DE L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE (OUA) A L’UNION AFRICAINE (UA) 1 _______

DE L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE (OUA) A L’UNION AFRICAINE (UA) 1 ____________________ LATITUDES NOIRES ― 2003-2004 2 KOFI ADU MANYAH ____________________ LATITUDES NOIRES ― 2003-2004 DE L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE (OUA) A L’UNION AFRICAINE (UA) 3 ____________________ LATITUDES NOIRES ― 2003-2004 4 KOFI ADU MANYAH ____________________ LATITUDES NOIRES ― 2003-2004 De l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) à l’Union Africaine (UA) La contribution de Kwame Nkrumah Kofi Adu Manyah Docteur en sciences du langage, auteur de Introduction à la phonétique et à la phonologie africaines. Les sons de tous les jours : le cas akan (twi), Paris, L’Harmattan, 2002. ----------------------------------------------------------------------------------------------------- Résumé : En 1963 Kwame Nkrumah, président du Ghana, faisait des propositions à l’OUA pour la formation d’un gouvernement panafricain. En 2002, 39 ans après, les Etats membres avaient pour mission de dissoudre l’OUA, à laquelle succédait l’UA. Les grandes lignes des principes de Kwame Nkrumah, visant la création d’une union politique et économique du continent africain, ce que les dirigeants européens sont, aujourd’hui, en ce début du troisième millénaire, en train d’appliquer à l’Europe, ne sont guère différentes des règles et statuts procéduraux des organes et institutions de l’UA : un parlement, une banque centrale, une monnaie africaine, une politique étrangère commune, un commandement militaire unique, etc. Pour quelles raisons l’Afrique a-t-elle rejeté le projet de Nkrumah dans les années 60 ? ----------------------------------------------------------------------------------------------------- our aborder les grandes lignes de son idée du Panafricanisme et de la contribution de Kwame Nkrumah à ce mouvement, nous nous référerons à une date historique : le 25 mai 1963, à Addis Abeba, en Ethiopie, au sommet regroupant 30 Chefs d’Etat et de Gouvernement, lors de la Conférence Constitutive de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA)1. A cette occasion, Kwame Nkrumah faisait les propositions 1. Algérie, Burundi, Cameroun, République Centrafricaine, Tchad, Congo, République Démocratique du Congo, Bénin, Ethiopie, Gabon, Ghana, Guinée, Côte P DE L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE (OUA) A L’UNION AFRICAINE (UA) 5 ____________________ LATITUDES NOIRES ― 2003-2004 suivantes pour la création d’une union politique et économique du continent africain : 1. Une constitution pour le gouvernement d’Union des Etats Africains, dotée d’un parlement continental à deux chambres. 2. Un plan continental pour un programme (commun/unifié) industriel et économique qui comprendrait : • un marché commun de l’Afrique unie ; • une monnaie africaine ; • une zone monétaire africaine ; • une banque centrale africaine ; • un système continental des communications. 3. Des affaires étrangères et une politique de diplomatie commune. 4. Un système commun de défense. 5. Une citoyenneté commune africaine. Trente-neuf ans après, le 09 juillet 2002, à Durban, en Afrique du Sud, lors du 38ème Sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), la réunion de 53 Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres avait pour mission de dissoudre l’Organisation de l’Unité Africaine, à laquelle succédait l’Union Africaine (UA)2. Le lecteur est invité à se rappeler que c’est lors de la quatrième session extraordinaire de la Conférence à Syrte, en Libye, le 09 septembre d’Ivoire, Liberia, Libye, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Rwanda, Sénégal Sierra Leone, Somalie Soudan, Tanzanie, Tunisie, Ouganda, Egypte et Burkina Faso. Le Maroc et le Togo ont signé la Charte plus tard comme membres fondateurs de l’OUA. 2. Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert, République Centrafricaine, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Egypte, Ethiopie, Erythrée, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Kenya, Lesotho, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, Rwanda, République Démocratique du Congo, Arabe Sahraoui Démocratique, Sao Tome & Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togolaise, Tunisie, Zambie, Zimbabwe. 6 KOFI ADU MANYAH ____________________ LATITUDES NOIRES ― 2003-2004 1999, que fut adoptée une Déclaration et décidée la création de l’Union Africaine, conformément aux objectifs fondamentaux de la Charte de l’OUA et du Traité instituant la Communauté économique africaine ; la déclaration finale est devenue l’acte constitutif de l’Union Africaine. Ces dirigeants africains, réunis au Sommet de Durban, précise l’acte constitutif de l’Union Africaine, sont « inspirés par les nobles idéaux qui ont guidé les Pères fondateurs de notre Organisation continentale et des générations de panafricanistes dans leur détermination à promouvoir l’unité, la solidarité, la cohésion et la coopération entre les peuples d’Afrique, et entre les Etats africains ;… convaincus de la nécessité d’accélérer le processus de mise en œuvre du Traité instituant la Communauté économique africaine afin de promouvoir le développement socio-économique de l’Afrique et de faire face de manière plus efficace aux défis de la mondialisation… ». Ils ont adopté dans la Déclaration de Durban les règles et statuts procéduraux des organes et institutions de l’Union Africaine (UA) qui comprend : 1. Une assemblée, organe suprême de l’organisation regroupant l’ensemble des Chefs d’Etat et de gouvernement qui constituent l’Union. 