s’ajouter les Français Libres qu’il faut inclure dans le plan de réarmement. C’est ainsi que sont finalement équipées cinq divisions d’infanterie, trois blindées et diverses formations dites « hors programme », dont les goums marocains. La campagne d’Italie En septembre 1943, la division marocaine de montagne est engagée en Corse. Trois mois plus tard, 2e marocaine et 3e algérienne sont dans les Abruzzes, au nord de Naples, où les combats se déroulent dans des conditions éprouvantes, face à un ennemi redoutable. Les pertes, au combat ou par maladie, sont considérables. Mais le front allemand n’est pas percé et Cassino tient toujours. Au début du printemps, le dispositif allié est remanié et le corps expéditionnaire français se retrouve sur le Garigliano, derrière la tête de pont conquise par les Anglais. Maintenant à quatre divisions plus les goums marocains, il attaque le 11 mai 1944 et force les défenses de la ligne Gustav. Les contournant ensuite, il surprend l’ennemi sur ses arrières et repousse ses contre-attaques, ouvrant ainsi aux Alliés la route de Rome. Après la traversée triomphale de la Ville éternelle, le CEF progresse vers Sienne qu’il libère intacte le 3 juillet. Puis les divisions font mouvement vers Naples pour se préparer à débarquer en Provence et Soldats de France Spécial commémorations n°1 - Été 2019 La guerre en Méditerranée et la Libération 1940-1945 5 la poursuite s’arrête ainsi en vue de Florence. Au cours de ces six mois de combat meurtriers, l’Armée française montre au monde qu’elle sait se servir des armes modernes qu’elle a reçues et gagne le droit de participer à la libération de la France. La Résistance Après l’armistice de juin 1940, la Résistance débute en zone non occupée par la création de mouvements, notamment Combat dont les groupes de choc deviennent l’Armée secrète. Parallèlement, des réseaux de renseignement ou d’évasion se mettent sur pied spontanément ou sous l’égide des services spéciaux. Cependant, à la suite du débarquement en AFN, les forces de l’Axe occupent la zone sud et désormais les résistants sont pourchassés par les Italiens de l’OVRA ou les Allemands. Ces derniers, appliquant alors le Service du Travail Obligatoire, contraignent de nombreux réfractaires à fuir et se regrouper dans des « maquis » qu’encadrent parfois des transfuges de l’armée de l’armistice dissoute. La répression contre les réseaux et les maquis est dès lors terrible. Pris les armes à la main ou manipulant un poste radio, le maquisard ou l’agent est interrogé brutalement, puis fusillé ou déporté vers un camp de concentration en Allemagne. Après de nombreuses arrestations en 1943, la police allemande parvient en juin 1944 à décapiter l’état-major des Forces françaises de l’Intérieur de la Région R-2. Néanmoins, uploads/Geographie/ soldats-de-france-n0-special.pdf
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- Publié le Apv 15, 2022
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