Adrienn Forczek, Rebeka Györfi Une compréhension de « l’île » dans Malicroix In
Adrienn Forczek, Rebeka Györfi Une compréhension de « l’île » dans Malicroix Introduction L’île, comme espace d’action, occupe un lieu central dans ce roman initiatique, mais elle est aussi le témoin muet et, finalement, une partie intégrante de la transformation du héros, de Mégremut en Malicroix. Dans ces pages on va voir comment l’île est plus qu’une étendue de terre sauvage et soumise aux forces violentes de l’eau et du vent, en devenant d’un héritage inattendu, l’objet désiré du héros par la formation d’une lien direct avec l’âme de celui-ci. Une île et plus Qu’est ce que c’est une île? Ce n’est qu’une « étendue de terre entièrement entourée d'eau, émergeant dans (…) un cours d’eau», selon la définition donné par le dictionnaire de l’Académie , 1 mais elle peut être beaucoup plus quand elle est métamorphosé non par l’oeil de l’homme ordinaire, mais par l’oeil du poète, du visionnaire qui peut relever ses mystères. C’est justement par les yeux d’un tel visionnaire, Henri Bosco, qu’on va regarder une île, celle du pays de la tristesse , Camargue 2 présenté dans Malicroix. Pour que ce terre naît tout au milieu d’un fleuve, il faut qu’il y en a un fort fondement pour soutenir l’accumulation des éléments qui finalement pourront créer l’île, petit à petit. Au milieu des eaux sauvages (p.42) du Rhône c’était un roc, le seul roc de ce lit alluvionnaire autour duquel, et peu à peu, l’île avait dû se construire de boues et de grandes épaves végétales (p.46). Limon précaire, son pivot est ce récif le seul point fort, l’éperon qui protégeait l’île (p.46). Terre faible située au centre du fleuve, qui l’entame dans son passage: en passant, [le fleuve], arrachait des blocs de limon et ébranlaient l’île, (p.45), l’île est envahi par l’eau même dans sa profondeur, par les infiltrations invisibles qui en secret, minent le sol et circulent souverainement (p. 28). Eaux autour, eaux dedans mais aussi eaux du ciel continue à diluer ce pays, les pluies tombant avec brutalité et violence ou bien doucement, mais sans interruption (p.51) jusqu’à ce que le sol en est imprégné. Ce mariage entre ces deux éléments, terre et eau, est signalé par Jacqueline Michel qui Dictionnaire de l’Académie, consulté en ligné le 16 mars 2015, 15:51, sur http://www.cnrtl.fr/definition/ 1 %C3%AEle Henri Bosco, Malicroix, Éditions Gallimard, France, 1948, p.13. Tout au long de cet exposé les références 2 seront faits à cette édition du roman, en marquant, entre parenthèses, les pages afférentes. !1 Adrienn Forczek, Rebeka Györfi l’explique comme une « relation de dépendance étroite entre cet élément solide isolé, protégé, fermé sur lui-même, et un élément liquide (…) largement étendu. ». 3 Terre et eau sont rejoints par l’air dans une vraie fusion des éléments primordiaux; l’île est ainsi le lieu où l’air et l’eau étendent leur domination (p.29). On appelle Camargue le pays du souffle (p. 72) parce que là, le vent est ubique: Tous les vents y passent. Ici, ils sont chez eux (p.34). Le vent prend des formes différents, si divers que les pluies: il y a souffle et souffle (p.55). En plus il est un véritable roi aux pouvoirs absolus le vent est ivre. (…) Là règne le taureau, bête du vent! (p.73) La présence effrayante du vent est surtout perçu par l’ouïe: vous allez entendre bientôt une voix terrible, le vent! (p.73). La force des ces trois éléments, terre, eau et air, conjoints, est très lucidement saisi par une phrase de maître Dromiols: Ici surtout où les forces élémentaires vous écrasent: l’espace, l’eau, le vent (p.86). Déjà on peut voir se dessiner le contour d’un des traits spécifiques de l’île: sa sauvagerie. Le bois qui couvre l’île (p.30), les sentiers, les éclaircies et les fourrés épineux, la plage et les saules sont à peine dérangés par l’intervention humaine qui se résume presque à un embarcadère, une maison — La Redousse et sept huttes. L'île donne le sentiment d’une primitive innocence (p.173), renvoyant à un univers vierge, primordial. La parallèle avec le jardin d’Éden vient naturellement, les deux étant des mondes nouveaux, originaires, farouches, prêts à être apprivoisés et maîtrisés par l’homme. Le caractère paradisiaque est renforcé par le fait que, le jardin d’Éden, trouvé dans la Mésopotamie, tout comme l’île au centre de Rhône, sont entourés par les eaux . La flore et la verdure ne sont seulement 4 l’image de la sauvagerie de l’île, mais aussi son appui et soutien: cette île plate, simple banc de limon [est] tenu par la végétation (p.28). La végétation a quasiment une vie qui lui est propre et qui fait d’elle un occupant de l’île: ces plants et ces arbres, [étaient les] habitants naturels de l’île (p. 29). C’est de cet étendue de terre, qui a commencé son existence par un seul roc au milieu des eaux, de cette scène où se joue la danse fou des forces primordiaux, (terre, eau et air), de cette île où la nature ignore la présence humaine, que le héros, Martial, lie sa vie dès la mort de son oncle, Cornélius de Malicroix. Jacqueline Michel, « Écrire les “îles”: Henri Bosco, Jean Grenier », Cahiers Henri Bosco, n° 22, 1982, p. 47. 