2. Une commission, organe dont l’objet est d’assister l’assemblée dans le gouvernement de l’Union pour la réalisation de l’intégration politique et économique. 3. Une banque centrale. 4. Une cour de justice. 5. Un parlement. 6. Une monnaie unique. DE L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE (OUA) A L’UNION AFRICAINE (UA) 7 ____________________ LATITUDES NOIRES ― 2003-2004 7. Un conseil de sécurité et de paix, composé de 15 membres, chargé de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits. 8. Une force de maintien de la paix à partir des armées africaines ayant le droit d’intervenir dans les cas de violations manifestes des droits de l’homme et de crimes contre l’humanité. Comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, 39 ans séparent les propositions de Kwame Nkrumah et les organes et institutions de l’UA. Nous juxtaposons les enjeux des deux dates historiques et nous constatons que les grandes lignes des principes de Kwame Nkrumah, visant la création d’une union politique et économique du continent africain, ne sont guère différentes des règles et statuts procéduraux des organes et institutions de l’Union d’aujourd’hui : un parlement, une banque centrale, une monnaie unique, un commandement militaire unique, etc. Dans cet article, nous nous interrogeons pour savoir comment et pourquoi les motions de Nkrumah ont-elles été rejetées dans les années 60 ? 31 ans après la mort de Nkrumah, nous allons essayer de trouver des réponses à ces interrogations. Mais avant cela, nous rappelerons l’historique ou le « parcours panafricain » de Kwame Nkrumah, sa rencontre avec les panafricanistes des premiers jours : W. E. B. DuBois et George Padmore. 1. Historique du panafricanisme Le mot « panafricanisme » aurait été employé pour la première fois par un avocat de Trinidad, Henry Sylvester-Williams. Il fut le premier à organiser un congrès panafricain en 1900 à Londres réunissant des Africains et les hommes et femmes d’origine africaine vivant en Europe. Le but était d’aborder la question du colonialisme et la domination étrangère des peuples Noirs, du 8 KOFI ADU MANYAH ____________________ LATITUDES NOIRES ― 2003-2004 préjugé racial et du sort des Noirs en Afrique du Sud, de l’avenir de l’Afrique et du statut international des trois républiques noires existant au monde à l’époque, à savoir Haïti, l’Ethiopie et le Liberia (AMATE, 1986). La question des indépendances fut introduite au congrès par le Dr. E. W. Burghardt DuBois, journaliste de son état. Après la mort de Sylvester-Williams, DuBois prit le flambeau et organisa une série de cinq congrès panafricains ce qui lui valut le nom de « père du panafricanisme ». Le premier congrès panafricain organisé par DuBois eu lieu à Paris en 1919 au moment où les dirigeants du monde étaient réunis pour la Conférence de Paix de Versailles. Son but était « de présenter une pétition aux puissances alliées victorieuses ». Cette dernière tendait à faire adopter aux alliées une charte des droits de l’homme destinée aux Africains pour les récompenser des services rendus par les Noirs sur les champs de bataille. « Mon projet qui tendait à faire que l’Afrique exprime ses griefs au monde pendant la Conférence de Paix de Versailles fut un projet ambitieux conçu en temps de guerre, sans soutien politique et, en fait, sans aucun appui massif d’aucune sorte. Si une circonstance ne s’était pas présentée, ce projet aurait échoué complètement ; et cette circonstance fut que l’Afrique Noire avait le droit d’envoyer du Sénégal au gouvernement français un membre » (DuBois cité Padmore, 1960 : 131). Blaise Diagne, du Sénégal, était le député noir en question, alors le politicien d’Afrique Noire le plus influent en France. Le succès et la dynamique créés par ce premier congrès amenèrent DuBois à organiser quatre autres congrès. Le deuxième congrès eut lieu en août/septembre 1921 en trois sessions à Londres, Bruxelles et Paris respectivement. Le troisième congrès eut lieu en deux sessions à Londres et à Lisbonne en 1923. Le congrès suivant, prévu pour Tunis, fut annulé après le refus et le veto des autorités locales françaises. Le congrès fut déplacé à New York en 1927 réunissant plus de 200 délégués. DE L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE (OUA) A L’UNION AFRICAINE (UA) 9 ____________________ LATITUDES NOIRES ― 2003-2004 Pendant que DuBois organisait ces congrès, un journaliste jamaïcain, Marcus Garvey, menait la campagne uploads/Geographie/de-l-organisation-de-l-unite-africaine-o 1 .pdf

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