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Tous droits réservés © Cahiers de géographie du Québec, 1966 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 22 déc. 2021 05:02 Cahiers de géographie du Québec Poirier, Jean, Toponymie. Méthode d’enquête, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1965, 165 p. Préface de Fernand Grenier. Henri Dorion Volume 10, numéro 20, 1966 URI : https://id.erudit.org/iderudit/020642ar DOI : https://doi.org/10.7202/020642ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Département de géographie de l'Université Laval ISSN 0007-9766 (imprimé) 1708-8968 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Dorion, H. (1966). Compte rendu de [Poirier, Jean, Toponymie. Méthode d’enquête, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1965, 165 p. Préface de Fernand Grenier.] Cahiers de géographie du Québec, 10(20), 343–346. https://doi.org/10.7202/020642ar COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES TOPONYMIE POIRIER, Jean, Toponymie. Méthode d'enquête, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1965, 165 p. Préface de Fernand GRENIER. À côté des ga/Mteers, des quelques listes partielles donnant l'explication x ou la traduc- tion 2 de toponymes du Québec, de rares articles dont quelques-uns avaient au moins le mérite de montrer l'intérêt que recèle l'étude des noms de lieux,3 le livre de monsieur Poirier constitue la première tentative de présentation systématique de la toponymie du Québec. II faut saluer avec joie la parution d'un texte qui laisse entrevoir ou deviner l'extrême richesse de notre trésor choronymique auquel n'ont puisé jusqu'à aujourd'hui — fait étonnant —• que fort peu de géo- graphes. Il faut aussi remercier l'auteur d'avoir présenté, dans une forme simplifiée, et partant très abordable, les éléments d'une méthode d'enquête que pourra utiliser, souhaitons-le, un large public, dans son indispensable collaboration à la consolidation d'une toponymie vivante et res- pectueuse des réalités historiques et géographiques. En cela, le livre de monsieur Poirier a, à l'échelle du Québec du moins, un double rôle et une double importance. Aussi, l'ouvrage est-il constitué de deux parties, une première partie dite didactique, et une seconde partie pratique. Les soixante premières pages traitent de la vie des toponymes (leur naissance, leur évo- lution, leur substitution) et, à travers celle-ci, de leur signification et de leur usage. Ces pages s'inscrivent dans la ligne d'une toponymie traditionnelle. Le livre, en effet, s'ouvre sur une définition qui encadre bien les travaux faits jusqu'à maintenant en toponymie, mais que devrait largement dépasser, à notre sens, une science qui veut étudier les noms de lieux sous tous leurs aspects. À la page 17, monsieur Poirier assume la définition que donne Charles Rostaing4 de la toponymie : « cette science se propose de rechercher la signification et l'origine des noms de lieux et aussi d'étudier leurs transformations. » Ainsi défini, le champ de la toponymie est déjà assez large, puisque, comme le fait remarquer l'auteur (p. 19) : « la toponymie étudie tous les noms de lieux quels qu'ils soient : tout d'abord les lieux habités, en particulier ceux de villes, de villages et de paroisses, puis les noms de lieux- dits, de fermes, de voies et de côtes. Elle a également pour objet les appellations dési- gnant les accidents géographiques. Parmi ceux-ci, nous devons distinguer I'oronymie et î'hydronymie. )) II faut cependant noter que ne figurent pas dans cette définition, ni ailleurs dans le livre, les toponymes de nature chorologique, c'est-à-dire embrassant de larges espaces. Pourtant, c'est peut-être à cette échelle que les rapports entre la toponymie et la géographie sont le plus étroits. Par exemple, la délimitation spatiale de l'application de ces choronymes constitue un problème dont il est difficile de dire si la solution relève de la toponymie ou de la géographie, et qui forme un des chapitres de ce que nous avons appelé la toponymie nominative. 1 Par exemple : ROY, P.-G., Les noms géographiques de la province de Québec. Lévis, 1906, ou ROIILLARD, Eugène, Dictionnaire des rivières et des lacs de la province de Québec. 2 Par exemple : GUINARD, père Joseph-E., Les noms indiens de mon pays. Leur signi- fication, leur histoire, Montréal, c. 1960. 3 Citons surtout les intéressantes études de MM. Marius Barbeau, Luc Lacourcière et Jacques Rousseau. 4 ROSTAING, Charles, Les noms de lieux, Paris, 1945. 