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Source gallica.bnf.fr / La Pensée La Pensée (Paris) Centre d'études et de recherches marxistes (Paris). La Pensée (Paris). 10/1962. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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CONFUCIANISME ET MARXISME AU VIETNAM par NGUYEN KHAC VIEN lP?Pflll§lii LBERT Camus avait un jour avancé l'idée que la paix du monde Slillf ^SSll pourrait être préservée, si les hommes de bonne volonté de lilll^%llllll tous *es Pa^s instauraient une sorte de confrérie universelle, liijijll^llilii * *a mam^re dès lettrés confucéens, et en s'inspirant de la ^^^^^^H doctrine confucéenne. Je lui demandai sur quoi il se fon-= WJÊËÊÊÊLxxÊ dait pour penser que la doctrine confucéenne pourrait servir aujourd'hui à établir la paix universelle : Sur les textes de Conjucius que j'ai pu lire, me répondit Camus. — Le confucianisme, disais-je, faisait partie intégrante d'une société donnée. Pensez-vous vraiment pouvoir, le détacher de son contexte historique et social pour le regerviz à notre époque ? Levant les bras au ciel, Camus me répliqua : Que voulez-vous, je ne connais du confucianisme que les textes, et puis, je ne pratique pas le matérialisme historique. Pour Albert Camus, le confucianisme était une doctrine parmi d'autres, rencontrée au hasard des lectures, et, comme dans toute grande doctrine, on peut toujours y trouver de quoi étayer de grandes vues sur l'homme e.t sur le monde. Pour les Vietnamiens, le confucianisme représente beaucoup plus qu'une doctrine inscrite dans des textes vénérables ; il, est un legs de l'histoire, un legs fondamental à assimiler, à combattre, à surmonter au cours de la mutation historique que le pays est en train de traverser à l'époque actuelle. L'auteur de ces lignes fait partie de ces générations d'intellectuels vietna- miens qui, dès les bancs de l'école primaire, avaient appris l'histoire dans le petit manuel d'Ernest Lavisse où il était question de « nos ancêtres les Gau- lois ».  l'école, on ne nous apprenait donc plus les textes confucéens, mais nos pères, nos oncles, nos aînés étaient les uns mandarins, les autres lettrés, tous imbus de confucianisme. Toute la pression de l'orthodoxie confucéenne pesait sur notre jeunesse : au nom de Confucius on nous interdisait bien des choses, comme en son nom, on exigeait que nous nous pliions à maintes disci- plines. Le confucianisme était avant tout vécu. Sur les colonnes des maisons, les gravures, à la porte des monuments, des inscriptions rappelaient à chaque pas les prescriptions de la tradition confucéenne. Dans le langage quotidien et la littérature foisonnent les expressions et citations d'origine confucéenne. On se battait, on prenait parti pour ou contre le confucianisme. Les. gens de ma génération pouvaient encore connaître de près l'homme confucéen clas- sique, le lettré. Devant ce personnage ceint d'un turban noir, aux gestes céré- monieux, au langage souvent sentencieux, tout le contraire du paysan, de l'ou- vrier, travailleurs manuels, ou du jeune sportif moderne, nous éprouvrions un double sentiment fait à la fois dé répulsion et de respect. Répulsion pour la côté périmé, fossile du personnage, respect pour quelque chose d'indéfinissable que nous arrivions à sentir, non à comprendre; quelque chose qui nous man- quait, 5 nous, formés à l'école occidentale. 4 NGUYEN KHAC VIEN De ce passé confucéen, on ne cessait de nous rebattre les oreilles ; on nous disait qu'il fallait en garder les aspects positifs, et laisser les côtés négatifs. Ce conseil d'épicier ne nous servait pas à grand-chose, car où était le côté posi- tif et où l'aspect négatif dans cette doctrine, on ne nous donnait guère les critères pour le reconnaître, et surtout on ne nous indiquait pas les moyens . pratiques pour opérer ce tri. Or cette lutte contre le confucianisme, comme l'assimilation de ses aspects positifs, était pour nous, avant tout, un problème pratique et ne se réduisait pas à une simple étude de textes. Paysans propriétaires et mamdariïis Le confucianisme avait été la doctrine officielle des concours de mandarinat dans le Vietnam traditionnel. Le premier concours avait été institué en 107&, et le dernieir avait eu lieu en 1919. Pendant dix siècles, cette doctrine avait constitué l'ossature intellectuelle et idéologique du Vietnam. La monarchie vietnamienne recrutait ses fonctionnaires de grade supérieur par des concours ouverts à tous (sauf aux comédiens, et naturellement aux femmes). Les épreuves comportaient des dissertations littéraires, morales, politiques, la composition d'un poème, la rédaction de textes administratifs. Des concours régionaux décernaient les titres à ceux que, faute de mieux, nous appelons bacheliers et licenciés. Ceux-ci avaient ensuite lé droit de se présenter aux concours impériaux qui se passaient à la capitale, sous la haute autorité de l'Empereur lui-même, pour les titres de doctorat. Les lauréats des concours régionaux et impériaux, pouvaient être nommés à des fonctions admi- nistratives, devenaient des mandarins, exécuteurs dé la volonté impériale^ membres d'un corps constitué qui détenait toute l'administration du royaume. Les candidats se pressaient par milliers dans les centres régionaux ; il n'y avait pas d'établissement pour les abriter pendant lés épreuves et chacun venait avec une tente, une tablette, s'installait avec les autres sur un vaste terrain réservé à cet effet. Certains de ces terrains à concours servent aujourd'hui comme terrain d'aviation. Dans la nuit, à la lueur de grandes torches, on ï'aisait l'appel, puis on faisait entrer les candidats dans le camp, et à l'aube les épreuves commençaient Du haut de grandes guérites, les mandarins exa- minateurs surveillaient les candidats, et des miliciens faisaient la ronde entre ïcs tentes pour enrayer toute tentative de fraude. II y avait beaucoup de candidats, très peu d'élus, à peine une centaine sur plusieurs milliers dans les concours régionaux. De 1075 à 1919, il avait été décerné un peu plus de deux mille titres de doctorat. Les lauréats recevaient en grande pompe un chapeau et une grande tunique, dons de l'Empereur. Quand ils rentraient au village natal, les autorités locales et la population les acuoillaient, musique et drapeaux en tête, et toute la population allait à leur- rencontre. Le lauréat avait le droit, si bon lui semblait, de faire passer le cor- tège qui le ramenait à travers n'importe quel champ ou jardin, et d'abattro les haies sur son passage, si besoin était. « Bûcher » pour devenir mandarin, tel avait été pendant des siècles 1& rêve suprême de la jeunesse masculine; épouser un lettré avec l'espoir qu'un Jour il accédât au mandarinat, c'était la grande espérance de toutes les jeunes fdles de bonne famille (cette longue tradition explique que les concours aux grandes écoles françaises n'ont jamais effrayé les étudiants vietnamiens d'au- CONFUCIANISME ET MARXISME & jourd'hui). Toute la jeunesse était véritablement obsédée par ce rêve de réussir aux concours .de mandarinat, dont le prestige dépassait largement celui de l'admission à Polytechnique ou à Normale sup, en France. Car c'était beaucoup plus qu'une réussite universitaire : le lauréat sortait des rangs du peuple pour entrer dans la caste des mandarins. Avant le con- cours, il vivait comme tout le monde ; nommé mandarin, il allait résider dans les bâtiments administratifs uploads/Geographie/ tdt-nguyen-khac-vien-marxisme-et-confucianisme.pdf

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