3 Philippe Persyn, «Malicroix de Henri Bosco», Bertrand-Lacoste, Paris, 1988, p. 97. 4 !2 Adrienn Forczek, Rebeka Györfi L’île et Martial de Mégremut Absent pendant toute la vie de Martial, son grand-oncle Malicroix, devient présent dans sa vie, paradoxalement, par sa mort. Il faisait de Martial son héritier en lui laissant toutes ses possessions: une masure et un troupeau de moutons, des terres et l’île (p.15). Les raisons de refus pour le Mégremut, la famille de Martial, étaient très varies (terre à soucis, p.15, moustiques, marécages, miasmes, fièvre, p.16), mais aboutissant au même conclusion: Et surtout, n’y va pas! (p.16). Contrairement à toute atteinte et bon sens de la famille, Martial décide d’y aller, mené par un esprit inquisiteur: Car, il me semblait impossible que, dans ce legs, il n’y eût rien à découvrir (p.16). Décision troublante, (cette décision me troublait, p.16) une fois prise, elle va être mis en pratique. Son voyage est aussi bizarre que l’héritage venu de nul part: deux jours, une diligence, confiance dans un homme inconnu, un marche, un long cheminement sous le bois, une nuit dans une cabane, une traversée du fleuve son nécessaires pour arriver dans ce monde nouveau de l’île, difficile d’atteindre: La région où j’allais étant peu accessible, je voyageai deux jours, tant en diligence qu’à pied (p. 17). L’île s’offre à son regard avant d’y mettre le pied, en se créant de nouveau sous ses yeux (le verbe se forma) jusqu’à ses grandes dimensions: Puis une masse se forma, devant nous, au milieu du fleuve, île sombre couverte d’arbres, qui grandit lentement en écartant les eaux de ses rives (p. 19). Sa traversée du fleuve avec son passeur vers le monde de l’île, réplique le passage de tout mortel du Styx, avec Charon, le nocher d’Enfer, vers un monde souterraine essentiellement différente de ce qu’ils ont abandonné. La singularité de cet île et son monde différente de celui que Martial vient de quitter et mieux saisi par le héros plus tard: …m’avaient transporté sans secousse de mon existence banale au sein de ce monde déraisonnable (mais secrètement enchanté)… (p.159). Arrivé sur l’île, son passeur le quitte tout de suite, et il s’y installe. La lumière du matin et ses quelques pas autours de la maison, lui font découvrir l’île. L’un des premiers conclusions est l’absence des hommes: De vie humaine, nul indice (p.27). Suivant une logique simple, il se rend compte qu’il est tout seul dans un pays entouré par eaux, où l’accès n’était que difficile, parfois impossible. Jour par jour et graduellement il avance plus loin dans l’île en faisant sa conaissance. Sa sauvagerie, hostilité envers l’homme, son caractère inhospitalière en fait, sont autant plus ressentis, qu’ils sont différentes de son pays natal. S’il habitait sur les collines, l’île est plate. Si la végétation de l’île croît à son gré, dans les jardins bien ordonnés de Pomelore et Mûrevalliers, les plantes tenus en place par des abris et clôtures. Si l’île est frappé par des pluies violentes, de vents fous dévastantes et du froid, dans son pays natal le temps reste doux, même l’automne. Si l’eau imbibe le sol toujours humide, chez lui, le sol sèche très vite après la pluie. Si les pluies ne peuvent pas être contrôlés sur l’île mais !3 Adrienn Forczek, Rebeka Györfi tombent toujours, l’eau est bien canalisée et contrôle dans les jardins de Mégremut (pp. 42-43). En fin de compte, le temps agréable, les arbres fruitiers, les fleurs dans les serres, l’implication humaine renvoie aux merveilleuse jardins de Babylon, un paradis terrestre: J’y vois le paradis, si tant est qu’il soit de la terre (p.43). L’hostilité de l’île et la solitude, le plonge en rêveries de son pays pouvaient être toutes de raisons suffisantes pour quitter l’île, mais il ne le fait pas, ni quand il est découragé par le notaire uploads/Geographie/ une-comprehension-de-l-x27-ile-en-malicroix 2 .pdf
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- Publié le Aoû 12, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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