344 CAHIERS DE GEOGRAPHIE Si la définition traditionnelle de la toponymie traduit bien la démarche génétique qui a caractérisé cette science jusqu'à maintenant, il reste que les altérations sémantiques constituent sans doute un type d'évolution trop peu étudié : que ce soit par la traduction (six directions possibles, puisqu'il existe, au Québec, trois pôles linguistiques : langue française, langue anglaise, langues et dialectes amérindiens), par le processus de métonymie (glissement de l'application d'un toponyme d'une échelle à une autre), à travers les variations phonétiques ou orthographiques, ou simplement à cause des mésinterprétations (fréquentes chez ceux qui ont risqué des explications toponymiques tout en connaissant très superficiellement les langues amérindiennes), les varia- tions sémantiques sont très nombreuses dans la toponymie québécoise et constituent, à elles seules, un champ d'étude aussi riche que difficile. Monsieur Poirier apporte là-dessus quelques exemples (p. 32 à 34). Par ailleurs, l'insuffisance de la définition traditionnelle de la toponymie entache surtout l'application de la choronymie à des démarches autres que linguistique. La consécration du mariage de la toponymie et de la linguistique est déjà faite depuis longtemps. Albert Dauzat, dans l'introduction de son livre sur les noms de lieux,5 voyait le principal attrait des études de toponymie dans « la perspective qu'elles ouvrent sur les lointains de notre passé linguistique, car les noms de lieux renferment les éléments les plus archaïques de la langue ». II s'agit là, on le voit, d'une toponymie au service quasi exclusif de la linguistique. Cela n'a rien de surprenant, les géographes ayant par ailleurs tellement peu exploré le domaine des faits linguistiques que les linguistes, plus particulièrement les dialectologues, leur ont ravi l'expression « géographie lin- guistique )), ce que nous avons déjà dénoncé.6 II est pourtant fréquent que des phénomènes linguistiques puissent aider une meilleure compréhension du monde. Et là-dessus, la toponymie constitue un intermédiaire extrêmement précieux. II peut exister une toponymie appliquée ; nous en préconisons le développement7 tout en déplorant qu'elle n'ait pas encore constitué la préoccupation des toponymistes géographes. La toponymie traditionnelle, celle à laquelle se réfère le livre de monsieur Poirier, est tournée vers le passé. Cela constitue déjà une partie inépuisable de la toponymie, mais cela n'en constitue néanmoins qu'une partie. Cependant, appliquée à la géographie actuelle et projetée vers demain, la toponymie doit faire face à des problèmes qui ne furent explorés que peu ou prou. La toponymie nominative y tient une bonne place ; monsieur Poirier, non dans son livre mais dans un article du présent recueil, y fait allusion.8 L'approche statistique mériterait d'être utilisée : il est en effet inté- ressant de dépasser la signification des toponymes et rejoindre la signification de leur fréquence ou de leur absence. Enfin, l'utilisation des toponymes comme des témoins d'une géographie dont il ne reste quelquefois que bien peu, peut servir la géographie historique, comme elle peut indirectement aider à reconstituer le passé biogéographique, géomorphologique, hydrographique aussi bien que politique, linguistique, social, géographique en somme. C'est ce que nous entendons par toponymie appliquée ; c'est un champ que nous avons déjà souhaité voir explorer9 et auquel malheureusement le livre de monsieur Poirier ne fait pas allusion. L'auteur, en revanche, reconnaît l'utilité de la géographie comme < ( science auxiliaire » à la toponymie. « La géo- graphie physique, d'une part, dit-il, et la géographie humaine, d'autre part, permettent de trouver la signification d'une foule d'appellations géographiques » (p. 73). C'est la relation inverse que nous préconisons. Bref, il est nécessaire, croyons-nous, pour définir la toponymie à sa vraie dimension, de la dégager du mot pour l'engager dans une voie plus synthétique, plus large, plus interrogative, si l'on peut dire, l'utilisant ainsi comme tremplin à des études, entre autres, géographiques. 5 DAUZAT, Albert, Les yxoms de lieux. Origine et évolution. Paris, plusieurs éditions depuis 1926. 6 DORION, Henri, Géographie linguistique: essai de redéfinition, Montréal, A.C. F.A.S., 7 Voir, dans ce même numéro, notre (collaboration) article : De la toponymie tradition- nelle à une choronymie totale. 8 Voir l'article de M. Poirier, Problèmes généraux de toponymie au Québec. 9 DORION, Henri, Toponymie et géographie, Québec, A.C. F. A.S., i960. COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 345 La toponymie traditionnelle est trop modeste. La matière du livre de monsieur Poirier, inté- ressante et fort utile au demeurant, évolue à l'intérieur de ces limitations. II est évident que la prise en charge, depuis le début du siècle, de la toponymie par les linguistes est responsable de cet état de choses. II ne s'agit pas là d'un reproche adressé aux linguistes. Nous serions au contraire tenté de reprocher aux géographes de n'avoir pas uploads/Geographie/ toponymie-methode-d-x27-enquete-citation-pour-definition 1 .pdf
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- Publié le Jul 09, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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